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N°1 of the Secret Service


N°1 of the Secret Service

Titre original : N°1 of the Secret Service

Titre(s) alternatif(s) :Her Majesty's Top Gun, Agent n°1 des services secrets

Réalisateur(s) :Lindsay Shonteff

Année : 1977

Nationalité : Grande-Bretagne

Durée : 1h25

Genre : Au service photocopie de sa Majesté

Acteurs principaux :Nicky Henson, Richard Todd, Geoffrey Keen, Aimi Macdonald

Rico
NOTE
3/ 5


Il a quand même un peu la tête de Marlon Brando sur cette affiche, l'agent n°1...


Dans notre grand recensement des pays du nanar, jusqu’à présent, la perfide Albion avait été relativement épargnée. Et pourtant, Dieu sait que du Cameroun aux Philippines, de Hong Kong au Mexique, de l’Inde au Canada, peu de pays ont échappé à notre sagacité de chasseurs de ringardises. Rien qu’en Europe, nous avons étrillé l’Italie, vilipendé l’Espagne, ridiculisé l’Allemagne, sans oublier, bien entendu, de nous donner le mauvais rôle au travers de nos plus piteuses productions hexagonales.
Et bien curieusement, parmi les grandes nations du cinéma, la Grande-Bretagne semble se faire discrète dès qu’on en vient à parler nanar. En fouillant bien, on peut relever quelques coproductions, dont « Queen Kong » et puis c’est à peu près tout. Faut-il croire que les Britanniques ont évité toute ringardise et qu’ils sont les garants du bon goût et de la qualité modèle BBC, avec humour pince sans rire et favoris victoriens impeccables ?
A d’autres ! Quand il s’agit de fouiller dans les poubelles de la cinéphilie mondiale, le nanardeur ne prend pas de gants ! Il y a peu, Nikita pointa bien du doigt le cas de « Spiceworld », tartignolerie chantante, mais le perfide British, jamais à cours d’arguments spécieux pour justifier sa vilenie, pouvait toujours s’en sortir en arguant du second degré assumé. Mais cette fois c’est fini ! Et c’est les mains tachées par la poussière recouvrant l’étagère à VHS d’un Cash Converter perdu dans une zone industrielle sans vie que nous exhibons fièrement, enfin, la preuve que nos cousins rosbifs sont eux aussi capables de produire des naseries de première ordre. Tremble, décadente monarchie isolationniste ! Nous avons la preuve de tes pires turpitudes filmiques, car nous connaissons désormais l’œuvre de Lindsay Shonteff !
Oui, arrogant lion britannique, je vois ton sourire se figer sur ta face blême ! Ton regard se remplir d’effroi ! Le monde va enfin savoir ! Ce sera une humiliation sans précédent, ravale ta morgue, île maudite, ton l’orgueil va être enfin abattu ! Oubliés Azincourt, Mers El Kebir et Waterloo ! Vengés Jeanne D’arc, Bertrand Delanoë et Bernard Laporte, car voici que nous chroniquons « N°1 of the Secret Service », alias « Agent N°1 des services secrets ».
(Vous excuserez cet accès d’anglophobie primaire, mais depuis mes vacances londoniennes où l'on m’a fait goûter de la gravy sauce sur des côtes de porc, j’ai perdu tout amour pour la Grande-Bretagne !)


Bon bon bon… Lindsay Shonteff, c’est un genre de Jean-Marie Pallardy modèle british. Né au Canada, Shonteff débarque au Royaume-Uni dans les années 60 pour tourner de petits films d’horreur bon marché comme « Curse of Simba » dont les scènes de jungle africaine sont shootées à Regent’s park. Menant sa barque en franc-tireur dans le monde du cinéma bis, il a fait presque toute sa carrière en Angleterre en tournant des films érotiques et/ou d’aventure sans le sou et en se fâchant systématiquement avec toutes les compagnies de cinéma ou de télévision qui désiraient l’employer. Connu comme un caractériel, il se targuait d’envoyer systématiquement balader tous les distributeurs qui auraient pu diffuser ses films si ceux-ci osaient vouloir toucher à son œuvre. Une anecdote illustre le caractère du personnage. Il contacte la BBC pour négocier les droits de diffusion de 3 de ses films. Le responsable refuse le deal sans même les regarder. Shonteff, vexé, engage alors un agent qui présente de nouveaux les films sous un nouveau nom et sans préciser leur provenance tout en multipliant ses exigences financières par 5. Le décideur les regarde et décide de les acheter au nouveau prix demandé. Shonteff va alors le voir et lui révèle la supercherie, mais au lieu de signer le contrat, lui assène qu’il est trop stupide pour mériter ses films vu la manière dont il est prêt à gaspiller l’argent du contribuable ! Puis il repart en claquant la porte ! Un pur, un vrai, qui n’hésitera pas à aller filmer la guerre du Vietnam dans le comté du Berkshire au sud de l’Angleterre pour son « How sleep the brave » en 1981. Imperturbable dans ses choix, il réalise un western en 1992, « Allez simple pour l’enfer / The Running Gun »… toujours dans la campagne anglaise. Ne tournant plus que sporadiquement après les années 90, il est décédé en mars 2006 à 70 ans et jouit Outre-Manche d’un statut un peu kitsch à la Max Pecas
Le grand truc de Lindsay, c’est l’espionnage et plus particulièrement le sous James Bond fauché, genre dans lequel il va s’illustrer à plusieurs reprises en créant le personnage de Charles Bind, l’agent n°1, clone transparent de 007. Le personnage apparaît sous le nom de Charles Vine en 1965 dans « The Second Best Secret Agent in the Whole Wide World » et reviendra jusqu’en 1990 dans trois autres aventures, sous les traits d’un acteur différent à chaque fois. « N°1 of the Secret Service » est le deuxième volet de cette tétralogie.


Charles Bind est donc un espion. Un super-espion. C’est le meilleur agent de sa Majesté et il le sait. Alors il se la pète. Le sourire narquois, le bon mot aux lèvres quand il liquide un méchant, monsieur roule en Excalibur et porte le smoking ou le costume sur mesure en toutes circonstances, sous lesquels il cache deux 357 magnum avec lesquels il aime jongler pour emballer les gonzesses.




Nicky Henson est Charles Bind, agent N°1. Un don certain pour garder la classe tout en jouant les andouilles.


Comme son illustre collègue, il doit affronter un millionnaire mégalomane illuminé, Arthur Lovejoy, qui fait assassiner les plus grands industriels du monde. Celui-ci utilise pour se faire les services d’une organisation de tueurs professionnels impitoyables, le C.R.A.S.H. Crimes, Rapts, Attentats, Sabotages et Homicides. Formidable collection de trognes patibulaires et de psychopathes excentriques, on y croise un géant muet, chauve et borgne, un cow-boy tireur d’élite qui pratique le rasage au flingue, un culturiste tenu en laisse, une femme vampire en cape et porte-jarretelles etc. Comme il se doit, cette armée du crime s’entraîne à balles réelles dans un centre secret situé quelque part dans un sous-bois où seuls les meilleurs combattants s’en sortent vivants.


Milton Reid, brute indo-écossaise vu entre autre dans « Dr No » et « L'espion qui m'aimait ».



Le CRASH et ses tueurs bizaroïdes (voir l'onglet "images" pour une petite galerie des tronches de cake de ces terroristes d'élite !)


L’agent numéro 1 mène donc l’enquête et s’intéresse vite à Lovejoy, enfant pauvre dont le père a été victime de la société et qui ne fait pas mystère de ses intentions de la purger des hommes les plus riches du monde grâce à la fortune qu’il a lui-même accumulé. Un peu comme François Hollande si on y réfléchit bien… D’ailleurs dès leur première rencontre, le millionnaire, après avoir expliqué ses intentions et tenté de liquider l’espion au moyen d’une karatéka en peignoir de soie, lui annonce qu’il a mis sa tête à prix par les tueurs de CRASH. Plutôt que de l’arrêter ou de le mettre hors d’état de nuire avec son permis de tuer réglementaire, Bind préfère tourner autour de sa proie et neutraliser des tentatives d’assassinats régulières et successives.
On pourrait se croire dans une parodie volontaire d’un film de James Bond, mais pourtant non. Même si Shonteff rajoute perpétuellement une couche d’humour gras à son pudding pour avoir l'air distancié par rapport à son sujet d'origine, son but est de faire un véritable film d’espionnage reprenant sans vergogne toutes les ficelles de 007, musique tonitruante à l’appui.





Le rasage au flingue. Une exclusivité CRASH !


C’est dans ce décalque poussé à l’extrême des méthodes d’enquête de 007 que réside le ressort essentiel de l’intrigue : Bind retrouve Lovejoy dans un club, un bar ou un hôtel, se lance dans une petite joute verbale amicale où Numéro 1 essaye d’en apprendre plus sur le plan du méchant. Lovejoy s’éclipse non sans lancer un petit avertissement ironique sur les dangers de sa profession d’espion ou sur la qualité des séides qu’il a engagé. Immanquablement l’agent est attaqué par un nouveau tueur qu’il défait sans coup férir. Lovejoy repasse alors pour le féliciter ou lever son verre à la virtuosité du maître espion. Petit échange amusé entre les deux ennemis puis on se retrouve pour la scène suivante construite à l’identique.
Charles Bind se la joue donc super espion classieux et distancié, un peu à la Roger Moore, le 007 de l'époque, mais avec un petit truc en plus : une touche de vulgarité qui n’appartient qu’à lui. Jamais en parole, non, mieux que cela, en action. Ainsi lorsqu’il va voir son chef, il flirte avec sa secrétaire. Mais attention là il ne s’agit pas de lancer son chapeau sur un porte manteau et de glisser quelques répliques à double sens pleines de sous-entendus. Non non… Numéro 1, c’est pas une tafiole, lui, il y va direct et lui colle la main aux miches. De même, à chaque fois qu’il fait le point sur la situation avec Anna sa partenaire dans sa chambre d’hôtel, il commence par lui arroser la poitrine avec un siphon d’eau de seltz, façon concours de T-shirt mouillé avant de lui peloter les seins sous prétexte de nettoyer la tache. La classe.





Quand James Bond utilise des plans dragues à la Bigard...


Et puis quand il faut faire parler la poudre, on ne la lui fait pas non plus. Avec son duo de 357 magnum, il liquide les ennemis par paquets de six et quand ça ne suffit pas déclenche le gadget ultime de son Excalibur : une mitrailleuse lourde calibre .50 qui jaillit du moteur et qui taille en pièces l’armée des méchants. Littéralement, puisque les membres ensanglantés des gredins volent à travers les airs. Ajoutons à cela que, régulièrement et souvent sans raison, il se lance dans quelques pirouettes et saltos arrières que n’aurait pas renié un super héros masqué italien des années 60.







Vous l'aurez compris, faut pas faire chier l'Agent N°1 !


Très petit budget oblige, pas d’aventure tropicale à l’horizon. L’action reste essentiellement localisée dans la banlieue londonienne avec un détour à Manchester. Un manoir, un petit bois, un ou deux hôtels et pour les scènes d’action de préférence quelques friches industrielles ou ruelles impersonnelles. Il y a juste une ou deux scènes tournées à la va-vite dans Hyde Park ou sur quelques avenues de la capitale britannique, et visiblement à l’arrache si on considère les quelques passants qui sourient à la caméra.


Eh les gars, y a un type avec une caméra qui nous fait des grands signes pour qu'on reste naturel !


Seule concession au dépaysement, une petite sortie en ferry vers la France où Bind liquide encore quelques mercenaires pittoresques. Comble de l’exotisme, une scène du film est censée se passer à… Boulogne-sur-Mer. Ah ça c’est pas une destination habituelle du grand James ça. Un grand merci à Mr Shonteff qui nous présente enfin le Nord-Pas-de-Calais non pas comme une zone du quart-monde ravagée par le chômage comme les trois-quarts des films français, mais bien au contraire sous son vrai visage : la plaque tournante de l’espionnage mondial. Boulogne-sur-Mer nid d’espions, ça a une autre gueule qu’Istanbul ou que Miami. Et pis c’est pas à Monte-Carlo ou à Hong Kong que vous pourrez déjouer des complots internationaux tout en mangeant un hareng. Bon, notez bien je m’enthousiasme peut-être un peu vite, la scène dure moins d’une minute et il y a plus de chance qu’elle ait été tournée dans un port anglais que dans le Boulonnais.



Boulogne-sur-Mer, International City of Mystery.


Si techniquement le film souffre vraiment d’un budget défaillant (qu'on pende l'éclairagiste !), il est en partie sauvé par son casting constitué d’une brochette de seconds couteaux habitués des séries télé anglaises. Nicky Henson, numéro 1 en titre, est assez convaincant en super espion charmeur, agrémentant son rôle de tout un tas de mimiques qui le rendent instantanément sympathique malgré son côté rouleur de mécaniques. Il fera d’ailleurs une bonne carrière à la télévision jusqu’à nos jours. Il en est de même pour Richard Todd, qui incarne le méchant Lovejoy. Si comme moi vous êtes fan des vieilles séries comme Chapeau melon, le Saint ou Amicalement votre, vous reconnaîtrez quelques visages familiers dont le plus connu est peut-être Geoffrey Keen, chef des services secrets qui jouait régulièrement les ministres dans les James Bond.


Geoffrey Keen qui joue le chef des services secrets, radin et amoureux de sa plante verte.



Richard Todd, solide second rôle qui tourna beaucoup à Hollywood, en Angleterre et en France dans les années 50, est Lovejoy, millionnaire anarchiste.

Non ce n'est pas la grand-mère de notre espion mais Aimi MacDonald alias Anna, sa partenaire qu'il tente de séduire à coups de jet d'eau. Elle est surtout connue pour son travail avec deux des Monty Python avant que le groupe se forme : John Cleese et Graham Chapman, pour l'émission « At Last The 1948 Show » où elle jouait déjà beaucoup les ingénues faussement naïves.


Tourné en 1977, le film est sorti en même temps que « L’espion qui m’aimait ». Il avait d’abord été envisagé de l’appeler « 008 of the Secret Service » avant prudemment d’opter pour Number One. Grâce à son héros frimeur, sa galerie de tueurs débiles, son machisme primaire, son mauvais goût revendiqué et sa touche cockney très seventies, il peut malgré quelques longueurs vous faire passer un bon moment si vous rentrez dans le jeu.
Deux ans plus tard, Shonteff remet le couvert avec l’encore plus outrancier « License to Love and Kill » sorti en France sous le titre « Adieu Canaille ». Débauchant pour l’occasion Gareth Hunt, connu chez nous pour le rôle de Gambit dans la dernière série de « Chapeau Melon et Bottes de Cuir » (époque Purdey), qui remplace Nicky Henson dans le rôle titre. Ne vous inquiétez pas on vous en reparlera très bientôt…


Les 3 autres volets de la saga de l'agent N°1...



- Rico -
Moyenne : 3.00 / 5
Rico
NOTE
3/ 5
MrKlaus
NOTE
2/ 5
Kobal
NOTE
3/ 5
John Nada
NOTE
3/ 5
Jack Tillman
NOTE
4/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation
Comme toute la production de Lindsey Shonteff, bien que sorti au cinéma chez nous en 1979, ce film est une rareté qu'on ne connaît en France que dans une seule collection vidéo dure à dénicher, "Super Vidéo Productions", qui en son temps édita quelques autres longs-métrages du bonhomme dans des transferts d'une qualité plus que médiocre.


Dernièrement, on l'a vu réapparaître sous son titre de "Her Majesty's Top Gun" dans un coffret américain proposé par "Vidéo Asia" qui surfe sur le projet "Planète Terreur/Boulevard de la Mort" : nommé "Grindhouse vol. 2", on y trouve donc notre film au côté d'une vingtaine d'autres du même acabit comme "Les Prédateurs du Futur", "Stryker" ou "les Trois Supermen contre le Parrain". Misère, pour 30 $ sur Amazon, y a de quoi se cramer le cerveau définitivement.


Ca c'est le volume 1, impossible de trouver une image du volume 2 pour le moment.

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