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Rush

(1ère publication de cette chronique : 2002)
Rush

Titre original : Rush

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Tonino Ricci sous le pseudo d'Anthony Richmond

Année : 1983

Nationalité : Italie

Durée : 1h17

Genre : Mad Max sur un tracteur

Acteurs principaux :Gordon Mitchell, Luigi Mezzanotte alias Conrad Nichols, Laura Trotter, Paolo Celli, Rita Furlan

Labroche
NOTE
3/ 5

Rush fait partie de ses films post-madmaxiens produits et réalisés en Italie qui ont littéralement inondé l'Europe dans les années 80. Souvent sous-estimés et méconnus du grand public, ils représentent néanmoins une part royale de la production cinématographique nanarde. Descendons encore un peu sur l’échelle du fauché pour aborder le cas de l’un des pires tâcherons du bis italien : Tonino Ricci.


Allez, viens le dire ici que je joue mal !


Tonino (parfois aussi nommé Théodoro) Ricci est un cas dans la production italienne. Réalisateur médiocre, scénariste calamiteux, il s’obstine à tourner des films à ce point fauchés qu’ils font passer les oeuvres de Joe D’Amato ou Sergio Martino pour des superproductions. Il signe en règle générale ses oeuvres de son pseudo d’Anthony Richmond (et avec Richmond, c’est autrement pas bon...)


Plus qu'un métier, une carrière.


En 82, en pleine vague post-Conan le barbare, il avait déjà commis le pitoyable Thor où le musculeux Conrad Nichols (de son vrai nom Luigi Mezzanotte) courait dans les bois vêtu de peaux de bêtes en affrontant des méchants avec des paniers en osier sur la tête. Décidé à se ridiculiser davantage en s’attaquant cette fois-ci au post-apocalyptique, Tonino refait appel à Nichols et débauche Gordon Mitchell, dont la carrière n’avait pas besoin de cela, pour nous livrer ce désopilant Rush.


Non, c'est pas que j'ai honte, mais... si vous pouviez éviter de parler de ce film dans ma bio, ça serait sympa...


L'action de Rush prend place après une terrible apocalypse, "le grand désastre". Une lecture en diagonale de l'arrière de la jaquette nous apprend que "la planète terre est réduite à l'état de décombres fumants et radioactifs" et que "tout doit être produit dans des bulles plastique utilisant les radiations nucléaires, car la terre ne donnera plus jamais de récoltes". Ce monde sordide ne correspond pas tout à fait à la réalité puisqu'un homme, le sinistre Yor (tiens ça me rappelle quelque chose…) -- incarné à l'écran par l'énormissime Gordon Mitchell -- détient lui la vérité : la Terre n'est désormais plus contaminée, et il serait possible de vivre de nouveau à l'extérieur.


On le sent pas à fond dans son rôle quand même là Gordon...


Cette situation lui a permis de se rendre maître de la population : entretenus dans la croyance d'un monde invivable, ses prisonniers acceptent plus facilement son joug dictatorial. En fait, il envoie ses sbires dans les villages alentours afin de capturer des pauvres gens et les faire travailler pour lui. Jusqu'au jour où il capture Rush, un grand gaillard (incarné par Conrad Nichols) qui lui SAIT et représente de ce fait un danger pour son omnipotence. Rush n'aura dès lors qu'un but : s'enfuir et libérer les prisonniers.


C'est pas un peu équivoque toutes ces scènes de bondage avec chaînes dans les post-nuke italiens ?


Voilà pour l'histoire, somme toute respectable. Là où le bât blesse, c'est que la réalisation, les acteurs, le montage et tout le reste ne suivent pas du tout, venant de ce fait entacher la faible crédibilité que l'on avait bien voulu accorder au scénario, en plongeant le film dans une nanardise hallucinante.


Laura Trotter : depuis elle s'est lancée dans la politique et est conseillère régionale sans étiquette dans la région de Rome (si si !).


La vision post-apocalyptique du monde est surtout signifiée par un ciel rouge. Le problème, c'est que l'on voit clairement le filtre : lors d'un travelling, un arbre apparaît et l'on se rend compte que sa cime aussi devient rouge. De plus, sur certains plans, le calque a tout simplement été oublié et on a alors droit à un pur ciel bleu.

Le méchant assoit sa domination grâce à la crédulité des gens : dehors tout est dévasté, mais la vie pourrait reprendre… Le problème, encore une fois est que sur beaucoup de plans, derrière les prisonniers, on voit une belle, dense et grasse forêt !


Promenons nous dans les bois, pendant que la fin du monde n'y est pas...


Le plus hallucinant dans tout ça, c'est qu'une scène entière s'y déroule, sans que jamais le spectateur n'ait droit à une once d'explication. De même, une course poursuite a lieu sur une route fraîchement goudronnée avec une ligne blanche pimpante !

Au début, le film prend un parti futuriste. A savoir que les soldats ont des bâtons de ski qui font "blip" quand ils touchent quelqu'un, ou une ventouse débouche chiotte qui fait office de détecteur d'homme, même que Rush tue un robot. Mais dès la moitié du film, tout le monde a oublié cette dimension science-fictionnelle, les bâtons ultra sophistiqués ne servent plus que de simples massues et les cyborgs ont disparus !


Les méchants veulent se la jouer futuristes... mouais


Allez les gars dépêchez-vous, on n'a loué la carrière que pour le week-end !


A ce propos, il y a un détail complètement poilant : c'est le véhicule qu'utilise Rush. Pour faire Mad Max, les producteurs n'ont pas eu les moyens de "tuner" un gros truck américain, ils ont donc affublé le héros d'un petit tracteur de chantier complètement ridicule !


Born to beeee wiiiilllllddddd !!!!


Ainsi, le film regorge de scènes ineptes, et seule une pirouette analytique pourrait faire remonter le scénario dans mon estime. Une fois le méchant Yor vaincu, le ciel redevient bleu sous nos yeux ébahis. Se pourrait-il alors qu'Anthony Richmond ait voulu réaliser un brûlot sur la propagande qui démontrerait que si l'on fait croire quelque chose aux gens, ils le voient (cf. la forêt) et que Rush aurait agit comme une sorte de révélateur du monde réel ?

Franchement j'en doute fort, étant donné la fréquence des scènes nanardes, la pauvreté des dialogues et le comique à toute épreuve des scènes d'action…


Scène poignante qui a inspiré très fort Matrix Revolutions.


En bref, Rush est bel et bien un gros nanar que cette modeste chronique ne fait qu'effleurer du doigt. Il montre combien le cinéma italien (emmené par Anthony M. Dawson et Anthony Richmond) peut se révéler riche en sous sous produits américains et nous donne envie de voir ou revoir des pièces maîtresses telles que Yor, Thor ou encore L'Avion de l'apocalypse.


T'es sûr qu'on a bien fait de jouer dans ce film ?
Oh tu sais moi, tant que je suis payé...

- Labroche -
Moyenne : 3.17 / 5
Labroche
NOTE
3/ 5
Mayonne
NOTE
4/ 5
TantePony
NOTE
3.5/ 5
John Nada
NOTE
3.5/ 5
Nikita
NOTE
2.5/ 5
Rico
NOTE
3/ 5
MrKlaus
NOTE
3/ 5
LeRôdeur
NOTE
3/ 5
Jack Tillman
NOTE
3/ 5

Cote de rareté - 5/ Pièce de Collection

Barème de notation



Il faut bien constater que l'oeuvre de Tonino Ricci a été jusqu'ici injustement oubliée par les éditeurs DVD, hormis quelques DVD-R artisanaux aux Etats-Unis.

Le film est sorti en cassette à plusieurs reprises dans les années 80. Cap sur votre Cash Converter le plus proche pour trouver l’une des nombreuses éditions vidéo de chez "Atlantic HomeVidéo", "Les Films du diamant", "Horizon" "Metropole Vidéo" (c'est des sous-marques d'"Initial" tout ça !) ou "VDS édition" en Belgique. De toute façon, elles ont des visuels quasi identiques.


Détail rigolo, aux Etats-Unis, le film est sorti dans une collection "Sybil Danning's Adventure Video" où notre Autrichienne préférée se fend d'une petite présentation.


Attention, on trouve aussi une VHS titrée "La Bête de guerre" avec les crédits et le résumé de Rush sur la jaquette mais qui contient en fait "Rush 2" ("Rage" en VO), autre film de Tonino Ricci / Anthony Richmond, toujours avec Conrad Nichols.