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Cadence de Combat

(1ère publication de cette chronique : 2006)
Cadence de Combat

Titre original :No Holds Barred

Titre(s) alternatif(s) :Combat à finir (Québec)

Réalisateur(s) :Thomas J. Wright

Année : 1989

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h33

Genre : Quartiers de boeuf en furie

Acteurs principaux :Hulk Hogan, Joan Severance, Kurt Fuller, Tom Tiny Lister Jr

Nikita
NOTE
3.5/ 5


Les spectateurs du Canal + des années 1980 se souviennent sans doute de l’émission « Les Superstars du catch », qui fit découvrir au public français les vedettes de la lutte américaine au zénith de leurs exhibitions ultra-bourrines. Le Guerrier Ultime, le Honky Tonk Man et le Fossoyeur baladaient sur nos écrans leurs tenues bariolées et leurs numéros de cirque dans des chorégraphies de combats aussi spectaculaires que bidonnées. Le plus connu de tous était certainement Hulk Hogan, superstar du catch promue au rang de vedette grâce à son apparition dans « Rocky III ».

Deux éditions VHS québécoises, avec deux titres différents.


Grâce à son physique de Viking, son talent de cabotin du ring et son personnage bien rodé de gentille brute, Hulk Hogan, de son vrai nom Terry Bollea, est l’homme qui permit au catch américain de devenir un divertissement de premier plan. Le cinéma, habitué à propulser devant les projecteurs n’importe quelle célébrité (la Princesse Soraya se retrouva ainsi comédienne) ne pouvait pas manquer d’exploiter son potentiel. Le résultat, « No Holds Barred », devait être à la fois le lancement de Hulk Hogan comme acteur (Mr T. avait bien réussi) et le film-locomotive de la mode du catch. A l’arrivée, ce fut un désastre commercial et surtout artistique, qui n’intéressera que les amateurs d’accidents industriels : c’est dire s’il a sa place sur Nanarland !


Oui, je conçois moi-même mes bandanas, pourquoi ?


Un film vraiment réussi peut se deviner dès les premières minutes : en l’occurrence, la première image de « Cadence de combat » donne le ton, avec une réplique qui fera date. OUAAAAAAAAAAAAAAAAAAARRRRRRRRRGHH ! Hulk Hogan, en gros plan, hurle sa joie en projetant au ralenti des filets de bave dans tous les sens. Il se dirige ensuite vers le ring sous les applaudissements de la foule en hurlant « Ca va saigner ! ». Oui, car Hulk Hogan joue un catcheur, grande gueule mais gentil, et star absolue des médias. Un vrai rôle de composition, quoi ! Notre héros se nomme Rip (il ne semble pas avoir de nom de famille) : malgré ses airs de brute bornée, il a un cœur gros comme ça et un jeune frère qu’il adore, et dont la seule présence dans le public le motive pour gagner les matchs (qui ne sont bien sûr jamais truqués : pas de ça dans le vrai catch ricain !!).

 




Le jeune frère du héros.



Une brève apparition du catcheur Jesse Ventura (à gauche) : cet homme a été plus tard Gouverneur du Minnesota !



Les méchants capitalistes qui ne comprennent rien à la noblesse du catch.


Rip est sous contrat avec une chaîne de télévision, qui retransmet tous ses matchs et crève l’audimat grâce à lui. Cela n’est pas du goût d’un certain Brell, PDG d’une chaîne concurrente et requin sans scrupules, que plus méchant que lui, tu es PDG de TF1 (un truc qui n’existe pas dans la réalité, c’est pas possible) ! Ledit Brell (tout le monde, dans la VF, prononce son nom « brèle » mais je n’ose y voir malice) tente de débaucher Rip en lui proposant un pont d’or. Mais Rip, auquel son vieil entraîneur noir (quota ethnique) a appris le sens du mot "fidélité", envoie paître le vil malandrin. L’appât du gain, le merchandising, le spectacle pour le spectacle, ce n’est pas pour Hulk Hogan, car le catch est un art noble !

 

Quoi ? Qui ose dire que j’en fais trop ??? (Il s'agit de Kurt Fuller, vu dans un nombre incroyable de séries, films et téléfilms en tant que second couteau)


Furieux, l’infâme Brèle (je ne l’écrirai plus que comme ça) décide de battre Rip à son propre jeu en proposant sur sa chaîne de télé un spectacle brutal et sans merci, en appelant aux bas instincts de la foule, à la différence du catch qui, lui, élève l’esprit du public ! Brèle et ses deux assistants se rendent au spectacle d’un match clandestin sans aucune règle, dans l’arrière-salle d’un bar poisseux. Conclusion du méchant PDG devant les empoignades d’une bande de soûlards des cavernes : VOILA ce que veulent voir les spectateurs ! Des combats BESTIAUX, IGNOBLES, d’une BASSESSE INOUÏE !


L’un des habitués de l’univers fascinant et délicat des « bar fights ».


Grâce à sa trouvaille, Brèle commence de percer dans l’audimat. Et sans doute plus encore, car voici que surgit la vedette idéale de son émission de catch mutant : un nommé Zeus, un énorme Noir reconnaissable au "Z" sur son crâne chauve, méchant comme Dolph Lundgren dans « Rocky IV » et qui roule des yeux comme un figurant de « White Fire ». Un vrai fou, quoi, qui semble tout droit sorti d’un mauvais clip de gangsta rap. Entre le bon Rip d’une part, la brute Zeus et le truand Brèle d’autre part, l’affrontement est inévitable…

 

Quoi, qu'est-ce qu'elle a ma coupe de cheveux...
 

GROUMPFFFFFFFFF !
(Tommy Lister Jr. dont le personnage, Zeus, sera introduit dans la WWF pour faire de la pub pour le film)


Arrêtons les frais, le scénario de « Cadence de combat / No Holds Barred » est à peu près du niveau d’un mauvais épisode de dessin animé. Totalement simpliste et manichéen, le film semble s’adresser à des enfants de huit ans pas particulièrement éveillés. A ceci près qu’il inclut des gags et des dialogues extrêmement vulgaires qui feraient plutôt penser qu’il vise un panel d’adultes et adolescents amateurs de bibine et de blagues tendance fête du slip. Les personnages sont réduits à des clichés beuglards et ne peuvent pas passer une minute sans hurler ou éructer des insanités. La palme absolue revient à Zeus, interprété par le colosse Tom "Tiny" Lister Jr comme un cocaïnomane halluciné, bourré de produits dopants pour chevaux de course. Le manichéisme n’épargne pas les personnages féminins : Brèle envoie ainsi une espionne (la belle brune Joan Severance) pour séduire et surveiller Rip. Conquise par la bonté d’âme de ce dernier, elle va finalement "devenir gentille" et Rip lui pardonnera aussitôt, en lui faisant toute confiance, comme dans un comic-book de dernière catégorie !


La meilleure manière de corriger un sbire.



Joan Severance.


Le film abonde en situations totalement grotesques, Rip se comportant comme une espèce de super-héros à la Santo. On le voit ainsi interrompre un hold-up dans un restaurant en affrontant à mains nues deux gangsters armés, qu’il va mettre en fuite en les bombardant d’assiettes. Une autre scène, au potentiel hautement comique, le voit affronter les sbires de Brèle : ayant estourbi toute la bande, il saisit le dernier en poussant des grognements de rottweiler en rut, et le méchant se fait littéralement dessus de peur.


GRRRRR ! GRRROUMMPF ! GROUAAARRGH ! Mpfff... Mais… Qu’est-ce qui pue comme ça ??? »


« Ha… Gheu… le... le caca ! »



 « GRRRRRRRR !!!! Le... CACAAAAAA ??!!?”
[dans la version française québécoise, c'est "le pipi" !]


Oscillant sans cesse entre bouffonnade vulgaire et spectacle de catch pour mômes précocement bourrés à la bière, « Cadence de combat » connaît son ultime échec dans sa tentative de faire de Hulk Hogan un vrai comédien. Car, comment le dire avec tact…notre catcheur hyperboréen joue réellement comme un pied. Dès qu’il s’agit de quitter son personnage de brute braillarde qu’il interprétait habituellement sur le ring, le sympathique Hulk Hogan n’existe plus : il nous livre un festival de regards de chien battu, se montrant guère plus expressif qu’une vieille serpillière moisie. En comparaison, Richard Harrison dans « Ultime Mission » paraîtrait presque crédible et motivé !


Grouuumpffff !



Meuuuuh !


Le contraste est d’autant plus cruel avec l’autre brute du casting, car Tiny Lister, pour ridicule et cabotin qu’il soit dans ce film, est tout de même un comédien professionnel, capable d’assumer des expressions à l’écran. Hulk Hogan, lui, ne ressemble plus à rien dès que l’image le montre en train de faire autre chose qu’estourbir un adversaire sur le ring. Sa scène de drague avec Joan Severance mériterait de figurer dans les annales du mauvais jeu d’acteur...


Œil de velours !



Charme de phacochère !



Quel tombeur, ce HULK HOGAN !


« Cadence de combat » atteint son point d’orgue quand Zeus, face au refus de Rip de l’affronter, s’en prend au jeune frère de ce dernier et l’envoie à l’hôpital. Que va faire Rip, alors que son frangin, gravement blessé, risque de finir sa vie sur une chaise roulante ? Décrocher son téléphone, appeler la police et porter plainte contre Zeus ? Vous avez oublié que nous sommes dans un nanar de catch ! Rip va évidemment accepter le challenge de Zeus et l’affronter en direct, dans l’émission de Brèle, dans le but de confondre les deux ignobles. Evidemment, Brèle ne respecte pas les règles (du jamais vu dans le catch !) et kidnappe les amis de Rip, menaçant de les tuer si notre héros ne se couche pas lors du match. Rip va-t-il céder à l’odieux chantage et se laisser battre par Zeus ? Comme je suis méchant, je ne vais évidemment pas me priver de vous révéler que Rip va botter le cul des vilains et rendre la justice, restituant au monde du catch sa pureté originelle dans un final constituant un véritable feu d’artifice de connerie !












Dites oui au renouveau du film finaud !!



Un public d’élite, qui vient assister à un match de catch en tenue de gala.


D’une bêtise épaisse et grasse comme une tranche de lard de baleine, « Cadence de combat » est une authentique aberration issue d’un briefing de producteurs aussi idiots que sans scrupules qui nous prouvent une fois de plus que ce n’est pas avec une mode barbouillée à la va-vite sur un écran que l’on fait de bons films. Si vous aimez contempler l’affrontement de montagnes de barbaque en sueur et vêtues de slips multicolores, ce film est pour vous ! Mais si vous aimez également les nanars sportifs, les acteurs en roue libre, les dialogues stupides et le hard-rock FM, votre bonheur ne connaîtra plus de limites !! Quant à Hulk Hogan, ce film devait marquer le véritable début d’une carrière d’acteur génialement nulle, qui le vit passer d’un caméo pas drôle dans « Gremlins 2 » à la série télé magnifiquement pourrave « Caraïbes Offshore », sorte de croisement entre « GI Joe » et « Alerte à Malibu ». Un authentique roi de la daube ! A noter cependant que Hulk Hogan ne fut pas dans la vie aussi incorruptible que son personnage, puisqu'il quitta le service de la World Wrestling Federation pour une fédération concurrente. De quoi désespérer des héros nanars...


Une fois de plus, HULK HOGAN est le plus fort ! Bien joué, HULK HOGAN !



Matériel promotionnel de la WWF qui servait à promouvoir à la fois le film et la fédération de catch.

- Nikita -
Moyenne : 3.31 / 5
Nikita
NOTE
3.5/ 5
John Nada
NOTE
3.25/ 5
MrKlaus
NOTE
3.5/ 5
Kobal
NOTE
3.75/ 5
Rico
NOTE
2.5/ 5
Barracuda
NOTE
3.5/ 5
Wallflowers
NOTE
3/ 5
Jack Tillman
NOTE
3.5/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation

Curieusement, malgré la popularité de Hulk Hogan aux Etats-Unis, ce film a mis du temps à être réédité en DVD. Une pétition avait même été mise en ligne pour demander que la "WWE" ("World Wrestling Entertainment", nouveau nom de la "WWF" depuis que celle-ci a perdu un procès contre le "World Wild Fund", la célèbre association de défense animale au panda) répare cette injustice. Mais bon, les relations entre Vince Mc Mahon et le Hulkster ont toujours été difficiles depuis qu'Hogan a frayé avec les compagnies concurrentes comme la WCW dans les années 90 ou la TNA dans les années 2010. Il a fallu attendre 2012 pour voir enfin sortir un DVD puis un Bluray édité par la "WWE" .


On a d'abord eu droit à un DVD simple, avec une galerie de photos pour tout bonus mais au moins des sous-titres français pour nous. Le Bluray au visuel similaire nous offre lui quelques matchs de catch de Zeus et de Hogan en plus. Là où ça se complique c'est que sur le Blu ray les sous-titres français passent à la trappe.
Embrouille supplémentaire, si vous voulez le DVD avec sous-titres français il faut prendre le zone 1: le zone 2 étant britannique et fait l'impasse sur tous les sous-titres. Bon va falloir qu'un éditeur français retravaille le truc !

Pour profiter de la merveilleuse V.F., cap donc sur la VHS, plus précisément sur l'édition "Delta Vidéo", seule disponible à notre connaissance...

Sinon l'ami Hogan, malgré une cinquantaine bien entamée, continue toujours à catcher sur les rings : après quelques déboires financiers liés à un divorce catastrophique, il joue les managers pour la Total Non Stop Action, les grands concurrents de la WWE, et son jeu de scène n'a pas gagné en sobriété...