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Remous
Titre original :Bon die bon
Titre(s) alternatif(s) :Aucun
Réalisateur(s) :Benjamin Jules-Rosette
Année : 1986
Nationalité : France (Antillo-Réunionais !)
Durée : 1H20
Genre : Derrick psychédélique
Acteurs principaux :André Badin, Michel Caputo, Marie Gatou, Benj' Jules-Rosette
Remous, quel drôle de titre… Quelle drôle de jaquette aussi !
Le seul visuel connu.
Je m’étais déjà dit cela moult et moult fois lorsqu'un jour, alors que j’avais peur de rentrer bredouille tel le nanardeur du dimanche, je décidais d’acheter ce film trois malheureux euros. Sans conviction. Seulement voilà, il faut souvent se méfier de l’eau qui dort ! Je me suis littéralement pris ce « Remous » en pleine face, tant il ne ressemble à rien de ce que j’ai pu voir auparavant !
Il intrigue tout le monde ce film...
Pour le situer, je dirais que l’on peut grosso modo discerner trois niveaux dans l’échelle du cheap cinématographique :
- Il y a d’abord la série B américaine, fauchée mais assez honnête quand même.
- Viennent ensuite les séries B italiennes, là ça commence à devenir assez pauvre...
- Après, en queue de peloton, viennent les productions Eurociné, c’est à dire les films les plus dépourvus de tout (un bureau gracieusement prêté pour le week-end, une camionnette et deux figurants).
Et bien, figurez-vous, que si l’on regarde au large, loin, très loin derrière on peut distinguer « Remous », pas encore rattrapé par la voiture balai, décidément très tolérante dans le monde du cinéma.
Et si on tournait devant une piscine, ça ferait plus riche et ça donnerait un petit look Miami Vice, non ?
Pour décrire l’ampleur des dégâts je dirais que « Remous » est une sorte d’inspecteur Derrick pseudo-métaphysique à la sauce franco-antillaise (l'action est toutefois censée se passer à la Réunion) tourné dans les années 80 avec du matériel et des acteurs prêtés par l’office du tourisme local.
Non, l'image n'est pas déformée, c'est vraiment la tête du gars !
Point de vue scénaristique, je ne sais pas trop quoi dire étant donné que j’ai dû regarder le film en quatre séances pour que ce soit supportable... De toute façon je lance un défi à quiconque ayant été impliqué dans cette œuvre de m’expliquer la chose !
Le titre quant à lui n’est pas à même de clarifier quoi que ce soit. Le film aurait tout aussi bien pu s’appeler « sac de couchage », « plâtre », «percolateur 5, le retour », « bonhomme en mousse » ou « White Fire », que ça n’aurait rien changé…
Le top du branché : filmer à travers un dossier de chaise
A ce que j’ai pu comprendre, l’histoire raconte les aventures d’un sénateur antillais dont la fille s’est faite enlever par des trafiquants d’esclaves. Il part donc à sa recherche et… et… ben et voilà, tout est dit. Après je sais qu’on voit souvent une femme blonde et méchante (style James Bond girl, mais proportionnelle au film) qui regarde le sénateur de loin dans sa R18 (véridique, ils auraient bien aimé avoir une limousine, mais le gars de l’office du tourisme a dit qu’il voulait bien être gentil 5 minutes, que déjà qu’ils avaient loué une voiture pour deux jours, fallait pas trop qu’on se foute de leur gueule non plus…).
"Bonjour, je me présente, je suis le Fred Williamson français"
La méchante qui prend une pose euh... méchante.
Ce n’est pas tout !
Qui dit "voiture" dit bien entendu... "poursuite en voiture" ! Mais attention hein, une poursuite de voitures digne du film ! C’est à dire un plan où l’on voit deux voitures rouler tout à fait normalement sauf qu’ils ont rajouté des bruits de crissements de pneus.
Des cascades à 10 à l'heure avec des vrais morceaux de flammes devant. Les spécialistes hésitent à savoir si cette voiture est une Toyota Corolla ou une Nissan Cherry...
Il y a aussi des gens qui se tirent dessus à bout pourtant dans les rues mais qui se ratent, et des bastons d’un autre temps. Il y a surtout des scènes de dialogues littéralement surréalistes, auxquelles on ne comprend strictement rien tant TOUT est mal joué par les comédiens. J’en passe et des meilleures évidemment…
Des acteurs charismatiques en diable
De méchants hommes de mains genre gweilos echappés d'un Godfrey Ho tentent une intimidation au coca-cola (et splotch, tout sur les godasses du sénateur). Il s'agit bien sûr de stigmatiser l'ultralibéralisme ricain fossoyeur des gentils producteurs de canne à sucre. N'en doutons pas, Remous est un véritable brûlot !
Attention, je n’ai cependant pas encore tout dit ! Le véritable climax du film, le moment où même le spectateur le plus blasé lèvera le sourcil à coup sûr, c’est lors d’une scène complètement hallucinante qui vient se greffer au film comme un poil de la moustache de Robert Ginty tomberait insolemment dans une soupe de Joël Robuchon… Après une scène à peine digne d’un Navarro en petite forme, tout se calme et l’on voit alors un homme doté d’un ENORME phallus en mousse d’au moins 1 mètre passer en plein milieu du champ de la caméra en hurlant… Sans aucune justification et sans qu’il n’y soit plus jamais fait allusion !
Si quelqu'un sait ce qu'il vient faire là celui là !!
Cette scène, qui arrive à peu près aux deux tiers du film, le fait rentrer de plein pied dans l’ère psychédélique, puisque dès lors le film accumule les grands moments de n’importe-quoi. C’est d'ailleurs là que réside la vraie valeur de « Remous » : le film fourmille d’intentions pseudo-auteurisantes typiquement françaises qui, il faut bien le reconnaître, sont l’essence même de sa nanardise ( à l’image du phallus en mousse géant, ou de la paire de seins gratuite, si typique dans le cinéma d’auteur bien de chez nous qu’on nous la montre dès les premières minutes du film, et puis aussi sur la jaquette tant qu'à faire).
Un peu de vaudou, histoire de caser un ou deux plans nichons faciles.
Pourquoi, mais pourquoi ???
Parce que, me dit-on, parce que !!!
Addendum :
Ce film n'est même pas un obscur bis, mais plutôt un truc dans le créneau "film d'Auteur underground". C'est une réalisation de Benjamin Jules-Rosette, qui semble être un grand ponte de la culture antillaise. Connu comme metteur en scène de théâtre, il est le fondateur du Théâtre Noir qui adapte notamment des textes d'Aimé Césaire. Si son travail au théâtre ne peut être remis en cause, ses choix cinématographiques sont plus curieux. On le voit faire de la figuration à peine intelligente dans des comédies lourdingues du style "T'Inquiètes-pas ça se soigne" d'Eddie Matalon.
On note la participation au film de Michel Caputo, connu dans le monde du porno sous le nom de Michel Baudricourt et auteur de titres raffinés comme "Queue de Béton" ou "Blanche Fesse et les 7 Mains" (!) et par ailleurs réalisateur de films comme l'improbable "L'Exécutrice" où Brigitte Lahaie se prend pour l'inspecteur Harry ! Jules-Rosette y fait à son tour un cameo, ce qui semble confirmer une amitié entre les deux hommes.
Cote de rareté - 6/ Introuvable
Barème de notationAlors celui là, il est plus rare que rare ! Seule édition connue, la VHS de chez "Platinum Vidéo". Bonne chance pour mettre la main dessus !