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Light Blast
(1ère publication de cette chronique : 2021)Titre original : Light Blast
Titre(s) alternatif(s) :Colpi di Luce, Laser Killer
Réalisateur(s) :Enzo G. Castellari
Année : 1985
Nationalité : Etats-Unis - Italie
Durée : 1h25
Genre : Erik partout, justice nulle part
Acteurs principaux :Ennio Girolami, Erik Estrada, Michael Pritchard, Peggy Rowe
San Francisco est une ville des Etats-Unis qui comptait 700 000 habitants en 1985. Connue pour son fameux tramway à traction par câble, son architecture particulière et son climat californien, elle se trouve être le décor de très nombreux films du cinéma nord-américain.
Erik Estrada est un acteur des Etats-Unis né en 1949 à New York, ayant connu le succès pour son interprétation d'un policier de Los Angeles à moto nommé Poncherello dans la série C.H.I.P.S. de 1977 à 1983, avant de faire quelques apparitions à la télé ou des rôles au cinéma avec un succès assez discret.
Enzo G. Castellari est un réalisateur italien très connu des amateurs de séries B (et parfois de nanars), qui a beaucoup tourné en Italie mais parfois aussi aux Etats-Unis dans les années 80.
La police de San Francisco compte 2000 officiers répartis en 12 commissariats. Le taux de criminalité est d’environ 65% à l’heure où j’écris ces lignes.
Ceci est leur histoire.
Le crime ne paie pas. Surtout si c'est pour acheter ces fringues.
On le sait : flic c’est un boulot de tous les instants, un travail dur, souvent mal compris et surtout pas bien payé. En y réfléchissant c’est un peu comme tous les autres métiers en fait, excepté qu’on n’a jamais fait de film d’action sur un tourneur-fraiseur ou bien un laveur de carreaux si ma mémoire est bonne. Il y a les bons flics d'un côté et les mauvais flics de l'autre. Et puis au milieu de tout ça il y a les flics bons mais mauvais quand même. Comme Erik Estrada dans Light Blast. Ou Colpi di Luce sous son titre italien. Ou Laser Killer en Allemagne (vous comprendrez pourquoi plus tard).
Deux poulets pour le prix d'un.
Authentique comme un saucisson "Label Rouge" du supermarché, Ronn Warren est un inspecteur « comme on n'en fait plus » (mais qu’on fait encore régulièrement dans les films d'action bizarrement) de la police de San Francisco. Faisant passer Dirty Harry pour un vague écolo gauchiste mou du genou, la méthode de Ron Warren semble limpide : s’en battre les reins de ce qui l'entoure. Voir des gens qui tombent sous les balles ou qui passent sous les roues des bolides des malfrats ne l'arrête pas. Il ne pose même pas un regard sur son coéquipier qui conduit sa voiture quand il se fait buter alors qu’il est sur le siège d’à côté. Un pauvre hère se fait trouer par un gangster à 2 mètres de lui ? Warren ne se baissera même pas pour prendre son pouls, préférant tirer dans le tas devant lui pour atteindre le sale type qu’il poursuivait au départ.
Holster, cafetière, "suivez cette voiture s'il vous plaît" : C'EST BON ON A COMPRIS, t'es flic.
Pourtant rien ne justifie cette attitude dans le film. Dans L’inspecteur Harry, qui se passe à San Francisco aussi et dont s’inspire évidemment Light Blast, on sait vaguement pourquoi Clint Eastwood se conduit comme un bourrin sans délicatesse à tendance virilo-fasciste. Ici le personnage est à peine esquissé et si le scénario ne développe jamais sa psychologie, c’est vraisemblablement pour donner la part belle à l’action. Mais de fait dans le film, c’est la police en totalité qui s’en tape de la procédure et encore plus de la sécurité des gens qui l’entoure quand elle est dans le feu de l’action. Les interventions de celle-ci, provoquant des rires d'exaspération à terme, se résume en gros à : tirer par réflexe et/ou tuer en plissant les yeux et/ou rouler vite en grimaçant.
Inspecteur Labavure.
Aucun doute, si vous êtes un délinquant vous serez arrêté ou tué. Si vous êtes un civil vous serez blessé ou écrasé. Et si vous êtes un collègue ben... vous serez probablement traumatisé ou décédé d’une balle perdue. Pour vous donner une idée, en regardant Light Blast j’ai compté un total de 32 morts : 14 malfrats, 7 flics et 11 civils. Et vous savez quoi ? La police est impliquée directement ou indirectement dans au moins la moitié des morts du film. Si les flics agissaient dans la vie comme dans Light Blast, les veuves et les orphelins ne seraient pas vengés, mais multipliés par 30.
"Allo, Commissaire Enrico ?"
C’est Erik Estrada qui, avec sa mâchoire toute crispée, incarne Ronn Warren. Avec son flingue gros comme un spleen du dimanche soir, il est régulièrement occupé à gérer les criminels de la baie de San Francisco comme nous le montre une surprenante scène de prise d'otage introduisant notre héros. Pour le développement du personnage, le film n'ira pas plus loin que le bout de son canon. On sait qu'il a une copine mais rien de plus et il est évident que la raison d'être du scénario n'était pas d'approfondir le personnage plus que ça.
Now you're going to slip forever !
Si l’inspecteur Ronn Warren est sur les dents, c’est parce que la ville va mal. Très mal. Yuri, un savant fou probablement intoxiqué par un visionnage marathon de tous les mauvais James Bond (il y en a) a décidé de fabriquer un gros laser pour anéantir la ville si cette dernière ne lui donnait pas d’argent. Je me suis d’ailleurs fait la réflexion en assistant à cette énième situation vue et revue au cinéma : je reste persuadé que les types qui créent des lasers géants - ou d'autre trucs à pouvoir de destruction biblique - ont tellement dépensé de pognon pour établir leur plan, gérer la logistique de construction et bâtir l’appareil que la somme rançonnée ne doit couvrir qu’à peine les frais engagés pour la fabrication de leur engin.
- Hé René ! Faut filmer la meuf avec les gros seins dans le public !
- Quoi ? Où ça ?
Et puis notre Yuri, il aurait pu construire un simple laser « comme tout le monde ». Mais non. Yuri c’est le genre de scientifique qui ne sait pas faire simple. Son concept c'est un laser qui provoque une chaleur si forte sur le métal que les gens à son contact se mettent à fondre. Impressionnant certes, mais pour que ça puisse fonctionner il faut que le laser tire auparavant sur l’affichage digitale d’une horloge à quartz afin de provoquer une réaction ultra chauffante à partir des cristaux de ladite horloge, ce qui en fait l’arme la plus inutilement compliquée que j’ai vu dans ma vie de cinéphile.
- Mais dis-moi Jamy… Comment il marche le laser de Yuri ?
- C'est très simple les enfants :
Il faut d'abord porter de grosses lunettes.
Ensuite vérifier sur le moniteur si un cadran à quartz est dans les parages.
Dès que vous l'avez dans le viseur, il faut appuyer sur le bouton "marche"...
Le laser fait alors "piouuu". Pas de panique, ça veut dire qu'il fonctionne.
Il va alors entrer en collision avec l'horloge...
...pour engendrer une réaction que les scientifiques appellent "explosion".
S'en suivra alors une forte chaleur qu'on appelle communément "fusion".
La douleur est immense. Regardez la fille qui est à l'intérieur du train :
Elle va fondre très rapidement dans d'atroces souffrances.
Ainsi que son petit ami qui est à côté d'elle.
Une fois l'expérience terminée, il ne restera alors plus rien de la structure environnante.
Et voici comment on arrive à tuer deux personnes d'un coup, les amis !
Bref le maire est en panique et, visiblement persuadé que les lasers géants qui font fondre les gens et exploser les immeubles c’est le travail quotidien de la maréchaussée, balance le dossier sur le bureau de Ronn. A partir de là vous l’aurez compris : c’est fusillades et courses poursuites pour tout le monde.
Erik Estrada qui roule VRAIMENT trop près d'une explosion et qui flippe pour de vrai.
Et vous savez le plus drôle ? C’est que Warren a beau être le plus balèze des flics San Franciscains, il est infoutu d’arrêter Yuri le savant fou malgré ses tentatives. En fait il va se planter plusieurs fois, ce qui va donner envie au savant fou d’augmenter sa rançon autant de fois qu’il a échappé aux flics. Du coup Yuri demande 5 millions de dollars au début, et 1h10 de film plus tard, il finira pas en demander 20. Ronn Warren justifiera tout de même son salaire à la fin du métrage en sauvant la ville, nous gratifiant au passage d’une course-poursuite avec un buggy des sables sorti de nulle part.
Enfin si, en l’occurrence il sort d’un camion... ça va, faites pas vos malins.
Au fur et à mesure, le visionnage de Light Blast finit par prendre une tournure quelques peu "meta" quand on voit à quel point le tournage a dû être problématique pour les cascadeurs. Avec une considération pour les règles de sécurité aussi faible qu’une page Facebook pour vos données personnelles, la plupart des cascades motorisées ont l’air d’avoir profité d’un facteur chance considérable pour ne pas avoir de morts au tournant (et au passage se rappeler au bon souvenir des cascadeurs du glorieux du cinéma hongkongais). Fort probablement parce que le film n’avait pas vraiment d’autorisation de tournage dans certains coins de San Francisco et qu'il diposait en outre de très peu de préparation au vu de son faible budget.
Aïe.
Humpf.
Houla.
Pfiiou.
Enzo G. Castellari pousse donc à fond les manettes de l’action, et même si son talent nous permet de nous délecter de quelques scènes sympa au premier degré - celle de la morgue par exemple - il nous livre ici un nanar généreux et agréable, sans être une pièce dantesque. En soit, Light Blast a le mérite de ne pas mentir sur ce qu’il promet et c’est cette qualité qui suscite notre sincère considération. On lui pardonnera les économies sur les FX qui donne un côté très cheapos, ou sa filouterie à réutiliser la musique du film Les Prédateurs du Futur (sorti deux ans avant) pour la scène de stock-car et dont les images sportives sont des archives piquées à la télévision. Quand on peut faire des économies...
Exclusif : le circuit de stock-car est en réalité un stock-shot !
C’est du coup un très bon choix de film pour démarrer une soirée avec des ami(e)s autour d’un apéro léger - avant de passer pourquoi pas à un nanar plus consistant. Au final j’aurais bien pu me moquer sournoisement d’Erik Estrada mais honnêtement, il prend son rôle avec ce qu’il faut de sérieux pour éviter toute remarque désobligeante sur son jeu. Bon, si je veux être vil je dirais que dans certaines scènes d’action, loin du héros sans peur qu'il est censé incarner, il a quand même l’air de flipper un peu pour de vrai. Mais soyons honnêtes, on ne peut pas trop lui en faire le reproche : quand tu comptes 8 blessés graves (selon IMDB) dans l’équipe de ton film suite aux conditions de sécurité éoquées plus haut, tu crains forcément un peu pour ton brushing.
"I have no idea what I'm doing"
Entretiens
Cote de rareté - 5/ Pièce de Collection
Barème de notationPas de réédition digitale chez nous pour l'instant, il faudra rechercher la rutilante VHS de chez "Vestron" ou guetter un éventuel passage télé, généralement sur une chaîne du groupe AB.
Par contre quelques éditions DVD étrangères sont trouvables dans leurs langues respectives, sans VF ni bonus : aux Etats-Unis chez "Code Red Entertainment" (curieusement intégrée à leur "Post-Apocalyptic Collection"), en Allemagne sous le titre "Neon Killer" chez "Xcess", ou en Italie où le film est rebaptisé "Laser Killer" chez "DNA".