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Metamorphosis, the Alien Factor
Titre original : Metamorphosis, the Alien Factor
Titre(s) alternatif(s) :Aucun
Réalisateur(s) :Glenn Takakjian
Année : 1990
Nationalité : Etats-Unis
Durée : 1h29
Genre : Sous-Alien dans un couloir
Acteurs principaux :Tara Leigh, Matt Kulis, Patrick Barnes
L'accroche de la VHS française attaque très fort !
Distribution COMPLETE, figurants compris :
Matt Kulis
Patrick Barnes
Tara Leigh
Dianna Flaherty
Katherine Romaine
Marcus Powell
Tony Gigante
Greg Sullivan
George Gerard
Allen Lewis Rickman
Michael D'Andrea
Ralph Ormaldi
Il est des films dont on sait que polémique il y aura si chronique en est livrée. En voyant « Metamorphosis », je me suis demandé du début à la fin si j’avais affaire à une série B, un navet assumé ou un joyeux nanar. Trop mauvais pour être une série B, trop ridiculement drôle pour être un navet, mais… j’en suis tout de même ressorti avec l’impression que quelque part tout cela avait été fait exprès. On ne peut pas faire un tel film de manière involontaire (ou alors, on s'appelle Tim Kincaid). Aussi je vous laisse seuls juges. Pour ma part, je le considère comme un nanar dont le réalisateur a fini par se résigner en cours de route à faire n’importe quoi en soupirant, avant de retourner s’enterrer une fois son boulot terminé.
L’action (si l'on peut parler d’action, mais j’y reviendrai) débute dans l’espace. La caméra effectue un travelling laborieux devant une Lune en carton-pâte, sur fond de pipeau synthétique.
D’emblée, on comprend que le faible budget de « Metamorphosis » n’est pas parti dans la musique. Et pour parfaire le tout, cette intro se prolonge de manière ahurissante ! On doit subir environ trois minutes de pipeau lunaire avant de voir apparaître… LA TERRE ! (quelle surprise !). Bref, on est censés avoir compris le topo : la menace vient de l’espace. Voilà qui est original.
Nous nous retrouvons peu après dans l’immeuble de la Talos Corporation, un laboratoire génétique de haute sécurité en plein milieu d’une ville. En fait de haute sécurité, le tout est surveillé par UN garde muni d’un minuscule pistolet. Le tout, dans tout un immeuble censé abriter des secrets génétiques de haute volée. En fait de multinationale pharmaceutique, c'est la PME du père François. Bref, ce garde est assisté par des caméras poussives, des petites lumières clignotantes et… une voix off féminine. Ce dernier gadget est la perle du film. Chaque fois qu’on l’entend, c’est un véritable régal : elle raconte n’importe quoi ! Simulant des alertes scientifiques, elle n’a pour ce faire qu’un vocabulaire semble-t-il très limité, qu’elle dévide un peu n’importe comment, pour montrer que c’est de la science. Exemple véridique, lors d’une alerte concernant une évasion de mutants tueurs « H5-G4 ! Indicateur de Standard OPC : prière d’être prudent » et on l’entend débiter des fadaises du genre pendant au moins une demi-heure dans le film. Et les rares phrases vraiment compréhensibles sont de plus complètement stupides : « Pas de risque de contamination génétique, aucun danger » annonce t-elle alors que c’est la panique générale et que dans les couloirs rôdent les trois monstres du film.
L'alarme retentit (par alarme, entendez UNE grosse lumière rouge dans un couloir). Le garde se précipite (laissant l’entrée sans surveillance au passage) dans les couloirs vides du labo (nous y reviendront aussi) et là, c’est le drame. Devant la salle où vient de se dérouler l’incident, un zombie tombe sur le pauvre policier avant de s'immobiliser. Sans s’inquiéter davantage, le garde entre dans la pièce et se fait évidemment tuer par un tentacule ressemblant étrangement à un câble électrique agité par un assistant laborieux.
Ailleurs, deux jeunes font des cochoncetés sur un canapé (une photo nous fait subtilement comprendre qu'il s'agit de la famille du garde). Une blonde, Sherry, qui a une tête d’héroïne de nanar et un benêt à lunettes dont on comprend qu’il va se faire tuer tôt ou tard. Son nom est logiquement Billy, ou Brian (j'avoue ne plus m'en souvenir). Ils sont interrompus par Kim, la petite sœur de la fille, qui a une tête et des attitudes de délinquante (s’ensuit par ailleurs une scène pleine de pathos pour nous faire comprendre que maman est morte et qu’il ne reste que papa qui d’ailleurs n’est pas rentré à la maison c’est très inquiétant…). Bref après ces éléments sans intérêt, nous revenons au labo où une scientifique et le méchant directeur du laboratoire découvrent le carnage (au passage, un des deux cadavres à disparu, mais ça ne les affole pas plus que cela). Ils ne sont accompagnés d’aucun garde, et n’ont pas l’air particulièrement émus de ce qui se passe dans la salle, toujours baignée de rouge (parce que ça fait « alerte biologique »). La scientifique, dont on remarque vite le bon fond, commence alors à se disputer avec le patron du labo, qui doit avoir inscrit « born to be bad» sur son caleçon tellement ça se voit que c’est une crapule.
La série X-Files sortait la même année, serait-ce l'inspiration de "L'Homme à la cigarette" ?
Bref, après une dispute cousue de fils blancs, deux hommes débarquent dans le bureau du Savant Fou. Attardons-nous au passage sur un détail : nous avons déjà découvert plus de la moitié des acteurs du film, figurants compris. Il n’y a que 11 acteurs crédités au générique, dont un qui n’apparaît que 10 secondes au total. Les deux hommes sont « Des agents accrédités de niveau N6 », sorte de commandos assez crétins, car bien qu’à la tête de la sécurité du bâtiment, ils ont besoin de toute l’explication de leur chef pour savoir ce qui se passe dans le coin. S’ensuit donc l’explication du pourquoi de tout ce bazar, qui débute par un très long flash-back aux raccords foireux, entrecoupé d’explications qui vont très haut sur l’échelle de « Flic ou Ninja », dans le genre « Cette matière extraterrestre venait de la Terre, mais nous avons fait croire à la commission d’éthique qu’il s’agissait d’une substance mutante de l’espace afin de contourner la législation sur l’éthique génétique… Or, nous nous trompions : cette matière venait bien de l’espace. » La pauvre scientifique s’embourbe bien deux minutes dans cet imbroglio incohérent sous les regards plats des agents N6 (un Noir et un Blanc... devinez lequel des deux va mourir en premier ?). On nous apprend donc que le monstre qui ravage le laboratoire (enfin juste une pièce pour l’instant !) était avant le petit ami de la scientifique mais qu’il a été mordu par une grenouille de l’espace et s’est transformé en créature mutante tueuse.
[Aparté]
Quand le docteur Foster se fait mordre par la grenouille de l’espace – ça rappelle les muppets non ? – on réalise une fois de plus à quel point les gens de ce labo sont assez peu professionnels : ils laissent la grenouille en liberté, comme ça, sous un meuble, pendant toute la durée du film ! Elle transforme les gens en mutants hideux mais personne n’aurait l'idée de la chopper pour régler le problème !
[/Fin de l’aparté]
"- Patron c'est affreux, y a un muppet qu'a mordu mon collègue !
- C'est ça, vous allez encore essayer de gratter du congé maladie avec vos excuses à la noix ?"
Bref, malgré les vaillants efforts d’une batterie impressionnante de deux scientifiques (la scientifique et un de ses collègues, un barbu à lunettes qui fait des blagues que je vous épargnerai ici), le docteur Foster se transforme en gros mutant dont le seul espoir est d’être soumis à un rayonnement radioactif composé de rayons bleus ridicules (je ne peux pas vous en dire beaucoup plus tellement l’explication technique constitue un charabia imbuvable). Au passage, les deux autres cherchent un remède en lui prélevant des cellules (qui ressemblent à du guacamole) et les bombardent de rayons atomiques sans prendre aucune précaution de stérilisation ou d’isolation. Pas étonnant qu’il n’y ait que 6 employés dans cette boîte ! Bien entendu, le Savant Fou veut étouffer l’affaire et envoie ses deux cornacs liquider les monstres dans les couloirs.
Notre fine équipe de jeunes gens du début (la fille du garde et son benêt) arrivent au bout d’un moment pour essayer de retrouver le papa mort au début. Econduits une première fois, il s’infiltrent dans le labo (en volant des blouses, trop géant la sécurité, encore une fois !). La sœur rebelle arrive aussi à entrer en douce en enfermant le gardien dehors (et l’autre n’a MÊME PAS DE PASS !)
Hiiiiiiiiiiiiiiiiii !!!!!
Un film intégralement tourné dans deux couloirs !
Pendant ce temps, dans les couloirs, le foutoir est général : les deux gardes liquident un chien-zombie en plastique en déchargeant leurs Uzis dessus. Nous découvrons ensuite LE monstre. Comme il mérite un paragraphe à lui tout seul, je vais donc à la ligne.
LE monstre, c’est une chaussette géante dont on ne voit presque jamais le bas, avec des tentacules-câbles électriques pour agripper les gens et la capacité de cracher des glaviots plein de dents (ces derniers ont des trajectoires et des vitesses bizarres, un peu comme si quelqu’un les jetait depuis le hors-champ…). Bien entendu, ce monstre se déplace au ralenti, mais par un fait très étrange il arrive tout de même à coincer tous les gens qu’il poursuit dans des culs de sac.
Voilà pour le monstre. Bref, ce dernier commence à décimer tout le monde… Presque tout le casting y passe plus ou moins mollement (les seules scènes à peu près rythmées sont celles où le monstre avale ou secoue les acteurs, vu que tout cela est tellement mal fait que les gesticulations sont supposées rendre les trucages moins visibles). C'est tout d'abord le garde noir qui y passe (hé oui, j’avais prévenu !) après un concours de coups de poing avec le benêt qui ferait passer un combat de tracteurs pour le summum de la grâce et du dynamisme, puis le Savant Fou y passe avec la scientifique, le garde qui était enfermé dehors et le benêt, copain de Sherry. Le deuxième agent N6 a survécu et tient le monstre en respect.
Trop affreux.
Bien sûr, vous vous doutez que le combat final a lieu juste au dessous du fameux Canon Atomique… Ce dernier est supposé « libérer assez de puissance pour griller New York », et quand il se déclenche, Kim et le Sbire du Savant sont à moins d’un mètre… ET IL NE LEUR ARRIVE RIEN DU TOUT ! C’est juste le monstre qui prend : eux n’ont eu qu’à se protéger le visage avec les mains !
Après une ultime pirouette (en fait le monstre n'était pas vraiment mort, hahaha !) qui aboutit au massacre du garde, les deux sœurs parviennent à s’enfuir, et à retrouver Billy (ah ben non en fait il était pas mort, pourquoi ? Son explication texto « heu… j’ai eu de la chance »). La fin est d’ailleurs totalement clichée et convenue, puisque la grenouille de l’espace se rebiffe et mute à son tour dans un ultime trucage en carton qu’on n’avait plus osé depuis les pires péplums des années 1950.
Voilà, après tout ça, j’avoue rester un peu dubitatif devant ce produit de Glenn Takakjian, peuplé d’acteurs habitués aux rôles insignifiants comme George Gerard (la jaquette le crédite royalement d’un « Sos Fantômes II » dans lequel si je ne m’abuse il ne joue qu’un chauffeur de taxi, mais je peux me tromper) ou encore Tony Gigante, annoncé comme ayant joué dans « Dernière sortie pour Brooklin » où je n’ai pas le souvenir de l’avoir vu ! (ni l’IMDB… était-il figurant ?). Dubitatif parce que malgré le moment d’hilarité que j’ai passé devant cet objet (vendu chez Auchan à 1 €), je ne peux pas m’empêcher de penser que cela a été fait de manière volontaire, au moins en partie… Je ne sais pas donc si c’est un nanar sincère ou pas, à vous de juger.
Au passage, quelques petites phrases et détails qui laissent rêveur :
- « Mais enfin chéris, pas devant les mutants ! »
- (les deux scientifiques devant le docteur en pleine mutation) : « Attention je… je crois qu’il essaye de dire quelque chose ».
- « Oh mon Dieu ! Mes cellules ! Vite, verse moi de l’acide sur la main »
- « Il s’agissait de projets dont les objectif étaient de loin bien peu altruistes » : si quelqu’un peut me décoder ça…
- Derrière le bureau du savant fou, il y a tout un tas de gadgets de remplissage dont une structure faite de boules en plastique comme dans les films d’entreprise des années 70, impression générale donnée par le film au passage ! Les téléphones du laboratoire sont d’une beauté à couper le souffle, on dirait des spatules design. Quant aux ordinateurs, ce sont des Amiga (je n’invente rien).
- Kim est invisible sur les caméras, ce qui semble confirmer la théorie qu’il n’y a pas le moindre dispositif de sécurité dans toute l’entreprise…
- Terminons sur une phrase pleine de transcendance de notre amie la voix off : « IUM nucléaire, une part par billion, processus atteignant le point critique IDT ! »
NB : Afin de préserver le plaisir de la découverte, cette chronique vous a épargné la plus grosse majorité des incohérences dues à l’indigence du montage de ce film. Et je vous ai épargné aussi les commentaires sur le doublage, où les comédiens se mettent de temps en temps à bafouiller « Votre p’f'soeur est ici, heu, n’est-ce pas ? ».
Addendum par le Rôdeur :
D'après ce que j'ai lu ici et là, il semblerait en fait que ce film ait connu de graves problèmes au cours du tournage, ce qui expliquerait en partie l'ampleur de la catastrophe. Au départ ce devait être la suite d'un film "à la Alien" intitulé « The Deadly Spawn" target="_blank" rel="noopener" class="autoDetect">Spawn » (en France : « La Chose ») sorti en 1983. Mais il faudra 10 ans à « Metamorphosis » pour voir le jour, à cause de la défaillance des producteurs puis des distributeurs, ce qui explique sans doute le côté périmé de l'affaire. D'ailleurs, un truc marrant repéré grâce à imdb : le générique se termine par la phrase « je n'ai pas été assez payé pour cette merde ! » ( ???)
« I don't get paid enough for this shit! »
Il semble que le budget ait fondu dans les animatronics, longs et coûteux à animer, et que le film ait fini par être bâclé n'importe comment avec des chaussettes en latex, de la gelée et des bestioles animées en stop motion lamentable. D'ailleurs, à le voir comme ça, on sent que l'ambition était de faire un truc moitié à la "Alien" moitié série B volontairement rigolote comme « Flic ou Zombie » avec des monstres marrants mais bien faits. On trouve par moments quelques beaux efforts dans ce sens avec le crapaud cyclope rigolo, la plante carnivore mutante ou le mutant qui bouffe des poissons rouges dans l'aquarium, mais faute de moyens, tout ça a viré au n'importe quoi. Les têtes de monstres ne sont pas raccord, et quand on ne voit pas seulement la tête (seule partie du corps des bestioles à être mécanique) c'est carrément le gros ratage. L'animation est du niveau des nanars 60's comme « Les Monstres de l'île en feu », guère mieux. Et comme il est dit dans la chronique, l'espèce de jargon pseudo-scientifique débité quasiment en continu finit de nanardiser le tout. C'est vraiment le genre de film qui laisse perplexe.
Lire aussi notre interview de Philip J. Cook, le responsable des effets spéciaux, sur les errements de la production.
Entretiens
Cote de rareté - 2/ Trouvable
Barème de notationComme il a été indiqué plus haut, le film a été réédité en DVD désormais trouvable pour pas cher du tout chez "Cactus Vidéo". V.F. unique de rigueur et image bien craspougne. Je te donnerais ce genre d'éditeurs à bouffer aux mutants, moi, ça traînerait pas !