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Doc Savage Arrive
(1ère publication de cette chronique : 2002)Titre original :Doc Savage: The Man of Bronze
Titre(s) alternatif(s) :Doc Savage
Réalisateur(s) :Michael Anderson
Année : 1974
Nationalité : Etats-Unis
Durée : 1h40
Genre : Zuztizier
Acteurs principaux :Michael Berryman, Ron Ely, Paul Gleason, William Lucking, Michael Miller
Doc Savage est un justicier à mi-chemin entre Superman et Yul Brinner dans Les sept mercenaires, un être exceptionnel accompagné par une bande d'êtres tout aussi exceptionnels mais dont l'exception est à utilisation plus restreinte. A l'origine était une série de romans pulp écrits entre 1933 et 1949, pas moins de 181 bouquins narrant les aventures de ce défenseur de la liberté teinté de bronze. Comment Georges Pal a-t-il fini sa carrière en produisant de façon aussi, hum, étrange ce qui aurait sans doute pu avoir le même impact que l'a eut quelques années plus tard « Les aventuriers de l'arche perdue » ? Car même si c'est du premier roman qu'est en majeur partie tirée, soyons magnanimes, l'intrigue, de nombreux choix font de ce film une série B voire Z alors qu'il y avait du potentiel et des moyens... Mystère. D'autant plus que le choix de l'acteur principal est fort judicieux, Ron Ely étant une gravure de couverture de pulp, il colle parfaitement au personnage et apporte la prestance d'un Tarzan de télévision (ce qu’il fut) au héros de bronze sur grand écran.
La classe incarnée.
Il convient de décerner tout d'abord une palme ou un autre objet à caractère cérémonial à la musique qui, du moins dans la version française, n'a rien à envier aux meilleurs moments des compagnons de la chanson. Certains airs peuvent faire penser aux aventures des Chevaliers du Ciel, ou bien est-ce de Thierry la Fronde ? Toujours est-il que les valeurs vertueuses de Doc sont reconnaissables aux premières notes et paroles de la chanson de générique jusqu'à l'apparition du nom du héros aux couleurs du drapeau américain sur fond de bronze, en l'occurrence le réservoir d'un skidoo.
Ce bon Clark "Doc" Savage Junior ayant des difficultés de prononciation qui le conduisent à écorcher jusqu'à son propre nom, nous utiliserons ici Doc, L'Homme de Bronze, ou parfois Bob si jamais il y a des redondances. Hé oui, c'est sans doute le point essentiel et aussi le plus esthétiquement attractif du beau blond musclé, Monsieur Savage zozotte, c'est Môzieur Zavadze en fait, Clark Zavadze Zunior. Particularité propre à la version française : le doubleur zozotte (il n'est en effet fait nulle mention d'une telle particularité dans les diverses chroniques de nos amis anglo-saxons sur ce point) !!! Les capacités d'abstraction de l'humain et plus particulièrement de l'amateur de cinéma alternatif sont pourtant considérables. Il est ainsi possible d’oublier qu’on mate un homme en costume de gorille écrasant des maquettes et y voir un affreux monstre géant réduisant des villes à néant. Il est possible d'admettre que des types emperruqués soulèvent dolmens, rochers et colonnes doriques comme d'autres balancent des cagettes vides sur le marché. Il est même possible parfois de se laisser convaincre que Christophe Lambert porte bien la moustache (non, là quand même je vais un peu loin...). Mais il est absolument impossible de prendre au sérieux un héros avec un cheveu sur la langue, qui parle comme le chat de « Titi et Gros minet ».
S’agit-il du même doubleur ? [Note de Nanarland : oui, il s'agit bien de Georges Aminel, connu pour avoir été la voix française de Sylvestre le chat, Yul Brinner ou encore Dark Vador] Toujours est-il que dès que Doc Zavaze ouvre la bouche, ce qui est souvent précédé d'un gros plan au cours duquel sourire Colgate et éclat de bronze en sur-impression dans la pupille se taillent la part du lion (celui de la MGM bien sûr),tous mes efforts pour suivre le, heu, scénario, apprécier la, hum, mise en scène, se régaler de la, huh, chorégraphie des bagarres, ont dizparu comme neize au ssoleil, si ze puis utilizer la comparaizon. Bref, insupportable au premier degré et jouissif au second. D'autant plus que les responsables de la traduction (devrais-je dire adaptation ?) des dialogues s'en sont donné à coeur joie pour faire une liste exhaustive de tous les mots les plus imprononçables par notre valeureux redresseur de torts, point de "arrêtez maintenant", uniquement des "zezez inztament"... Je vous jure que si j'arrive un jour à mettre la main sur ce mec-là je m'empresserai d'aller le féliciter, heu, congratuler, vivement.
The good guy...
...and the bad guy.
Mais puisqu'un malheur n'arrive jamais seul, Doc Savage ne poursuit pas sa lutte contre le crime en solo bien au contraire, si son coeur ne peut être pris pour des raisons arachnéennes de grands pouvoirs impliquant de grandes responsabilités, il n'en va pas de même pour les franches amitiés viriles (et porcines). Toute une équipe de spécialistes du second rôle est là (et quelle équipe, une recherche de filmo-tv-graphie nous a permis de reconstituer une chronologie presque parfaite des séries absolues des années 80, La Croisière s’amuse et Fantasy Island comprises !)...
Doc méditant dans sa forteresse de solitude. Sportif !
La fine équipe est constituée de cinq spécialistes plus réputés et finauds les uns que les autres : un ingénieur, un chimiste (accompagné par un petit cochon rose, avec tout ce que cela amène de désopilant on le sent bien, hein, un cochon, c'est rigolo ça un petit cochon... surtout lorsqu'il s'appelle Habeas Corpus, avec plusieurs « s » pour Doc), un électricien, un avocat (qui a fort peu d'affection pour le cochon au début du film, ils deviendront, et c'est fort original, bons amis par la suite, qui l'eut cru ?), et un archéologue. Ces seconds couteaux, le clan des sept (ben si, avec le cochon et Doc...), est ainsi constitué de caricatures assez navrantes de "nerds", et même si dans la série de romans dont est tiré le film chacun des sbires sauvages fait montre de compétences utilisables, ils sont ici réduits au rang de clowns ridicules et de crétins stéréotypés (même le pauvre cochon). Celui qui remporte la palme est sans doute l'archéologue qui ne cesse d'employer des mots tels que "superétonnifiant" ou "extrafantasmabuleux" à des fins sans doute à haute valeur symbolique que j'avoue ne pas avoir percées. Je passe sur certaines inimitiés entre les uns et les autres, mises en avant à certains moments pour mieux montrer comment à la fin tout le monde est heureux, galvanisé et soudé par la présence charismatique et zézayante de l'homme de bronze, et comment même un avocat londonien type peut embrasser un petit cochon. Cette joyeuse bande à Basile est dévouée corps et âme à Doc et sa prestance fédératrice. On les retrouve donc fort heureusement tous au départ de l’aventure, assistant avec émotion à un discours poignant au cours duquel Doc Savage fait montre de talents d'orateur époustouflants si l'on fait abstraction d'un choix un tantinet malheureux quant aux allitérations. Car même si on peine à les prononcer, on ne mégotte pas avec les vraies valeurs chevaleresques et morales chez les Savage.
Les défenseurs du bon droit !
Du coté des affreux, on n'est pas en reste de stéréotypes. L'archi-némésis de Doc Savage est ici incarnée par le Capitaine Seas (si si, il a une casquette de capitaine, une armée de marins et un yacht), secondé par toute la bureaucratie évidemment corrompue d'un petit pays d'Amérique Centrale (Hidalgo, je ne crois pas que cela soit la peine de chercher sur une carte, ou alors de celles où les USA s'appellent Gringoland). Celle-ci est incarnée et surjouée par un atroce petit individu qui fume des cigares, trépigne et dort dans une réplique agrandie d'un lit pour bébé en suçant son pouce. Là encore je dois avouer que la symbolique m'a un peu échappé, pas le ridicule.
Des méchants à peine caricaturaux.
Michael Berryman dans une petite apparition en coroner inquiétant...
On retrouve aussi le personnage de l'aviateur pseudo allemand, référence évidente au baron rouge (cela permet de rappeler si besoin est l'époque des années folles durant laquelle est sensée se dérouler l'action, tout anachronisme mis à part), véritable gravure de livre d'histoire miteux pour école primaire, avec moustache cirée et lunettes de pilote... Surtout ne pas oublier les rires sardoniques et maniaques pour tout ce petit monde, il serait dommage de laisser passer un cliché. Une pincée de sbires crétins pour la bagarre, un soupçon de potiches aux longs cils et au sex-appeal d'une amphore grecque et vous aurez fait le tour... Ah non j'oubliais l'Indien transfuge, qui accède au pouvoir en vendant son âme et ses traditions animistes séculaires au vilain et ce pour... de l'or parbleu. Je commence peut-être à comprendre pourquoi on dut attendre Indy pour relancer la passion pour les films d'aventure tiens...
Le regard fièrement tourné vers l'aventure !
Allez, résumons le scénario. N'ayez pas peur, et d'une ça ne va pas prendre très longtemps, et de deux là n'est pas l'intérêt de ce chef de file du cinéma d'aventure, une bonne longueur devant les Allan Quatermain, Diamant vert et autre Junior Jones. Doc Savage est tiré d'une méditation transcendantale et fort peu vêtue dans sa garçonnière au pôle (je dois avouer ne plus me rappeler duquel il s'agit, vu que son autre QG se situe à New York j'ose parier pour le Nord, plus aisé à la prononciation en plus) par son super sixième sens de bronze l'avertissant d'un danger quelconque style jeune vierge en détresse ou fou mégalomaniaque cherchant à dominer le monde par le biais de la musique heavy metal (pour mettre à mal notre ami Savage il aurait dû choisir le zazz mais bon...). Il retrouve le club des cinq dans sa maison de la grosse pomme juste à temps pour apprendre que son père est mort, qu'il lui lègue des trucs et enfin se faire canarder par un indien au style amazonien, où tout du moins cela y ressemble, tatouage en forme de serpent sur la poitrine à l'appui.
Ca fleure bon l'exotisme en carton pâte.
De là à partir à la recherche des conditions mystérieuses, on s'en doute, de la disparition de Savage senior, liée à la possession par une tribu disparue du bout du monde d'un bassinet d'or liquide, il n'y a qu'un voyage en avion, automobile, âne et bateau que tous feront avec joie (même le cochon à qui on demande assez regrettablement peu souvent son avis d'ailleurs...). Ceci sans que l'équipe n'aie à déjouer les pièges des méchants visant l'hégémonie sur la flaque d'or à de nombreuses reprises. Il y aura bien sûr des passages secrets glissants et cachés par des buissonnets, des passages d'une émotion poignante grâce à l'effet du charme fou du Doc sur une jeune secrétaire, Mona, qui fort heureusement pour la suite du film se trouve être la détentrice de renseignements que seul Doc peut croire (sic) sur la sus-citée tribu. Vous aurez aussi droit à de la bagarre dans toutes les nuances de kung-fu possibles, Doc ayant plus d'une technique martiale à son art.
Des combats d'une intensité et d'une technicité jamais vues.
Un grand merci à ce sujet au réalisateur, qui a bien voulu sous-titrer le nom des différents arts martiaux utilisés par Doc et son homologue mauvais, le Capitaine Seas, lors du combat final, véritable catalogue de la Redoute pages techniques et sports de combat automne-hiver. On en apprend donc de belles et notamment la technique dite du ventilateur, dont l'efficacité sur les émanations ophidiennes vertes et translucides n'est plus à prouver.
La menace verte.
L'acuponcture au service de la lobotomie pour transformer les méchants en citoyens modèles.
Pour finir, essayer donc de prononcer "Mona vous êtes bath" ("Mona you're a brick" en VO si si !!!) avec l'accent de Doc Savage (difficile de zozoter même sur les « t », c'est un métier !) et je vous garantis du succès en boîte de nuit, surtout si vous portez le smoking avec col aux reflets de bronze... Il est évident que le succès d'une soirée avec ce film doit beaucoup au talent du doubleur. Est-ce inné, est-ce forcé ? Je ne me prononcerai pas, préférant laisser le mythe se construire de lui-même !
Mona, vous êtes bath !
Cote de rareté - 3/ Rare
Barème de notation
Curieusement, alors que le personnage de Doc Savage continue à bénéficier d'un culte nostalgique aux Etats-Unis, la "Warner" a attendu 2009 pour rééditer ce film en DVD outre-Atlantique (alors que plusieurs années auparavant elle avait sauté le pas en Allemagne en proposant une belle petite galette nantie d'une version allemande et de la V.O.). L'édition Blu-ray est sortie en 2016, avec une qualité d'image HD mais VO uniquement (pas de VF ni de sous-titres FR).
Mais évidemment tout ça ne peut remplacer la zenzazionnelle V.F. Cap donc sur les Cash Converters pour trouver la vieille VHS "Warner Bros". Il faudra quand même vous armer de patience pour dénicher cette relique. Alors gardez le coeur pur et zurtout, le zourire !
Enfin, pour faire honneur à la classe de Doc Savage, vous aurez remarqué que tout au long de cette chronique nous nous sommes abstenus de toute plaisanterie scatologique autour du mot "bronze". On a de la tenue ici !