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Duncan Jax

(1ère publication de cette chronique : 2020)
Duncan Jax

Titre original :Unmasking the Idol

Titre(s) alternatif(s) :Les agents 007 1/2

Réalisateur(s) :Worth Keeter

Année : 1986

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h30

Genre : Quand votre coeur fait Boon

Acteurs principaux :Ian Hunter, CK Bibby, Bud Browning, Typhoon the Baboon

Barracuda
NOTE
4/ 5



Autant ne pas tourner autour du pot : Duncan Jax n’a aucun intérêt.

Je ne parle pas de Duncan Jax le film, qui est un nanar de très bonne tenue, mais de son héros éponyme. Écrit avec la puissance de création d’un gamin de 12 ans, son caractère peut se résumer à : "Et si James Bond était un ninja, et aussi un énorme beauf ?" Duncan Jax (prononcez “Daincan” en VF), c’est l’espion international modèle un peu bourrin, un peu bas du front, le genre fiable mais à qui il ne faut pas demander de faire une multiplication à deux chiffres.


"Je mise sur le double-zéro suivi du sept. Mon nom est Jax. Duncan Jax..."

Moins de deux minutes et déjà une très belle chute de mannequin en mousse. Cette efficacité, c'est ça qu'on aime à Nanarland !

Duncan Jax est incarné par Ian Hunter, un acteur dont on ne sera pas surpris d’apprendre que la carrière se résume entièrement à ce personnage qu’il a incarné dans ce film et dans sa suite (L’ordre de l’Aigle Noir, alias Mission : Empêcher la résurrection d’Hitler !, un autre chef-d’œuvre dont on promet de vous parler aussi).

Il faut *absolument* qu'on vous en parle.

Mais la vraie star du film, ce n’est pas ce grand dadais blondin aussi séduisant qu’un chou-fleur sans vinaigrette. La vraie star, c’est Boon.

Boon the Baboon.



Elu “Meilleur Sauveur depuis Jésus-Christ” par des consommateurs.

Revenons aux origines. D'où viens-tu Duncan Jax ?

Si Duncan Jax le personnage c’est de l’eau tiède, Duncan Jax le film c’est du pipi de chat. Ce n’est pas un jugement de qualité, c’est la vérité la plus littérale.

En 1950 John Stephens est un propriétaire minier américain qui exploite des gisements argileux. La sépiolite qu’il extrait a des propriétés absorbantes bien connues dans l’industrie où elle est communément utilisée pour nettoyer des résidus d’huile. Il se rend compte un jour qu’elle peut rendre le même service pour d’autres substances et devient en quelques années un magnat de la litière pour chat, fondateur de la société Jonny Cat Litter, qui existe encore aujourd’hui.


Un subtil placement de produit pendant le film.

A l’évidence, avoir construit sa fortune sur les rivières de pisse et les montagnes de merde de ces animaux fourbes, allergènes et tellement moins sympathiques que les chiens ne suffit pas à combler le vide dans l’âme de John (et surtout de son épouse, Betty, semble-t-il). Il décide alors de devenir mécène des arts et, coup de bol pour nous, “les arts” en l’occurrence désignent deux films d’action bien débiles 100% années 1980 élevés au grain en plein air.



Duncan Jax est un véritable pot-pourri de tous les ingrédients à la mode de l’époque. Le héros est une copie de James Bond affublé d’une cagoule de ninja (en cotte de maille, on ne sait pas pourquoi non plus), le scénario fait de gros clins d’œil à Indiana Jones avec ses idoles en or et ses Nazis en sous-marins et même le titre original du film, Unmasking the Idol, semble faire référence à Romancing the Stone (A la poursuite du Diamant Vert en français), sorti deux ans plus tôt.


Autre marqueur des années 1980 : la chanson du générique écrite pour le film, à l’évidence torchée en 20 minutes par un compositeur qui avait autre chose à foutre. On a traduit les paroles en français pour vous :

Il marche dans la nuit, entre le bien et le mal, mais il est attiré par la lumière comme une mite.
La flamme grandit, sa volonté peut vaincre le désir et alors il marche dans le brasier.
[Refrain] Vooooole… sur les ailes... Du vent... Vers le soleil... Mais pas avant... D’avoir gagné le Jeu.
Oui, la vengeance est douce, si tu peux supporter la chaleur et rester jusqu’au bout.
L’homme masqué et l’or du diable, c’est une histoire que l’on va vous compter.
[Refrain]


Dernier accessoire indispensable du gros-bras : le sidekick animalier, et c’est là que Boon the Baboon, "le primate le plus intelligent du monde” entre en scène.



Extrêmement sympathique et attachant, le babouin vole sans aucun effort la vedette à tous les autres acteurs, à commencer par ce pauvre Ian Hunter qui semble disparaître de l’écran dès que le singe y pointe son museau. Force est de constater aussi que le tour principal de cette brave bête consiste à faire un bras d’honneur en montrant les dents, mais il est tellement mignon quand il le fait qu’on lui pardonne.

Bien sûr qu'il ne devrait pas, mais qui aurait le cœur assez sec pour lui dire d'arrêter quand il a l'air tellement heureux ?

Il s'appelle en réalité Typhoon the Baboon et a le plus gros star-power du casting puisqu'outre ce film et sa suite, il a notamment joué dans... La Mouche de Cronenberg !

Et quand il ne fait pas des gestes obscènes, il s’en va rétamer soldats, loubards et ninjas sans faiblir, à mains nues ou à la grenade, et sauver la mise à Duncan à chaque fois que le scénario l’exige. Il a même droit à son propre petit kimono de ninja absolument adorable.

Il mériterait absolument son étoile sur Hollywood Boulevard !

Le contraste est saisissant avec Duncan, gros lourdaud qui drague dès qu'il peut à coups de sous-entendus bien gras ("J'adore le bang-bang au petit matin") et entame la conversation avec son ami Sato par une blague raciste ("C'est quoi cet accent Sato ? Boon parle mieux anglais que toi !"). C'est la classe à Annemasse.

Pendant l'essentiel du film, Ian Hunter porte Boon dans ses bras comme le boyfriend ingrat d'un instagrammeur sexy et populaire. Sans doute le singe avait-il du mal à rester en place autrement pendant les scènes.

En aparté, c'est un vrai tour de force à mettre au crédit du film et de Ian Hunter d'avoir réussi à intégrer aussi bien l'animal. Les babouins sont des animaux sauvages, beaucoup plus forts qu'ils n'en ont l'air et réputés difficiles à maîtriser sur les plateaux. Cronenberg explique ainsi que, pendant le tournage de La Mouche, Typhoon se comportait comme une véritable terreur avec toute l'équipe et que seul le magnétisme primal de Jeff Goldblum, littéralement, arrivait à dominer la bête. Que Ian Hunter ait visiblement réussi à nouer un lien aussi proche avec Typhoon est tout à fait remarquable.

Et le scénario alors ? Une organisation secrète au look de candidats suédois à l’Eurovision a amassé des tonnes de lingots d’or, et veut les donner à des Nazis pour qu'ils puissent acheter des têtes nucléaires pour déclencher la Troisième Guerre mondiale.


Apparemment ça rapporte plus qu'on ne croit, l'Eurovision.

Hugo von Bruger (à droite), profession : Nazi.

Vous verrez dans la suite que ça résume assez bien la philosophie du film : prendre un morceau de pain innocent et le tartiner d'abord de crème de marron, puis de beurre de cacahuètes, puis de Nutella avant de recommencer et de s'en faire un sandwich.


Une image du film sans aucun intérêt Vs. L'un des meilleurs plan de cinéma des années 1980.

Tuyauté par la CIA, Duncan Jax va donc s’en aller sauver l’Amérique, voler les lingots, s’emparer d’une statue en or, venger son père, dérober des diamants, récupérer les bombes atomiques, retirer un colis à la poste, faire un tiercé au Balto et passer prendre le pain.

Ridiculisant Dr. No, Blofeld, Goldfinger et consorts, le bassin des méchants contient à la fois des piranhas ET des crocodiles.

Il recrute et entraîne une armée de ninjas pour envahir l'Île de la Couronne du Diable, où se trouve la base des vilains, et compte pour y parvenir sur le déploiement d’une série de feintes d’une kolossale finesse et (surtout) de Boon.


Duncan et sa fine équipe à la Jax-table et dans le Jax-uzzi.

Après quelques scènes d'action préparatoires, l’assaut final arrive comme la cerise confite sur un bel entremets généreux. Soutenu par une (petite) armée de ninjas, des avions, des mitrailleuses mobiles et surtout par Boon the Baboon, arme de troisième catégorie, Duncan se lance à l’assaut des plages de l'île.

C’est Omaha Beach le matin du 6 juin, revu et corrigé par Godfrey Ho et Les Charlots.

A peine atterris, les ninjas déploient une série de ruses toutes plus mal branlées qu’un manchot célibataire, enchaînent les cascades qui étaient sûrement spectaculaires dans leurs têtes, et mettent le raté dans "karaté" pendant que Duncan tatane des mercenaires par grappes de douze et que Boon the Baboon se joint à la mêlée à coups de shurikens et de pieds dans la gueule.


Vous ne le savez pas encore mais vous êtes déjà morts...

You've been hit by...
You've been struck by...
A Boooon criminal !


"C'est à la tombée du jour que le prédateur frappe. Venue s'abreuver au point d'eau, la proie n'a aucune chance d'échapper à la mort."

"Rien de suspect par ici..."



Une ruse ninja classique en trois étapes.

L’action se poursuit dans la forteresse, où Duncan et ses compagnons mettent la main sur le premier trésor (les lingots), sabotent le sous-marin des Nazis, trouvent le deuxième trésor (la statue en or), mettent une raclée aux Scandinaves bodybuildés, puis découvrent le troisième trésor (les diamants cachés dans statue) grâce à Boon the Baboon. Pour le cover-band d'Abba, c'est Waterloo !


- Rock Me ? Rock You motherfucker !
- Boom Bang-a-Bang, bitch !


La fameuse idole et ses diamants.

Duncan Jax est une vraie perle brute du nanar. Un film qui d’un bout à l’autre baigne dans une ambiance générale de bourrinage débile extrêmement réjouissante. Le spectacle est constant et généreux : chaque scène d’action propose des fulgurances de ridicule toujours inattendues, la VF est en roue libre entre accents improbables et dialogues qui n'ont aucun sens, toutes les scènes des méchants sont à se tordre de rire que ce soient avec les Nazis ou les culturistes, et Boon the Baboon est là pour assurer le minimum dès qu’il risque d’y avoir un temps mort. Que vous soyez nanardeur débutant ou expérimenté, vous pouvez faire confiance à Duncan Jax, vous ne serez pas déçu… et sa suite est du même calibre !

All Hail the King !

- Barracuda -
Moyenne : 3.75 / 5
Barracuda
NOTE
4/ 5
Kobal
NOTE
4.5/ 5
John Nada
NOTE
3.5/ 5
Jack Tillman
NOTE
3/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation

 Le DVD américain reprend l'affiche originale.

Si le film a eu droit à une édition DVD outre-atlantique chez "MGM", pour avoir la VF il vous faudra dénicher la VHS de chez "Imperial Video". Une autre VHS francophone que vous pouvez voir en entête de la chronique peut se trouver chez "Jet Studio", nommée pour l'occasion "Agents 007 1/2".

La magnifique jaquette VHS allemande, où le film s'appelle carrément "Duncan Jack & Mister Boon" !