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Starcrash

(1ère publication de cette chronique : 2003)
Starcrash

Titre original :Scontri stellari oltre la terza dimensione

Titre(s) alternatif(s) :Le choc des étoiles, Star Crash, Stella Starr, The Adventures of Stella Starr

Réalisateur(s) :Luigi Cozzi (sous le pseudo de Lewis Coates)

Année : 1978

Nationalité : Italie

Durée : 1h25

Genre : Space opérette

Acteurs principaux :Salvatore Baccaro, Caroline Munro, Marjoe Gortner, David Hasselhoff, Joe Spinel, Christopher Plummer, Nadia Cassini

Nikita
NOTE
4.5/ 5


Une chouette affiche espagnole, que toute l'équipe de Nanarland rêve d'avoir dans sa chambre...


Il est des moments d'émotion culturelle qui marquent la vie de tout homme à la fibre artistique un tant soit peu développée. La lecture d' « Ulysse » de James Joyce pour le lettré; la découverte de Vermeer pour l'amateur de peinture ; la chronique de « Starcrash, le choc des étoiles » pour le nanardeur !

L'angoisse étreint alors l'âme de l'esthète : serai-je à la hauteur du Grand Œuvre qui se présente à moi ? Car « Starcrash » de Luigi Cozzi, c'est… comment dire ? Ce n'est pas n'importe quoi ! Quel sociologue nanar évaluera-t-il un jour combien de vocations de nanardeurs sont nées sous la puissance de ce choc des étoiles ?

 


Jaquette vidéo québécoise.


Il fut un temps, petits z-enfants, où l'Italie était le plus grand centre de production de divertissement populaire d'Europe occidentale, suivant un modèle de création bien établi : on copie tout ce qui marche à Hollywood, avec les moyens du bord et une imagination d'artisan modestes mais bûcheurs. Puis un jour, de la même manière que l'épicerie du Père François, malgré ses qualités, se trouve toujours fatalement écrasée par le développement de Carrefour et Auchan, il devint tout simplement impossible de rivaliser sérieusement avec l'éléphant américain sur le terrain du divertissement. Ce moment, qui ne signa pas instantanément la fin de Cinecittà, mais devait marquer le début de sa lente agonie, porte un nom précis : « La Guerre des étoiles ». La bombe de George Lucas, en marquant le grand bond en avant de la technique du cinéma, devait rendre dérisoires tous les efforts des Italiens pour produire de la distraction de masse.

 


Jaquette vidéo italienne. Très classe !


Pourtant la réaction ne s'était pas faite attendre et face à ce nouveau défi, nos amis transalpins ne se l'étaient pas fait répéter : « Ha comme ça Hollywood fait de la science-fiction à grand spectacle ?? Qu'à cela ne tienne, on va faire tout pareil ! Ca fait vingt ans qu'on le fait !! ». Le résultat : « Starcrash » ! En fait, la rencontre entre des producteurs français désireux de produire au moindre coût et des techniciens italiens prêts à montrer leur savoir-faire (rappelons que Lucas tourna son premier « Star Wars » en Angleterre par raison d'économie). Tous les ingrédients qui avaient fait la recette du film de Lucas sont là : des acteurs principaux peu connus (donc pas chers), une guest-star (Christopher Plummer à la position qui fut celle d'Alec Guinness et Peter Cushing), des effets spéciaux pétaradants, une intrigue très BD et mouvementée… Hé bien, il n'y a pas de quoi rire car « Starcrash » représente le moment précis où l'imagination du bis italien commença à se casser les dents sur les nouveaux standards du divertissement cinématographique.

 


Une autre jaquette vidéo italienne (dont le visuel n'a rien à voir avec le film) et une affiche thaïlandaise d'époque.


Car le résultat qui se présente à nos yeux ébahis est… tout simplement d'un ridicule galaxique, cosmogonique, stratosphérique, d'une kitscherie à fracasser tous les mètres-étalons connus du grotesque ! Rien n'y échappe : ni les effets spéciaux (oh ces peintures sur verre aux couleurs criardes censées représenter l'espace !) ni les costumes (dignes d'une opérette de Francis Lopez) ni l'interprétation, ni surtout les dialogues! La vision de ce « Choc des étoiles » suffit à plonger le spectateur dans une sorte de béatitude heureuse : à ce niveau d'absurdité, on ne compte pas, on visite !

 


Caroline Munro, Marjoe Gortner et un petit pois vert.


La tragédie commence dès les premières images, où l'on se rend compte que « Starcrash » entend rivaliser sérieusement avec son modèle. Un vaisseau spatial parcourt l'espace : plan très long sur l'objet, pour nous faire admirer l'effet spécial. Mauvais point, c'est un jouet en plastique totalement raté. Suit l'attaque du vaisseau par des tâches de couleur (de la peinture rouge qui flotte dans l'huile, rajoutée ensuite sur l'image) ! Suit un texte défilant sur l'écran, exactement à la manière de « Star Wars » (mais moins réussi car sans l'effet de perspective), que je vous reproduit intégralement :
« Au-delà des temps, la vie existait aux confins de l'univers. Des galaxies entières prospéraient sous le règne bienveillant de l'Empereur des étoiles. Jusqu'au jour où le féroce Zarth Arn, qui régnait sur les étoiles maudites, découvrit l'arme absolue, capable de dominer les esprits. L'Empereur, informé de l'accès de mégalomanie de Zarth Arn, chargea une frégate spaciale (sic) d'enquêter sur ses projets. La frégate fut détruite. Zarth Arn, qui se crut invincible et entreprit la conquête de la galaxie. (sic) Des étoiles maudites aux confins de l'univers, Zarth Arn répend (sic) terreur et destruction. L'heure arrive enfin de s'opposer à son délire de domination. »

 


Zarth Arn (Joe Spinell), la méchante andouillette de l'espace ! A noter que le nom "Zarth Arn" semble avoir été textuellement pompé du roman "Les Rois des étoiles", d'Edmond Hamilton.


Le texte d'introduction malmène donc orthographe et syntaxe (encore que le distributeur français soit en cause là-dessus). La suite sera à l'avenant… Le générique nous apprend que la musique est de John Barry, qui, à écouter le résultat, a dû apparemment croire qu'on lui avait commandé un générique pour une émission de variétés style Maritie et Gilbert Carpentier, ou un « Noël en Bavière avec André Rieu ». La mise en scène est signée « Lewis Coates ». HE LUIGI COZZI, ARRÊTE DE NOUS JOUER DU PIPEAU !!

 


CAROLINE MUNRO !!! (heu, qu'est-ce que j'ai à crier comme ça, moi ?)


Nous entrons ensuite directement dans le vif de l'action :
un vaisseau « spacial » (ben oui je m'adapte à l'orthographe nanarde) fend l'espace. A son bord, deux « contrebandiers galactiques » : Akton (Marjoe Gortner) et Stella Starr (Caroline Munro). Et autant dire que nos deux héros, ou plutôt leurs interprètes, font beaucoup pour le succès de l'œuvre. Marjoe Gortner (je vous dirai deux mots sur son parcours tout à l'heure) est une sorte de bellâtre hippie blondasse nanti d'une improbable chevelure bouclée à la Jimmy Hendrix, d'un menton prognathe « François Léotard » et d'un immuable sourire « Patrick Sabatier ». Et surtout d'un regard halluciné et d'une mâchoire perpétuellement crispée qui nous laissent subodorer un enthousiasme délirant pour son rôle ou une absorption inconsidérée de psychotropes. Caroline Munro… ha, Caroline Munro ! Autant le dire tout de suite, elle constitue l'un des principaux atouts esthétiques du film. Le costumier ne s'y est pas trompé, qui l'a affublée d'une sorte de costume pour partouze sado-maso qui la laisse aux trois quarts nue et qu'elle portera les deux tiers du film. On saluera donc le perspicacité de l'équipe du film qui a tout de suite saisi là où se situait le talent de la dame.

 


Parce que pour ce qui est de son jeu d'actrice, heuuuu… elle est à peu près aussi subtile qu'une mauvaise actrice du cinéma muet : haussements de sourcils (barre à gauche ! barre à droite !), roulements d'yeux, et surtout hilarité permanente au niveau de celle de Gortner. Nos deux héros sont en effet poursuivis par la police spatiale et leurs dialogues sont uniquement constitués d'exclamations frénétiques : « Ouais, on les a eus ! » « Vite, entrons dans l'hyper-espace ! » « Ouaaaais ! » « Oh, regarde : un neutron stellaire ! ». Notons que Caroline Munro et Marjoe Gortner ne vont pas cesser durant tout le film de pousser des exclamations hystériques de cour de recrée du genre « Youpi, on les a eus ! », signe qu'ils ont dû s'amuser sur le tournage.

 




L'inimitable Marjoe Gortner.


Dans leur fuite, Stella et Akton tombent soudain sur le vaisseau spatial attaqué par les tâches de peinture dans le pré-générique et recueillent un homme d'équipage, à moitié mort, qui leur bafouille d'obscurs avertissements. « Il veut que nous alertions qui ?? » « L'Empereur du Premier cercle de l'univers intersidéral ! » Sur ces brûlantes entrefaites, nos héros sont rattrapés par la police de l'espace, constituée de Thor (le chauve Robert Tessier, peint en vert) et son assistant robot Elias. « Ha-ha ! » leur dit Elias, « Ce n'est pas à un vieux robot qu'on peut faire le coup de l'hyper-espace ! Hé hé hé ! »

 


Tandis que les entrefaites chauffent de plus en plus, nous passons à la base interstellaire de l'affreux Zarth Arn. On sait qu'on est chez les méchants, car ils portent tous des uniformes noirs… Arrive Zarth Arn, joué par Joe Spinell. Et là, la berezina du casting continue : Spinell, bon comédien, fut fort convaincant en serial killer (« Maniac »), en tueur de la mafia (« Le Parrain ») ou en imprésario véreux (« Rocky »), bref en méchants glauques et terre-à-terre. Mais lui faire jouer un tyran galactique de type Ming aux accents "shakespeariens" dans le registre "Je serai le Roi de l'Univers ! MOUHAHAHAHAHAHA !!!") revient à demander à un boxeur de faire des entrechats. Il faut dire que ce pauvre Spinell n'est pas aidé par un abominable costume de vinyle noir qui le boudine jusqu'à le faire ressembler à une andouillette sur pattes, ni par une coiffure qui annonce Mathieu Chédid avec vingt ans d'avance ! Bref, chacune des apparitions de Zarth Arn contribuera à faire s'enfoncer un peu plus le film dans la mélasse du ridicule. « Ils ont récupéré un survivant », lui annonce son adjoint, « mais son cerveau paraît définitivement endommagé. Il ne pourra sûrement pas les aider à mettre la main sur notre forteresse intersidérale ! »

 


La base spatiale de Zarth Arn en forme de main griffue.


Revenons à Akton et Stella Starr : conduits devant le Grand Ordinateur (une tête géante et verte en pâte à modeler, flottant dans un bocal), nos héros sont condamnés à divers siècles de travaux forcés sur le « pénitencier stellaire de la planète Nocturna 2 ». Stella Starr ne tarde évidemment pas à s'évader (c'est pas drôle de se faire maltraiter par des figurants italiens dans un décor ringard) et est aussitôt récupérée par le vaisseau d'Elias et Thor. Elias : « Par décision du Grand Ordinateur, votre peine est effacée ! » Stella Starr : « C'est une plaisanterie ? » Elias : « J'ai des circuits affectifs et logiques : l'humour m'est inconnu ! »

 


Un sinistre sbire.


Une fois Akton récupéré, nos héros sont conduits devant le vaisseau amiral de la flotte impériale. Et voici que leur apparaît, sous forme d'hologramme « Sa Majesté l'Empereur du Premier Cercle de l'Univers » (Thor dixit) ! C'est Christopher Plummer, la guest star du film, engoncé dans une armure dorée récupérée du tournage de « La Fureur des gladiateurs ». Et là, nouveau coup de génie du casting : car le père Plummer ne fait strictement AUCUN effort pour masquer son désintérêt pour ce qu'on lui fait jouer. Et sous prétexte de prendre des airs de « père noble », il affichera jusqu'à la toute fin du film une tête pas possible de pointeur à l'ANPE déprimé par ses dettes de jeu (qui devaient certainement être considérables pour le faire échouer en ces lieux) et défoncé à la marie-jeanne. « Il n'y a que vous », annonce l'Empereur à Stella et Akton, «qui puissiez nous permettre d'échapper au désastre (…) face au misérable félon Zarth Arn, membre de l'Union des forces abyssales ». Le tyran a en effet créé « une arme si puissante, si énorme, qu'ils ont été obligés d'utiliser une planète afin que nos instruments les plus sophistiqués ne puissent la déceler. (…) et c'est pourquoi je vous demande de voler vers la galaxie des étoiles hostiles. Vous devez localiser la forteresse cosmique de Zarth Arn. » Nos héros sont en outre chargés de récupérer le commandant de la mission précédente, qui se trouve être le fils unique de l'Empereur.

 


Jaquette japonaise.


Stella Starr, Akton, Thor et Elias partent donc en route pour inspecter toutes les planètes visitées par la mission précédente. (commentaire d'Elias lors du départ : « Moi, l'hyper-espace me donne toujours des courts-circuits »)

 


La Reine des Amazones (Nadia Cassini, habituée des comédies cochonnes italiennes).


Première étape : la planète des Amazones, lesquelles se montrent aussitôt hostiles. Après un combat de karaté parfaitement grotesque (des manchettes comme on en fait dans la cour de récré), Stella Starr est faite prisonnière et conduite devant la reine (Nadia Cassini, actrice habituée des comédies cochonnes italiennes de l'époque) qui, se révélant une méchante alliée de Zarth Arn, ordonne aussitôt la mise à mort de notre héroïne : « branchez sur elle la pompe cérébrale ! ». Précisons que cette scène est rendue d'autant plus agréable par le fait que les Amazones sont toutes quasiment à oilpé ; mais le plus drôle reste encore de voir cette grande cheminée de Caroline Munro simuler des scènes d'action en se tortillant dans son harnais. Stella et Elias parviennent à s'échapper. La reine des Amazones lance à leurs trousses sa « robote » géante (une sorte de figurine animée image par image : du Ray Harryhausen en moins bien, avec vingt ans de retard) mais nos héros réussissent à fuir la planète des accortes Amazones (qu'on ne reverra hélas plus).

 


Catch lesbien dans l'espace :
- Branchez sur elle la pompe cérébrale !
- Mais majesté, il n'y a rien à pomper !!


Suit la visite de la planète polaire, située dans une galaxie « sauvage et inhospitalière ». Là, coup de théâtre : Thor se révèle être un traître à la solde de Zarth Arn qui tente de condamner Stella et Elias à la mort sur la planète gelée (tendre aveu d'Elias à Stella alors que la neige les recouvre : « Vous me feriez presque regretter d'être un robot ! »). Akton intervient heureusement pour occire le traître en lui renvoyant les rayons lasers avec lesquels ce dernier tente de le foudroyer. (Précisons que les lasers sont manifestement dessinés à même la pellicule) Petite parenthèse pour souligner qu'Akton dispose apparemment de super-pouvoirs (prédire l'avenir, faire de jolis éclairs avec les doigts et, on l'a vu, renvoyer les rayons lasers) dont l'origine et l'étendue ne nous sera jamais révélée, pas plus que la nature exacte du bonhomme (apparemment un mutant, ou une sorte d'extraterrestre…). Le secret de ses pouvoirs se trouve sans doute dans sa moumoute…

 


Suite de la mission, et troisième planète (l'intrigue commence à faire un peu jeu de rôle) : en s'approchant de cette dernière Akton, Elias et Stella sont attaqués par les fameuses tâches de peinture de l'espace, mais en réchappent. Déduisant qu'il y a là anguille qui cloche, ils se atterrissent et Stella Starr en profite pour changer de costume et enfiler une combinaison néo-hippie criarde nettement plus couvrante, ce qui fait que son personnage perd tout intérêt !

 


Affiche allemande, qui flirte effrontément avec les limites du plagiat.


Stella et Elias sont aussitôt attaqués par des hommes préhistoriques particulièrement mal maquillés (à l'exception de Salvatore Baccaro, l'homme-singe de Cinecittà, qu'on aperçoit très brièvement, et qui n'a pas besoin de maquillage) : le pauvre Elias, démonté, est envoyé à la ferraille et Stella destinée au sacrifice humain ! Fort heureusement, un homme revêtu d'un très seyant masque en carton-pâte doré met en fuite les troglodytes, qu'Akton, muni d'un sabre-laser (mais où vont-ils chercher ça ??), achève de disperser. L'inconnu se démasque alors et là, le spectateur entre en plein nirvana : C'EST DAVID HASSELHOFF !!! MERDE, QUOI, DAVID HASSELHOFF !!! YEAAAAH DUDE !!! (Bon, il faut que je reste calme… le casting s'améliore à chaque scène, c'est fou) Evidemment, coïncidence suprême, il s'agit là de Simon, le capitaine et unique survivant de la mission disparue, qu'Akton et Stella étaient censés rechercher.

 


Comment dis-tu ? "davidacelof" ???

 


Brève apparition de Salvatore Baccaro, dans son rôle habituel d'homme des cavernes.


Une partie de la mission est donc accomplie, mais une question demeure : où donc est la planète où Zarth Arn cache sa base. Akton : « Mais nous sommes sur la planète, voyons ! » Simon : « Comment, j'étais sur la planète et je ne m'en doutais pas !!? » Rappelons qu'Akton sait tout puisqu'il est capable de prévoir l'avenir, ce qui est bien commode pour faire avancer le récit quand le scénariste est en panne d'imagination. Ca permet aussi de balancer quelques répliques du genre « Toutes les réponses se trouvent dans le grand livre du destin », ce qui ne veut pas dire grand chose mais permet de donner un peu de cachet au dialogue.


Nos héros s'introduisent donc dans la base secrète de Zarth Arn (une sorte de hangar, piqué au dernier James Bond) où l'infâme cache son arme secrète. Ladite arme secrète, ce sont en fait les tâches de peinture rouge, qui paralysent l'esprit (?) et ne sont donc pas si redoutables puisque nos héros y ont survécu. Passons puisqu'on n'en reparlera plus guère.

 


Evidemment, survient Zarth Arn qui coince nos héros dans la salle des machines, et les fait tenir en respect par ses « golems », soit des robots animés image par image. Le plan diabolique de Zarth Arn, qui lance l'autodestruction de la planète, est d'attirer dans un piège l'Empereur, qui est prévenu de la présence de nos héros et viendra donc à leur secours. Oui, parce que Simon est le fils de l'Empereur. Comment ça, vous vous en doutiez ?


Zarth Arn s'éclipse en laissant nos héros tenus en respect par les golems (« Tuez-les ! Et au besoin soyez impitoyables ! » Sic.) . Akton sort son sabre laser et les affronte vaillamment. Cependant, l'Empereur accourt à bord de son vaisseau vers ladite planète. Retour à la baston : grièvement blessé au bras, Akton s'écroule, mais Simon s'empare du sabre et défait les golems. (la vision de David Hasselhoff se battant au sabre laser est une sorte de nirvana du nanardeur, presque aussi émouvant que le costume ras-la-touffe de Caroline Munro !) Là, scène tragique : Akton meurt ! Rappelons qu'il a été blessé au bras. Oui, il résiste à des lasers à bout portant et il meurt d'une blessure au bras ! Cherchez pas, ses organes vitaux doivent se trouver dans son coude droit… « Je ne peux plus vous être d'aucune utilité. Je ne peux plus échapper à mon destin. Pour moi la mort ne signifie rien… » dit-il. Ca ne signifie rien non plus, mais bon…

 


A nous deux, viles figurines en pâte à modeler !


Le preux surhomme se dissout dans un effet spécial multicolore tandis que l'Empereur fait son entrée (Christopher Plummer a l'air toujours aussi déprimé). «Majesté, attention », l'avertit Stella Starr, « dans 48 secondes la planète explosera, il serait dangereux de nous attarder ! » «Oui», renchérit Simon, « nous risquons d'être désintégrés, père ! ». Christopher Plummer ne s'affole pas pour autant et se tourne vers le plafond : « Commandant du vaisseau impérial, je vous ordonne d'arrêter le flot du temps ! » On ne nous explique pas comment la voix de l'Empereur (qui se trouve à terre et ne parle dans aucun appareil particulier) fait pour atteindre le vaisseau galactique (qui se trouve dans la stratosphère), sans compter que le temps qu'il dise sa réplique, les 48 secondes sont passées, mais aussitôt dit aussitôt fait : le navire amiral envoie un rayon (une surimpression verte peu convaincante) vers la planète, dont « chaque molécule » se retrouve en dehors du temps pour trois minutes. « Trois minutes suffiront ! », dit Simon (trois minutes pour courir hors de la base, atteindre la navette, décoller ? Heu… passons).


- Mais Père, comment faites-vous pour que votre armure brille autant ?
- C'est simple, Simon : Super Spray triomphe même de la poussière d'astéroïdes !


Arrivés à bord du vaisseau impérial, fini de rire car il s'agit désormais d'aller casser la figure à cette raclure de Zarth Arn. (Elias, réparé pour l'occasion, refait son apparition.) A partir de là, baston spatiale et effets spéciaux ratés non-stop pendant un quart d'heure. Deux idées assez intéressantes : la base interstellaire de Zarth Arn (qui a dit l'Etoile de la mort ?), en forme de main griffue, se referme comme un poing au moment de la bagarre, sans que ça serve d'ailleurs à grand-chose. Ensuite, les hommes de l'Empereur, à bord de mini-navettes, tentent de prendre l'assaut la base ennemie, et passent au travers des vitres de la station orbitale pour se jeter à l'abordage ! Rappelons que la base se trouve dans l'espace : on casse les vitres, et les occupants ne s'en trouvent pas incommodés… Certes…


En attendant l'heure est grave car les méchants ont repoussé les assauts et préparent leur contre-attaque ! (Zarth Arn : « Soyez prêts à lâcher nos missiles HP 102 à désintégration moléculaire ! » Les soldats : « OUUUAAAIIIIIS ! »)

 


Forrt heureusement, l'empereur n'est pas à court d'idées, car, pour vaincre Zarth Arn, il reste l'arme ultime, le "Starcrash". Nous vous laissons découvrir en quoi consiste la feinte, mais sachez simplement que le "choc des étoiles" en question achève de plomber la crédibilité du film en le faisant partir très loin sur le terrain de la BD la plus nimportequouesque. Que nos lecteurs sachent simplement que le maître des étoiles maudites part en un joli feu d'artifice et que le robot Elias, apparemment jaloux, n'a plus qu'à se morfondre en regardant Stella Starr se faire emballer par Simon.

 


Une version Super 8 allemande.


Le mot de la fin revient à Christopher Plummer, qui de l'hébétude semble être passé à une sorte de coma post-éthylique tant il dit son dialogue avec conviction : « Voilà. Nous avons gagné. Les étoiles brillent, les planètes scintillent, tout est bien. Oh, je ne me fais pas beaucoup d'illusions. Les puissances maléfiques semblent exterminées. Comme le phénix elles renaîtront de leurs cendres. Pour l'instant tout est calme. Il en sera ainsi pendant quelques temps. La vie suivra son cours. » « Ouf, vivement que je touche mon chèque ! » semble se dire le malheureux acteur une fois sa tirade conclue.

 


Vous l'aurez compris, « Starcrash » est une sorte d'eldorado du nanar, où le ridicule est si poussé qu'il n'y a littéralement qu'à se servir. Pousser plus loin l'énumération de toutes les grotesqueries du film – les décors, la musique, les couleurs criardes années 70 serait fastidieux : un seul conseil, si vous avez l'occasion de le voir, jetez-vous dessus. Starcrash, c'est la boîte de chocolat du nanar : on ne sait jamais sur quoi on va tomber, mais on est sûrs que ce sera bon !! Il est d'ailleurs injuste que « Flash Gordon » soit plus connu que « Starcrash » tant ce dernier le surpasse de très loin sur le terrain de la Science-Fiction ringarde. Le film de Luigi Cozzi fut d'ailleurs un succès au box-office à l'époque, contrairement à « Flash Gordon ».

 


La jaquette du DVD.


Un mot sur le casting :l'androgyne hallucinatoire Marjoe Gortner, interprète du rôle d'Akton, a un parcours tout à fait fascinant puisqu'avant d'être acteur (et quel acteur !) il fut, dans son enfance et son adolescence, prédicateur itinérant, allant sous la houlette de ses parents prêcher la bonne parole biblique dans l'Amérique profonde. Le jeunot aux allures de pâtre et à l'éloquence paraît-il hors du commun fut pendant plusieurs années une sorte de star du milieu évangélique avant de tout rejeter, la majorité venue, et de dénoncer publiquement les ficelles du métier de prédicateur. Un documentaire à scandale, intitulé « Marjoe », lui fut consacré en 1972. Après quoi, l'ex-enfant prêcheur tenta une carrière d'acteur, qui ne donna pas les résultats escomptés. Il travaille paraît-il aujourd'hui dans le coaching en entreprise.

 


Le robot Elias est interprété (du moins mimé, la voix étant celle d'un autre acteur dans la version anglaise) par un certain Judd Hamilton, le mari de Caroline Munro à la ville. Ce qui suffit évidemment à en faire pour moi un individu infiniment détestable. D'ailleurs il est contraint durant tout le film de se cacher sous un costume ridicule. Bien fait ! Le duo comique formé par lui et Caroline Munro, avec qui il se chamaille continuellement, en prend une certaine saveur, ainsi que la réplique de Stella Starr : « Même les robots sont phallocrates ! ». Le personnage d'Elias, dont les auteurs veulent manifestement faire une sorte de C3PO en version militaire, est d'ailleurs l'un des plus sympathiques du film. Plus expressif que David Hasselhoff en tout cas !

 


Ciel, mon mari !


Quant à Caroline Munro, hé bien c'est le plus bel élément du décor. Le costumier est mon ami pour la vie.


Des informations glanées sur Internet laissent entendre que David Hasselhoff aime beaucoup le film, et envisagerait d'en faire un remake ! Depuis que j'ai lu cela, je suis un admirateur inconditionnel de l'interprète du Prince Simon ! Pourvu que le projet se concrétise !

 


Le DVD british, où David Hasselhoff se retrouve coiffé d'une moumoute brune des plus étranges.


A noter qu'il existe un « Star Crah 2 », qui est en fait une fausse suite et ne porte apparemment ce titre qu'en France. Ce space opera particulièrement miteux (avec des scènes érotiques en plus !) n'a en fait de lien avec le premier du nom que des stock-shots de batailles spatiales ! (on y retrouve la base en forme de main griffue de Zarth Arn, qui fait toujours son petit effet) Le titre original en est « Giochi erotici nella terza galassia », soit « Jeux érotiques dans la troisième galaxie », les auteurs n'ayant apparemment pas pu se décider entre la réalisation d'un space opera ou celle d'un film érotique !


Le DVD américain le plus récent.

- Nikita -
Moyenne : 4.02 / 5
Nikita
NOTE
4.5/ 5
John Nada
NOTE
4.5/ 5
Labroche
NOTE
3.5/ 5
Rico
NOTE
4.5/ 5
MrKlaus
NOTE
3/ 5
Wallflowers
NOTE
3.75/ 5
LeRôdeur
NOTE
3/ 5
Mayonne
NOTE
4.5/ 5
Kobal
NOTE
4.5/ 5
Drexl
NOTE
4/ 5
Barracuda
NOTE
4/ 5
Jack Tillman
NOTE
4.5/ 5

Cote de rareté - 1/ Courant

Barème de notation

Aussi incroyable que cela puisse paraître, c'est la France et plus particulièrement "Néo Publishing" qui a été la première a rééditer le film en DVD ! Une édition superbe que le monde entier nous envie - même les sites spécialisés américains en ont parlé. Depuis, de nombreuses éditions ont fleuri sur le marché anglosaxon (nous avons glissé quelques jaquettes dans la chronique).


Pour ce qui est du contenu de la version française, elle est de luxe. Le film peut s'y admirer en français (en DTS 5.1), anglais ou italien avec un making of d'époque, un documentaire sur l'ami Cozzi et même en cadeau "Star Crash 2" !

 


La petite pochette en carton qui fait collector.


Depuis la rédaction de cette chronique de nombreux blu-ray (italiens, allemands, espagnols)sont sortis. Citons le Blu-ray américain chez "Shout! Factory" mais c'est juste un zone A pas compatible avec les lecteurs européens et une simple VO sans sous-titre. dommage il est rempli de bonus dont des interviews (Cozzi, Munro), des scènes alternatives ou des making of d'époque.

Enfin en 2020 est apparu une édition blu ray française chez les passionnés d'"ExtraLucid films" à la jaquette un poil agressive (Caroline c'est bien toi ?) mais avec beaucoup de bonus sur Luigi Cozzi dont un documentaire sur sa carrière et des entretiens avec le réalisateur ou Christophe Lemaire.

Jaquettes en plus