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Le Baltringue


Le Baltringue

Titre original : Le Baltringue

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Cyril Sebas

Année : 2009

Nationalité : France

Durée : 1h26

Genre : Zou l'bide ah !

Acteurs principaux :Vincent Lagaf', Philippe Cura, Alban Casterman, Jean-Luc Couchard, Thaïs Kirby, Ken Samuels, Jo Prestia, Noom Diawara, Frédéric Vilches, Albert Sounigo, Virginie Stevenoot, Celyne Durand

La Team Nanarland
NOTE
1/ 5


Un dimanche soir vers 20h sur France Inter…
« Le goudron… et les plumes…
Bonsoir à tous, bienvenue en public au studio Edmond Besnard de la maison de Nanarland, pour un goudron et les plumes présenté par Rico et consacré ce soir à l'actualité du nanar, avec la salade de langues de la critique, j'ai nommé Wallflowers de « J'aime les pulls Magazine » , Zord grand reporter à « Paris Boum Boum », Barracuda correspondant de guerre à « Jaquettes Moches International » et enfin La Broche animateur du groupe facebook « Qu'est ce qu'il a de plus que moi ce connard de Jude Law ? » pour parler du film de Cyril Sebas, « Le Baltringue »...


Lagaf' présente son film à l'équipe Nanarland (allégorie).


Dans le courrier des auditeurs, quelques réactions aux critiques des précédentes émissions :
M. Bernard-Henri Lévy de Paris, au sujet de Cinéman de Yann Moix, n'est pas du tout d'accord avec l'avis de Drexl et tient à préciser que ce film a, je le cite, « une virtuosité, qui lui fait non seulement avaler, puis citer, dans un carnaval des styles et des genres, les films les plus divers - mais qui les lui fait, proprement, achever… » Et de citer Zorro, Robin des bois ou Taxi Driver, films ô combien imparfaits que Cinéman achève, effectivement, et ce dans tous les sens du terme.
Une lettre encore, de Pierre-Olivier Thévenin et Jacques-Olivier Molon du Lotschental, en Suisse, qui nous remercient d'avoir parlé de leur film Humains, qui s'excusent encore de l'avoir tourné et nous promettent de faire mieux la prochaine fois.
Voilà, c'est à peu près tout pour le courrier cette semaine, rien à rajouter les critiques ? Non ? Bien... Nous revenons donc sur le film de la soirée, « Le Baltringue », sorti en catimini dans une poignée de salles en France et où Lagaf' incarne un présentateur de télé-achat ringard embarqué malgré lui dans une affaire d'espionnage international. Un film qui a fait des scores que nous qualifieront pudiquement de modestes et qui divise les critiques sur le thème "le film de Lagaf' : nanar ou pas ?". Alors qu'en avez-vous pensé ? Nous allons commencer par Zord, qui va en profiter pour nous rappeler les conditions dans lesquelles ce film est sorti.




Mais non c'est pas une boule puante géante, c'est mon film !


Zord : Un film avec Vincent Lagaf' en vedette, co-écrit par Bibi Nacéri, le frère de Samy, réalisé par Cyril Sébas, le co-réalisateur de « Gomez vs Tavarès » et produit par une société baptisée « Wesh-wesh production » ? Dieu que sur le dossier de presse, cette étrange alchimie était de nature à faire se retrousser sauvagement les babines de toutes les hyènes nanarlandaises prêtes à se jeter sur cette charogne cinématographique qui, dès le départ, humait très fort le faisandé. Il paraissait évident que le recyclage de l'animateur du Bigdil et du Juste Prix en tant qu'acteur, pour sa première comédie, serait indubitablement soutenu par ce mastodonte médiatique qu'est TF1, bénéficierait d'un budget colossal et d'une campagne de promotion tintamarresque placée sous les auspices de l'autosatisfaction dégoulinante et de la cordialité serviles des autres animateurs de la chaîne. Une omni-promotion qui ne manquerait pas d'irriter le spectateur en devenir, d'autant plus ravi de se jeter sur la médiocrité de l'objet du délit pour mieux s'en gausser ensuite sur le ton du « c'est bien fait, nanananèreuh », comme il avait pu antérieurement le faire pour les bides catastrophiques mettant en scène les animateurs et humoristes Patrick Sébastien (« T'aime »), Nagui (« Une femme très, très amoureuse »), Laurent Baffie (« Les clés de bagnole »), Jean-Marie Bigard (« L'âme-soeur ») ou Mickaël Youn (tous ses films, sans exception).



Vincent Lagaf', il veut faire du ciné,
Vincent Lagaf', il veut faire du ciné.


Au grand désespoir de la meute, ce ne fut pas le cas. Initialement prévu pour être une œuvre cathartique mettant en scène un animateur de télévision contraint de se remettre en question personnellement et professionnellement, le premier jet du scénario écrit par Vincent Lagaf' lui-même ne suscita pas l'enthousiasme des producteurs qui virent dans ce synopsis une énième variation sur le thème du clown triste à la façon de Coluche dans « Tchao Pantin ». Sommé de revoir sa copie, l'humoriste conçut une comédie d'action, un buddy-movie à la française mettant en scène deux personnages que tout semble opposer, un personnage gaffeur et maladroit (le « baltringue » du titre, donc) et un agent secret d'élite, brutal, ronchon mais professionnel jusqu'au bout des ongles. Un canevas classique du cinéma d'action et de la comédie, tellement classique qu'il confine carrément au cliché tant ce concept fut décliné à moultes reprises dans des productions comme « L'Emmerdeur », « La Chèvre », « Les Compères », « Les Anges gardiens », « Wasabi », « Le Boulet » ou « Opération Corned Beef » pour n'en citer que quelques-unes.


Mais TF1, les sous veut pas donner,
Mais TF1, les sous veut pas donner.


Étrangement, c'est en toute confidentialité que « Le Baltringue », tourné en 2008, sortit timidement dans quelques salles françaises en 2010 avec l'assurance d'être l'un des fours les plus retentissants de l'année.
Si ce pitch ne présente guère d'originalité (on pourrait presque croire à un remake d' « Opération Corned Beef » en moins ambitieux), il suscite déjà quelques interrogations résumant bien les principaux défauts du scénario, à savoir sa construction bancale et son manque de logique. Monsieur Guy est donc le fameux baltringue du titre. Certes, il est maladroit, gaffeur et sera une épine dans le pied de l'agent secret. Mais, à part cela, en quoi est-il spécialement un « baltringue » ? Sa vie professionnelle est bien remplie, il est riche, dispose d'un fan-club (certes, constitué essentiellement de petites vieilles, mais tout de même), s'envoie sa patronne qui est loin d'être un laideron et vient précisément de recevoir un prix pour saluer l'excellence de sa carrière. On conçoit sans peine qu'il n'ait guère reçu la formation martiale d'un spécialiste en opérations commando, mais en aucun cas le personnage n'est présenté comme un loser. A cette première maladresse scénaristique s'ajoute un déroulement des évènements tout à fait artificiel. Ainsi, le personnage de Lola (la filleule de Sam, chanteuse amatrice, qui tape dans l'œil de Guy lors d'un casting), censé être le prétexte de la rencontre entre les deux protagonistes, disparaît aussitôt après leur rencontre pour ne revenir qu'une quarantaine de minutes plus tard dans le métrage. Comment, alors, expliquer que Guy cherche à se rapprocher de Sam puisqu'en réalité, c'est Lola qu'il convoite ? De même, rien ne justifie que Sam (qui change plusieurs fois de nom de code au cours du film) entraîne Guy dans sa mission puisqu'à de nombreuses reprises, la possibilité de l'abandonner lui est présentée.


Arrive Bibi, avec son gros chéquier,
Arrive Bibi, avec son gros chéquier.


Mine de rien, l'accumulation de toutes ces incohérences rend le film pataud, artificiel et donne lieu à quelques scènes où les effets comiques au premier degré entraînent parfois le rire au second, mais plus généralement l'incompréhension. Et ce ne sont sûrement les quelques répliques d'ores et déjà cultes (« ça va niquer ma couverture ! » / « La prochaine fois, t'as qu'à prendre une couette », « la compote de culs » ou « Plus concentré que moi, y a que le lait »), noyées au milieu de dialogues globalement creux, qui vont susciter la franche poilade. Car les protagonistes du « Baltringue » discutent. Mais alors, ils causent ! Surtout dans des automobiles ou des voiturettes de golf. A tel point que le spectateur se demande si ces scènes de blabla sans queue ni tête n'ont pas été réécrites en cours de tournage afin de rajouter du temps de métrage au film pour atteindre une durée minimale d'1h19.


Zou, zou, zou, l'bide, ah !
Zou, zou, zou l'bide, ah ! (Refrain)


Cet artifice pointe également du doigt l'un des principaux problèmes du film : son écriture. Manifestement pensé en termes de scènes et non de déroulement cohérent sur la durée (Lagaf' vient du café-théâtre, ceci explique peut-être cette écriture erratique davantage adaptée à une série de sketchs qu'à un long-métrage), « Le Baltringue » manque sérieusement de liant. Les scènes s'enchaînent de manière pataude et artificielle, sans réelle cohésion entre elles. Mauvais montage ? Scènes initialement prévues, mais non tournées ? C'est fort possible. Il n'empêche que la réécriture manifeste qu'a subi le scénario en cours de tournage contribue largement à l'échec du film car en soi, le casting ne participe pas au naufrage général. En effet, Lagaf' est loin d'être un mauvais acteur et, s'il lui arrive de cabotiner comme un beau diable, force est de constater que le cinéma français a produit (et continue de produire) bien pire et bien plus médiatisé en la matière. A côté de certains histrions hystériques comme Jamel Debbouze, Christian Clavier, José Garcia, Mickaël Youn, voire Benoît Poelvoorde lorsque ce dernier est mal dirigé, Vincent Lagaf' apparaît presque comme un acteur sobre. Philippe Cura se contente quant à lui de reprendre peu ou prou le rôle de brute qu'il tenait déjà dans « Caméra Café » et assure le minimum syndical en termes d'acting. Quant au reste du casting, il est au mieux fade et sans goût. Les bimbos bimbottent, les mafieux sont amorphes, les jeunes de cité un peu marlous mais au fond très sympa et les flics assurent le quota de connerie crasse de rigueur dans un film co-écrit par Bibi Nacéri. Il y a tout de même une exception au milieu de ce casting plat comme un mannequin anorexique : Jean-Luc Couchard, acteur belge interprétant le rôle du supérieur de Sam. Espèce de pile électrique sur pattes atteinte du syndrome Gilles de la Tourette, il s'agite, sautille, hurle, tente en vain d'être drôle et se révèle au final aussi crispant que son homologue policier joué par Bernard Farcy dans la série « Taxi » (tiens, avec Samy Nacéri, le frère de Bibi...).


Jean-Luc Couchard, au centre, dans un de ses rares moments calmes.


« Le Baltringue », contrairement à ce qui a pu être écrit ici ou là, s'avère trop médiocre pour constituer un nanar de choix, mais trop foutraque pour relever du domaine du navet ennuyeux et pas drôle. Essentiellement pour des raisons budgétaires d'ailleurs. Car le vrai problème du film, celui qui aurait permis de régler une grande partie des autres en embauchant, par exemple, un scénariste professionnel ou des acteurs de qualité pour assurer les seconds rôles, est bien celui de l'argent. Le cabotinage de Lagaf' et les quelques scènes d'action ultra-clipesques présentées dans la bande-annonce peinent à cacher le manque de budget manifeste du film. Tourné entre Rouen et Forges-les-Eaux, « Le Baltringue » tente de dissimuler son indigence derrière quelques artifices censés « faire riche », mais c'est un échec patent. Le casino dans lequel se rencontrent pour la première fois Guy et le mafieux est désespérément vide de figurants, la villa du mafieux russe ressemble à une résidence secondaire rouennaise de cadre moyen n'ayant pas grand-chose de luxueux et l'immeuble censé abriter une importante chaîne de télévision évoque davantage la PME de province que l'orgueilleuse tour de verre du Quai du Point du Jour.
Film raté et mal fichu, « Le Baltringue » l'est assurément. S'il s'avère plus beau qu'un lavabo, mais moins laid qu'un bidet, force est d'avouer qu'il n'est pas complètement honteux non plus et, s'il n'avait eu que les prétentions d'être un téléfilm, n'aurait certainement pas récolté les critiques qui ont plu sur ses frêles épaules depuis sa sortie. Il n'en reste pas moins qu'il n'est pas assez drôle pour constituer une comédie acceptable et trop mou pour être un film d'action efficace.


Labroche : A vrai dire Zord, tout ce que tu dis là contribue à mes yeux à en faire un nanar, un vrai : tout dans le film sent effectivement le remontage, les errances de script et les réécritures hâtives. Mais justement, c'est en cela qu'il est vraiment fumeux.
Il ne peut même pas s'abriter, comme certaines productions Besson par exemple, derrière un savoir-faire industriel. Le métrage regorge de cabotinage, tire en longueur, et abonde d'erreurs incroyables : le socle même du film, le "buddy movie", n'est même pas crédible, puisque la raison qui pousse les deux personnages principaux à faire équipe est tout bonnement éludée sans la moindre explication. L'espion ramène sa filleule du casting, Lagaf' les suit... et cette dernière disparaît sans raison dans le plan suivant, pour ne réapparaître que 40 minutes après !!!
Non vraiment, moi c'est l'inverse : plus je repense à ce film, plus je me dis que c'est un nanar, un vrai dans le plus pur sens du terme : un film au scénario complètement bancal, réalisé sans talent, mais en plus visiblement victime de nombreux aléas de production (il date quand même de 2008). Un film au casting absurde, dans lequel Lagaf' fait ce qu'on attend de lui (du Lagaf") sauf que ce qui passe à la TV, sur TF1, entre deux pubs pour la vache qui rit ne fonctionne absolument pas sur grand écran.
Ca ne fonctionne tellement pas que l'on éprouve par moments une gêne semblable à celle que l'on peut ressentir devant un Galabru qui en fait des caisses dans un film de Philippe Clair (le film distille d'ailleurs quelques éléments forts du style Clair : les renforts de gags à base de bruitages "pouet", les freestyles d'acteurs montés "cuts" mais étirés à l'extrême... Et puis la scène de cul avec la productrice nymphomane en string, avec le plan vue de l'extérieur du bureau aux murs qui tremblent).




Par contre, je vous rejoins pour dire que Lagaf' n'y est pour rien. Dans un film correctement écrit, réalisé et monté, il ferait effectivement un bon baltringue.
Quelque part, on ne peut même pas lui reprocher d'avoir chopé le syndrome Tchao Pantin comme ont pu le faire Bigard ou Sébastien. Il n'est même pas coupable de s'être lancé dans un projet perdu d'avance ou trop ambitieux. Simplement, il ne suffit pas d'avoir envie de produire un film... Encore faut-il faire du cinéma.
A la limite, ça aurait été un téléfilm de vacances de Pâques, ça serait passé... Mais là, sortir ça au cinéma, c'est quand même foncer droit dans le mur (ou droit sur Nanarland, tout dépend comment on voit les choses). Il manquait à mon avis un peu de savoir-faire, d'écriture, de hum... talent pour en faire un honnête navet. Là, pour moi, c'est bel est bien un beau nanar que l'on nous a livré.


Ceci est un super agent des services secrets français.



Ceci est un mafieux russe super méchant.


Barracuda : Personnellement, je rejoindrais plutôt l'avis de Zord : pour moi le problème du Baltringue, ce qui fait qu'il ne constitue pas un bon nanar, c'est qu'on ne rit pas. Certes, on est parfois consterné, quelques fois on sourit, et dans l'ensemble on n'a pas le temps de s'ennuyer car c'est tout de même très court en dépit des efforts méritoires de remplissage de la Volkswagen de Lagaf', l'autre star du film (elle doit avoir au moins autant de temps à l'écran que Philippe Cura), mais on ne rit pas. Le côté sympa en revanche est bien présent : Lagaf' est un personnage assez sympathique aussi bien dans le film qu'en dehors, et on se dit finalement que si un producteur plus expérimenté (genre TF1, au hasard) avait accepté de s'impliquer plus, ça aurait donné un divertissement du dimanche soir tout à fait correct. Dans tous les cas, il me semble qu'on a déjà vu largement pire au cinéma. Bon, je vous l'accorde, il y a quand même une scène qui était bien nanarde et d'ailleurs sûrement très emblématique de la genèse du film : vers le début, Sam (Philippe Cura) est en route pour retrouver Lola. A l'écran, ça se traduit par deux bonnes minutes de plan-séquence de lui dans la voiture en train de tourner autour du quartier avec un pseudo monologue intérieur (visiblement rajouté en post-prod) où il se plaint qu'il y a des travaux partout et qu'ils font chier avec leurs sens interdits. C'est complètement plat, il n'y a pas un gag, pas une vanne, on peine à y croire tellement cette scène ne sert à rien, sinon à faire du remplissage à peu de frais. « Le Baltringue », avec son budget fauché, c'est un peu l'anti « Coco », le navet bling-bling de Gad Elmaleh : « Le Baltringue » reste un mauvais film sympathique là où « Coco » est un mauvais film prétentieux et arrogant. Vite vu, vite oublié, le premier film de Lagaf' demeure l'un de ces productions qui n'ont pas d'autre ambition que d'occuper une première partie de soirée sur TF1. Après Le Juste Prix, par exemple.


Un film très attendu dans la té-ci de la Sablière à Rouen : Le 7-6 est dans la place !!!


Wallflowers : Non là je ne suis pas d'accord. Suivant l'adage voulant qu'un nanar sortant en salle, c'est rare mais aussi très furtif, l'équipe Nanarland de Grenoble décida d'augmenter sensiblement le nombre de spectateurs du film en province (nous étions 4 dans la salle) et j'affirme comme mes camarades Rico et Labroche que, même si il n'atteint pas les hauts sommets de la nanardise (quoiqu'on en reparlera d'ici quelques années), ce baltringue là vaut le coup d'œil.
Le film de Cyril Sebas, co-écrit par Bibi Nacery – ce qui déjà augure du pire – fut une expérience nanarde comme nous l'avions pressenti et (avouons-le) souhaité au fond de nos petits cœurs de sales gosses... ça avait trop l'odeur du nanar, le look du nanar et les ingrédients du nanar pour être du Canada Dry.


Le réalisateur Cyril Sebas console Thaïs Kurby sur les suites de sa carrière.


Le film applique donc une recette simple et pourtant ratée (ne cuisine pas des navets qui veut). Prenez l'ensemble des buddy movies français et américains depuis les années 70/80 et extrayez-en les plus mauvaises scènes, saupoudrez le tout de situations comiques dignes d'un Philippe Clair quand il filme son pote Aldo Maccione en roue libre (ou les idées abandonnées par un Jean-Marie Poiré quand il écrit un scénario comme « Ma femme... s'appelle Maurice »), laissez mariner 1h15 (dont 15 minutes de remplissage et de stock-shots) et savourez le tout en mangeant "de la compote de cul" ou "de la salade de langues" comme le dit le protagoniste au détour d'une punchline dévastatrice.
« Le Baltringue » est simplement un film dont le résultat est inversement proportionnel à son ambition. Nanarland n'a strictement rien contre Vincent Lagaf' : son rôle de pitre de la télé n'est pas particulièrement grossier ou vulgaire, et il ne cherche pas dans le film à faire autre chose que ce dans quoi il excelle. Mais il faut avouer qu'il s'est TRES mal entouré pour son premier film. Quand on voit que le Cyril Sebas se targue de s'être inspiré d'un bon nombre de films US des années 80 dont principalement « Midnight Run » (excellent buddy movie avec De Niro, Charles Grodin et Dennis Farina) il ne croyait pas si bien dire : à la fin du film à minuit, tout le monde est parti en courant.


On va leur mettre bien profond aux ricains avec ce film !


Rico : Bien, un film qui suscite la polémique mais qui a au moins le mérite de nous présenter Rouen et la Normandie avec les mêmes filtres « lumière estivale » que ceux habituellement tournés sur la Côte d'Azur, ce en quoi il ne peut être totalement mauvais. A mon humble avis, « Le Baltringue » prendra véritablement sa patine nanarde avec le temps aux côtés d'un « Taxi 4 » ou d'un « Gomez et Tavares », lorsqu'on redécouvrira, avec le recul, que nous vivons à l'heure actuelle un âge d'or de la comédie ringarde comparable aux années 70.
Y a-t-il des réactions dans la salle ? Oui monsieur…
Lemmy de Nancy : « Eh bien, je crois qu'il va falloir surévaluer la filmographie de Bigard… Je n'ai pas la télé, mais c'est du Lagaf' anthologique dans un remake diarrhéique de « L'Emmerdeur », teinté de « 48 heures » : faux dans son jeu, cabot comme un chien sous acide, grimaçant à en faire pâlir un comique troupier victime d'un anévrisme. Les dialogues sont remplis de bons mots à deux balles. L'acteur jouant le chef des agents secrets est un démarquage du chef des flics de Taxi qui en comparaison fait de Bernard Farcy un adepte de Pialat. »
D'autres réactions… Non ?


Oh ben ça va, je m'attendais à pire comme accueil, j'm'étais préparé !


Nous n'aurons pas le temps d'entendre un conseil de nos critiques, merci Zord, La Broche, Barracuda et Wallflowers pour cette émission, qui comme chaque semaine était présentée par Rico, avec ce soir à la technique photo John Nada, et nous vous donnons rendez-vous dimanche prochain pour un "Goudron et les plumes" consacré à l'actualité dramatique et néanmoins théâtrale puisque nous parlerons du one man show d'Arthur ! »


 

ADDENDUM :


Sorti le 27 janvier 2010 dans un circuit de salles limité (90 copies) et avec une promo proche du néant, « Le Baltringue » n'a racolé que 30 315 spectateurs lors de son unique semaine d'exploitation. Une sortie essentiellement concentrée sur la province, censée être davantage réceptive à ce genre d'humour, mais qui n'aura pas permis au film de trouver son public... Si « Tricheuse » de Jean-François Davy reste à nos yeux LE bide de l'année 2009 (22 636 entrées), « Le Baltringue » est bien parti pour être celui de 2010.


Le seul et unique spectateur, en dehors des trois membres de la team Nanarland, venu voir « Le Baltringue » le vendredi 29 janvier, 21h40, aux 6 Rex, à Grenoble.

 


ADDENDUM BIS :


Bonjour chez vous, camarades nanarlandais, je suis Kobal du futur de dans 7 ans et je viens en paix. Enfin, plus précisément, je viens vous révéler ce qu'est devenu Le Baltringue en 2017, ce qui n'est sans doute pas en soit un gage de paix. Mais foin d'atermoiement, apaisons d'emblée vos angoisses : non, le film n'est pas devenu culte. Il a bel et bien sombré dans le néant... tout comme son auteur d'ailleurs. Deux bonnes nouvelles pour le prix d'une.
A-t-il pour autant profité de la patine du temps et ainsi acquis ses galons de nanar reconnu par ses pairs ? Même pas. Son imputrescibilité lui a garanti de demeurer la même petite chiure d'égo qu'à l'époque de sa sortie, dans laquelle aucune belle plante n'est parvenue à germer. Toujours ce même aspect télévisuel qui semble pensé pour combler les plages horaires nocturnes de la TNT, toujours cette même erreur fondamentale déjà soulignée par Zord : Guy, le personnage de Lagaf, n'est pas un baltringue. Le seul baltringue à l'écran, c'est Lagaf lui-même.
Explications argumentées : le tournant du film se produit lorsque le présentateur télé fictif en pleine angoisse de renouvellement disparaît au profit du présentateur télé réel en plein kiff de tourner dans son film. Exit le rôle, on a plutôt l'impression de voir Lagaf se promener sur le plateau de tournage, faire le kéké avec les flingues en plastoc, reprendre les classiques du cinéma ("c'est à moi que tu parles ?" devant son miroir tout seul dans son coin tandis qu'il se passe des séquences d'action dans la pièce d'à-côté) et laisser libre cours à toutes les boufonneries qui lui passent par la tête. Il est donc insupportable de bout en bout.
Une interprétation plus triste de ce problème considérerait Lagaf comme prisonnier de son personnage de cabotin rigolard, sans qu'on lui laisse la possibilité de faire autre chose. Ce qui n'excuse rien pour autant.
Le Baltringue n'a pas grand chose à offrir : les acteurs sont insipides au possible (mention pour le mafieux serbe qui semble ne pas trop savoir s'il doit avoir un accent ou pas), la musique d'ascenseur érotico-soft M6 qui constitue la BO est constamment à côté de la plaque, les scènes de remplissage s'enchaînent (l'ouverture interminable de la valise lors du deal est hallucinante d'inutilité), la gestion sonore donne des trucs bizarres (y'a des marmonnements quasi-incompréhensibles de perso sans que l'on sache s'il s'agit d'une voix off) et on se contrefiche d'autant plus de tout ce qu'il se passe à l'écran que Lagaf lui-même semble se désintéresser des enjeux de son film.
Ce chemin de croix réserve néanmoins une récompense aux plus pieux des complétistes du site : une envolée réellement nanar finit par survenir à la fin du métrage, alors que les mafieux se pointent dans la banlieue rouennaise (Saint-Etienne du Rouvray : du rêve en barre HLM) où les attendent 10 rebeus post-juvéniles armés... de talkie-walkie et aux méthodes de guérilla volées à Maman j'ai raté l'avion. Le film ose même compenser son absence de budget par une scène d'animation aussi ringarde que le reste. C'est pas bézéf mais arrivé à ce stade de désespoir, ça soulage et on en vient à pardonner Lagaf d'avoir associé la Haute-Normandie aux crêpes et au cidre.
Voilà, compagnons, je vais maintenant retourner à mon époque bénie des dieux (Daesh et Trump, excusez du peu). Ah, avant ça, si jamais vous pouvez m'indiquer où habite Sarah Connors, on m'a demandé de lui rendre visite.

- La Team Nanarland -
Moyenne : 1.34 / 5
La Team Nanarland
NOTE
1/ 5
Barracuda
NOTE
1/ 5
MrKlaus
NOTE
1/ 5
Rico
NOTE
1/ 5
Wallflowers
NOTE
2/ 5
Kobal
NOTE
0.25/ 5
Drexl
NOTE
1/ 5
Labroche
NOTE
3.5/ 5

Cote de rareté - 1/ Courant

Barème de notation
Dernière pelletée de terre pour enterrer ce desastre au box office, un DVD basique et sans fioriture est sorti en septembre 2010 dans la plus totale discrétion. Par contre pourquoi "Studio Canal" et pas "TF1 Vidéo" ? Mystère...