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Ator le Guerrier de Fer
(1ère publication de cette chronique : 2005)Titre original :The Iron Warrior
Titre(s) alternatif(s) :Aucun
Réalisateur(s) :Alfonso Brescia, (sous le pseudo de Al Bradley)
Année : 1987
Nationalité : Italie / Etats-Unis
Durée : 1h22
Genre : Atordé
Acteurs principaux :Miles O’Keeffe, Savina Gersak, Elizabeth Kaza, Iris Peynado
Ce qu'il y a de bien avec la série des « Ator », c'est qu'elle est tellement décousue qu'il n'est pas nécessaire d'avoir vu les autres pour pleinement apprécier un épisode. Tout au long de la trilogie, le nom du héros et la présence de Miles O'Keeffe sont les seuls dénominateurs communs. Ou plutôt, non, il y en a un autre : la nanardise. Et pas de la nanardise à la petite semaine, non monsieur ! « Ator », c'est du beau nanar pétant la santé, de l'heroic-fantasy comme on ne savait la faire qu'en Italie dans les années 80.
Notre héros !
Le premier « Ator » contait une histoire de Sword & Sorcery assez classique. « Ator 2 » devait être à l'origine un film sur Adam et Eve, entièrement remanié parce que le scénario choquait les convictions religieuses de son acteur principal, Miles O'Keeffe. Cet « Ator - The Iron Warrior » n'a pas été réalisé par Joe D'Amato mais par Al Bradley (prononcez Alfonso Brescia) et met un point d'honneur à n'avoir aucun rapport avec les opus précédents, et même à les contredire sur plusieurs points. Si les deux précédents films présentaient un décor de type celtique/germanique, celui-ci se déroule dans un cadre plutôt hellénique. Notons qu'il existe un autre troisième volet, « L'Epée du Saint-Graal » (ou selon les pays « The Hobgoblin » ou « Quest fot the mighty sword »), réalisé par Joe D'Amato et sorti trois ans après, mais sans Miles O'Keeffe. « Ator », la première trilogie en quatre épisodes !
Inside the Actor's Studio with Miles O'Keeffe : le regard déterminé.
Inside the Actor's Studio with Miles O'Keeffe : le sourire en coin.
Pour ce nouvel opus, Miles O'Keeffe a gagné pas mal en courage et perdu un peu en cheveux, ce qui n'est pas plus mal. L'histoire est celle d'une vilaine sorcière qui a décidé de s'emparer d'un paisible royaume en assassinant son roi et la fille de celui-ci. Son plan diabolique ne réussit qu'à moitié puisque la princesse parvient à s'échapper et part à la recherche d'un preux guerrier capable de sauver son royaume. N'en trouvant pas, elle se rabat sur Ator...
On répète : sourire en coin, regard déterminé... Tu sais faire autre chose Miles ?
Pour faire face à un héros de cette trempe, outre la vilaine sorcière, il fallait au moins un grotesque ersatz de Skeletor avec son masque en plastique de rigueur. « Iron Warrior » ne nous déçoit pas sur ce point. Sans doute pour maximiser ses effets, Al Bradley l'a affublé en plus d'une écharpe rouge parfaitement saugrenue lui donnant presque une allure néo-romantique. Il y a des fois où on se demande vraiment ce qui peut passer par la tête d'un réalisateur pour qu'il nous ponde des personnages aussi ridicules.
Le « Skeletor à l'écharpe rouge ». Trogar de son petit nom.
Il faut lui reconnaître une chose : question entrées en scène dramatiques, il s'y connaît.
Croyez-le ou non, ce méchant monolithique par la force des choses parvient presque à être plus expressif que Miles O'Keeffe, véritable bloc de marbre plus crispé que jamais. Il arbore exactement deux expressions au cours du film : la mine résolue et le petit sourire narquois insupportable. Assénant ses vingt répliques avec l'aplomb d'un gnou, Miles O'Keeffe se fait pourtant voler la vedette par sa partenaire Sivina Gersak qui incarne la princesse Jenna. Authentique boule d'anti-charisme au regard totalement vide, elle n'est guère aidée par son maquillage ni par sa coiffure qui en font une espèce de punk version gréco-romaine. Mais regardez plutôt les photos, les mots manquent à ce stade. Histoire d'achever de ruiner sa crédibilité, son personnage est introduit au cours d'une scène un peu éthérée qui rappelle furieusement une pub pour une lessive adoucissante.
Soupline présente : la princesse Jenna.
Un charisme insoutenable !
Savina Gersak. Elle finira dans un Mark Gregory. "No Future" jusqu'au bout...
A l'exact opposé, la méchante sorcière Phaedra est jouée par Elizabeth Kaza (une actrice française : cocorico !) qui apparemment se croit investie de la mission sacrée de compenser à elle seule le manque d'expressivité des autres acteurs. Rarement j'ai pu voir une actrice cabotiner autant dans un film "sérieux", d'autant plus qu'elle ressemble à une de mes ex-profs de français mais ça c'est une autre histoire.
Festival Elizabeth Kaza !
Sur un plan plus technique, le film s'en tire ma foi honorablement. A quelques exceptions près, qu'on pardonne d'autant plus facilement qu'elles sont rares, les trucages et effets spéciaux passent bien et même les mannequins en mousse ne se voient pas trop (Al Bradley a compris le truc et les filme de loin). Si certains intérieurs sentent un peu le carton-pâte, les scènes d'extérieur tournées à Malte sont en revanche d'une beauté à couper le souffle. Le seul vrai point d'achoppement, ce sont les scènes dans le monde des sorcières où Al Bradley nous offre une véritable démonstration de mauvais goût eighties.
Oui, quand même : l'île est ratée.
Le monde des sorcières, sobre et de bon goût.
C'est désormais récurrent, la présence de Miles O'Keeffe dans un film est synonyme de réjouissantes démonstrations de lâcheté. S'il n'hésite pas cette fois à payer de sa personne et à affronter moult gardes et autres sbires de la vilaine sorcière, chassez le naturel et il revient au galop, Miles O'Keeffe nous offre tout de même quelques grands morceaux de non-bravoure. On citera notamment sa stratégie dite "de l'autruche" pour venir à bout des incendies, la mise à mort parfaitement révoltante de l'un de ses adversaires après la reddition de ce dernier et la passivité à toute épreuve avec laquelle il regardera la princesse Jenna se faire kidnapper sous son nez. Plus tard, lorsque viendra le moment de la délivrer, Miles ne prendra aucun risque avec la sorcière et, dans la grande tradition des « Ator », l'attaquera dans le dos sans hésiter.
Miles O'Keeffe, surnommé "L'homme qui se tire plus vite que son ombre" par les mauvaises langues.
"To be, or not to be ?"
Une doublure se cache sur cette image. Sauras-tu l'identifier ?
Bien vu !
S'il est une chose dont Miles O'Keeffe n'a pas peur en revanche, c'est bien du ridicule. Non plus d'ailleurs que du plagiat éhonté. Pour le ridicule j'en ai déjà parlé, pour le plagiat c'est essentiellement Indiana Jones qui en fait les frais avec pas moins de trois scènes directement pompées sur « Les Aventuriers de l'Arche Perdue » et « Le Temple Maudit ».
Pour un fois, on ne peut pas lui en vouloir de prendre la fuite.
On s'attend presque à voir débarquer Mola Ram...
Vu sous cet angle, ça fait quand même un petit peu minable.
Devinette : le temple est-il sur le point de s'écrouler O/N ?
Alors que cette chronique touche à sa fin, il m'est impossible d'éviter plus longtemps cet aveu : je n'ai absolument, rigoureusement, strictement rien compris à ce qui se passait dans le dernier quart d'heure du film. Même après deux visionnages, rien n'y fait, la fin de « Ator 3 » demeure pour moi un mystère plus épais que celle de « Zardoz ». J'ai vraiment essayé, mais impossible d'y voir autre chose qu'un patchwork d'hallucinations et de scènes sans queue ni tête qui ne doivent prendre tout leur sens que si on les regarde sous ecstasy. Avant de terminer, je vous livre tout de même cette petite gourmandise, l'accroche anglaise du film telle que trouvée sur imdb :
"Who will rid the world of Trogar? Born of evil sorcery. Half man - Half spirit. Total exterminator".
Cette scène où Ator et Trogar jouent au ping-pong avec des lances atteint des sommets de nanardise.
Ma note personnelle : un bon 3,5/5 pour un film ma foi bien sympa et bien rigolo.
Cote de rareté - 4/ Exotique
Barème de notation
Malgré un passage sur le câble grâce à Ciné FX, le film semble avoir échappé à toute sortie française tant au cinéma qu'en VHS. L'existence d'un doublage francophone peut faire penser qu'une version québécoise a pu exister mais nous n'en avons pas trouvé trace. Reste quelques cassettes étrangères assez peu aisées à trouver. Des éditions américaines, allemandes, néerlandaises ou même finlandaises existent. On peut les trouver sur les sites de vente de produits d'occase (surtout la VHS américaine de chez "Media Home Entertainment / Heron Communication").