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Le sexe interdit


Le sexe interdit

Titre original :Sexual aberration - sesso perverso

Titre(s) alternatif(s) :Libidomania, Fantasmes africains (version X)

Réalisateur(s) :Bruno Mattei

Année : 1979

Nationalité : Italie

Durée : 1h18 (56 mn pour la VF)

Genre : Un tour de vice

Acteurs principaux :Des gens piqués dans plein d'autres films

Rico
NOTE
3/ 5

"Ce film veut seulement vous aider à soigner vos défauts et à comprendre ceux des autres. »

 


Ah ben si ça part d’un bon sentiment alors ! Véritable catalogue de la Redoute de la perversion sexuelle, "Le Sexe Interdit" alias "Libido Mania" nous offre une plongée dans le monde des fantasmes et des pratiques amoureuses alternatives.
Nous avons déjà évoqué en ces lieux les joies des mondo movies, documenteurs passablement racoleurs et mensongers qui font de Saint-Tropez une banlieue de Sodome et Gomorrhe et de la Suède un des 9 cercles de l’enfer. Généralement il s’agit de montrer les pires crapuleries dans des reconstitutions complaisantes qu’on essaie de nous faire passer pour du cinéma vérité, le tout commenté par une voix off au ton compassé. Alors quand le grand Bruno Mattei s’attelle à l’exercice, avec tout le tact et la distinction qui le caractérisent, le cœur du nanardeur ne peut que s’emballer.


Et Nono balaye large : de l’hermaphrodisme à la nécrophilie, de la scatologie à la zoophilie, du masochisme à la partouze satanique. Le tout saupoudré de doctes citations de Freud, Krafft Ebbing, ou Masters et Johnson (les deux sexologues qui ont inspiré la série "Masters of Sex") ainsi que d’entretiens très sérieux avec des gars en blouse blanche qui prennent des airs concernés. Des passages qui sautent d’ailleurs dans la version française qui préfère se concentrer sur le plus purement putassier, mais nous en reparlerons plus loin.



Les plus grands esprits au service d'un cinéma de qualité.


Rappelons-le, Bruno Mattei, qui se fait appeler ici Jimmy Matheus, est à la base un monteur et tout son film repose sur son extraordinaire talent de recycleur fou de la pellicule. Parce qu’à bien y regarder, "Le Sexe Interdit" relève du tour de force : les deux-tiers du film sont en effet constitués d’images récupérées à droite à gauche et remontées avec application. Des documentaires ethnologiques, d’obscures productions érotiques allemandes ou françaises, des reportages naturistes américains voire même des photos d’œuvres d’art érotiques directement reproduites de bouquins. Rien n’est jamais raccord, la qualité, les couleurs voire le format des images changent continuellement d’un plan à l’autre et on se retrouve dans une même scène à voir apparaître et disparaître des bandes noires sur de simples champs/contrechamps.




Dans cette scène d'émasculation rituelle en Afrique, saurez-vous faire la différence entre les véritables images d'archives et les scènes reconstituées en studio ?


Quand on manque d’archives, on ajoute une poignée de saynètes additionnelles qui semblent avoir été tournées spécifiquement pour le film, et ça se ressent au visionnage. Celles-ci, bien que terriblement pauvrettes sur la forme, sont souvent complètement délirantes et surtout suffisamment courtes pour ne pas entraîner la lassitude. C’est semble t-il le vieux complice de Bruno Mattei, Claudio Fragasso, qui se serait chargé de tourner ces quelques scènes de complément, soutenues par des témoignages en voix off, interprétés par les deux mêmes voix masculine et féminine, qui nous placent dans la tête des pratiquants de ces multiples perversions rajoutant encore à l’étrangeté de l’ensemble.
Le film s’offre des ruptures de tons continuelles et, comme tout bon mondo, oscille entre le cracra, le grotesque et le franchement dégueu. On fait pipi dans un verre ou on se tartine frénétiquement d’excréments pour l’uro et la scatologie. On a droit à des plans bien sanguinolents de véritables opérations chirurgicales pour la transsexualité. On a même quelques moments assez dérangeants où l’on voit des scènes de lits avec des personnes âgées voire des handicapés mentaux.
La nudité abonde, y compris masculine, et même si tout est simulé, le film est globalement très explicite sans toutefois tomber dans le pornographique. On sombre souvent dans le ridicule, notamment quand Bruno tente de la jouer « scène choc » et met en scènes certains sketchs assez outranciers, avec parfois des acteurs visiblement gênés par ce qu’on leur fait faire. On a, entre autre, droit à une pseudo émasculation absolument grotesque ou à un hermaphrodite nanti d’un sexe masculin en plastique vraiment exagéré. Oui bon… Pour des questions de décence on est un peu obligé de sélectionner les captures d’écran et de flouter foufounes et zézéttes pour accompagner cette chronique. Non n’insistez pas, sur Nanarland on a de la tenue, on ne vous montrera pas tout !



Parmi les fantasmes les plus tordus relatés dans le film, voici celui qui consiste à mater deux amants retenus par des élastiques, incapables de se rejoindre tout en se tartinant de crème fraîche. Si ça a un nom scientifique, on est curieux de le connaître !


Malgré tout le film ne manque pas de rythme car Mattei ne s’appesantît jamais sur ces séquences qui dépassent rarement la minute et saute d’une perversion à l’autre dans un tempo soutenu. Alors, puisque nous sommes devant une vidéo éducative, on en apprend de belles grâce à ce film ! Des choses globalement invérifiables dès qu’il se la joue ethnologique et qu’il nous présente des coutumes sexuelles exotiques ou primitives. Et pourtant vous vous doutez bien qu’on a tenté d’en établir la véracité par des recherches approfondies. Mais bon c’est pas grave, j‘ai appris plein de trucs ! Ainsi à Singapour on cultive l’art subtil des geishas, où des siciliens moustachus mal déguisés en asiatiques viennent s’encanailler auprès de pseudo Japonaises dont le visage est opportunément caché par des masques façon théâtre No.




L'Orient éternel.


Saviez-vous que dans le monde arabe, on pratique la zoophilie avec application comme le préconise cet antique dicton plein de sagesse : "Le pèlerin de La Mecque n'est pas parfait s'il ne s'accouple pas avec un chameau" ? Les prostitués d'Aden aurait d'ailleurs dit-on un faible pour les poneys. Mais cela se pratique aussi en Occident, comme le prouve une scène ahurissante où une jeune femme nous révèle que pour satisfaire son mari que cela excite, le berger allemand de la famille remplace celui-ci dans le lit conjugal. Confiant son désarroi à la police, celle-ci s’empresse de vérifier ses dires en reproduisant la scène avec le chien sous les yeux des flics présents.





Les experts : Pigalle.

Quand je pense que mon cousin Clodo se plaignait de sa carrière !


Ou encore que les Kanaks de Nouvelle Calédonie s’enfonçaient vigoureusement des bout de bois dans le nez pour se faire saigner et ainsi fortifier leur érection (???). Si on a des lecteurs sur le Caillou, qu’ils n’hésitent pas à nous dire si ça se pratique toujours !


Ouille !


Et le cas de certaines tribus papoues où les femmes vierges sont impures et donc intouchables par leurs maris tant qu’elles n’ont pas été déflorées officiellement par les membres d’un autre village, surnommés les purificateurs et faisant de leurs époux, je cite, "des cocus heureux" !




L'art de détourner des images pour leur faire dire n'importe quoi.


J’ai goûté aux joies du pygamationnisme qui consiste à faire l’amour à des statues. Bon alors après recherches il semblerait que ça existe bien mais que ça s’appelle pygmalionisme. Ici c’est décliné en deux possibilités : rajouter une foufoune en peluche à une statue pour la besogner dans un parc public, ou bien encore enduire de plâtre une prostituée qui doit rester immobile pour stimuler l’excitation de monsieur.




"Objets inanimés, avez-vous donc une chatte..."

 




Avec ce genre de positions, gare aux crampes


J’ai assisté à des pratiques peu courantes, comme servir avec volupté de tapis de bain à des jeunes filles ; vu des narcissiques se papouiller amoureusement devant leur miroir, ou des nécrophiles se déguiser en curé et aménager des cercueils au fond transparent pour mater le cul des mortes !












Et ce n'est là qu'un simple échantillon des perversions au programme.


J’ai découvert aussi des écoles spécialisées en utilisation de godemichés ou de poupées gonflables.





Qui a dit que l'école de la République ne remplissait pas sa mission !


Seul regret, l’absence de la nanarophilie, pratique déviante qui consiste à atteindre l’orgasme devant un film de ninja mais bon, on ne peut pas toujours être exhaustif.



Par contre il y a l'exhibitionnisme pratiqué à l'encontre d'écolières de 35 ans !


Contrairement à beaucoup de mondos qui camouflent leur voyeurisme sous un vernis moraliste bien-pensant lourdingue, le film termine sur un véritable feu d’artifice cosmico-orgasmique chantant les louanges du sexe comme clé ultime de la compréhension de l’univers. C’est beau. Ça ne veut rien dire, mais c’est beau.



Ça a quand même une autre gueule que la Force dans Star Wars !


Pour la petite histoire, certains érudits comme Eric Draven de Maniaco Deprebis ont retrouvé l’origine d’une partie des extraits utilisés par Mattei, comme le film helvético-allemand "Der Teufel in Miss Jonah" d'Erwin C. Dietrich, incroyablement traduit chez nous par "L’exorcisme dans Miss Jonah" mais sorti aussi sous les titres si poétiques de "Le sexe au ventre" ou encore "Sexe en vadrouille". Ou encore "La philosophie dans le boudoir" du Français Jacques Scandaleri, librement inspiré de Sade. Mais celui qui est le plus largement utilisé et détourné pour toutes les scènes ethnologiques est un mondo italo-japonais inédit chez nous, "Nuova Guinea l’isola dei cannibali" (qu’on a vu ressortir sous le nom "The Real Cannibal Holocaust"). Et comme les Papous ça sert à tout, alors la plupart du temps on tente selon les images de nous faire croire qu’ils sont aussi Africains ou Kanaks. Des images que l’ami Bruno va joyeusement réutiliser pour son chef-d’œuvre à venir "Virus Cannibale".


Le film est sorti en même temps qu’un autre mondo du même tonneau, "Sesso perverso, mondo violento" (connu également sous le titre fabuleux de "Sexy Holocaust") qui explore plutôt le monde des cabarets érotiques et de la pornographie. D’après ceux qui l’ont vu, il serait un peu plus plan-plan (cucul !) que le premier, avec beaucoup de scènes de pur remplissage à base de striptease et de visite touristique de lieux chauds.



- Rico -
Moyenne : 2.88 / 5
Rico
NOTE
3/ 5
Kobal
NOTE
2.75/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation



Le film semble avoir connu des montages variés selon les degrés de censure. Il existerait même une version avec des inserts hard. La version la plus complète semble être l’allemande, et ça tombe bien puisque c’est d’Autriche que nous vient le seul mais très complet DVD du film, édité par "Cinema Obscura ». Un travail de très grande qualité tant sur l’image (très belle) que sur le contenu éditorial, avec un commentaire audio de deux spécialistes allemands du bis, un entretien avec Claudio Fragasso, des scènes alternatives… hélas tout ça n’est qu’en italien et allemand, mais avec des sous-titres anglais !


Alors pour profiter de la VF très racoleuse, on en est réduit comme votre serviteur à se rabattre sur la VHS de "Cine Vidéo". Une version de 56 mn seulement, mais qui en fait va à l’essentiel en virant la plupart des interviews pseudo-médicales qui rallongeaient la durée du film, même si on perd aussi bien évidemment quelques scènes supplémentaires, notamment autour de l’inceste, du voyeurisme ou du bonheur de sniffer des excréments (oui je sais, dit comme ça ça fait bizarre).

Pour l'instant on n'a pas réussi à le trouver en meilleure qualité que cela...


Suite à la parution de cette chronique, Dorian, un de nos lecteurs, nous a révélé l'existence d'une édition française de la version hardifiée : "Juste pour info, le film existe en VHS en version intégrale chez Space Vidéo, sous le titre "Fantasmes Africains", et présenté plus ou moins comme un film X interracial. Il y a en jaquette la photo d'un Noir et d'une blonde en pleine action (photo issue d'un autre film), mais on trouve par contre au dos de la jaquette une image assez sanglante tirée de la scène de l'émasculation tribale. Je garantis que c'est bien le film de Mattei qui est sur cette édition, car je possède cette VHS quelque part au fond d'un carton dans une cave..."