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Tough Cop


Tough Cop

Titre original :Tough Cops

Titre(s) alternatif(s) :Miami Stup

Réalisateur(s) :Dominic Elmo Smith

Année : 1988

Nationalité : Philippines / Etats-Unis

Durée : 1h30

Genre : Deux flics amis et mous

Acteurs principaux :Romano Kristoff, Mike Monty, Eric Hahn, Paul Vance, James D. Bridges, Kenneth Peerless, Ingrid Erlandson, Berto Spoor

Nikita
NOTE
1.5/ 5

Un nouveau fin limage des fins limiers de Nanarland : nous avons récemment mis la main sur un rapport du ministère des finances, daté de 1987. N’écoutant que notre désir de démêler l’écheveau du pot aux roses, nous vous le communiquons ci-après.
Ministère de l’Economie et des Finances
Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF)
Rapporteur : Jean-Roger GLAUCQ
Objet : Faux étiquetages de produits culturels exotiques.
Suite à diverses plaintes émanant de clients de vidéo-clubs et de journalistes spécialisés, nous avons procédé à l’examen de plusieurs « films américains », dont la provenance nous paraissait suspecte. Après analyse de différents produits émanant de plusieurs distributeurs de films sur support VHS (Initial, Propulsion, Columbus… certains éléments semblent indiquer que ces marques ne sont que l’émanation d’une même société, « S. Croc SARL », basée aux Îles Caïman), il nous apparaît clairement que les films en question, bien qu’ayant occasionnellement bénéficié de capitaux américains, sont bel et bien des produits de provenance philippine.

Nous prendrons pour exemple le film « Tough cop », réalisé par Monsieur Dominic Elmo Smith, car cette contrefaçon nous paraît être la plus habile du lot.
Ce film se présente comme un produit américain, allant jusqu’à se vendre en France sous une variation de son titre anglo-saxon et une jaquette mettant en vedette un personnage secondaire.



Le film de Monsieur Smith appartient au genre dit du « film d’action », sous-catégorie « polar ». Il se déroule dans une ville américaine non identifiée, apparemment en Floride. Des observations attentives et des photos prises par satellite nous ont confirmé que les décors utilisés étaient, sans l’ombre d’un doute, des quartiers et des paysages des environs de Manille (capitale des Philippines). On ne peut qu’apprécier l’habileté de Monsieur Smith, qui réussit à camoufler la provenance asiatique de son décor, en n’utilisant quasiment que des figurants blancs ou d’apparence hispanique. Sa ruse est cependant assez rapidement éventée, les rues apparaissant souvent comme désespérément vides.



Le protagoniste du film est un inspecteur de police aux méthodes expéditives, peu apprécié de sa hiérarchie pour son côté « tête brûlée » et adversaire acharné du parrain local, nommé « Fat Cat ». Un nouvel élément vient confirmer les hypothèses de nos enquêteurs : l’opération dite de « l’américanisation du produit » semble avoir été menée en suivant les techniques dites de « l’empilement des clichés » et de « la repompe ». Parmi les œuvres audiovisuelles ayant manifestement servi de source d’inspiration aux auteurs du film, nous avons pu identifier « Deux Flics à Miami », « Starsky et Hutch », « Bullit », « L’Inspecteur Harry » et « Les Aventuriers de l’arche perdue ».



Parmi les éléments relevant de la technique dite de « l’empilement des clichés », nous relevons la présence d’un personnage secondaire noir, chargé de seconder le héros (dans le registre dit du « sidekick ») et d’apporter une touche d’humour. Nous avons pu identifier l’acteur interprétant ce personnage, crédité comme « Jimi B. Jr », comme étant Monsieur James D. Bridges, par ailleurs frère de Monsieur Todd Bridges, connu pour son interprétation du rôle de « Willy » dans « Arnold et Willy ». Il semble avoir été demandé à Monsieur James D. Bridges de se livrer à une imitation de Monsieur Eddie Murphy, tâche dont Monsieur Bridges s’acquitte au demeurant fort mal.






Le rôle de Fat Cat est tenu par Kenneth Peerless, personnage assez intéressant : journaliste canadien ayant résidé aux Philippines dans les années 1980, il devait plus tard gérer le site « News from the edge », qui produisait une revue de presse au vitriol. Il est décédé en 2004.

Le reste de la distribution nous confirme la provenance philippine de cette œuvre audiovisuelle :
Le héros est interprété par Monsieur Romano Kristoff, que nos enquêteurs ont identifié, dans le cadre de leur travail, dans un grand nombre de films tournés dans l’archipel philippin : « Le Poing Vengeur de Bruce », « Slash le Découpeur », « Ultime Mission », « Opération Cambodge »….


Romano Kristoff.

Le rôle du chef de la police est interprété par Monsieur Mike Monty, également identifié avec certitude par notre équipe comme étant un résident permanent des Philippines.


Mike Monty.

Enfin, la présence de plusieurs autres interprètes indique la provenance réelle du film. La réserve d’acteurs blancs aux Philippines n’étant pas infinie, le caractère interchangeable des distributions de ces films a rendu notre tâche relativement aisée :


Eric Hahn.



Anthony East.



Warren McLean.



Mel Davidson.

Un dernier élément a achevé de convaincre notre équipe de la provenance philippine de ce métrage : l’apparente incapacité de Monsieur Dominic Elmo Smith de donner du rythme à une scène d’action longue de plus de cinq minutes. A cet égard, le final s’égare dans des méandres de longueur (déjà constatés par notre équipe dans « Slash le Découpeur ») d’un ennui que nous constatons n’avoir éprouvé qu’à la vision de certains films de Messieurs Robert Bresson et Jean Rollin. La totale incapacité de nombre de cinéastes philippins à mener leurs films d’action de manière un tant soit peu alerte est une spécificité indéniable de ce cinéma. Le résultat en étant une indigence narrative rarement atteinte, dont l'effet peut se révéler hypnotique.


















A noter une profusion de seconds rôles charismatiques, à l’allure élégante et décontractée.

En conséquence, notre enquête conclut bel et bien à l’existence d’un étiquetage frauduleux de ces « films américains », la présence de capitaux américains dans le montage financier n’excusant en rien le caractère totalement sous-traité de la réalisation de ces métrages. Nous préconisons des sanctions financières à l’égard des distributeurs vidéo concernés et l’apposition obligatoire d’un avertissement « Attention, ceci est un film philippin dont l’abus peut entraîner de graves perturbations mentales ». La santé des amateurs de vidéo de notre pays est à ce prix.

ADDENDUM : apprenons à l’instant que trois des distributeurs concernés par notre enquête viennent de fermer boutique et de rouvrir sous cinq noms différents. Un complément d’enquête risque de s’avérer indispensable.

- Nikita -
Moyenne : 1.50 / 5
Nikita
NOTE
1.5/ 5
Rico
NOTE
0.5/ 5
Jack Tillman
NOTE
2.5/ 5

Cote de rareté - 6/ Introuvable

Barème de notation

Une seule édition VHS, chez « Highlight vidéo ». Bonne chance pour la trouver !