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Titanic 3

(1ère publication de cette chronique : 2022)
Titanic 3

Titre original :Aliens VS Titanic

Titre(s) alternatif(s) :Aliens VS College Girls, Predator Planet, Predator World

Réalisateur(s) :Jeff Leroy

Producteur(s) :David S. Sterling, Robert Rhine

Année : 2017

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h25

Genre : Titanique dans l'espace

Acteurs principaux :Victoria De Mare, Tasha Tacosa, Brenton Jones, Kelly Erin Decker, William Gabriel Grier, Jin N. Tonic, Robert Rhine, Bree Olson

Kobal
NOTE
2.75/ 5

Tiens, mais au fait, que devient donc Jeff Leroy ? Egérie du Club des Fétichistes de la Maquette, un groupuscule particulièrement déviant de notre site (et dont je suis peut-être le seul membre), le réalisateur n'avait plus trop fait parler de lui depuis notre chronique de Rat Scratch Fever, mise en ligne il y a... 10 ans ! Outch, ma prostate ! J'avais d'ailleurs écrit à l'époque que j'étais prêt à attendre une décennie, si nécessaire, le prochain chef-d'oeuvre du maëstro du Z californien, engagement signé en lettre de sang qui trouve enfin son aboutissement ce jour.

L'affiche originale.

Un rapide coup d'oeil sur sa filmographie récente montre que le temps ne semble pas avoir d'emprise sur l'homme : celui-ci persiste vaille que vaille à faire don de son talent à un monde qui n'avait jamais rien demandé. Humez donc le musc de ces titres prometteurs : Grand Auto Theft: L.A., Giantess Attack, Frankenstein in a Women's Prison, Dracula in a Women's Prison (on sent le filon bien exploité) et Titanic 3, dernier rejeton sur lequel nous avons jeté notre dévolu aujourd'hui. Grâce en soit rendu à BZZ Vidéo, un éditeur français au goût infaillible, qui a décidé de sortir le film en nos contrées, avec une VF faite pour l'occasion, on ne se refuse rien.


Une pensée pour le sacrifice économique de ces gens.


Surtout quand on voit apparaître le label du producteur TomCat LLD !


Le titre laissant deviner une originalité terrassante, intéressons-nous au script que Jeff a décidé de mettre en images : pour la Saint Sylvestre 2139, le paquebot spatial TITAN-1C (meilleure idée du film, tout le reste est du bonus) inaugure sa première croisière interstellaire en conviant à son bord la fine fleur des fêtards du cosmos. Tandis que le capitaine use du pouvoir d'attraction de son poste pour batifoler en tout bien tout honneur avec deux jeunes et dévêtues donzelles, un petit groupe d'amis se retrouve en possession de la dernière nouveauté pharmaceutique à venir, le Libido (Bliss en VO), une molécule aphrodisiaque qui promet la transcendance orgasmique à son consommateur.


Le TITAN-1C se fraie un chemin au milieu d'une manifestation anarcho-météoritique non-déclarée en préfecture.


Introducing (de gauche à droite) Diamond, Dirk, Terry et Kenny.


Le capitaine McBride est intérprété par Robert Rhine, alias Corpsy, le fondateur du magazine américain Girls and Corpses (tout est dans le titre) par ailleurs crédité à la production de ce "Titanic 3".


De quoi vous faire un avis sur les centres d'intérêt pointus de Mr Corpsy.


Las, le respect certain que le scénariste a pour l'Histoire le conduit à mettre sur la voie du TITAN-1C un substitut spatial au traditionnel iceberg, en l'occurrence une météorite gorgée de bestioles agressives. Sans se refuser une petite ré-interprétation tout de même car ce n'est pas le vaisseau qui vient se crasher dans l'inerte obstacle mais ce dernier qui se propulse à ses trousses pour lui faire du rentre-dedans ! Une fois les créatures aliens libérées sur la carlingue, celles-ci se dépêchent de faire exploser les vitres... et le quota de CGI moches, alors qu'elles agitent leurs cinq frames / seconde d'animation devant tous les acteurs, qui n'ont d'autre choix que faire de grands gestes dans le vide en hurlant et en se jetant eux-mêmes sur les parois des couloirs pour nous faire croire que le vaisseau tangue (dans l'espace...). Bon, ils se pressent contre le mur de droite quand la caméra penche à gauche, mais on va pas chipoter non plus.

Les bêbettes profitent de cette confusion générale pour s'infiltrer dans tous les orifices humains disponibles, entraînant d'affreux effets de filtre loupe. Joie de la démarche artistique totale, la laideur du design des envahisseurs épouse à merveille leur propre nature multi-FX discount, du latex moche au numérique moche. Avec même une petite explosion de tête-pastèque, si chère à Jeff.


L'orchestre du TITAN-1C a pour chanteuse Victoria DeMare, une habituée des films de Jeff Leroy ("Psychon Invaders" ou "Werewolf in a Women's Prison"), qui interprète ici le titre So Long. De fait, elle a plusieurs albums à son actif (nul doute que vous vous précipiterez pour les acheter sur son site).

Un lancer de mannequin sur un panneau, totalement gratuit car la même cascade est ensuite pratiquée par des acteurs.


Les parasites sont tellement laids qu'ils semblent sortis d'une faille temporelle préhistorique.


Zoom sur le jeu d'acteur.


Paf, tête-pastèque !


La catastrophe se devant d'aller à son terme, la rupture de la coque entraîne une dépressurisation qui réduit à néant le maigre casting dans un festival hypercondensé d'effets spéciaux aussi catastrophiques que jouissifs et qui constitue le coeur même du sacerdoce nanarophile. C'est pour ces instants de pur génie cinématographique qu'on s'inflige autant de souffrances. Le rendu par écrit de cette petite minute d'apocalypse nanar est extrêmement difficile à accomplir tant elle ressemble à un maëlstrom de multiples techniques de trucage qui aurait le goût d'un milkshake de babioles miniatures, avec des acteurs incrustés et des explosions numériques. Ce feu d'artifice épileptogène envoie tellement que le cerveau entre en overflow, ne captant plus que des bribes du bordel. Je pourrais faire une capture d'écran de chaque demi-seconde et toujours avoir un truc dément tant le talent imprime l'écran à l'acide. Tout comme les voyageurs s'envolent dans le cosmos, le spectateur est emporté par cette régalade digne du meilleur dont est capable Jeff Leroy lors de ses transes artistiques.


L'inconvénient d'avoir balancé une telle purée après seulement 15 minutes de film, c'est qu'il va être ensuite difficile de reproduire l'exploit. Mais n'allons pas trop vite en besogne, remettons-nous de nos émotions et reprenons le fil de l'histoire. Car tout le monde n'est pas mort : sous la direction de Lana Vickers, 1er officier, le groupe d'amis a profité d'une évacuation en navette de secours pour aller se crasher sur la plus proche planète. Titanic 3 vire alors à la dénonciation militante des risques de contamination extra-planétaire par l'activité humaine (et au plagiat d'Alien) quand les survivants emportent avec eux des créatures météoritiques ; celles-ci s'avèrent fonctionner comme des parasites, prenant le contrôle de leur hôte et répandant une douce paranoïa quant à la véritable nature de chacun des protagonistes... Enfin, entre deux blagues de cul. Bah oui, pour ne pas mourir malheureux dans l'éventuel naufrage de leur navette, les mâles se sont shootés au Libido et ont désormais des problèmes d'érection à résoudre. Sans parler de Diamond dont les pouvoirs extrasensoriels d'empathie lui permettent de visualiser ce que ses comparses enjaillés ont à l'esprit.


Lana Vickers est jouée par Tasha Tacosa, une autre actrice fidèle aux oeuvres de Jeff Leroy.


Le montage en champs/contre-champs est très perturbant jusqu'à ce que l'on comprenne qu'il s'agit de la navette, vue de l'extérieur puis de l'intérieur.


Et comme tout être complexé par sa taille de pénis, le film a des problème de perception des dimensions : toutes ces images montrent bien la même navette.


Kenny faisant désormais face aux conséquences de sa philosophie de vie : "Si je meurs [dans le crash], je préfère que mon sang soit dans le pénis".


Il se trouve que cette ambiance légèrement désinhibée répond bien aux problématiques des parasites, qui ont justement l'intention d'assurer leur avenir démographique en inséminant tout ce qui leur tombe sous le tentacule. Ils s'inscrivent ainsi dans la grande tradition science-fictionnelle des envahisseurs qui viennent voler les femmes aux hommes trop déconstruits pour réagir, un rapt procréatif habituellement pratiqué par les petits gris ou les hommes-poissons... Les Profonds, nouvel avatar des complotistes du grand remplacement ? Tout ceci donne ainsi lieu à de mémorables séquences d'idylles sexuelles interplanétaires, colorant l'ambiance The Thing avec une bonne louche de Urotsukidoji !

Exemple avec ce grand moment où Terry, la jeune innocente un peu coincée du groupe, tente de venir en aide à Kenny, son petit ami, qu'elle retrouve inconscient dans la forêt. Persuadée qu'il a fait un malaise dû à la captation hémorragique de son interminable érection ("Un homme peut-il donc mourir de priapisme ?" se demande-t-elle [Note de moi-même, la réponse est : théoriquement oui, par gangrène]), elle prend une pilule de Libido pour se donner le courage de le soulager. Emportée par son excitation et son "tralala tout éveillé", elle chevauche son Valentin sur fond de musique romantique, sans s'apercevoir qu'il s'est désormais transformé en gros streumon alien. Et comme une scène d'amour inter-espèces ne semble pas suffisamment émoustillante pour Jeff Leroy, la découverte horrifiée de la nouvelle altérité de son amant amène Terry à lui fracasser la tête à coups de caillasse, sans pour autant quitter sa position d'amazone, histoire d'obtenir son écusson scout Nécroxénophilie. Avec les félicitations du jury.


Préliminaires.


Pénétration.

Ejaculation.


Petite mort.


L'évolution érotomane de la carrière de Jeff Leroy était déjà nettement perceptible dans Werewolf in a Women's Prison. Difficile de savoir s'il s'agit d'un pur choix artistique par proximité des cultures Z et X, ou juste d'un moyen pour arriver à mieux vendre ses films. Quoi qu'il en soit, Titanic 3 embrasse à pleine poitrine cette orientation : les groupies du capitaine du vaisseau exhibent leurs charmes sans retenue et le concept de viagra cosmique justifie tous les rapprochements. Rassurez-vous, le film ne vire pas non plus à la véritable pornographie, il ne comporte d'ailleurs que trois séquences sexy, et celle qui met en scène les ébats passionnés entre une empathe cabotine à cheveux roses et une gloumoute latexée catégorie Power Rangers fait beaucoup rigoler tant elle est improbable. Même les autres personnages assistant à ce spectacle n'en croient pas leurs yeux et tirent des tronches écoeurées ! Reconnaissons que la mise à bas très féconde qui s'ensuit est peu ragoûtante, le film n'hésitant pas à en rajouter dans le craspec réjouissant.


L'une de ces deux nymphettes siamoises (celle de gauche ?) est Bree Olson, actrice X également connue pour avoir été en trouple avec Charlie Sheen.


Les phallus viennent de Vénus.


Faites l'amour, pas la guerre spatiale.


Un couple naturiste épanoui se promène main dans la main (d'autres photos déshabillées de Jin N. Tonic sont dispo sur son site, si ça vous dit).


Comme vous l'aurez observé sur les images, Titanic 3 fraie avec délectation dans les bas-fonds budgétaires de son genre : la navette de secours change sans cesse de dimensions selon les plans, les explorateurs utilisent des téléphones à clapet pour sonder la comestibilité des mûres plantées sur des brindilles, et les chips sont stockés dans des bouteilles (le futur !). La photographie abuse des effets de déformation et d'ondulation, et aussi d'un filtre colorimétrique dégueu pour masquer que le tournage a lieu dans la pampa californienne, mais dont l'intensité est tellement variable que les persos semblent parfois marcher dans des mares de pisse radioactive ! Sans parler du changement de couleur des cheveux de Diamond. Inconvénient de cette misère, le film souffre d'être très mollasson, avec un script qui dilue autant que possible ses enjeux faméliques, faisant sans cesse réexpliquer les situations par tout le monde.


La rampe de lancement de la navette de secours. Faite main.


La capitainerie futuriste qui conserve le charme des tableaux de diodes colorées d'antan.


Le fameux comestiblomètre du XXIIème siècle.


Sans doute le rayonnement Simpson.


Une teinte bubblegum, une teinte saumon, c'est bien d'avoir le choix.

On touche là du doigt les limites de l'évaluation nanar de ce genre de production. D'autant plus que l'introduction du film, avec ses maquettes filmées en gros plan (marqueur éternel des lubbies de Jeff Leroy en matière de FX), et dont le dézoom nous révèle qu'il s'agit bel et bien de jouets explorant des courbes féminines, prouve que le bonhomme a une nette conscience de la catégorie dans laquelle il boxe. En fait, le ressenti nanar vient surtout du maintien d'ambitions artistiques surévaluées eu égard à ses moyens financiers, le Californien n'abandonnant jamais ses folles tentatives de les atteindre envers et contre toute réalité. C'est véritablement son atout charme indéniable, en tout cas celui avec lequel il a conquis mon coeur à tout jamais. Et puis si Nanarland ne se donnait pas la mission de mettre en lumière ce genre de production confidentielle, comment pourriez-vous vous la raconter auprès de vos petits neveux avec votre connaissance du priapisme et des ensemencements interplanétaires ? Allez, de rien, ça me fait plaisir.


Ce vaisseau aurait tout-à-fait pu être le money shot d'un précédent film de Leroy.


Ici, c'est une vertigineuse mise en abyme réflexive sur le rapport aux images. Avec des nichons.


Et merci Jeff, rafistolage 4 ever !

- Kobal -

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation

Comme indiqué dans la chronique, Titanic 3 est sorti en DVD en France chez "Bzz Video". La VF a le bon goût de ne pas en faire des caisses, se calant plutôt sur un ton légèrement en dessous du surjeu perceptible des acteurs. Cela n'empêche pas la traduction de placer quelques formules sympa qui demeurent cohérentes avec l'ambiance du film. On retiendra "c'est l'invasion des profanateurs de cul" ("the invasion of the bootysnatchers" en VO) ou "elles ont tué Kenny !".

En bonus, le scénario original, lentement raconté dans son intégralité, et qui a la particularité de différer totalement du film dès la 2ème ligne de script. Deux courts-métrages psychotroniques complètent le kit.

Cerise sur la gateau nanar, Titanic 3 jouit d'une ribambelle de titres alternatifs bien WTF : Predator Planet, Predator World, Aliens vs College Girls, Aliens vs Titanic.

Une jaquette alternative, avec un titre de génie qui arrive à pomper deux grands succès de James Cameron d'un coup.

Attention à ne pas s'emmêler les pinceaux avec cette affiche teasing de 2012 qui annonce une co-production TomCat Films et Ted Chalmers, un scénario de Ted Chalmers et Keith Parker et une réalisation Lewis Schoenbrun (The Amazing Bulk)...

... l'équipe aux commandes de Aliens Vs Avatars (autre titre de génie qui pompe deux grands succès de James Cameron d'un coup !). Aliens VS Titanic était prévu comme une suite, mais le projet s'est embourbé et n'a finalement abouti qu'en 2017, avec Jeff Leroy à la réalisation.

Toujours plus loin dans le rejaquettage mensonger.

Tentative honteuse de surfer sur la sortie imminente de The Predator façon mockbuster (Titanic 3 est sorti le 14 septembre 2018, soit trois jours avant celle de The Predator)

On ajoute à l'arnaque une jolie repompe du design de l'USS Selaco, le vaisseau des marines d'Aliens. La couv' parfaite.

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