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Final Score

(1ère publication de cette chronique : 2015)
Final Score

Titre original : Final Score

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Arizal

Année : 1987

Nationalité : Indonésie

Durée : 1h20

Genre : La revanche d'un blond

Acteurs principaux :Mike Abbott, Christopher Mitchum, Ida Iasha, Dicky Zulkarnaen

Jack Tillman
NOTE
2/ 5


Les films d'auto-défense ne sont pas réputés pour leur sens de la nuance. Le cinéma bis indonésien des années 80 nous a offert de nombreux trésors de folie nanarde et de kitsch exotique ("Le justicier contre la reine des crocodiles", "La revanche de Samson", "Nasty Hunter"...). Christopher Mitchum et Mike Abbott sont deux acteurs au charisme nanar rare. Alors, quand l'efficace tâcheron Arizal met en scène tous ces éléments, on est en droit d’espérer une œuvre réjouissante par son absence de finesse.


Petite bisserie tournée pour l'export, "Final score", s'il est loin de constituer la crème du nanar made in Jakarta, n'en est pas moins un des rejetons les plus violemment nazes du genre vigilante, à faire passer "Blastfighter l'exécuteur" pour une étude socio-psychologique subtile et raffinée. Ce sympathique film d'action est en effet un des shoot'em up les plus décérébrés de tous les temps.


L'histoire, qui n'est qu'un prétexte à une tuerie continuelle, en est réduite au strict minimum scénaristique : Richard Brown (le lymphatique Chris Mitchum) est un ancien héros de la guerre du Vietnam, qui vit en heureux père de famille en Indonésie. Mais le jour du huitième anniversaire de son fils, de méchants loubards moustachus surgissent chez lui, violent sauvagement et collectivement sa femme et la tuent, ainsi que leur fils. Le héros, qui en a gros sur la patate, n'aura de cesse de se venger en massacrant un par un tous les vils trafiquants pour remonter, sbire après sbire, jusqu'au vilain ultime, l'abjectissime Monsieur Hawk (le fantabuleux Mike Abbott)...





Du vilain punk à moustache.



Deux sbires qui attendent tranquillement leur tour pour violer la femme du héros en plaisantant avec insouciance. La classe !



Reconnaissons qu'il a l'air triste en trouvant sa famille massacrée, mais vu que c'est l'expression qu'il aura pendant tout le film, ça compte pas vraiment.


Trafic de drogue, tripots clandestins... Il y a quelque chose de pourri au royaume de Mike Abbott...

Chris Mitchum va faire l'ménage !

"Tiens, j'vais commencer par toi, ta moustache me revient pas !
-Mais-euh !
"


Dans le bref paragraphe précédent, je viens, non pas de résumer l'intrigue dans ses grandes lignes, mais de raconter le script dans son intégralité ! La raison pour laquelle Mike Abbott a fait assassiner la famille de Chris est à peine évoquée de manière complètement anecdotique, c'est le prétexte scénaristique dans sa flagrante gratuité. Le film ne possède pas le moindre rebondissement, aucune sous-intrigue ni twist, il n'est qu'une boucherie d'une heure et quart poussant le bourrinage jusque dans ses derniers retranchements d'absurdité. Car comme le dit Chris, "ce qui compte c'est le score final", et en effet, rarement un actioner aura autant mérité son titre que "Final Score", le film atteignant au final un bodycount proprement estomaquant. Car à peine une scène de dialogue commence-t-elle, que des sbires déboulent de nulle part et qu'un nouveau massacre démarre. Les sbires semblent toujours savoir où est Chris, quand bien même ils n'ont aucun moyen de connaître ses déplacements (un cas flagrant de téléportation nanarde). Chris téléphone depuis une cabine : hop ! baston. Chris entre par hasard dans un hôtel de passe : hop ! baston. Ça n'arrête jamais, ça canarde tout le temps et ça pète dans tous les coins. Fusillades, explosions, courses-poursuites et ralentis miteux se succèdent sans aucun temps mort (sans aucun cascadeur mort, c'est déjà moins sûr...), ponctuées de temps en temps d'une séquence de flottement débile, comme ce sbire gweilo qui demande en plein gunfight à son chef...
- « Monsieur !
- Oui, qu'est-ce qu'il y a ?
- Rien m'sieur ! »

...avant d'être criblé de balles par Chris Mitchum, dans un de ces furtifs et indescriptibles effets involontairement comiques qui surprennent le spectateur par leur connerie et font un peu la magie du nanar.





Dans ce film, il n'y a pas un bâtiment ou un véhicule que Chris ne fasse exploser. C'en devient comique à force.


"Argh, damned ! Des moustachus m'ont tendu une embuscade sur la route !"


"Heureusement j'ai toujours un lance-roquettes dans ma boîte à gant."

"Prenez-ça, bande de vulgaires mannequins en mousse !"


N'affichant pas la moindre réaction devant les cadavres de sa femme et de son fils, Chris Mitchum a beau n'y mettre aucune conviction, son personnage est la plus efficace et invincible machine à tuer vue depuis Mike Ransom (si, si !). Bête de guerre ultime, combattant imbattable, vengeur impitoyable et sadique, Chris est une armée à lui tout seul qui déchaîne toute sa fureur vengeresse contre les pauvres truands indonésiens, comme il mettait autrefois les Viêt-congs en déroute les doigts dans le nez, Chuck Norris-like. Évitant des milliards de balles et décimant les neuf dixièmes du casting à lui seul, il semble être un ange exterminateur blasé, accomplissant sa revanche d'un air si peu concerné qu'à chaque fois qu'il supprime un voyou, on croirait voir en plein ouvrage un découpeur de volaille démoralisé qui aurait trente ans d'abattoir derrière lui. M-16, Uzi, bazooka, grenades, couteau, hache, tabouret, Chris dispose de tout un arsenal et d'un large panel de techniques pour tuer son prochain, à défaut de disposer d'un large panel d'expressions faciales.






Dans un flashback du Nam, Chris et ses potes cassent du coco, fracassent de la hutte en bambou et libèrent du MIA dans la joie et la bonne humeur.




Vas-y Chris, crame-les tous ces sales Viêts !













Les moustachus meurent à la chaîne sous les balles de Chris en levant les bras et en poussant de vigoureux "AAAAARGH !" de professionnels.



Chris coche les noms de ses ennemis abattus, comme une liste de courses au supermarché.


Reconnaissons tout de même qu'il fait ici quelques efforts furtifs mais louables pour se mettre dans la peau de son personnage. On a vraiment mal pour lui quand il se fait torturer et son expression de détresse permanente suscite une certaine compassion chez le spectateur. Ainsi, Chris Mitchum est un peu moins inexistant que d'ordinaire. Il décroche même un sourire à un moment ! Cela dit, si le jeu de Chris se révèle très légèrement moins catastrophique que dans, par exemple, "L'Ange de la Mort", le sadisme, la froideur et la brutalité dont il fait preuve ici feraient passer l'inspecteur Harry pour un hippie laxiste de gauche et le justicier Paul Kersey pour un papy gâteau inoffensif. Cette sauvagerie destructrice contrebalancée par son apathie droopyesque, c'est quand même un bon motif d'hilarité pour le spectateur.






Sur cette capture d’écran, Chris est censé être très en colère.



Là il se fait torturer.


Ici, il exprime la suspicion par un subtil plissement d’œil. Une véritable leçon d’Actor's Studio.


Le film offre quelques débordements trashs rigolos, comme la scène où Chris, capturé et torturé par les hommes de main du méchant, s'évade grâce à la complicité de la secrétaire du bad guy (Ida Iasha, déguisée en ninja), et enfonce un tisonnier brulant dans le cul de son tortionnaire ! Les dialogues sont eux aussi assez gratinés, renforcés en VF par le doubleur de Chris qui parle avec une espèce d'accent british aussi énigmatique que risible, doublé d'une volonté de donner l'intonation la plus bourrine possible à sa voix. Cliché scénaristique oblige, Chris Mitchum n'est pas qu'une brute épaisse, il a aussi un cœur tout mou (comme son visage…). Ainsi, il va emballer Ida Iasha, oubliant au bout de quelques jours son deuil, et ajoutant un motif de vengeance supplémentaire lorsque la pauvre Ida mourra dans les bras de notre Punisher indonésien, qui ne modifiera en rien son regard de cocker figé devant cette nouvelle perte affective.



"Tu le vois mon gros tison ?"


Une sodomie particulièrement douloureuse. Et personne n'a pensé à appeler les sœurs Rauch ?


Ida Iasha, avec et sans cagoule..


Là, ça se voit pas trop mais il est vachement furax Chris, et il hurle vengeance intérieurement.


De son côté, Mike Abbott cabotine comme à son habitude dans son éternel rôle de chef mafieux tyrannique. Son personnage est ici une caricature permanente dont le loisir favori est de tuer ses propres sbires sans aucune raison. Ce trait caractéristique des vilains de série B offre quelques moments de rigolade, comme quand il abat son bras droit en pleine réunion car ce dernier l'avait contredit ("The Boss is always right !"), où encore cette servante qui vient le prévenir d'un danger et qu'il remercie sans même se rendre compte qu'il lui loge une balle dans le bide - un réflexe sans doute... Je me suis toujours demandé pourquoi les producteurs asiatiques ne lui confiaient que des rôles de salopards, lui dont le visage respire la sympathie. En tout cas, il a assurément plus de présence et suscite davantage l'empathie que Chris Mitchum (même si Chris est sympathique à sa manière). Mais c'est surement en raison de son talent infini à faire les gros yeux globuleux quand il meurt, ici victime de la moto tunée avec mitraillettes et lance-roquettes incorporées à munitions illimitées de Chris. En effet, succès de "Delta Force" oblige, notre héros châtie les gredins au volant d'une moto bionique, qu'il a lui même bricolée, car depuis "L'Agence Tous Risques" c’est bien connu, les justiciers sont toujours des as de la bidouille d'armes improbables.


"- Eh Mike, y a Chris Mitchum qui tue tous tes moustachus !"
" - Queuah !?"


"Y a que moi qui ai le droit de tuer mes moustachus !"

L'Indonésie c'est le Pérou pour Mike ! Son bureau de boss de la pègre est deux fois plus grand qu'à Hong-Kong !






Concours de grimaces entre Chris et Mike. Lequel des deux sortira-t-il vainqueur ?







Chris liquide les derniers moustachus d'Indonésie avec sa moto de la "Mega Force".

Une séquence très "post-apo philippin".


La grande époque de la folie poétique du cinéma d'exploitation indonésien étant passée au profit de l'usinage faiblard de bouses sans âme, "Final score" fait partie des vestiges d'un âge hélas révolu que le nanardeur pourra regarder l’œil humide en songeant au bon vieux temps. Sur la lancée de ce film, Arizal livrera encore quelques sympathiques nanars d'action. Il retrouvera ainsi ces chers Chris Mitchum et Mike Abbott ainsi qu'Ida Iasha sur "American Hunter" alias "Lethal Hunter" et réalisera bien d'autres merveilles, caractérisées par une générosité dans l'action explosive et dans la bêtise la plus insondable.









Le grand jeu "Comment tuer Mike Abbott" (à noter que la maison explose sans aucune raison, mais on n'est plus à ça près).



- Jack Tillman -
Moyenne : 2.75 / 5
Jack Tillman
NOTE
2/ 5
Rico
NOTE
2/ 5
LeRôdeur
NOTE
2/ 5
Peter Wonkley
NOTE
5/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation
"Final Score" est sorti en VHS chez "René Chateau" (éditeur dont je doute qu'il se risque à sortir le film en DVD un jour). En guise de support numérique, le site Cultaction.com propose ce métrage en VHS-rip en anglais sous-titré japonais dans son catalogue réunissant d'autres œuvres du même calibre.


A noter qu'il existe aussi en préparation un DVD néerlandais en projet participatif, avec une version anglaise sous-titrée hollandais et, semble t-il, un commentaire audio de spécialistes du bis du pays de la tulipe.
La somme de 3300 € ayant été atteinte, ce DVD de chez "GGTMC" ne devrait plus tarder. En tout cas le visuel fait envie !


Dernier détail amusant, ce film est carrément sorti en VHS en Allemagne sous le nom de "Strike Commando". Le choc des bourrins !