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Bionic Ninja

(1ère publication de cette chronique : 2008)
Bionic Ninja

Titre original : Bionic Ninja

Titre(s) alternatif(s) :Ninja Assassins, Ninja Chronicles Vol. 3, Ninja Eliminator

Réalisateur(s) :Tim Ashby

Producteur(s) :Tomas Tang

Année : 1985

Nationalité : Hong Kong

Durée : 1h26

Genre : Ninja Bio

Acteurs principaux :Kelly Steve, Alan Hemmings, Rick Wilson, Pauline Chao, Alex Barer, Wayne Archer

Kobal
NOTE
0.75/ 5


Les films de Ninja issus de la production hongkongaise semblent décidément constituer un filon inépuisable. Difficile d'être sûr d'avoir listé tous les métrages frelatés qui ont pu envahir notre territoire tant le chaos des éditions vidéo avec flying jaquettes et retitrages sauvages a joué le rôle de bombinette à fumée dissimulatrice. Les méfaits des "2 en 1" de Filmark et IFD sont désormais bien connus, et nul besoin de s'appesantir une nouvelle fois sur les méthodes crapuleuses de bidouillage de bandes de Tang & Laï : avec Bionic Ninja, pas de surprise, on a là un un produit aux codes bien établis.

Il faut bien reconnaître que la frénésie provoquée par la découverte de tous ces bonshommes moustachus en pyjamas multicolores a atteint son acmé il y a maintenant un certain temps. Le trop-plein de déjà-vu remontés au mixeur "nawak gweilo / navet extrême-oriental" a pu finir par lasser le fan, abruti par une accumulation de poncifs devenus trop classiques pour provoquer un quelconque intérêt. Il est donc bon de s'imposer régulièrement des périodes d'abstinence pour se nettoyer un peu la cervelle, afin de mieux apprécier à l'occasion la petite rechute de l'usager expérimenté. C'est dans cet état d'esprit que j'ai pu visionner Bionic Ninja, avec le petit sourire en coin de celui à qui on ne l'a fait plus. Conséquence, cette chronique que j'ai décidée courte et directe, sans baratin ni esbroufe.

Sans transition donc, un semblant de pitch : Gordon Man transporte pour le compte de son patron, Warren l'Elégant, un colis contenant des micro-films. Il se fait agresser par des inconnus qui lui volent le précieux colis. Tout le monde se lance alors à sa recherche.


Tommy Foster, l'agent de la CIA.


Le plan nichon prend son bain (désolé, c'est l'habitude des chroniques de Andy Sidaris).


Il est habituel d'être confronté à un déroulement confus dans les œuvres de Filmark. Mais dans le cas présent, l'incompréhension scénaristique est d'une puissance peu commune. On ne capte strictement rien à rien, tant les factions sont multiples à se foutre dessus pour retrouver les micro-films dont le contenu demeure aussi flou que la mise au point de la caméra. Parmi tout ce beau monde, on retrouve des sbires et autres loubards chinois, la CIA (pour changer d'Interpôle) et des Ninjas du KGB ! Au final, impossible de clairement savoir qui a volé le colis, vu que celui-ci semble changer de mains en cours de film. C'est là l'excuse idéale pour nous refiler plein de vieilles pellicules miteuses qui, il faut le reconnaître, finissent par entraîner un ennui poli, même si l'on demeure amusé par les doublages de nos bons vieux routards du nanar que l'on sait apprécier comme d'anciennes pantoufles vocales.

Morceaux choisis de dialogues insanes :

- Qui est dans la course ?
- Pas mal de vermine.

- Pourrais-je connaître la raison de ta venue ? Je savais que tu viendrais aujourd'hui pourtant.
- Maître Shindo, c'est époustouflant, ça parait magique, mais comment pouviez-vous savoir ?
- Oh, je possède un 6ème sens.
- Et bien j'apprécierais davantage si je pouvais savoir.
- Hahahahaha.

- Nos ennemis utilisent le Ninjitsu pour semer la discorde et troubler la paix mondiale. Ces terroristes utilisent le Ninjitsu pour rompre l'équilibre de la paix mondiale.
- C'est stupide, c'est une vue de l'esprit.

- Où sont passées les trois gonzesses ?
- Y'a pas plus de gonzesse que d'beurre en branche !


Les histoires d'amour de Gordon, persécuté par tous les pratiquants d'arts martiaux locaux, ne sont pas particulièrement emballantes, malgré la survenue inopinée et superfétatoire d'une scène de cul, l'utilisation de l'éprouvée technique de la voix-off embrouillaminisante le temps d'une malheureuse scène, et la présence régulière de Ninjas observateurs cachés dans des fourrés ou derrière une voiture. Bien entendu, le gweilo de la CIA n'en fout pas une ramée afin d'économiser au maximum les 3 jours de tournage dans les jardins publics de Hong-Kong et ainsi de pouvoir fabriquer 8 autres nouveaux films. Les liens entre les parties occidentale et asiatique sont à peine esquissés, chacun restant dans son petit bout de métrage sans chercher à en déborder plus que de raison.


"J'ai horreur des sermons dans la bouche de la femme que j'aime, pardonne-moi !"


Transmission discrète d'informations en pleine rue.




Les Dalton à la mode asiat'.


Heureusement, la patience du nanardeur tenace est tout de même récompensée par ces inserts qui, une fois encore, parviennent à redéfinir le sens du mot "ridicule". Tommy Foster, notre gus de la CIA, est un indéniable pro de l'inexpressivité traversée de rictus qu'on imagine encouragés par les consignes "Je ne te vois pas jouer ! Joue davantage !" (voir l'interview de Stuart Smith). Ce brave homme fait tranquillement son jogging en tee-shirt jaune In Stage dans ce haut lieu touristique qu'est le parc de jeux pour enfants de Kwoloon quand soudain, il se retrouve nez à nez avec une dizaine de Ninjas hargneux dont il ne sait rien (par ailleurs il reconnaît lui-même ne rien savoir sur la mission qui lui a été confiée).


Filmark, le juste choix du casting.


Je crois que Tommy a craqué son futal.


Faut dire aussi qu'il semble avoir abusé du bouillon de pruneaux.


Obligé d'aller déranger un vieux maître en pleine méditation au bord d'un lac qui sent bon le déjà-vu, afin d'obtenir de lui le livre secret du Ninjutsu. Pas besoin de plus de justification pour transformer ce néophyte en véritable assassin de Ninjas qui s'entraîne à ramper sur le dos, à lancer quelques shurikens dans un arbre innocent et à manier avec saccade un katana, une routine qui ne perd pas sa capacité amusante. Et joie en vue lors du grand finish où surgit du néant une équipe de moustachus soviétiques aux poses de badass des sous-sols de la confrérie du pyjama pour mieux préparer le traditionnel duel de Ninjas, affrontement assez sage se déroulant cette fois-ci dans une zone de stockage de containers. Le tout est saupoudré des musiques habituelles, dont les consacrées atteintes au copyright artistique.


Le vieux maître qui s'avoue faible pédagogue.


Le fameux livre secret qui traîne à la portée du premier touriste venu.


Le KGB aux couleurs de la France (avec le gweilo Wayne Archer en blanc, vu dans pas mal de productions HK des années 80).


Le Ninja rouge a bien étudié le terrain.


Bionic Ninja n'est donc pas un 2/1 de premier choix, mais son visionnage à distance de tout autre ninjaterie pourra paresseusement amuser le connaisseur en quête d'un tour d'horizon complet de ce sous-genre.
Ah oui, je n'ai évidement pas jugé utile de préciser que malgré son titre, aucun Ninja bionique n'est à comptabiliser dans ce film. Mais qui pouvait encore y croire ?

Note : d'après notre collègue espagnol Jesús Manuel Pérez (alias Nico Giraldi), le métrage original qui a servi de base aux escrocs de Filmark est un film hongkongais de 1984 du nom de "Daring kung fu refugee" et réalisé par Ka Hung. Les monteurs de la firme se sont donc contentés d'enlever à cette oeuvre quelques scènes jugées peu intéressantes, de les remplacer par de nouvelles tournées avec des gweilos déguisés en ninja et de redoubler l'ensemble pour obtenir un "nouveau film" à moindre frais.

- Kobal -
Moyenne : 1.15 / 5
Kobal
NOTE
0.75/ 5
John Nada
NOTE
0.75/ 5
Rico
NOTE
0.5/ 5
LeRôdeur
NOTE
1.5/ 5
Jack Tillman
NOTE
2.25/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation


Comme je vous le disais, il est particulièrement ardu de s'y retrouver dans ce fatras d'éditions vidéo. En effet, le film existe en France sous son titre "Bionic Ninja" chez MPM Productions. Cependant, il existe en Allemagne sous le titre "Ninja Assassins" et "Ninja Eliminator", à ne pas confondre avec les 2 éditions françaises de "Ninja Eliminator" sorties chez Imperial Home Video et chez Full Contact, contenant respectivement "Challenge the Ninja" et "Queen Boxer" (un kung-fu flick qu'on retrouve aussi sous la célèbre flying jaquette de "Ninja Tiger Force").

Par ailleurs, l'édition québécoise est bien nommée "Bionic Ninja", mais est sous-titrée Ninja Chronicles Vol. 3. Et enfin, histoire de définitivement plomber cette limpide synthèse, il existe un autre "Bionic Ninja", mettant en vedette Mike Abbott mais sans ninjas, sorti en DVD outre-Rhin. Bien qu'il semble inédit par chez nous, il n'est pas exclu qu'il puisse traîner dans nos contrées sous un autre nom...

Une VHS française qui contient "Queen Boxer".

Une autre VHS française qui contient "Challenge the Ninja".


Et enfin une VHS allemande qui contient bien le "Bionic Ninja" chroniqué ici.

La VHS québécoise (attention, il existe aussi un "Assassin Ninja" chez nos amis francophones qui contient en fait "Sakura Killers").

Une autre VHS allemande avec le bon contenu.

La VHS américaine.

Le DVD allemand de l'homonyme "Bionic Ninja" (alias "Ninja Knight Thunder Fox"), un autre "2 en 1" sans Ninja du duo Godfrey Ho / Joseph Lai (IFD) avec le massif mais placide Mike Abbott.