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Staying Alive
(1ère publication de cette chronique : 2001)Titre original : Staying Alive
Titre(s) alternatif(s) :Aucun
Réalisateur(s) :Sylvester Stallone
Année : 1983
Nationalité : Etats-Unis
Durée : 1h38
Genre : La fièvre du samedi foire
Acteurs principaux :John Travolta, Finola Hughes, Steve Inwood, Cynthia Rhodes
A l'inverse du bon film, l'examen de la jaquette du nanar en dit long sur la consistance de ce dernier. Alors parcourons succinctement cette jaquette si vous le voulez bien. John Travolta ? Bon rien d'extraordinaire, il n'est pas spécialiste du nanar après tout, donc notre regard ne s'attarde pas et glisse plus loin pour arriver à : "réalisé par Sylvester Stallone". Telle une trompette dissonante en plein milieu d'une sonate, notre cerveau nous signale une grave anomalie, les circuits surchauffent, et la salive commence à abonder aux commissures des lèvres.
La jaquette de l'édition VHS française (version bleue)...
...et son fabuleux résumé (version violette).
On tient un nanar entre les mains, nos yeux pétillent, et la photo à l'arrière montrant John Travolta en slip intégral avec des guêtres en pat' d'éph' ne vient que renforcer notre hystérie d’ores et déjà incontrôlable et collective. Tudieu ! Comment un film de Disco a-t-il pu être réalisé par toi, la terreur du Vietcong et des boxeurs russes sur-dopés, toi le spécialiste de la couture de boutonnières écarlates en points surpiqués à la Kalachnikov. Oui toi, Sly, âme damnée de l'iconoclaste colonel Trautman et amant aux arcades éternellement explosées de la douce Adrienne ? Ca vous paraît étrange n'est-ce pas ? Et moi qui dans ma candeur pensais que l'on ne pouvait pas mélanger la dentelle avec les treillis ! L'avenir nous apprendra qu'il faut regarder cette œuvre sous deux angles bien distincts. Car nous sommes ici en présence d'un film à plusieurs facettes. Comme les boules de Travolta (si visibles à travers ses costumes saillants), ces facettes sont au nombre de deux : côté pile, c'est le "Nanar de la Danse", côté poil, c'est le "Rocky du Disc". Et voici le pourquoi du comment de cette conclusion ambivalente et ambiguë.
Travolta déverse ses phéromones avec générosité...
C'est tout d’abord un "Nanar de la Danse", pour la simple et bonne raison que c'est un nanar et qu'on y danse. Les performances des personnages soi-disant experts de cet art gestuel, nous offrent une chorégraphie type cours de gym de maternelle. Ils ont beau s'extasier en épuisant toutes les onomatopées disponibles ("ouah !","ho là là !", "fichtre!"), moi tout ce que j'y vois, ce sont de mauvais artistes qui gesticulent sans grâce aucune, une troupe sortie d'un bal de kermesse ou d'un radio-crochet-de-la-danse. John évolue comme si on l'avait réveillé brutalement au beau milieu de sa sieste éthylique en lui criant : "John ! Bouge, n'importe comment si tu veux mais fait quelque chose !". Et vas-y que je lance mes bras derrière mes oreilles, que je sautille comme un bestiau marqué au fer rouge, et que je soulève ma partenaire d'une manière qui n'est pas sans rappeler l'élégance des haltérophiles roumains.
King of Dance.
Les passages musicaux semblent avoir été calibrés de sorte que la musique qui les accompagne s'écoule intégralement. Le nom des "Bee-Gees" figurant en bonne place sur la pochette, on était en droit de s'attendre à florilège de hits du joyeux groupe de castrats chevelus. Que nenni ! S’il y en a effectivement quelques rares passages (dont le célèbre titre 'Staying Alive' vous vous doutez bien), l'essentiel de la bande originale, est assurée par… Frank Stallone ! Et oui, le frangin de Sly est là lui aussi, comme à la Mickey parade. Il nous aura donc fallu endurer ses arpèges hallucinants jusqu'à la lie… mais, non content de nous faire regretter d'enlever périodiquement le cérumen de nos oreilles, Frank Stallone joue et chante également ! Un comble pour nos yeux qui n'en finissent plus de s'écarquiller, et pour nos oreilles si peu habituées à pareille soupe ! A croire que Sylvestre a décidé de faire ce film à quatre heure du mat' après un repas de famille donné à l’occasion l'anniversaire de Grand-mère Stallone.
Le Disco, c'était quand même autre chose que la Star Ac’.
Mention spéciale au script cheminot (toujours sur le coup côté "rail"), et aux bourdes grossières des assistants. Comme celle de laisser un morceau de sparadrap par terre. Vous savez ces petites croix mises là où on veut que l'acteur s'arrête ? Et bien on la voit quasiment en gros plan ! Vous rigolez mais ce sont ces petits riens qui font un grand nanar après tout.
Des petits passages avec Julie Bovasso, qui joue la mère de John Travolta dans les deux films, histoire d'établir un vague lien entre eux.
Mais la grande émotion fut surtout suscitée par l'apparition du réalisateur Sylvestre, chose que la jaquette nous annonçait en grande pompe ("à la Hitchcock" qu'ils ont dit !) en spécifiant bien qu'il nous fallait de bons yeux pour découvrir la facétie. Alors là chapeau ! Nous on guettait un hypothétique Rambo en futal stretch à peine discernable parmi la multiplicité des danseurs, on a été attentif à toutes les chorégraphies, au mépris des séquelles mentales que cela aurait pu entraîner. Et tout ça pour rien ! Dans la rue, John Travolta se promène et croise un mec qu'il semble reconnaître dans la foule ; ce dernier se retourne et c'est LUI, c'est Sylvestre, OUAAHHH ! Merci pour Hitchcock mais je crois qu'il est toujours en train de se retourner dans sa tombe.
Coucou...
Enfin bon c'est un nanar quoi. Et on y danse, voilà. C'est du côté du scénario qu'il faut y reconnaître la "Rocky-attitude". Délaissant son emploi de magasinier dans la quincaillerie de son père (sa situation dans « La Fièvre du Samedi Soir »), Travolta veut devenir un grand danseur étoile dans les comédies musicales de Broadway. Remplacez "danseur" par "boxeur" et "Broadway" par "Don King", CQFD. Au début il n'arrive même pas à être simple figurant, mais à la fin c'est le number one ; l'éternel image du loser de Philadelphie qui grimpe au pinacle.
Travolta fera le lover avec sa partenaire alors qu'il est en couple.
J'ai rien contre, mais c'est qu'il danse toujours pareil, c'est à dire mal, au début comme à la fin. On se rend compte qu'il se déchire uniquement en regardant les mimiques des spectateurs évoluer : d'abord méprisantes, elles se remplissent bientôt d'admiration extatique à peine exagérée. Pour s'introduire dans le milieu, il va draguer une starlette en puissance d'une manière ultimement affligeante, genre "vous avez l'heure belle enfant ?". J'en veux pour preuve ce morceau choisi de dialogue :
- La fille (l'air "c'est qui ce blaireau qui en veut à mon pissou ?") : c'est bien d'avoir des amis.
- Travolta (avec ce sourire dont lui seul a le secret) : Ah ! C’est marrant, c'est exactement ce que je me disais ce matin.
De temps en temps, on nous montre des moments de galère du héros. Genre laver son linge sous la douche...
Lamentable ! Il se serait présenté les gonades à la main qu'il l'aurait jouée plus raffinée ! Si vous vous sentez consternés, sachez que vous en avez pleinement le droit, mais dans le monde imaginaire de Stallone, sachez également que c'est le genre de répliques qui font mouche ! On soupçonne d'ailleurs ce dernier d'avoir mis à nu ses fantasmes dans ce pilier du nanar, de quoi attiser les curiosités sur ce qui se passe dans sa somptueuse villa californienne.
Comme dans les Rocky, le personnage principal va peu à peu prendre conscience de sa valeur et l'imposer au monde par la sueur qui dégouline de son front (sonnez clairon résonnez trompettes !). Comme dans Rocky, il est un peu simple d'esprit et ne comprend pas bien son entourage. On se souviendra de cette scène où il attend un coup de fil dans un hall rempli de vieux, la musique bat son plein, il est tout excité et se lance dans un soliloque absurde (il semble interroger la moquette comme la méchante reine de Blanche Neige interrogerait son beau miroir) sous les regards interdits des grabataires. Le téléphone sonne (c'est pour lui dire qu'il a un rôle hyper-important, c'est pour ça qu'il est hyper-excité), il engueule les vénérables croulants à cause de la musique trop forte qui masque le son de l'écouteur, puis se rend compte que le tintamarre musical provenait en fait de la petite radio portable dans ses mains…
John Travolta téléphone t-il à des ninjas d'un autre film ?
Non vraiment, ça vaut vraiment le coup de redécouvrir ce film. Faites un sondage autour de vous, et demandez à vos amis s’ils le connaissent. Beaucoup vous déclarerons en avoir entendu parler mais finalement peu l'auront réellement vu. Car ce film vit et perdure dans l'ombre de son aîné, naviguant dans une dimension décalée par rapport à la nôtre. C'est peut-être pour cela qu'on a l'impression de se faire marcher sur les pieds quand on le regarde. A redécouvrir assurément.
Cote de rareté - 1/ Courant
Barème de notation"Paramount" nous a offert avec le temps deux éditions DVD simples de bonne qualité (VO/VF en 5.1, format respecté) mais hélas sans bonus. On le trouve aussi en coffret avec "Grease" et "La fièvre du samedi soir". A quand une véritable édition collector avec commentaire audio de Sly et du scientologue Johnny ?
Le film était autrefois sorti en VHS chez Paramount / CIC vidéo (une édition bleue et une violette).