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Ninja Fury

(1ère publication de cette chronique : 2005)
Ninja Fury

Titre original :Ninja Thunderbolt

Titre(s) alternatif(s) :Ninja Terror 2, La Rage des Ninja, L'empire des ninja

Réalisateur(s) :Godfrey Ho

Année : 1985

Nationalité : Hong Kong

Durée : 1h30

Genre : Ninja à moustache

Acteurs principaux :Richard Harrison, Pierre Tremblay, Don Wang alias Don Wong Tao, Yasuaki Kurata, John Ladalski, Barbara Yuen

LeRôdeur
NOTE
4/ 5


L'affiche allemande, sobrement intitulée "Der Ninja" et qui tente subrepticement de mêler indûment Jackie Chan à l'affaire, des fois que...


Tout commence, c'est original, par une cérémonie secrète de la secte ninja à laquelle participe Richard Harrison. Au cours du rituel sont édictés les habituels principes philosophiques ninja tels que :
"Les ninjas doivent s'élever au-dessus de leurs émotions", "Ceux qui s'opposent à la cause des ninjas doivent être éliminés" ou encore "Quand un ninja accepte une mission c'est la victoire ou le hara-kiri". Et c'en est fini pour un temps de Richard Harrison...


Nous voyons ensuite un ninja à l'oeuvre. C'est le méchant ninja de l'histoire qui s'en va cambrioler nuitamment le coffre-fort d'un mafieux. Nous découvrons alors que les ninjas ne sont pas comme nous autres, simples nanardeurs. Non. Le ninja, en effet, ne se déplace qu'en faisant des roulades et des galipettes style gymnastique au sol aux Jeux Olympiques de Hong Kong, mais sans les commentaires de Nelson Monfort. Pour traverser la rue, tandis que nous marchons bêtement sur nos pieds, le ninja, lui, tend un filin entre deux immeubles avec une arbalète et se laisse glisser, c'est vachement plus discret ! Et pour s'introduire dans un immeuble, tandis que nous empruntons l'escalier ou l'ascenseur, prévisibles que nous sommes, le ninja lui, descend en rappel le long de la façade...


Seul un ninja peut vaincre un autre ninja (air connu...)


Après moult roulades inutiles, le ninja s'empare de son butin, un cheval de jade d'une valeur inestimable ("- Combien ? - Inestimable ! - Ca fait cher !") puis il décide de repartir comme il est venu : par la fenêtre, en rappel. Sauf qu'entre-temps il y a eu un ravalement et l'immeuble a changé de façade. Les fenêtres carrées sont devenues rondes. Y'a pas à dire, à Hong Kong, les ravaleurs de façade de nuit, c'est des rapides ! De plus, un flic, le gentil, attend notre monte-en-l'air sur le trottoir. Qu'à cela ne tienne, notre méchant ninja traverse une fenêtre et atterrit dans l'appartement d'un couple, sitôt rejoint par notre héros flic qui a dû monter les marches à toute pompe mais il n'est même pas essoufflé. C'est normal, c'est un héros. Le ninja prend le couple en otage et s'en va piquer une voiture dans la rue. C'est là qu'on s'aperçoit qu'on est passé de la nuit au jour. Une poursuite en voiture de la marque "qui-change-de-couleur-selon-les-plans" (une marque visiblement très répandue à Hong Kong) s'engage entre flics et ninja et se solde par la chute du méchant et de sa voiture du haut d'une falaise. Ouais, OK, il y a deux secondes on était en pleine ville et d'un coup on est en haut d'une falaise, mais vous êtes marrants vous ! Pour qu'une poursuite soit réussie il faut bien que ça se termine par une chute du haut d'une falaise, non ? Bah alors ! Sauf que la prochaine fois ce serait bien de penser à enlever la rampe blanche qui sert à pousser la voiture dans le vide, mais bon. On ne va pas chipoter pour si peu...


On enchaîne fort logiquement sur le plan d'une nana en slip qui fait du cheval sur la plage. Elle secourre le ninja qui s'y est échoué, et là on comprend tout. Cette demoiselle est la fille du mafieux à qui le ninja a volé le cheval de jade d'une valeur inestimable. Le mafieux s'est donc volé lui même avec l'aide du ninja pour escroquer l'assurance. Pas bête.

Le méchant ninja qui vole des chevaux de jade nuitamment.


En attendant, le héros flic est rentré chez lui et il s'amuse à faire peur à sa copine avec un masque en caoutchouc genre Scream. Ça coûte pas cher et ça gagne du temps.

Et puis c'est l'heure de la pause Richard Harrison qui arrive tel le cheveu sur la soupe. Richard Harrison n'a aucune scène en commun avec les autres acteurs. De temps en temps, comme ça, il apparaît en chemise à fleur, fait son show, passe un coup de fil, se transforme en ninja dans sa salle de bain ou fait tout un tas d'autres trucs idiots sans aucun rapport avec l’intrigue. En plus d'être un ninja, Richard Harrison est censé être flic, lui aussi. C'est d'ailleurs, dans l'histoire, le supérieur de notre héros. C'est pour ça qu'il téléphone de temps en temps : ça permet à notre héros de décrocher le combiné pour recevoir des ordres complètements vagues. Là, nous voyons Richard Harrison dans son travail de policier. Deux types s'échangent de la drogue au cours d'une scène hallucinante. L'un des types arrive, le second lui file de l'argent, le premier sort alors de sa bouche, et un par un, 9 sachets de drogue (je les ai comptés !). C'est filmé comme ça, en plan-séquence pendant une bonne minute, à se tordre de rire. Après quoi Richard Harrison déboule et tabasse tout le monde façon western-spaghetti. Suit une deuxième scène exactement identique à la première avec deux autres dealers (sauf que cette fois la drogue est dans une boîte, pas dans la bouche) qui se font pareillement dézinguer. Merci. C'était beau, c'était bien. C'était l'instant norvégien de Richard Harrison ("Grüt !"). A plus tard...


Richard Harrison (ici période moustache grise), dont les scènes sont réparties au petit bonheur dans différents films de ninjas.


Mais reprenons le cours du film. On en était au point où le mafieux, sa fille et le ninja ont tenté une escroquerie à l'assurance. Briffé par Richard Harrison qui sait tout, notre héros flic débarque chez le mafieux et se fritte avec deux ou trois sbires pour le fun. Puis, peu après, entre en scène notre héroïne mandatée par la compagnie d'assurance peu encline à se laisser escroquer. L'assureuse est elle aussi une experte du kung-fu et remet deux-trois mandales aux sbires du parrain au cas où ils n'auraient pas compris la première fois.


Pour se venger, le mafieux envoie un de ses sbires, astucieusement déguisé avec un masque de vieillard en caoutchouc, zigouiller la copine du flic à coup d'oreiller. Le flic est très en colère et dès lors le problème est posé :

- D'un côté nous avons les bons : le flic et l'assureuse.
- De l'autre côté nous avons les méchants : le ninja, le parrain, sa fille et sa horde de nervis.
- Et puis sur la tranche, nous avons Richard Harrison qui est à la fois flic et ninja, par intermittence.

Voilà, c'est clair. On n'a plus besoin de scénario. C'est parti pour la baston non-stop.


Allô Godfrey ? Ouais j'aurais besoin de deux trois éclaircissements sur mon personnage là... Et puis sur mon contrat aussi... Allô Godfrey ?! Godfrey ??


Mais avant, on a re-droit à un petit coup de Richard Harrison (aaaahh !). Richard Harrison veut aller boire un coup avec un ami chinois qui lui, ne veut pas du tout boire un coup. L'ami reste sur le trottoir et se fait assassiner par un ninja qui arrive en faisant des sauts périlleux filmés en accéléré (probablement le méchant ninja, de toutes façons avec la cagoule on ne le reconnaît pas). Richard Harrison essaie de défendre son pote mais il est stoppé par un truc qui fait des flammes (j'ai pas bien capté) et le ninja s'échappe comme il est venu (sauts périlleux accélérés filmés à l'envers) non sans avoir laissé un message à notre moustachu comme quoi s'il continue à vouloir jouer les justiciers, il sera éliminé par la secte ninja comme c'est la coutume. Richard Harrison se souvient alors des grands principes ninja précédemment énoncés, ce qui est un prétexte comme un autre pour nous refourguer la scène entière du début du film, puis il va faire le mariole dans sa salle de bain avec un sabre. Voilà, Merci Richard Harrison, à plus...

Après ce deuxième interlude Harrison, on revient au film. On a droit à une scène érotique assez chaude entre la fille du parrain et le ninja où l'on s'aperçoit qu'effectivement, les ninjas, même tout nus, sont d'une grande souplesse et fort doués pour les galipettes...


Ouais tu sais, en tant que ninja, je dois être prêt à faire face à toutes les situations... et prendre sur moi aussi... mais bon comme on dit, ninja toujours ready...


On passe alors du jour à la nuit pour le début de la baston qui va aller crescendo dans le nanar. Ça commence par un duel entre le flic et un motard qui aime bien lever la roue avant et dévaler les escaliers en accéléré mais qui finira quand même par mourir en se vautrant façon polar français. On revient ensuite en pleine nuit pour la fin de la scène érotique suivie d'une baston en plein jour sur la plage entre le ninja et on ne sait pas trop qui (par des gars payés par la fille du parrain visiblement) mais c'est pas grave.

Et puis commence le Grand N'importe Quoi. Celui qu'on aime tant.


En vrac, on a droit à une jolie chorégraphie de natation synchronisée qu'on se demande ce qu'elle fout là (enfin on s'en doute un peu : c'est beau, ça coûte que dalle et ça gagne du temps) puis de la baston kung-fu mal cadrée et montée façon stroboscope (pas un plan de plus de trois secondes, c'est la règle). On ne sait rapidement plus qui fait quoi ni qui cogne sur qui d'autant que les acteurs disparaissent, réapparaissent où changent de vêtements d'un plan à l'autre. La plus forte dans le genre c'est quand même l'héroïne qui dézingue ses ennemis à coups de sacs à main. Tantôt elle a une jupe, des collants et une culotte noire, tantôt une jupe différente, les jambes nues et une culotte blanche. Cela nous permet d'énoncer un nouveau principe ninja, elliptique dans le film : "Si tu dois mourir un jour, fais en sorte qu'on te retrouve avec un slip propre". Je ne vois pas d'autre explication. On a droit également aux éternelles scènes d'action des années 80 : les bagnoles qui roulent sur deux roues et l'homme torche, entre autres. Et puis encore un petit coup de natation synchronisée pour les amateurs.


"Moi, on m'a recruté pour mon charisme !"


On entre dans la dernière demi-heure : le bouquet.

D'abord on assiste à une course-poursuite en voiture entre héros et méchants. Là on tire notre chapeau au réalisateur Godfrey Ho : le seul mec du cinéma mondial qui fait des scènes de poursuite en utilisant deux voitures de même couleur et de modèle identique ! Autant dire que la scène est peu lisible. Elle est en plus définitivement plombée par une cascade grotesque : l'une des voitures monte sur un talus et se retourne sur l'autre, toit contre toit (!) avant de dévaler une pente et d'exploser comme il convient.

Et puis tout le monde décide de partir au Japon pour aller faire du ski (!). Là encore c'est du grand nanar. On ne reconnaît personne, tout le monde est habillé pareil, les poursuites en ski sont filmées à la longue focale et en accéléré. Lorsqu'un acteur tombe et se relève ça donne des effets à la Benny Hill. Pour couronner le tout, en pleine poursuite, les protagonistes se permettent de faire des figures à la Edgar Grospirond, et vas-y que j'te fais des vrilles dans tous les sens. Ça dure comme ça cinq bonnes minutes au bout desquelles deux où trois gusses se prennent des bastos en pleine tête, dont la fille du parrain. Et hop ! Retour à Hong Kong.


Pierre Tremblay, un habitué des films de ninja, ici dans un petit rôle de dealer.


La plus belle scène d'action du film est sans conteste celle qui suit : une poursuite entre le héros dans une voiturette à trois roues ridicule et une bande de ninjas en rollers ! Tout en poursuivant le flic, les ninjas en question font des figures de patinage : ils se mettent sur un pied, font du saute-mouton, se passent entre les jambes. Il y en a même un, très free-style, qui essaye de grimper à un arbre en rollers...


Et bien sûr, il y a le combat final. Celui où le méchant est vertement châtié. Cela se passe à deux contre un, héros et héroïne contre ninja dans un entrepôt de sacs de grains. Comme c'est le dernier combat et qu'il faut nous en mettre plein la vue, les coups sont doublés, les acteurs font des vrilles pas possibles le tout agrémenté de bruitages qui oscillent entre le sabre laser de Star Wars, le fulguro-poing de Goldorak et les bruits bizarres de Lee Majors/Steve Austin dans L'Homme qui valait trois milliards. Lorsque le héros est projeté au sol par le ninja, l'héroïne lui lance des sacs pour amortir sa chute si bien qu'au bout d'un moment le sol est couvert de graines et ça glisse. Le héros a alors une idée géniale : il quitte ses baskets et se met en chaussettes, conseillant à l'héroïne de faire de même. Oui, chacun sait que lorsque le terrain est glissant, mieux vaut se mettre en chaussettes, ça glisse moins ! Portnawak. A force de coups de chaussettes, le ninja succombe et c'est la fin.


Une affiche égyptienne, preuve que le film s'est vendu un peu partout dans le monde.


La fin ? Non ! Pas tout à fait. Rappelez-vous : nous avions laissé Richard Harrison en ninja dans sa salle de bain. Nous le retrouvons donc pour une ultime séquence, encore une fois grandiose. Habillé en ninja, il décide d'abord de gravir une montagne en rampant (si, si !). Une fois en haut de la montagne, il prend une pose à la Bioman complètement grotesque puis se retrouve le plan d'après en jean's-baskets dans une forêt face à une fille qui lui dit être une ninjette venue pour le punir, rapport à ce qu'il a trahi la secte en ordonnant au flic de traquer l'autre méchant.


Enfin la parité chez les ninjas !


Le combat est inévitable. Les deux zozos se mettent à faire des gestes complètement loufoques, suite à quoi ils disparaissent derrière un écran de fumée style explosion de foufoune de Chantal Lauby dans La Cité de la peur. La fumée se dissipe et les voilà changés en ninja. Evidemment, ce n'est pas Richard Harrison qui, à 50 balais sonnés, va assurer le combat avec maniement du katana, sauts périlleux, shurikens explosifs et tutti quanti. Il est doublé par un acteur asiatique. Sauf qu'il y a un problème : Richard Harrison est blond et même sous le costume de ninja qui mange la moitié de la figure, on voit bien qu'il s'agit d'une doublure. La production a décidé de contourner l'obstacle par un habile subterfuge : il ont affublé la doublure de faux sourcils blonds. Mais cela est tellement mal fait que les sourcils débordent d'un centimètre sur la cagoule du ninja ! Rires garantis. Enfin, après un combat passablement n'importequouesque, la ninjette perdra la face devant Richard Harrison qui lui laisse la vie sauve prétextant que "les ninjas sont des êtres humains et la vie est sacrée", laissant la ninjette humiliée se faire hara-kiri dans la forêt.


Richard Harrison en ninja, du sourcil à se faire...


Et cette fois c'est bel et bien la fin.


Note : d'après notre collègue espagnol Jesús Manuel Pérez (alias Nico Giraldi) et ses amis du site ibérique Zinema HK, le métrage original qui a servi de base aux escrocs d'IFD pour leur "2 en 1" serait « To Catch A Thief » (alias The Ninja And The Thief alias To Catch A Ninja), sorti chez nous sous le titre « Ninja apocalypse », un film taïwanais de 1984 du réalisateur Tommy Lee Gam Ming, avec Don Wong Tao et Yasuaki Kurata mais évidemment pas les gweilos comme Richard Harrison.

- LeRôdeur -
Moyenne : 3.00 / 5
LeRôdeur
NOTE
4/ 5
Nikita
NOTE
2/ 5
MrKlaus
NOTE
4/ 5
Kobal
NOTE
2/ 5
Barracuda
NOTE
2/ 5
Jack Tillman
NOTE
4/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation
Une fois n'est pas coutume, c'est en Italie où il sera le plus facile de trouver le film (sous son titre original de "Ninja Thunderbolt") en DVD chez "Ventura" avec version en italien et en anglais. Vous trouverez d’ailleurs aisément une bonne partie des Godfrey Ho dans cette collection sur les sites de vente transalpins.


Le DVD Italien



A défaut existe encore une version américaine (zone 0 mais NTSC) de chez "Brentwood", grands spécialistes de la compil’ kung-fu, en duo avec "The Invincible Hero", un polar d'art martiaux comme on en tournait des tonnes à Hong Kong à cette époque. Seule particularité, on nous promet une interview bonus de Wang Tao.



Pour terminer, il nous faut évoquer les versions VHS françaises, comme toujours très fantaisistes au niveau du titre.

Ce sera "Ninja Fury" chez "Delta Vidéo" (dont la jaquette illustre l'en-tête de la fiche technique), puis "Ninja Terror 2" chez "Impérial Vidéo" (qui n'a bien entendu rien à voir avec le Ninja's Terror premier du nom) enfin "La Rage des Ninja" (qui sont invariables comme chacun le sait à part les dictionnaires) dans la collection Full Contact de chez "Initial" (véritable propriétaire de "Impérial").




Attention, attention ! Dernière blague de nos éditeurs vidéo chéris, vous pourrez trouver un "Ninja Thunderbolt" chez "BM production" dont la jaquette reprend carrément la poursuite entre les ninjas en rollers et la voiturette. Surprise, une fois la cassette dans le magnétoscope on se retrouve avec "Magnum Thunderbolt", un autre Godfrey Ho mais sans ninjas...



Attention encore : il existe aussi une édition VHS homonyme (visuel ci-dessous) qui contient un film qui n'a rien à voir avec celui chroniqué ici.

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