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Commando Massacre
(1ère publication de cette chronique : 2003)Titre original : Commando Massacre
Titre(s) alternatif(s) :No Dead Heroes
Réalisateur(s) :Danilo 'Jun' Cabreira (crédité ''J. C. Miller'')
Année : 1987
Nationalité : Philippines
Durée : 1h28
Genre : Fusil mi-Thayer
Acteurs principaux :Max Thayer, Mike Monty, Nick Nicholson, Ronnie Patterson, Eric Hahn, John Dresden, Steve Rogers, Paul Vance
Alors que l’Amérique est en pleine débâcle au Viêt-nam, une poignée de ses fils, de courageux soldats, font leur voyage au bout de l’enfer. Il s’agit pour le capitaine Cotter et le lieutenant Sanders de libérer un agent de la CIA fait prisonnier. Malheureusement, l’opération tourne court : seul Sanders en réchappe, laissant Cotter mort. Quelques années plus tard, Sanders apprend par un agent de la CIA que Cotter aurait été aperçu vivant et qu’il travaillerait à la solde d’un commandant mal intentionné. Sanders doit arrêter son ancien ami...
Max Thayer et son chapeau de brousse, qu'il porte à la Michel Boujenah.
Ce qui fait d'emblée la force de Commando Massacre, c’est son casting 3 étoiles : Max Thayer, Mike Monty et Nick Nicholson, la fine fleur des acteurs occidentaux ayant cachetonné aux Philippines dans les productions les plus improbables, sont ici réunis. Le cas Nick Nicholson est intéressant. Il campe le commandant soviétique qui sauve Cotter de la mort, et lui insère une puce dans le cerveau afin de le contrôler grâce à sa montre-poignet. Comme plusieurs années sont censées séparer la séquence durant laquelle Cotter se fait tuer du reste du film, Nick Nicholson a été artificiellement vieilli : son bouc nanar a été blanchi. Résultat, il a tout simplement un look pas possible qui lui ôte d’emblée toute crédibilité.
Nick Nicholson, spécialiste des gros yeux globuleux.
Le même en mode vieilli.
Comme d’habitude, Mike Monty semble, lui, en pilotage automatique. De toute façon il n’a que peu de scènes, toutes tournées en intérieur durant une même session. Encore un film qui n’a dû lui prendre qu’un demi après-midi et qu’il n’a sans doute jamais vu. Il est néanmoins toujours intéressant de voir combien notre « Jean-Pierre Bacri du nanar » peut avoir l’air de s’ennuyer au possible en attendant son chèque.
Mike "je cachetonne derrière mon bureau" Monty.
Mais la super star du film, celui qui porte ce Commando Massacre à bouts de bras et qui lui confère toute sa nanardise, c’est incontestablement Max Thayer., icone révérée de Nanarland. A la manière des plus grandes effigies du cinéma, Max vampirise les œuvres dans lesquelles il figure au point que, dans le jargon, on ne dit plus « un film avec Max Thayer » mais « un Max Thayer », habile procédé métonymique qui souligne s’il en était encore besoin l’infinie supériorité de cet interprète par rapport à ses collègues de pelloche. Comme à son habitude, Max est grandiose dans le film. L’homme qui gonfle les joues plus vite que son ombre, l’acteur qui n’a que des bons profils, manie le fusil à pompe comme un artisan potier manierait le tour.
Quelle heure est-il ? Rhô putain...
Eh les figurants, je vais vous descendre par paquets de douze, parce que sinon je vais rater le match à la télé !
Dans Commando Massacre, Max confirme qu’un acteur peut activement contribuer à faire passer un film de l’état de sympathique mauvais film à celui de nanar flamboyant.
Le fusil à pompe magique !
Ce qu'en pense Le Rôdeur !
Il faut le voir tirer à vue en gonflant les joues et abattre les figurants philippins par grappes de huit. Mythique aussi cette scène durant laquelle notre Max adoré, ultra courroucé face à la bureaucratie malveillante incarnée par Mike Monty, pique une colère monstre. Exaspéré par le discours de ce dernier, il saisit un pion de jeu d’échec pour lui balancer sur la cravate, paf. Certes, d’aucun auraient fait voler le jeu complet, mais l’accessoiriste ne voulait sûrement pas avoir à tout remettre en place au cas où une deuxième prise aurait été nécessaire. N'empêche, le message est passé : Mr Thayer faut pas l’emmerder, sinon il se fâche tout rouge !
Même dans ses grands moments de colère, Max sait raison garder. Un pion ça va, trois, bonjour les dégâts !
A part ça, le film distille une nanardise constante. Scénario abracadabrant (une puce dans le cerveau d’un soldat commandé par une montre-poignet, excusez du peu), cascades explosives, gonflages de joues, discours pro-ricain tellement exacerbé que Chuck Norris lui-même en rougirait, re-gonflage de joues, fin débile. Du tout bon quoi.
Notre forumeur géographe Benoît nous fait remarquer que la femme du capitaine Cotter habite la même bâtisse que le tonton de Max Thayer dans « Laser Force ». Ceux qui voudraient aller vérifier sur place peuvent se rendre à Warbler Street, Quezon City à Manille. Et qu'ils nous envoient leurs photos !
Notons aussi que la CIA est quand même très forte car elle a les moyens de se procurer des photos d’événements qui ne sont pas encore arrivés. Du Minority Report avant l'heure !
Une photo montrée à Max au début du film.
La fusillade de l’église qui a lieu vers la fin.
On soulignera au passage un point gentiment surréaliste. Alors soit, cela ne pouvait pas être fait exprès, ce n’est qu’une coïncidence mais quand même. Le prénom de Cotter, l’homme que combat Sanders / Thayer est… Harry. Entendre tout au long du film parler de « Harry Cotter », ça rajoute quand même une touche de magie.
Le petit Harry Cotter attend ses parents aux Philippines.
Dans la maigre colonne des bons points, qui atteste tout de même de notre bonne foi, on notera un certain effort mené pour se démarquer de la série Z philippine bien cheap. Il faut reconnaître qu’un véritable effort artistique a dû être fourni dans l’élaboration des décors. D’ailleurs à ce propos nous laisserons le mot de la fin à Max qui soulignait tout cela à juste titre dans l’interview exclusive qu’il nous a accordée : « Vous y verrez des décors fabuleux, construits par des équipes dures à la tâche et industrieuses. Le cinéma philippin a une longue histoire, qui reste à découvrir. Sa réelle pauvreté est compensée par un grand enthousiasme, comme on en voit peu ailleurs. Je n’ai jamais vu des gens en faire autant avec si peu. »
Le décor principal du film, qui est effectivement plus que respectable vu la pauvreté évidente du budget… Max Thayer a toujours raison !