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Demonicus


Demonicus

Titre original : Demonicus

Titre(s) alternatif(s) :Demon Gladiator

Réalisateur(s) :Jay Woelfel

Producteur(s) :Charles Band

Année : 2001

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h10

Genre : Latin pas son but

Acteurs principaux :Gregory Lee Kenyon, Venesa Talor, Brannon Gould, Kyle Tracy, Jennifer Capo, Allen Nabors, Candace Kroslak

Wolfwood
NOTE
1.75/ 5



Bonsoir, et bienvenue dans ce nouveau numéro de « Faites entrer le coupable ». Aujourd’hui, nous allons évoquer un drame horrible. Une de ces tragédies dont on ressort meurtri, hagard, sans aucun espoir de recouvrer la paix de l’esprit. Cette histoire, c’est l’affaire « Demonicus ».



Été 2001, dans les montagnes italiennes. Une bande de jeunes Américains et leur professeur partent faire un trek dans les Alpes. Ils l’ignorent encore, mais cette randonnée sera bientôt mortelle. Car subitement James, l’un des promeneurs, commence à massacrer ses amis sans raison apparente. Plus tard, des témoignages prétendront qu’il fut soudain possédé par un esprit malin, lui ordonnant de commettre un carnage et même de capturer une vierge pour ressusciter diverses créatures démoniaques. Élucubrations que l’on dirait sorties de l’imagination d’un auteur de séries Z passablement aviné et que nous nous garderons bien de prendre au sérieux.


Un endroit paisible, où la main glacée du Destin n’a pas encore mis les pieds.



Ainsi, nous ne saurons pas tout de suite pourquoi James se prend pour Tyrannus, gladiateur adepte de magie noire. Mais reconnaissons que le pauvre homme était sans doute un peu déséquilibré. Secoué de tics, délirant en Latin, James prend sa tuerie comme un jeu, singeant le serial killer avec le même entrain qu’un sous Norman Bates coincé dans une pension de jeunes filles. Kidnappeur, assassin, on peut aussi le qualifier de voleur, notre vermine commettant ses forfaits dans un costume de figurant du Parc Astérix. Sans nul doute, voilà un individu peu recommandable et tout porte à croire qu’on tient là le coupable idéal. Mais à son tour, le garçon est retrouvé à demi-mort, agonisant comme un mauvais acteur porno.




James n’est pas du genre à recevoir des brevets de civisme.



Cette piste tenait pourtant toutes ses promesses, le mode opératoire du tueur semblant témoigner d’une profonde instabilité. Pourquoi laisser en vie certaines personnes alors qu’elles sont sans défense ? Quel intérêt de découper ses victimes comme de simples gigots ? Par ailleurs, les meurtres sont plus incongrus les uns que les autres et on retrouvera plusieurs cadavres, tellement démembrés qu’on les confondrait aisément avec des mannequins. Les blessures infligées laissent également les enquêteurs perplexes, le sang continuant de gicler comme du ketchup plusieurs heures après la découverte des corps. Plus curieux, ce monument, non loin des scènes de crimes, censé représenter une statue à la gloire d’un tyran romain et qui ressemble davantage à un château d’eau. Et cette étrange grotte, qu’on dirait être un passage pour chemin de fer. A l’intérieur, un décor en carton pâte, différents organes d’apparence caoutchouteuse. On retrouvera aussi un magnétophone diffusant en boucle la même bande musicale et des accessoires de torture qui, après analyse, se révéleront être en plastique. La crème de la police scientifique a beau être mise à contribution, rien de concret ne sera découvert et le mystère s’épaissit encore.


Ici, l’expression « perdre la main » prend une signification un peu glauque.




On s’en doutait mais aucun des intervenants ne verra la lumière au bout du tunnel.


Et que vient donc faire cet énorme pot de fleurs au milieu de la caverne ?



A défaut d’autre chose, les policiers cherchent un nouveau lien entre les victimes. Hélas, les investigations ne révèlent aucun point commun, mis à part une profonde inconscience. Alors que la mort rode autour d’eux, que de nombreux cadavres sont déjà découverts, aucun n’aura le réflexe d’aller chercher des secours. Face au danger, c’est encore plus effarant, la reconstitution des crimes laissant voir que nos larrons préféraient rester droits comme des piquets alors qu’un fou menace de les assassiner. Peut-être que cette génération dépravée, plus soucieuse de batifoler dans les bois que de chercher ses disparus, n’a tout simplement pas conscience du côté inéluctable de la mort, ce qui expliquerait ses réactions outrancières, comme si une illumination soudaine venait leur faire prendre conscience bien trop tard qu’ils n’avaient aucune chance d’y réchapper. Ou alors, c’est qu’ils sont tous des abrutis chroniques, ce qui en soit ne serait guère étonnant, les membres de cette bande étant visiblement en grave échec scolaire pour être toujours sur les bancs de l’école alors qu’ils paraissent avoir la trentaine.


La fine équipe a depuis pris perpét' pour délit de nullité.



Mais soudain, cette sombre histoire connaît son premier rebondissement. Les déclarations des témoins, que l’on avait un temps considéré comme des divagations venant d’amateurs de sensationnel, sont finalement pris en compte lorsque apparaît un second suspect, résidant non loin du lieu des massacres, le Demonicus. Car contre toute attente, ce monstre existe bel et bien. Enfin, monstre, pas tout à fait. Ressemblant à une baudruche mal maquillée, notre marginal fait un peu figure d’idiot du village et donne l’impression d’un cascadeur engoncé dans un costume mal articulé. N’ayant pas les yeux en face des trous, au propre et au figuré, ni même la mobilité nécessaire pour commettre les méfaits dont on l’accuse, les soupçons pesant sur le malheureux sont très vite abandonnés. Souhaitons-lui tout de même de vaincre ses propres démons, ses titubations à son arrivée en garde à vue lui donnant des airs de poivrot durant une fête de la Saint Patrick. Devant ce nouveau coup dur, l’enquête semble au point mort. Pourtant, c’est à cet instant précis qu’un nouveau coup de théâtre intervient et que l’affaire prend une tournure pour le moins inattendue.


La déchéance des stars oubliées : après avoir diverti les enfants dans les années 80, Skeletor n’est plus que l’ombre de lui-même.


Demonicus, celui qui rit quand on... enfin bref.


Attendez voir vous quatre, je vais vous *hips* embrocher.



Car tout ceci n’était qu’une mise en scène. Point de massacre, point de messe noire. Le véritable coupable s’appelle Jay Woelfel, metteur en scène de seconde zone. Ayant profité de la situation de certains acteurs dans le besoin, il les fit tourner dans ce qui n'était donc qu'un vulgaire snuff movie. Ne reculant devant aucun outrage, on le verra forcer ses souffre-douleurs à jouer faux, cabotiner voire les faire marcher sur place pour simuler le déplacement et offrir à l'écran une odieuse scène d’humiliation. Pour commettre son forfait, le tortionnaire ne s’est pas non plus déplacé jusqu’en Italie et a choisi un coin reculé d’une forêt californienne coupe-gorge. Coupable d’abus de faiblesse et de contrefaçons, l’aigrefin n’a pas hésité à voler le portefeuille de sa grand-mère pour financer son projet. Mais on apprendra que l’infâme personnage s’était surtout rendu complice d’association de malfaiteurs. En inspectant ses relevés téléphoniques, on découvre qu’il fut en contact avec quelques noms du grand banditisme comme Jeff Leroy, mouillé jusqu’au coup dans les affaires « Creepies » et « Alien 3000 », et qui occupe ici le double poste de responsable du son et de la photographie. Sans doute des emplois fictifs au vu du travail consenti, mais qui lui permet d’ajouter une autre ligne à un casier judiciaire déjà long comme le bras. Plus inquiétant, le nom de Charles Band est également cité. Grand parrain du trafic de vidéos frelatées, « Charlie l’arsouille », comme on l’appelle dans le Milieu, n’est sans doute là que pour blanchir quelques billets salement acquis via sa société-écran "Full Moon", et on tremble d’effroi devant les implications tentaculaires que prend ce qui n’était alors qu’un triste fait divers.


« Errare nanardum est, perseverare demonicus. Errare nanardum est, perseverare demonicus. »


« Et Merde ! Ça veut dire quoi ce charabia ? »


« En gros ? Que nos carrières sont fichues ».



Finalement, le procès réservera aussi son lot de surprises. Malgré les preuves, dépositions et moult chefs d’inculpation, nos trois bandits obtiendront la relaxe. Les acteurs, encore tourmentés, bafoués dans leur honneur, décideront pour la plupart de disparaître de la circulation. Quant aux autres victimes, les quelques martyrs étant tombés sur cette œuvre maudite, ils ont pour certains sombré dans l’enfer d’une nouvelle drogue. Ce stupéfiant, provoquant hilarité chez ceux qui s’aventurent à le consommer, viendra-t-il polluer notre jeunesse dans les années à venir ? Nul ne le sait, mais alors qu’il est temps de conclure, reconnaissons que le cas qui nous intéresse n’était que bien peu de chose devant la somme d’affaires que nous avons déjà pu raconter. Incarnation de la misère et de l’incompétence, il rassemble toutefois assez d’événements scabreux pour satisfaire les amateurs de sensations fortes. Voilà donc pour l’affaire « Demonicus ». La semaine prochaine, nous lèverons le voile sur un autre dossier sulfureux, l’histoire d’un dangereux maniaque qui, pendant des décennies, malmena de nombreuses victimes dans les carrières et jardins public. Godfrey alias « L’équarisseur de Hong-Kong » sera-t-il mis sous les verrous ? C’est ce que nous découvrirons, dans un nouveau numéro de « Faites entrer le coupable ».
- Wolfwood -
Moyenne : 2.19 / 5
Wolfwood
NOTE
1.75/ 5
Labroche
NOTE
2/ 5
Rico
NOTE
2.5/ 5
Jack Tillman
NOTE
2.5/ 5

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation
Disponible dans quelques boutiques malfamées ou sur des sites de vente en ligne qu’on devine douteux, « Demonicus » est sorti sous différents visuels, l’un correspondant à l’affiche originale et l’autre ayant la bonne idée de ne pas montrer la trombine de son vilain vraiment vilain. Trouvable à moins de dix euros par endroit, et pour une bouchée de pain dans certains Cash Converters, ce n’est pas vraiment le genre d’achat qui risque de vous ruiner, même si vendre ce genre de produit tient déjà en soit de l’escroquerie.