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Super Inframan
(1ère publication de cette chronique : 2004)Titre original :Jung Gwok Chiu Yan
Titre(s) alternatif(s) :The Super Inframan, The Infra Superman
Réalisateur(s) :Hua Shan
Année : 1975
Nationalité : Hong Kong
Durée : 1h24
Genre : Homme bionique chinois contre monstre en caoutchouc
Acteurs principaux :Bruce Le, Li Hsiu-hsien (alias Danny Lee), Yuan Man-tzu, Wang Hsia, Te
Dans les prestigieux studios de la Shaw Brothers, qui compte à son catalogue les plus grands chefs-d’œuvre des films de kung-fu et de sabre, le producteur Runme Shaw est très énervé. Il vient en effet de s'apercevoir que les super héros reviennent à la mode. Il s'empresse d'appeler son scénariste fétiche Ni Kuang, déjà auteur de quelques scripts, notamment sur les films de Chang Cheh :
- Ecoute mon p'tit, tu as vu que les Italiens et les Japonais profitent qu'on ait le dos tourné pour se faire du blé avec des justicier aux superpouvoirs. En plus c'est ringard comme c'est pas permis. Nous on va faire un super héros crédible avec plein de monstres qui font peur et des effets spéciaux dignes des plus gros blockbusters hollywoodiens. Qu'en penses-tu ?
- Oui Monsieur Shaw, vous avez raison. En plus c'est quoi ça ? Superargo, Spectreman : comment voulez-vous attirer le public avec des noms pareils ? Non le notre il va s'appeler, heu… (long silence…) Super Inframan !
- Mmmh, pas mal du tout. Bon maintenant le scénar : je veux quelque chose d'original.
- Bah c'est Super Inframan qui combat des monstres extraterrestres...
- Stop ! Je t'arrête ! J'ai dit quelque chose d'original !
- Ha ! heu… pardon… Bah c'est Super Inframan qui combat des monstres extraterrestres préhistoriques…
- Voilà !
- Sinon boss vous avez vu ? Paraît qu'ils vont faire un remake de King Kong.
- Oui bon, on verra ça plus tard ! Allez on tourne…
Et voilà ce que ça a donné :
Devant une telle perle de l'aberration cinématographique, on ne peut que rester ébahi et admirer.
Le film commence fort puisqu’après un générique ultra kitsch on voit un car d'enfants se faire attaquer par un objet volant non identifié (en fait un dragon). Puis nous voyons une ville mise à feu et à sang, on ne sait trop comment (on se doute que c'est la faute aux méchants). Le professeur Liu (Chang dans la VF), un éminent homme de science, reçoit un appel des extraterrestres. On s'aperçoit que le dragon volant n'était en fait qu'une princesse extraterrestre (une blonde avec casque et gant de toilette en forme de dragon) appelée Elzibub (Dragomone dans la VF), qui demande à la Terre de se rendre sinon ça va barder.
La méchante princesse lance un ultimatum à la Terre (et on ne rigole pas).
Là on se dit : comment va-t-elle pouvoir attaquer la Terre vu qu'elle est toute seule ? Hé bien ni une ni deux : elle fait apparaître une belle galerie de monstres qui l'aideront à accomplir ses vilains plans. Les décrire tous est une chose difficile, mais je vais essayer :
- Elle appelle d’abord ses inévitables hommes de mains : des squelettes avec des casques de moto.
- Une secrétaire avec un oeil au milieu de la main.
- Un monstre végétal appelé « Plant ».
- Une créature étrange avec un casque de viking sur la tête et de magnifiques moustaches rousses.
- Un mutant assez teigneux appelé Drill, avec une sorte de perceuse à la place de la main.
- Un petit diablotin vêtu d'un pyjama rouge nanti d’une grande barbe grise à faire pâlir le père Fouras, qui lui couvre la moitié du visage.
- Deux robots très puissants.
- Et enfin le top du top : un morpion géant !
Tout ce beau monde va semer la panique sur Terre jusqu'à ce que le professeur Liu décide de créer un robot capable de sauver notre monde. Il prend un de ses assistants (le plus courageux) nommé Rayma puis lui injecte une bonne dose d'adrénaline afin d'augmenter ses réflexes. Se retrouvant recouvert d'une armure toute rouge et de deux magnifiques petites antennes sur la tête, il est fin prêt pour combattre le mal. D'ailleurs ça tombe bien, à ce moment précis le monstre végétal envahit le laboratoire grâce à ses tentacules. Ni une ni deux, Inframan entame un combat avec lui. Après avoir échangé quelques coups de pieds, il le neutralise finalement grâce à ses mini-bombes.
Voilà une des grandes incohérences du film : pourquoi, avec tout l'armement dont il dispose, Super Inframan se sent obligé de se servir de ses poings ? Mention spéciale au combat avec le morpion où, après un féroce duel, ce dernier décide de grandir d'une dizaine de mètres. Aucun problème pour notre surhomme qui en fait de même afin d'avoir la taille de son adversaire. Et le combat continue jusqu'à ce que le morpion se fasse violemment projeter sur une usine, ce qui le ramène à sa taille initiale. Inframan n'a donc plus qu'à l'écraser (dans un flot de sang verdâtre du plus bel effet).
Super Inframan face au morpion de l'espace.
Soyons indulgents, le scénario n'en est plus à une naïveté près. On en arrive à la moitié du film au moment où la méchante reine (qui a kidnappé le professeur et sa fille) trouve le moyen de terrasser Inframan. En fait, celui-ci fonctionnant à l'énergie solaire, il suffit tout simplement de mettre de l'ombre entre lui et le soleil pour qu'il perde ses pouvoirs (c'est con la science finalement). Mais encore une fois ce n'est pas un problème pour notre surhomme car il a encore ses poings (cette fois-ci il a une bonne raison de les utiliser).
Pour l'instant cette absence de rayons lasers ne semble pas trop le gêner : au contraire, ça lui permet d'exécuter de bien belles prises de karaté sur ses adversaires. Lors de son combat contre le viking moustachu, ce dernier, sentant sa fin proche, se rend invisible, mais Inframan (à qui on ne la fait pas) le repère en utilisant une sorte de visualoscope (un peu comme dans X-Or) et l'achève grâce a son coup de pied fatal.
C'est alors que la cruelle Elzibub découvre le vrai point faible du justicier : il craint le froid. Ainsi, suite à une ruse de la princesse, Inframan se retrouve transformé en glaçon bionique. Inquiétude parmi les spectateurs, qui voient le corps congelé de Super Inframan transporté par les sbires d'Elzibub, emmener vers une mort certaine. Mais… tout à coup Inframan se souvient…
Flashback : un jour le professeur lui avait dit que si jamais il était exposé au froid il fallait qu'il utilise ses mini-bombes afin de recharger ses pouvoir. Heureusement qu'il a de la mémoire, notre surhomme, sinon il était foutu. Après s'être servi de ses fameuses bombes, il se retrouve face à la princesse qui se transforme en ce dragon que nous avons vu au début. Il lui coupe la tête grâce à ses lasers mais la tête repousse. Alors il ne trouve rien de mieux à faire que de recommencer quatre fois (j'ai compté) avant de comprendre que ça ne sert à rien et de s'en débarrasser en lui jetant ses gants explosifs. Fin : les méchants sont vaincus, les gentils sont sauvés et repartent en bateau…
Tout est bien…
Le film aurait connu un certain succès mais malheureusement aucune suite n'a jamais été tournée (on se demande bien pourquoi). Sinon on s'en doute, Super Inframan est un nanar qui tient toutes ses promesses et devant lequel on ne s'ennuie presque jamais. Avec un film d’une telle densité (je n’ai mentionné ici que quelques éléments), n'importe quel nanardeur y trouvera son compte, c'est l'essentiel. Le genre de film qui fait que l’on en vient à se demander comment font les acteurs pour tous jouer au premier degré. Mystère...
Inutile de vous dire que comme dans tout nanar qui se respecte, les effets spéciaux sont époustouflants (les rayons lasers sont coloriés à même la pellicule), surtout pour les scènes de transformation. Vous vous souvenez d'X-Or le shérif de l'espace ? Les scènes ou le héros se changeait en X-Or étaient toujours les mêmes, dans tous les épisodes : bah là c'est pareil (mais en pire), à chaque transformation de Rayma en Inframan on voit toujours un petit dessin rigolo suivi de quelques sauts périlleux arrière (il en fait chaque fois trois mais c'est la même image qui est utilisée).
Et puis le rôle principal est tenu par le toujours aussi peu charismatique Danny Lee qui, bien avant The Killer, a tourné pas mal de nanars pour la Shaw Brothers comme Le Colosse de Hong Kong ou bien encore l'affligeant La vie sentimentale de Bruce Lee (où il campe le petit dragon) et The Oily Maniac (un film inédit en France où un il joue un monstre huileux, sorte de croisement entre l'Incroyable Hulk et La créature du marais).
On pourra aussi remarquer la présence de Bruce Le, alors débutant, crédité sous le nom de Xiao Long (soit "Petit Dragon" en mandarin) dans le rôle d'un sidekick du héros.
Le et Lee !
Il ne vous rappelle rien ce "S" au-dessus de la jaquette ?
Cote de rareté - 1/ Courant
Barème de notationSuper Inframan est disponible en DVD grâce à "CTV" (distribué par "TF1 Vidéo") et l'éditeur chinois "Celestial pictures" qui a acquis les droits du catalogue Shaw Brothers... Une luxueuse édition avec VO sous-titrée français, et une introduction de l'éminent critique et nanarophile Jean-François Rauger, qui revient entre autres sur les soirées bis de la cinémathèque. Le bonheur...
Des éditions blu-ray sont sorties au Japon chez "Paramount Films" puis en Chine chez "Intercontinental Video Ltd" avec la version anglaise.