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Nasty Hunter / Lady Terminator

(1ère publication de cette chronique : 2005)
Nasty Hunter / Lady Terminator

Titre original :Pembalasan ratu pantai selatan

Titre(s) alternatif(s) :Lady Terminator, The Revenge of the South Seas Queen

Réalisateur(s) :H. Tjut Djalil (sous le pseudo de Jalil Jackson)

Année : 1988

Nationalité : Indonésie

Durée : 1h22

Genre : Terminateuse

Acteurs principaux :Barbara Anne Constable, Christopher J. Hart

Wallflowers
NOTE
2.5/ 5


Faire un plagiat, c’est bien. Faire un plagiat à la sauce exotique, en subvertissant totalement le matériel d’exportation, c’est mieux. C’est ce qui rend inimitable et précieux ce « Nasty Hunter / Lady Terminator », imitation démente du film de James Cameron, dont le scénario est incorporé avec un bel enthousiasme à un folklore indonésien a priori totalement étranger à la science-fiction occidentale. Au lieu de l’androïde incarné par Arnold Schwarzenegger, nous avons une Amazone toute de cuir noir vêtue… pardon ? Oui, je voulais dire, nous avons une minette à la moue boudeuse qui trimbale un fusil-mitrailleur trop grand pour elle. Point de robot ici, mais une divinité maritime vengeresse toute droit issue des légendes du cru : notre Terminatrice est en fait « la reine de la mer du sud », venue accomplir une malédiction séculaire. Vous avez du mal à visualiser ? Commençons par le commencement, car c’est ici que les satrapes s’attrapèrent.



Le film s’ouvre avec la défaite de la reine de la mer du sud, maléfique sorcière séductrice dont un aventurier occidental réussit à vaincre le pouvoir. La reine promet de revenir se venger sur les descendants de son adversaire.


Une oeuvre très engagée contre le tourisme sexuel.


Petite précision : j’ai mentionné « un aventurier occidental ». En effet, la reine est ostensiblement asiatique ; le film étant en outre indonésien, il serait logique que l’action se passe en Indonésie et que la majorité des personnages soit originaire de ce pays. Mais cela n’est pas si simple. Car, à l’image de « Spécial Commando » et autres bizarreries asiatiques, ce film mitonné par un vétéran du cinéma de Djakarta vise ostensiblement l’exportation. Tel un film bis italien de la grande époque, « Nasty Hunter » s’emploie à mettre le plus d’acteurs occidentaux possible à l’image. On pourrait supposer, au vu par ailleurs du grand nombre d’acteurs et figurants asiatiques, que nous nous trouvons en Extrême-Orient, dans une ville à forte population d’expatriés. Mais cela serait encore trop simple. Car une évidence finit par sauter aux yeux du spectateur attentif : les auteurs semblent bel et bien tenter de nous faire croire que l’action se passe en Occident, et probablement aux Etats-Unis ! (En Floride ou en Californie, vu le décor) Les policiers sont ostensiblement des Blancs, et l’action ne se passe pas à Hong Kong : il ne nous reste donc plus qu’à accepter le fait que les Etats-Unis sont un lieu ressemblant étrangement à Djakarta et peuplé majoritairement d’Asiatiques…


Dans cette étrange quatrième dimension asiatico-américaine, la catastrophe et le scandale vont arriver par le biais d’une jeune anthropologue en goguette, Tania Wilson. Cette jolie brunette se trouve possédée par l’esprit vengeur de la reine de la mer du sud, qui s’introduit en elle par le biais d’un serpent, qui entre dans sa foufoune à travers sa petite culotte (voir photo).


 



Puisqu'on vous l'dit !


Désormais transformée en instrument d’une vengeance implacable, Tania arrive toute nue sur une plage et entreprend de tuer des hommes imprudents en leur broyant le pénis avec son vagin.

 
La foufoune qui tue !


Une fois habillée et équipée, elle arrive en ville pour tuer la descendante de son ennemi, non pas à l’aide de quelconques pouvoirs magiques, mais avec une artillerie à rendre jaloux John Matrix dans Commando.




She mates, then she terminates (l'accroche américaine.)


Ce qui va suivre est une décalcomanie assez bluffante de « Terminator », dont de nombreuses scènes se trouvent reproduites avec un enthousiasme dont même Bruno Mattei se serait montré incapable ! Mais les réjouissances ne s’arrêtent pas là puisque la cible de la Terminapouffe n’est autre qu’une jeune Asiatique star de la chanson : prétexte à une scène musicale d’un mauvais goût fulgurant, où la jeune première nous interprète une soupe disco dont on n’aurait pas voulu comme musique de générique de Mon Curé Chez les Thaïlandaises.



La télé américaine interviewe la nouvelle Madonna.

Ce n'est pas de la robotique mais de la magie.



 

Outrée par une telle horreur musicale, Lady Terminator fait un carnage dans la boîte de nuit.



Lui, là, c’est le héros.


Récapitulons : les Etats-Unis sont donc un endroit peuplé majoritairement d’Asiatiques, et où le bon peuple se trémoussait encore sur de la musique seventies immonde à la fin des années 1980. Pour ne rien gâcher, précisons que les Américains, non content d’avoir un goût musical de chiottes, se distinguent également par des coiffures constituant un véritable monument à l’horreur capillaire. On remarque en effet parmi les personnages un copain du héros, Snake, qui arbore fièrement la mullette la plus outrageante jamais vue sur une tête de noeud. Une sorte de mix dément entre Christian Clavier et Rod Stewart, qui volerait presque la vedette à la Lady Terminator.



Mulette de la mort !


Pour bien apprécier tout le sel de ce « Nasty Hunter » (les distributeurs français n’ont apparemment pas trop osé reprendre le titre « Lady Terminator »), il convient d’avoir plus ou moins en mémoire le film original de James Cameron : on pourra ainsi s’amuser à repérer les scènes reproduites sans aucune vergogne ni souci de la propriété intellectuelle. Citons pour la bonne bouche la fameuse séquence de l’auto-opération de l’œil, qui ne se justifie absolument pas, la tueuse n’ayant pas été blessée au visage ! Ils n’ont même pas été chercher une justification à leur plagiat.



Dans Atomic Cyborg c'était la réparation du bras qu'ils repompaient sans justification.


Mais la vision du film est néanmoins recommandée à tous, son esthétique fabuleusement cheap n’ayant d’égal que l’astuce avec laquelle les auteurs tentent de faire avancer le récit malgré un budget que l’on devine d’une maigreur vertigineuse. On ne sait trop ce qui l’emporte, du rire ou de l’admiration, face à l’obstination de cinéastes qui tentent coûte que coûte de nous faire croire à leur histoire ringarde malgré une intense misère financière et artistique. « Nasty Hunter » est peut-être minable (les dialogues et les acteurs valent le détour), mais il pète des flammes sans discontinuer, et enchaîne fusillades et scènes d’action avec une belle énergie !



Vu qu'ils ont économisé sur le scénar, ils peuvent se permettre de nous en mettre plein la vue sur les effets spéciaux.


Préservant vaguement l’équilibre entre le plagiat pur et dur et le fantastique couleur locale, le film introduit un personnage de sorcier venu affronter la créature, mais opte au final pour une résolution explosive du problème, le tout se réglant avec des bonnes vieilles armes à feu : reine des mers du sud ou pas, rien ne vaut une grosse pétoire pour lui clouer le bec !



Le sommet est évidemment atteint avec le final qui voit la créature devenir, faute de budget pour reproduire un squelette mouvant comme dans « Terminator », une sorte d’épouvantail dégoulinant dont les yeux projettent des rayons lasers ! Admirable.




Elle a pris un coup de vieux la sorcière...


D’un merveilleux mauvais goût esthétique (on se croirait parfois dans un vieux film porno-soft), « Nasty Hunter » est de surcroît intéressant par la cohérence dont il fait preuve en mélangeant des éléments a priori très disparates : à condition d’être indulgent et ouvert au cinéma du Tiers-monde, et malgré un scénario un peu répétitif, on finit par croire gentiment à cette histoire de démone immortelle qui se venge à coups de pétoires aux chargeurs illimités. Une vraie curiosité anthologique, qui nous permet de voir les trésors de fantaisie dont sont capables les artistes de la contrefaçon !
A noter un petit clin d'oeil au début, avec cette réplique de l'héroïne : « Hi hi hi, regarde mes muscles ! On dirait Arnold Schwarzenegger. » Ouarf ouarf ouarf !


Une édition VHS japonaise.

- Wallflowers -
Moyenne : 3.56 / 5
Wallflowers
NOTE
2.5/ 5
Nikita
NOTE
3/ 5
John Nada
NOTE
3.5/ 5
Rico
NOTE
4/ 5
MrKlaus
NOTE
3.5/ 5
Kobal
NOTE
3.75/ 5
Jack Tillman
NOTE
4.25/ 5
Drexl
NOTE
4/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation

Beuuuuh, encore un film dur à dénicher en VHS ! Heureusement, les philanthropes de "Mondo Macabro / Ryko Entertainment" ont édité un DVD Zone 1 pour satisfaire les cinéphiles de bon goût, d'autant qu'elle s'accompagne d'une bande-annonce, de scènes alternatives et d'un documentaire sur le cinoche d'exploitation asiatique. "Midnight Movies" a édité sa version en DVD-R en anglais sous-titré japonais, qu'ils présentent comme plus complète que la version de "Mondo Macabro".


A défaut, on peut encore mettre la main sur l'une des deux éditions VHS française chez "FIP Vidéo Poche" ou chez "Cobra Vidéo" (ça le fait comme nom d'éditeur nanar, non ?).

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