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Le glossaire du Pr. Ryback

Y comme …

Insert



L'insert est un plan, une scène ou un ensemble de scènes ajouté(e) après coup au montage d'un film, bien que ne faisant pas partie de l'oeuvre originale. Le but est généralement d'accroître le potentiel commercial d'un film, pour le rendre plus conforme à l'idée que l'on se fait du public visé, le tout généralement au mépris de l'intégrité de l'oeuvre. Dans un cas extrême de mélange de métrages, on peut parler de "2 en 1". On utilise parfois de manière impropre le terme de "caviardage", qui concerne plutôt le retrait de scènes, parfois motivé par la censure. Parmi les utilisateurs les plus fréquents de la technique des inserts, on peut citer les distributeurs américains qui, surtout dans les années 1950-60, farcirent des films étrangers jugés trop exotiques (mexicains, japonais...) de nouvelles scènes, censées rendre les oeuvres plus accessibles au public des Etats-Unis. Le cas le plus célèbre est celui du premier "Godzilla" (1954), où des scènes avec Raymond Burr, censé jouer un reporter qui commente l'attaque du monstre sur le Japon, furent rajoutées au montage d'origine. La technique fut reprise, de manière beaucoup plus maladroite, dans d'autres films comme "King Kong contre Godzilla".



Raymond Burr dans le rôle du reporter "Steve Martin", ajouté au montage du premier "Godzilla".



"Eric Carter, reporter aux Nations-Unies" (interprété par l'illustre inconnu Michael Keith), inséré à la diable dans la version américaine de "King Kong contre Godzilla".



Affiche américaine du film-catastrophe "La Submersion du Japon". Remarquez, en médaillon, l'acteur Lorne Greene ("Battlestar Galactica"), dont les scènes, où il interprète l'ambassadeur des USA, furent rajoutées sans ménagement au métrage nippon d'origine.



Le distributeur Jerry Warren s'était fait une spécialité d'acheter des films d'épouvante sud-américains (mexicains, chiliens) et d'en tirer des "versions américaines" : "La Dama de la muerte" et "La Casa esta vacia" , chacun réduit à moins de la moitié de son métrage, ont été réunis et, truffés de scènes additionnelles avec John Carradine et Katherine Victor, pour devenir "Curse of the Stone Hand". Al Adamson a construit le film "Horror of the Blood Monsters", en couleurs, autour de séquences (bien meilleures que les siennes !) du film philippin "Tagani" (de Rolf Bayer, 1965), tourné en noir et blanc mais colorisé dans sa version "américaine" pour coller plus ou moins avec le reste.

L'un des pires exemples d'inserts concerne le film japonais "Jû jin yuki otoko" (1955) sorti en 1958 aux Etats-Unis sous le titre de "Half Human", et dans une durée de 63 minutes (contre 94 pour le film original), avec des scènes additionnelles interprétées par John Carradine (qui doit détenir une sorte de palme parmi les acteurs ayant accepté de se prêter au tournage de ce genre d'inserts ) et Morris Ankrum. Les scènes additionnelles américaines étaient par ailleurs d'une durée à peu près correspondante à la durée retirée au film (entre inserts américains et coupes sombres, le film perd donc les deux tiers de son métrage japonais originel), ce qui fait de "Half Human" un triple exemple de caviardage/inserts/2 en 1.



Dans le domaine de l'érotisme, l'insert pornographique tient une place particulière. On parle le plus souvent d' "inserts hard", la pratique la plus répandue consistant en effet à inclure des images d'actes sexuels non-simulés dans un film simplement érotique pour ensuite le sortir dans deux versions, soft et hard.

Les plans non-simulés sont parfois tournés avec les mêmes acteurs, mais le plus souvent ce sont des doublures qui sont engagées pour l'occasion, l'insert hard n'étant de toute façons par nature constitué que de plans serrés sur les organes génitaux, intégrés à une plus large scène simplement simulée. Il n'est pas rare non plus que les inserts soient tournés des mois, voire des années après les scènes du film original pour être inclus à l'occasion d'une réédition en vidéo ou pour justifier une nouvelle sortie au cinéma. Dans ces derniers cas de figure, peu importe d'ailleurs que le cadrage, l'éclairage, la bande-son ou même le format de la pellicule n'aient strictement rien à voir avec le reste de la scène pourvu que le spectateur obtienne son quota de scènes "pornographiques".

"La Comtesse noire", alias "La Comtesse aux seins nus", alias "Les Avaleuses", une production Eurociné réalisée par Jesus Franco, est ainsi sorti dans une dizaine de versions différentes, dont certaines rallongées d'inserts hard. Pour la petite histoire, c'était bien l'actrice principale, Lina Romay, qui donnait de sa personne dans lesdits inserts pornographiques, bien que les très gros plans aient donné le change en ne montrant pas la totalité de son visage : elle se montra ensuite moins farouche avec "La Comtesse perverse" - sorti en version hard sous le titre "Les Croqueuses" - dont les scènes X ne cherchaient pas à dissimuler son identité.



La même technique fut employée pour absurdement "épicer" une autre production Eurociné, le très mauvais "L'Homme à la tête coupée", qui connut une ressortie sous le titre "Le Viol et l'enfer des X" : un relatif soin fut apporté aux inserts hard, pour nous faire croire que les acteurs du film original faisaient face en contre-champ, dans quelques scènes, à des filles à poil en chaleur.

L'un des cas les plus invraisemblables est encore celui du film "Clodo" (1970), une comédie sur un chien errant qui parle (le fameux "Clodo"), dans laquelle Bourvil fit une apparition amicale alors qu'il était déjà très malade. Le film, pour une raison qui nous est inconnue, ne connut pas de vraie distribution commerciale. En 1975, quelqu'un eut la brillante idée de le sortir avec des inserts de scènes de fesse, sous le titre "Clodo et les vicieuses". Le dernier film avec Bourvil à être sorti sur les écrans est donc un porno !



L'affiche pourrait même laisser croire à un porno zoophile, ce qui n'est apparemment pas le cas.



Voir également : stock-shot