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Rescue Force

(1ère publication de cette chronique : 2021)
Rescue Force

Titre original : Rescue Force

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Charles Louis Nizet

Année : 1989

Nationalité : États-Unis

Durée : 1h22

Genre : Les héros de Télécom

Acteurs principaux :Richard Harrison, Charles Nizet, Cynthia Thompson, Keiri Smith, Pierre Agostino, Kelly Bowen, Don S. Davis, Bo Gritz

Jack Tillman
NOTE
3/ 5

Un seul visuel connu sur pour ce film, celui de sa VHS américaine devenue rarissime.

 

La vie est faite de rencontres... qu'on aurait parfois préféré éviter. Richard Harrison en sait quelque chose. Que regrette cet éminent acteur/globe-trotteur de ne pas s'être cassé une jambe le jour où il s'est pris de sympathie pour un jeune assistant nommé Godfrey Ho, venu le chercher à l'aéroport de Hong Kong pour le tournage de Marco Polo, le guerrier de Kubilaï Khan ! Tant de pirouettes ninjas auraient été évitées (ce qui eut été fort dommage pour nous, il faut le dire) et la carrière du grand Richard, légende de la série B cosmopolite, n'aurait peut-être pas été aussi brusquement interrompue. Mais l'amitié est une valeur sacrée pour Richard, et c'est d'ailleurs la dernière chose qui le fit encore tourner à la suite de ses déboires hongkongais. Pour des résultats parfois à peine moins miteux que les "deux en un" du père Godfrey.

"Mais oui Charles, s'il n'y a que ça pour te faire plaisir, je jouerai dans ton film..."


Bien qu'il ne s'agisse que d'une supposition, je ne vois pas pour quel autre motif qu'un beau geste amical le grand Richard aurait condescendu à sortir de sa pré-retraite afin d'apparaître dans une production aussi underground. Car ce qui frappe à la vision du film, c'est sa quasi-consanguinité avec un autre film que Richard tourna au même moment, là aussi par pure camaraderie : Rescue Force est en effet un peu le frangin de Opération Las Vegas de Norbert Moutier. Outre la présence de RH et le fait que les deux films ont été tournés dans le désert du Nevada, une grande partie du casting et Charles Nizet lui-même jouaient dans le film de N. G. Mount, sorti la même année. Les moyens sont équivalents et le résultat étrangement similaire, on a là affaire à une série Z à la frontière ténue entre l'amateur pur jus et le semi-pro, bien nanarde du début à la fin. Si vous avez aimé voir Richard affronter des ninjas dans le chef-d'œuvre de Norbert Moutier, vous aimerez forcément le voir affronter ici des terroristes n'apparaissant jamais dans le même plan que lui, comme quoi les spectres du 2 en 1 semblent avoir poursuivi notre pauvre ami jusqu'au bout.

Cette usine désaffectée qui sert de base aux méchants terroristes du film est la même que celle qui servait de QG aux méchants terroristes de "Opération Las Vegas".

Idem pour cet avion, qui est probablement l'appareil particulier de Charles Nizet ou d'un de ses amis.

Rescue Force, c'est la conclusion d'une carrière ciné réalisée sous le signe du mauvais cinéma sympathique, celle de Charles Louis Nizet. Une carrière peu remplie (sept films d'après IMDB) mais réjouissante pour le nanardeur curieux de connaître les délires fauchés de ce Belge parti tourner du nanar à Hollywood. Pour son premier film, il reconstitue pas moins que la campagne d'Afrique du Nord pendant la Seconde Guerre mondiale en plein Nevada, avec trois figurants imitant l'accent allemand comme des vaches espagnoles pour incarner l'Afrika Korps au grand complet, dans l'hyper-fauché et anachronique Escadron de la Mort alias Commando Squad alias Mission : Africa en 1968.

Une jaquette avec Richard Harrison, qui ne joue pourtant pas dans ce film (il s'agit d'un copié-collé du visuel de Ultime Mission).

L'année suivante, ce sont Les Ravageuses alias Les Méduses au Sexe Brûlant alias Slaves of Love, avec sa tribu d'Amazones nymphomanes provoquant des crashs d'avions sur leur île pour transformer les passagers mâles en esclaves sexuels.




Charles oeuvre en effet dans le film d'exploitation crade, racoleur, pervers et décalé. Il aborde en 1970 le thème de la "sexopathie" meurtrière avec le polar cracra Three-Way Split (avec Robert Vaughn !), puis enchaîne la même année avec le poétique et délicat The Ravager, film narrant les méfaits d'un vétéran du Viêt-Nam maboul au crâne rasé, qui reluque en grimaçant des lesbiennes en train de copuler et les tue en leur faisant péter un bâton de dynamite dans le vagin !




Charles Nizet mélange ensuite horreur et espionnage avec Voodoo Heartbeat alias The Sex Serum of Dr. Blake, dans lequel des agents chinois tentent de mettre la main sur un sérum vaudou transformant les gens en vampires pour rendre Mao Tse Tung immortel, avant de livrer son œuvre la plus célèbre, Help Me... I'm Possessed, où le classique manoir au milieu du désert est le théâtre des expériences d'un savant fou et de son assistant, qui coupent les jambes de jeunes filles dénudées afin que celles-ci rentrent dans des cercueils remplis de serpents. Tout ça donc entre 1968 et 1976. Puis s'ensuit une période creuse de treize ans, avant que Charles ne revienne sur le devant de la scène avec une œuvre bourrine, se voulant en plein dans l'air du temps : Rescue Force.




Intrigué lui-aussi par les similitudes entre notre film et Opération Las Vegas, Barracuda nous a permis d'en savoir plus sur cet auteur obscur, et d'entrevoir combien Charles Nizet fut une personnalité au parcours de vie aussi fou que ses œuvres (avec à l'arrivée une mort hélas aussi glauque que celle d'Al Adamson).

« Fry3000, le co-hôte de la chaîne YouTube "Conneries sur VHS", a eu la même réaction quand on lui a parlé de Rescue Force. Il a profité qu'il était en train de tourner un documentaire sur Norbert Moutier pour aller poser la question à Alain Jarry, ami d'enfance de Moutier, qui lui a dévoilé le pot-aux-roses et levé le voile sur cette histoire complètement folle. Charles Nizet aurait bien travaillé sur "Opération Las Vegas", et non seulement il en aurait profité pour y recruter son casting et ses techniciens, mais il aurait surtout volé du matériel et des explosifs sur le tournage de Moutier pour les utiliser dans son propre film !

Charles Nizet a été retrouvé mort abattu de plusieurs balles au Brésil en 2003. Il vivait à l'époque dans la ville de Flores da Cunha, se présentant comme un cinéaste de renom, ancien agent de la CIA, ancien pilote, ayant "tué plus d'hommes qu'il ne pouvait s'en rappeler". Il avait alors une petite notoriété locale, étant le promoteur d'un projet de grand parc d'attraction "Coca-Cola", dont le point d'orgue aurait été une bouteille de soda géante de 40 mètres de haut ! »

Triste fin pour un réalisateur nanar... RIP Charles.

Charles Nizet et son grand projet (source : gauchazh.clicrbs.com.br)


Sur la forme, Rescue Force est un pur film d'action reaganien de style "Commando Vs. Terrorists", dans lequel les fiers Américains ne subissent pas la moindre perte et éradiquent la menace jusqu'au dernier métèque enturbanné. Seule infime différence avec les autres actioners bourrins de l'époque : les héros ne sont ni soldats ni mercenaires, mais des agents secrets de la CIA. Car Rescue Force n'est pas seulement un nanar de guerre, c'est aussi un nanar d'espionnage. Mais un nanar d'espionnage remis au goût du jour, à l'époque où Rambo foutait la pâtée à toute l'Union soviétique en atomisant le Vietnam et l'Afghanistan au lance-roquettes, tandis que John Matrix manquait de déclencher la Troisième Guerre mondiale à lui tout seul, et Matt Hunter repoussait une invasion étrangère sur le sol sacré de l'Amérique avec seulement deux Uzis et deux grenades. Car même si les derniers James Bond avec Timothy Dalton n'avaient pas été ce qu'on peut appeler des fours, la mode n'était alors plus aux héros en smoking mais à l'ensemble plus guerrier du treillis/bandeau/camouflage. D'ailleurs, en cette fin des années 80, les agents de la CIA et autres services secrets se trouvaient le plus souvent relégués à l'emploi de traîtres à la solde des technocrates véreux de Washington. Vous avez tous les jours des gens qui meurent, quoi !



Une esthétique post-apo très prononcée.



Les films d'espionnage des années Reagan, ça fait pas dans l'feutré !

Cependant, il demeurait encore une catégorie d'espions à faire recettes dans les vidéoclubs : les espionnes. Ou plus exactement les bimbos en bikini et mitraillette au poing, dans la tradition du film de "girls & guns", genre Ô combien popularisé par le grand Andy Sidaris. Ce sont ces espionnes de charme que met en scène Rescue Force, sans négliger de donner dans l'action guerrière testostéronée alors en vogue en adjoignant à nos pin-up des barbouzes relookés à la Rambo et disposant d'un matos militaire suffisant pour regagner le Nam haut la main !

En ce qui concerne les actrices, le spectateur mâle pourra se rincer l’œil, car nos femmes fatales sont mignonnes à croquer et sexy en diable dans leurs débardeurs moulants, n'ayant rien à envier aux playmates des productions Sidaris. Pour ce qui est des acteurs, eh bien, comment dire... en dehors de Richard, qui demeure beau comme un dieu à 50 piges passées, les spectatrices risquent de se sentir quelque peu lésées. Mais j'y reviendrai.





Nos drôles de dames, emmenées par le trio Angel, Kiki et Kelly (de gauche à droite : Cynthia Thompson, Keiri Smith et Kelly Bowen).

Bon, mais à part ça, de quoi ça cause au juste Rescue Force ? Ben, au début, on a du mal à y voir clair, vu que tout le premier tiers est composé d'appels téléphoniques. Suite à un attentat au cours duquel des types encagoulés font exploser hors champ un dépôt d'armes américain à la frontière syrienne (séquence d'intro fabuleusement cheap), nous voyageons d'un endroit du globe à un autre (comprenez : on voyage d'un bureau à un autre avec à chaque fois un sous-titre qui nous informe que nous sommes tantôt à Tel-Aviv, tantôt à Londres...) par le biais d'échanges téléphoniques sur la pluie et le beau temps entre tout pleins d'agents secrets, si bien qu'on ne sait pas la plupart du temps qui est qui. Apparemment, Charles Nizet a vu Les trois jours du Condor et a voulu se lancer dans une atmosphère parano genre "ils sont partout" (tout en meublant éhontément son film comme un sagouin). Sauf qu'entendre le directeur de la CIA expliquer à son agent à Bruxelles comment aller à Londres, quel train prendre à quelle heure par le ferry et où louer une voiture à Douvres comme une sorte de GPS téléphonique (c'est tout juste s'il ne lui file pas sa carte de fidélité chez Europcar), ou encore voir un espion américain à Paris entrer dans une cabine téléphonique pour faire son rapport sous l'œil d'un terroriste... qui aussitôt appelle sa base pour tout répéter, ça évoque plus le running-gag d'un sketch des Nuls qu'un film d'espionnage sérieux.

Avec le forfait bloqué R.H. MOBILE, téléphone à tes amis des services secrets depuis ton fixe ou ton portable en appels illimités 24 h / 24 ! (et si tu es un ninja d’Interpol, l'abonnement est gratuit les 3 premiers mois !)


« Ahem, je fais quoi là, je meuble c'est ça ? OK je commence, donc il était une fois... »

« ...des espions, euh... de gentils espions, qui luttaient... contre... euh... »


« ...contre de méchants terroristes ! Et voilà, ça fait déjà 30 minutes de film, paf ! »

Etre une super espionne, c'est avant tout avoir un super forfait !

COCORICO ! Des scènes tournées pour de vrai, sans stock-shots, à Paris...


...et à Cannes, chez ces fourbes Français travaillant pour les terroristes palestiniens dont le quartier général est sur la Croisette ! Si si !

François le Français, la taupe des terroristes à Paris, qui nous fait profiter d'un des plus beaux accents frenchies de la Michel-Leebsploitation anglo-saxonne.

Une fois que tout le monde a bien téléphoné à tout le monde, on commence tout juste à distinguer "l'intrigue" et ses protagonistes. Grosso-modo : pour venger l'assassinat de son père par un sniper de la CIA, un leader terroriste palestinien kidnappe un ambassadeur américain et sa fille, et exige en échange de leur libération qu'on lui donne des missiles atomiques pour dominer le monde. A la place, le Pentagone lui envoie la Rescue Force et la baston ne va alors plus cesser...



Rescue Force s'apparente en effet à un véritable "shoot'em up", composé à 80% d'action pétaradante, l'assaut final s'étalant sur près d'une demi-heure de tuerie non-stop. Cela aurait pu être répétitif et ennuyeux, mais heureusement le montage alerte et saccadé et la musique entraînante (bon, certes, il n'y a qu'une seule partition pour tout le film et elle défile en boucle, mais elle est quand même plaisante) donne du rythme à l'ensemble, et cette boucherie sans fin est réellement hypnotique de massacre compulsif, d'effets pyrotechniques foisonnants, de rafales confuses et hystériques, de violence continuelle et d'explosions dans tous les coins. Ce qui est sûr, c'est que les explosifs chipés à Norbert Moutier ont été bien rentabilisés ! C'est bien simple, ça n'arrête pas de péter tous les trois mètres carrés. Plus fort que dans une production PM Entertainment ! A noter que le réal ne prend même pas soin d'essayer de cacher que ses explosions proviennent pour l'essentiel de bidons d'essence, qu'il filme toujours en gros plan ! Bref, le film a des airs de Mega Force de Prisunic.



Un film un peu bidon...

L'ambassadeur et sa fille, retenus prisonniers dans une grotte par un terroriste libidineux. L'occasion pour le réalisateur de placer un "plan nichon à suspense", c'est-à-dire : "le moustachu lubrique va-t-il arracher le corset de la frêle jeune fille sans défense, fort bien pourvue en matière de protubérances mammaires et poussant des petits gémissements à connotations orgasmiques durant toute la scène ?" (je vous laisse imaginer la réponse)

La présence d'une guest-star inattendue donne une certaine crédibilité au récit münchhausenesque de Charles Nizet mentionné plus haut : cette guest-star, c'est le lieutenant-colonel Bo Gritz. Dans la vraie vie, Bo Gritz n'est pas n'importe qui. Vétéran du Vietnam multi-médaillé, ayant dirigé la guérilla indigène au Laos, il tenta en personne de retrouver les G.I's portés disparus en Asie du sud-est, aurait découvert au cours de ses recherches l'implication du gouvernement de Ronald Reagan et de soldats officiellement morts dans le trafic de drogue du Triangle d'or, révéla les magouilles illégales de la CIA et s'opposa activement à la première guerre du Golfe, avant de se lancer dans la politique. Il se présenta notamment à l'élection présidentielle américaine de 1992, à la tête du Parti Populiste et aux côtés du leader du Ku Klux Klan. Son slogan de campagne ? « God, Guns and Gritz! »... Ce personnage haut en couleurs et un tantinet contreversé aurait servi de source d'inspiration aux personnages de Hannibal Smith de L'Agence Tous Risques et de John Rambo. Comment le réalisateur a t-il réussi à recruter un tel bonhomme ? Relations avec le Pentagone ? Miracle de la tchatche ? Bo Gritz résidant dans le Nevada, il était peut-être tout simplement à proximité du tournage... En tous les cas, il joue ici le lieutenant-colonel Steel, commandant de l'armée américaine, un vrai rôle de composition quoi...

Bo Gritz adore qu'un plan se déroule sans accroc.

Le reste du casting masculin a de quoi faire saliver le nanardeur. Commençons par le héros viril du film, rien que son nom en impose : Striker. Le meilleur élément des services secrets, le super-espion ultime, un tombeur irrésistible qui fait craquer toutes les nanas les mieux gaulées du film, doublé d'une bête de guerre surpuissante et invincible. Qui d'autre que Charles Nizet lui-même pouvait incarner ce dernier rempart du Monde Libre ? Bon, c'est pas pour dire du mal mais il faut bien rendre compte de ce qui crève les rétines : en guise d'action-star, le spectateur incrédulte aura droit à une espèce d'improbable mixe bedonnant de Paul Préboist et de Jean Richard, à la calvitie bien entamée, vif et dynamique comme une carcasse de bœuf trépané et au visage aussi expressif qu'un fer à repasser !


On se sent petit face à ça.

Striker et une de ses Striker girls : cet homme est le suprême badass ! Et sinon, ça va les chevilles, Charles ?

Maigret s'en va-t-en guerre.

Parmi les membres du commando, on trouve également un tireur d'élite, le sniper à qui la CIA confie les missions les plus délicates, une vraie machine à tuer aussi redoutable au fusil à lunette qu'au lance-roquettes... Il est interprégé par Pierre Agostino, jardinier de sa profession, aussi épais qu'un clou, malingre, les oreilles décollées, le front dégarni... essayez d'imaginer Sim en commando d'élite, notre ami est son cousin d'Amérique.

Quand on pense qu'ils ont choisi Tom Berenger pour jouer "Sniper" alors qu'ils auraient pu prendre Pierre Agostino...

On se croirait carrément devant une parodie philippine avec Palito ou Redford White du genre "Johnny Rambo Tango" !

C'est fini pour toi, Rostov !

Dans le genre "commando de choc chétif ayant largement dépassé la cinquantaine", ce moustachu n'est pas mal non plus.

Mais alors, et Richard, qu'est-ce qu'il glande pendant tout ce temps ? Eh bien on n'en sait trop rien. Toujours est-il qu'il n'apparaît qu'au bout de trois-quarts d'heures de métrage sans qu'on comprenne vraiment d'où il sort. Ce n'est qu'en lisant les crédits du générique de fin qu'on apprend que c'est le chef de la CIA. Ses scènes ont sans doute été tournées en très peu de temps, ce qui fait que lors de la bataille finale, il apparaît systématiquement seul à la caméra, mitraillant des dizaines de Palestiniens recouverts de ketchup en champs/contre-champs. La moustache toujours élégante, le port altier, le front ceint d'un bandeau de commando de la mort, l'immense Richard Harrison a beau ne pas avoir l'air très concerné, il est toujours aussi classe et domine aisément ses collègues (oui, bon, c'est sûr, quand on voit les tronches de déterrés des héros...). Voir notre ami crapahuter benoitement dans le désert en massacrant du terroriste à tour de bras, sulfateuse en mains, en ayant en permanence l'air de se demander ce qu'il fout là, est un plaisir coupable auquel il est tout simplement impossible de résister.





Richard Harrison's weapon of mass destruction!

Rayon méchants, soyez prévenus que c'est un poil raciste... Les Palestiniens sont tous joués par des Blancs avec des serviettes de bain et des torchons à carreaux roses sur la tête, s'appellent tous Abdul, sont tous très très méchants, violeurs de femmes blanches, et parlent entre eux dans ce type de langage improvisé dont même Michel Leeb aurait eu honte : "Allah Allah habla Allah blebleheblerh Allah chich Allah Allah Allah !" [Note de Nanarland : exactement comme dans Team America: Police du monde, mais au premier degré en somme !]. Ils sont en outre épaulés dans leurs ignobles desseins par une tortionnaire soviétique du KGB (ces Russkofs, ils sont vraiment dans tous les sales coups !), laquelle est tellement grimaçante et pas crédible que c'en devient magique, s'appliquant beaucoup à rrrrrouler les "rrrrrr" lorsqu'elle soutient ses camarrrrrrades opprrrrrrrimés ou qu'elle s'adresse aux porrrrrcs impérrrrrialistes exploiteurrrrrrrs du prrrrrolétarrrriat. Désopilant.

Le père inculquant à son fils les vraies valeurs de l'Islam sur un ton exagérément solennel et à grand renfort de paroles clichetonesques : "My son ! My friend !...".

Hassan, chef des "bougnoules" [sic] et son joli combo mulette-moustache.

Abdul et sa serviette de plage.

Un vague lookalike de Mike Monty.

La tigresse du goulag Ilsa, chienne du Cheik du harem du roi pétrole.

Enfin, la réalisation est ce qui fait tout le sel du film. Faux raccords à foison (des acteurs apparaissent dans le champ comme par magie), post-synchronisation hasardeuse laissant des blancs sonores entre chaque réplique des comédiens et chaque bruitage, montage sans logique, trame nébuleuse sans fil conducteur précis, tous les cafouillages et approximations techniques propres à la série Z répondent présents. Signalons en outre qu'on ne saura jamais ce qu'il advient des deux principaux méchants, ainsi qu'une scène finale proprement énormissime, au suspense hitchcockien et dont la bande musicale est traitée de manière, heu... indescriptible.

Pas d'opération à Las Vegas sans une sortie casino.

Pas de sous-Sidaris sans nanas à poil dans une baignoire.

Rescue Force est donc un fort beau nanar des familles, dont l'amateurisme souvent criant et les scènes de remplissage ahurissantes de lenteur n'excluent pas un certain spectaculaire dans l'action pyrotechnique. Des jolies filles armées jusqu'aux dents, des acteurs principaux qui n'ont vraiment pas des têtes d'action stars, de la grosse baston aussi bourrine que bordélique, Richard Harrison et le vrai Rambo en guest-stars, un budget smicard et plein de détails débiles et rigolos, voilà une perle rare en provenance du rayon "invendables" des actioners de vidéo-club, qui a le mérite de nous éclairer sur les notes téléphoniques astronomiques de la CIA, le grand complot franco-soviéto-palestinien, et l'absence de soutien-gorge des espionnes américaines.

Bon boulot les filles !

- Jack Tillman -
Moyenne : 2.83 / 5
Jack Tillman
NOTE
3/ 5
Barracuda
NOTE
3.5/ 5
Rico
NOTE
2/ 5

Cote de rareté - 6/ Introuvable

Barème de notation

Seul support existant : l'unique édition VHS américaine de "Radeon Home Video", objet rarissime. Hélas, pas de VF à l'horizon, mais l'avantage c'est qu'on a droit à François le Français qui parle Anglais avec un accent français complètement pété.



Je vous le signale au cas où : ne vous faites pas avoir comme moi par la cassette française Commando Warrior parue chez l'éditeur "Magic Home Video", qui nous promet un film de Charles Nizet avec Richard Harrison, mais nous refourgue un vieux film de propagande guerrière taïwanais des années 70.