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Os Trapalhões na Guerra dos Planetas (Brazilian Star Wars)

(1ère publication de cette chronique : 2004)
Os Trapalhões na Guerra dos Planetas (Brazilian Star Wars)

Titre original :Os Trapalhões na Guerra dos Planetas

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Adriano Stuart

Année : 1978

Nationalité : Brésil

Durée : 1h38

Genre : Benny Hill Vs Dark Vador

Acteurs principaux :Renato Aragão, Dede Santana, Mussum, Zacarias

Wallflowers
NOTE
0.5/ 5


Là franchement, on touche le fond... mais d’un autre côté c’est pas ma faute !
Bon je m’explique. En fait tout vient de la lecture de la dernière page du numéro du mois d’octobre 2004 de la revue « Cinéaste ». Dans leur rubrique Collector’z, Emmanuel Vincenot (tant qu’à faire autant le dénoncer) signale l’existence d’un « Brazilian Star Wars » datant de 1978, digne, prétend-il, des œuvres turques ou philippines dont raffolent les plus fins gourmets de la nanardise. L’article est lapidaire mais accompagné d’une poignée de photos hallucinantes. Il nous fait immédiatement saliver. D’autant que Vincenot semble un connaisseur puisqu’il a déjà chanté les louanges du Turkish Star Wars dans un précédent numéro.
Bref, nous décrétons à une fougueuse unanimité qu'il le foooooooooooooooooo ! ! ! ! ! ! ! ! !


Après quelques recherches que la décence et la loi m’interdisent de détailler ici, j’ai pu mettre la main sur une copie (en portugais) de la chose. Me la pétant presqu’autant que Nikita quand on met enfin en ligne une de ses chroniques, j’ai rameuté toute la petite troupe de nanardeurs grenoblois pour un de nos visionnages rituels du jeudi chez Mayonne (l’énigmatique gestionnaire technique du site).
Se trouvaient présents, outre notre hôte :
- Labroche, qui tentait d’esquiver nos remarques perfides concernant le fait qu’il n’avait pas mis sur le site les images postées par les forumers et toujours pas fait les chroniques de « Commando Massacre » [ça y est ça c'est fait !], « Ator » [Nikita s’en est chargé…] et « Piège Mortel à Hawaï » [Le Rôdeur s’en est chargé…], que ça fait quand même bientôt un an qu’on les a vus et que bon quand même et qu’aussi il faut supprimer la rubrique blockbusters…
- John Nada, dont les éternels émerveillements d’enfant devant les pires films de la création n’ont d’égal que l’actuelle frénésie à scanner des millions de jaquettes dans le but de créer la plus colossale banque de données de tous les temps…
- Drexl, préparant un mauvais coup pour l’avant-première de « Banlieue 13 » et la venue à Grenoble de sa Némésis absolu : Luc Besson…
- John Matrix, qui a réussi à se perdre en partant à la chasse au film de crocodile thaïlandais dans un cash d’une zone industrielle…
- Wallflowers, dont c’était la première soirée avec nous et qui ne fut pas déçu du voyage (et pan ! une prune pour mauvais stationnement, encore une bonne soirée…)
- Seule manquait à l’appel Tante Pony qui, terrassée par la vision de quelques scènes d’un film de vampire argentin sexy et devant travailler tôt le lendemain, décida de déclarer forfait.
Bref, après avoir visionné quelques extraits de nos dernières trouvailles (un film de vampire argentin et un film de croco thaï, donc), je ramenais ma fraise avec toute l’absence de modestie qui me caractérise. Nous attaquâmes le « Brazilian Star Wars » pleins d’espoir… Autant dire que le choc fut rude.


Comment dire… Il s’agit en fait d’un team de comiques télévisuels dont l’humour consiste presque exclusivement à prendre l’air idiot, à se courir après en accéléré et à se filer des tartes. Et ça non stop pendant plus d'une heure trente. Après un gros succès dans quelques shows à la « Saturday Night Live », ils ont commencé à faire des films. Une quarantaine environ. Ces films sont pour la plupart parodiques : Sinbad, Robin des Bois, Cendrillon, Ali Baba, Le Magicien d'Oz, tout y passe à la moulinette... Un par an, en fait, de façon quasi ininterrompue des années 60 à 90.
Au nombre de 4, chacun avec un rôle bien défini, nous avons :


De haut en bas et de gauche à droite : Mussum, Zacarias, Dedé et Didi


- Renato Aragão dit Didi : le plus vieux, une casquette sur la tête et qui apparemment semble plus ou moins le leader du groupe. Cela ne l’empêche pas de se prendre son quota de taloches tout au long du film.
- Dedé Santana : vieil ami du premier, celui qui a l’air le moins idiot et donc le plus effacé. On peut le considérer par défaut comme le « beau gosse » du groupe.
- Mussum : le Black, grand spécialiste de l’air ahuri, reprenant tous les stéréotypes du Noir poltron qui roule des yeux quand il a peur.
- Zacarias (dit « l'ami de Labroche ») : un petit rondouillard avec une coupe de cheveux improbable (en fait une perruque) et une voix horripilante de crétin naïf.
Pour comprendre le niveau de ringardise de leurs films, imaginez des types dont l’humour serait le croisement entre Eric et Ramzy pour l’infantilisme, Alvaro Vitali et les films italiens de la série La Toubib pour les grimaces et le comique gras et, enfin, Benny Hill pour les poursuites en accéléré. Le tout empaqueté pour faire rire les enfants de moins de 4 ans et, cerise sur le gâteau, en portugais non sous titré.
Pour essayer de vous faire comprendre le naufrage que fut cette soirée, je vais tenter de retranscrire ce que nous vîmes à l’écran et en italique les réactions atterrées du comité de visionnage...
Générique : des vaisseaux spatiaux bricolés à partir de sèche cheveux et de saladiers défilent devant un écran bleu.




Labroche : "Oh la vache, c'est du lourd…"


L'histoire est d'une navrante simplicité : le film démarre abruptement par une course poursuite en voiture de dix minutes à 10 km/h mais passée en accéléré où les 4 Trapalhões en jeep échappent à des hordes de poursuivants. On ne connaîtra d'ailleurs jamais la raison de cette poursuite (probablement un running gag assurant la liaison avec les films précédents). Au bout du compte, nos héros se cachent de la foule déchaînée et vont camper. Là, premier gag bas de plafond, Didi pose sans le faire exprès une bougie sur le dos d'une tortue qui s'avance vers le postérieur de Mussum endormi. Aussitôt son arrière-train s'enflamme.


Drexl "QUOI !!!!!"
Moment de flottement, puis regards surpris de tout le monde dans ma direction
"- Dis donc, t'es sûr que tu t'es pas gouré de film ?"
Moi : "Ben, j'ai pas eu le temps de tout vérifier mais ça avait l'air d'être ça..."


Soudain, une soucoupe volante atterrit sur le campement de nos héros. En sortent un ersatz de Luke Skywalker et un Wookie tout mité qui viennent chercher les comiques. S'en suit un peu de parlote en portugais.




Moi : "Alors, vous voyez bien que c'est un Space Opera ce truc… "
John Nada (ses grands yeux d'enfant écarquillés comme à son habitude) : "C'est énorme"
John Matrix : "Wow, le costume du Chewbacca on dirait une descente de lit..."
Wallflowers : "Il est grand quand même, c’est déjà ça…"
Labroche (se focalisant sur Zacarias) : "La vache, le type avec sa frange et sa voix de nase, je le supporte plus !"


Le petit groupe se rend sur une planète désertique (une plage à première vue), près d’un village composé de 5 igloos en polystyrène et peuplé par tout un tas de types avec des costumes en toile de jute et des masques ridicules.




Moi : "Je ne me souvenais pas qu’ils avaient des déserts au Brésil"
Labroche : "Ca a dû être tourné sur une plage…"
John Nada (continuant encore un peu à chercher une cohérence au film) : "Euh... comment y font pour loger tout le village dans cinq maisons ?"


Soudain apparaît un pseudo Dark Vador, c'est-à-dire un type avec le costume du vrai auquel on a rajouté deux trois bouts de métal doré histoire d’éviter le procès. Il est accompagné par une demi-douzaine de types en uniformes noirs genre robots et d’autres avec des sacs en toile sur la tête pour faire office de masques (déjà au bout du budget costume ?)




Lueur d’espoir chez les nanardeurs devant cette apparition grotesque. Mayonne toujours stoïque apporte des bières et des chips.


Les méchants attaquent le village : s’en suivent au moins dix minutes de bagarre et de poursuites en accéléré autour du village à base de boîtes à baffes et de coups sur la tête généralement assénés à la mauvaise personne. Le même gag peut être réutilisé quatre ou cinq fois de suite sans que ça gène personne.




John Matrix : "C’est les mêmes bruitages que dans les Terence Hill et Bud Spencer"
Labroche : "Putain ça me ronge la tête, y font toujours le même gag…"
John Nada : "Mmh... même Cüneyt Arkin se bat mieux"


A la fin du combat, Darth Vador s’empare d’une fille (la princesse Leia du pauvre en quelque sorte) et s’enfuit avec au grand dam d'un Luke Skywalker en goguette qui nous régale de quelques mouvements de capoeira très approximatifs. Chewbacca, après avoir étalé une demi-douzaine d’assaillants façon Bud Spencer (en moins poilu), s’assied tranquillement et… s’allume une clope.




Drexl : "QUOI !!!!"
John Nada : "Là c’est n’importe quoi"
Drexl : "Non c’est un message tu vois, c’est une révolte jetée à la face du monde comme dans les films de Carpenter… au fait, je peux fumer ?"


Suite au combat, les 4 Trapalhões rencontrent 4 jolies filles, qui sont là dans le désert sans qu’on sache pourquoi, et se lancent dans un festival de drague en prenant l’air le plus niais possible. Inexplicablement, elles tombent instantanément amoureuses des benêts.




Labroche : "C’est plus possible, le type avec sa coupe de nase il me sort par les yeux ! Putain, lui je vais voir sa fiche IMDB et s’il est mort je serais bien content..."
John Matrix : "Et si on se matait mon film de croco thaïlandais, il a l’air bien ?!"
John Nada : "Non, on va voir, ça s’améliore peut-être après"
Moi (pour faire mon malin) : "Ouais, il est très bien ce film, moi j’aime beaucoup"
Regards affligés du reste de l’assistance…
Moi : "Non j’déconne"


Nos héros partent à la recherche de la princesse… en 4X4, et débarquent dans une boîte de nuit avec des extraterrestres aux maquillages pitoyables sur fond de musique électro seventies inaudible. Là, l'infra Luke Skywalker interroge un genre de croisement entre Obi Wan Kenobi et l’empereur Palpatine qui joue les mystérieux cinq minutes avant de se faire tabasser par Luke pour qu’il lui dise où se trouve Dark Vador. Pendant ce temps les Trapalhões font les cons sur la piste de danse.




Moi : " On se croirait dans un show de Maritie et Gilbert Carpentier"
Mayonne : "La dégaine des danseurs, quand même…"
John Nada : "Oh la vache, pourvu qu’ils se mettent pas à chanter !"


Heureusement, ils se contentent de danser, de croiser quelques extraterrestres très laids et de déclencher une bagarre avec les autochtones.




En choeur, effondrés : "mondieumondieumondieumondieu..."


Sur l'écran, les scènes s'enchaînent sans qu'on puisse arriver à déterminer précisément ce qui se passe. Nos héros, leurs quatre copines, Luke et Chewie (qui fume de plus en plus et à l'air de s'en foutre royalement) partent à la recherche de Darkounet et de la princesse. Ils traversent des décors en plastique et passent tout d'abord par une grotte où ils sont attaqués par une araignée filmée en gros plan dans un plan en transparence digne des plus mauvaises émissions télé.




Labroche : "Non mais regardez moi ces décors !"
Wallflowers : "On dirait les trucs faits pour le Club Dorothée."
Mayonne : "Ouais, c'est ça, c'est 'Pas de pitié pour les croissants' !"
En chœur : "Ouais, c'est pas le "Brazilian Star Wars", c'est le "Brazilian Pas de Pitié Pour les Croissants" !!"
John Matrix : "...en moins drôle"


Nouveau gag : les Trapalhões trouvent un œuf géant. Les mimiques de Didi ne laissent pas de doutes : ouah, quelle belle omelette en perspective. Il s'empresse de casser la coquille et se fait alors attaquer pas un type en costume de poussin rouge…




Drexl, anéanti : "Bon, euh... c'est pas tout ça mais j'ai du boulot demain, j'y vais"
Moi : "Non, reste, c'est là que ça commence à devenir génial tu vas voir…
Drexl : " Non j'vous jure je suis débordé, faut vraiment que j'y aille…"
Le lâche nous lâche…
Labroche : "Dis donc, il est vachement long ce film... ça fait bien 1h30 qu'il dure"
Mayonne : "Attend je vais voir, euh… temps écoulé : 48 minutes"
Tout le monde stupéfait : "C'est tout ???"
Labroche : "Non c'est pas possible, ça veut dire qu'il reste encore… une demi-heure !!"
John Matrix : " Le film est à moitié en accéléré et il arrive encore à être long…"


Les héros continuent à se balader dans un décor de plus en plus psychédélique. Ponctuellement, ils sont attaqués par les sbires de Dark Vador via des scènes synonymes d'un peu de capoera en accéléré et des grimaces des Trapalhões. Ils trouvent notamment un super laser de la mort et s'empressent de faire les andouilles avec, désintégrant au passage une demi-douzaine d'extraterrestres sans le faire exprès (gag).




Labroche (considérant le compteur qui semble ne plus vouloir avancer) : "J'ai l'impression que le temps s'est arrêté"
John Nada : "Quand on pense qu'on peut considérer le Turkish Star Wars comme un chef-d'œuvre par rapport à ça..."
Moi : "Ca a quand même fait cinq millions d'entrées au Brésil"
John Matrix : "Sont pas exigeants au Brésil…"


Au final, le méchant finit par se faire capturer et se prend quelques coups de pied au cul.. Et là, surprise au vu des dialogues et de la mine déconfites de Luke : la princesse Leila a disparu. Définitivement disparu… Ni une ni deux, Luke drague la copine de Didi.




Wallflowers : "Attendez là, les mecs ils sont venus aider Luke et là il vole la copine du vieux à casquette sous ses yeux"
Labroche : "Faut dire avec la tête qu'il a…"


En fin de compte, les filles restent sur la planète (et Luke file le parfait amour avec la copine à Didi), les Trapalhões rentrent sur Terre et se réveillent dans leur campement. N'était-ce donc qu'un rêve ? Soudain ils découvrent une montagne de lingots d'or dans leur Jeep et la soucoupe volante les survole pour faire un dernier coucou. Fin du film.




En chœur, après un moment de flottement : "La vache…"
John Nada (discret) : "Moi j'ai bien aimé… mais je crois que pour bien l’apprécier il faut avoir moins de 5 ans ou être sous LSD…"
Labroche : "C'est du lourd… on est dans une autre dimension là"
Wallflowers : "Ah ben pour un premier visionnage vous m'avez gâté…"
John Nada : "Faut penser qu’on ouvre tout un pan du cinéma là…"
Labroche : "Ben on va surtout penser à le refermer et plus jamais l’ouvrir"
Mayonne : "Alors, qui c'est qui le chronique celui là ?"
Tout le monde se tourne vers moi…


La tâche du nanardeur relève parfois du sacerdoce…


 


 

Le film et la soirée racontés par Wallflowers...


A chaque grand évènement, différents points de vue. Tels certains réalisateurs qui prennent plaisir à tourner une scène ou une histoire selon les visions des différents protagonistes, je vous propose ici ma chronique sous forme de compte-rendu de la soirée.


Prologue :

Message Privé envoyé par Labroche datant du 18 Octobre 2004 :
Aujourd'hui ça va être serré, mais si t'es encore là jeudi, il FOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOO que tu viennes voir un nanar avec nous ! C'est une proposition ferme et définitive, que tu ne peux pas refuser.
En plus y'aura John Matrix, Rico et Nada...
Alors, alors ?!!!


Message Privé envoyé par John Nada datant du 20 Octobre 2004 :
Rico a déniché 1000 000 fois mieux que le Piège Explosif / Simon Sez prévu, petit veinard...
je te laisse la surprise pour demain soir


La Soirée :

Comment résister aux sirènes du nanar... C’est avec le coeur léger et la BX mince que j’allais voir enfin de visu la Team Nanarland en vrai, et même si j’avais déjà noué quelques liens assez profonds avec certains (oui, ça sonne comme une franche camaraderie), l’immersion totale dans un appart rempli de soiffards de mannequins en mousse m’excitait et me faisait peur à la fois.
La première épreuve fut de trouver un emplacement de libre à Grenoble un jeudi soir. 20h30 : après errance dans les ruelles de cette cuvette de ville j’optais pour un créneau digne d’une feinte de Max Thayer : se garer dans une zone où personne ne passe. Cette zone en travaux me paraissait parfaite. Je descends, guilleret, et me dirige sereinement vers l’appartement de Labroche.
Le clou du spectacle, après visionnage d’extraits de films, devait rester secret pour moi. En effet ni Labroche, ni Nada ne voulurent satisfaire ma curiosité. Mais de secret il n’en a pas été question longtemps, Rico bouffant la feuille en me sortant d’un air contenu mais heureux : « j’ai le Star Wars Brésilien »...
Stupeur.
Tremblement.
Joie.
 

C’est génial, ce film sonnait comme un bel outil fédérateur de nanardeurs ! La pré-soirée fut un bon visionnage d’extraits et une rencontre sympa avec les forumeurs qui apparurent devant moi un à un : Labroche, Tante Pony, Rico, Mayonne, Drexl et John Nada. John matrix arrivant le dernier, après s’être perdu dans la jungle iséroise entre son Cash Converter particulier (oui oui, car John Matrix habite devant un Cash... il a payé un surplus pour, c’était ça ou une vue sur la mer) et Grenoble.
Apres donc un visionnage de film de vampires truffé d’images de l’office du tourisme des stations de ski / sports d’hiver du Venezuela (et ponctuellement quelques plans nichons), la soirée était lancée. De mon côté, j’ai stratégiquement esquivé lorsque Rico me demanda « ce que j’avais contre les profs d’Histoire-Géo » après que j’eusse déclaré à haute voix que l’un des protagonistes avec sa barbe collier et ses lunettes avait une belle grosse tête des gens de ce métier et accessoirement après avoir compris que Rico est lui-même prof d’Histoire-Géo.
La fatigue aidant (et sûrement harassée par des heures de dur labeur au travail), Tante Pony nous laissa sur le palier de la porte avec un chaleureux « amusez vous bien » lors de notre départ pour l’appart de Mayonne en vue de visionner le fameux film... vous remarquerez que la légendaire intuition féminine est digne d’intérêt (je suppute qu’elle a eu une vision la veille dans son lit à 19h30).
Je passe sur la magnificence de l’appartement de Mayonne (ou comment comprendre le mot « contraste » en le comparant avec l’aspect extérieur de l’immeuble) et de sa gentillesse (bouée de secours ?) pour nous avoir salutairement approvisionnés en chips et en bières.
Car il faut le savoir, en cas de navet absolu, il y a deux brassards jaunes fluo flottants qui, gonflés à bloc, permettent aux nanardeurs de ne pas couler : le houblon et le sel. Merci encore Mayonne.




Toute ressemblance avec un film de Fabrice Mancini ne serait que coïncidence purement fortuite.


On pourrait comparer le Brazilian Star Wars à un film des Charlots mais tourné sans son, avec pour unique moyen de communication un synthétiseur Fisher Price. En effet, si un acteur tombe, il est de bon ton de mettre un tonique « zboing ! » en fond sonore. C’est utile ma foi, mais un peu lourd quand le fameux « zboing » et la chute sont répétés 1500 fois et que le « zboing » en question se transforme parfois en « wiiiiz » ou en « digili gili ». Le film doit comporter, en tout et pour tout, 20 lignes de dialogue. C’est peu. Mais c’est SI peu que ça en devient insoutenable.


! IMPORTANT !

Vous verrez que dans ce film, il faut savoir saisir la notion de TEMPS. Pas l’espace, ni la matière... le temps. Fameuse notion qui nous permet d’apprécier ou de souffrir un instant de notre vie. Ce film n’est qu’une énorme tranche d’espace temps qui met une durée folle à s’écouler. Où se retrouvent moult répétitions dans un rythme d’images qui est soit accéléré, soit ralenti à outrance.
Alors effectivement ça commence par une course poursuite en voituré à vitesse accélérée qui promet d’être marrante... hélas, au bout de 10 mn, on se demande si on n’a pas mixé le script de Shérif Fais Moi Peur avec celui de Star Wars. Il a bien fallu attendre la venue de Chewbacca avec sa chemise à jabot et son pantalon qui change de couleur selon les raccords pour redonner un espoir à nos yeux de nanardeur... pour un temps seulement. Si le film manie bien les images en accéléré, il n’hésite pas aussi à utiliser les ralentis pour bien faire comprendre les péripéties de nos personnages (et les cascades burlesques de « Luke Skywalker », qu’on appellera « Luego el Caminhante del Céu » pour faire plus portugais). Et c’est comme ça pendant 1h38... de l’accéléré, du ralenti, du synthétiseur monotouche... Ce qui fait qu’à l'instar d'une analyse des différents stades d’une maladie, nous pouvons observer les réactions symptomatiques des sujets soumis à la vision d’un tel objet cinématographique :


"Chérie, il y a un mec qui reste accroché au pied du tabour... euh, du vaisseau spatial"


- 0h 00mn 30 secondes : le sujet s’installe confortablement, s’attendant à voir une perle, appâté par un titre nanar prometteur.
- 0h 10mn : premiers regards perplexes. Une course-poursuite de motorisée aussi longue n’est pas bon signe, surtout si elle ne fait rire que 5% du temps.
- 0h 27mn : questionnement du sujet. Anodine peut-être mais néanmoins représentative de son état : « dites-moi... combien de temps dure le film déjà ? »
- 0h 49mn : le sujet a compris qu’il était piégé. Il commence à avoir peur, il a le rire nerveux et consulte son portable pour savoir l’heure (ou pour appeler sa môman au secours).
- 1h 00mn : le sujet passe en mode « déconnexion / refoulement », le film n’adhère plus à sa rétine. Il se déconcentre et établit une activité secondaire qui l’aide à surmonter l’épreuve (se rendre compte de la magnificence de l’appart de Mayonne par exemple).
- 1h 11mn : le sujet n’en peut plus nerveusement, le film est une épreuve peut-être un peu trop forte pour son esprit et il s’en rend compte. Il pose LA question que les autres n’osent poser : « il reste combien de temps ? ». Généralement la réaction face à la réponse est variée, allant de l’effroi aux pleurs en passant par le rire sardonique nerveux.
- 1h 23mn : le sujet est en proie à des tics, il ne cligne que d’un oeil, manifeste des signes de dépression, il a l’impression que sa question « il reste combien de temps ? » à été posée il y a de ça 1 heure.
- 1h 32mn : la fin est proche, « on tiendra jusqu’au bout » se dit-il. Ce serait bête d’arrêter maintenant, pas après le flot d’insultes que certains ont versé sur les protagonistes (notamment Labroche sur l’un d’entre eux... un odieux mélange de José Garcia et de Benny Hill dont le comique se résume à loucher en gros plan face caméra)


Le fameux futur témoin de mariage de Labroche... enfin juste avant qu'il apprenne qu'il est mort.


La fin du film sonne comme une délivrance. Que dire de plus ? Rien. Nous sommes terrassés, la lumière du plafond s’allume et nous brûle les yeux. Nous avons l’impression d’avoir assisté à un truc dont personne ne saurait vraiment parler. Rico a bien senti qu’il allait être la cible, au mieux de quolibets, au pire de vindicatifs lancers de tomates pourries mais après tout, nous savons qu’il sait : il s’est emporté devant son bien voilà tout. Drexl a eu la sagesse de ne pas regarder l'horreur jusqu’au bout. A-t-il eu raison ? Notre santé mentale d’ici les prochaines années nous le dira. Labroche a bel et bien sorti LA phrase de la soirée : "Putain, lui je vais voir sa fiche IMDB, s’il est mort je serai bien content..."

Quelqu’un a dû l’écouter car l'acteur en question est effectivement décédé d’un cancer il y a quelques années. Depuis nous le soupçonnons de posséder un pouvoir occulte (que certains se méfient, il a vociféré des menaces semblables sur certains forumeurs du site).
On se rend compte que notre mémoire est altérée, le temps... toujours le temps. Le film était si long qu’on en a oublié des passages entiers. « La scène des fruits ? Quelle scène des fruits !?! Je m’en souviens pas... » me dit Labroche lorsque je lui remémore un passage particulièrement idiot caractérisé par un mauvais gag (un fruit ne veut pas rentrer dans la bouche d’un gars) tournant en boucle 12 fois d'affilée.
Nous continuons de discuter de choses et d’autres : du forum, de la vie, des films, des Brésiliens...mais même si Dark Vador est nanar, même si ça sent le manque de moyens à plein pif, non... je persiste : ce film reste une torture aux séquelles invariablement profondes.


"Tu vas pas me dire que c'est un mauvais film, putain regarde les trucages qu'on a !"


Epilogue :
Je serre la main à tout ce beau monde. Il se fait tard. Je remonte dans ma voiture et repense, la fenêtre ouverte pour me réveiller avec l’air froid, à cet ovni brésilien... arrivé au péage, un papier glissé sous l’essuie-glace attire mon attention. Trop large pour être un prospectus. Je descends, le dégage. Et m’aperçois que j’ai pris un PV de 35 € pour stationnement sur zone piétonne à 20h38... Je brandis un poing rageur vers le ciel en hurlant, si fort que même les semi-remorques ne couvrent pas ma voix : « JE ME VENGERAI GRENOBLE, TU M'ENTENDS ? JE ME VENGERAI !!! »
Décidément, le temps est vraiment une notion étrange à appréhender.


Un gonflage de joues made in Brazil (Max Thayer lui doit tout !)

- Wallflowers -
Moyenne : 1.36 / 5
Wallflowers
NOTE
0.5/ 5
Rico
NOTE
2/ 5
John Nada
NOTE
2.5/ 5
Labroche
NOTE
0.1/ 5
TantePony
NOTE
0.1/ 5
MrKlaus
NOTE
2.5/ 5
Barracuda
NOTE
1/ 5
Drexl
NOTE
0.5/ 5
Jack Tillman
NOTE
3/ 5

Cote de rareté - 4/ Exotique

Barème de notation

Soyons clair : ce truc là, c'est pour la consommation locale ! C'est donc fort logiquement au Brésil qu'est sorti chez "Som Livre" un DVD qui a le bon goût d'être multizone, nanti d'un 5.1 et de sous-titres espagnols et anglais (dont on aurait bien aimé disposer pour y paner quelque chose à ce film !) et garni de plein de bonus comme un making of et des bandes annonces des autres films des Trapalhões ! De quoi prolonger la fête jusqu'au bout de la nuit.

Sinon les Américains de "Shocking Video" ont aussi édité un DVD-R à partir d'une copie vidéo assez correcte au vu des photos, et avec des sous-titres anglais.