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Top Gun Sacrifice

(1ère publication de cette chronique : 2023)
Top Gun Sacrifice

Titre original :Warbirds

Titre(s) alternatif(s) :Les gradés de Top Gun, Iron Gun

Réalisateur(s) :Ulli Lommel

Année : 1989

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h28

Genre : Le Mur du con

Acteurs principaux :Stephen Quadros, Jim Eldert, Cully Holland, Timothy Hicks, Javad Pishvaie, Bill Brinsfield, David Schroeder, Joanne Watkins, Rick Anthony Munroe

Jack Tillman
NOTE
2/ 5

Vous avez kiffé Top Gun Maverick ? Vous en voulez encore ? Pas de souci, Nanarland a pensé à vous ! Zieutez un peu ça :


C'est-y pas beau, hein ? Cette jaquette opportuniste avec son visuel de contrefaçon où on jurerait presque reconnaître Tom Cruise ? Ce titre top moumoute où l'éditeur nous lâche un gros "TOP GUN" géant, et consent à caser, comme à contrecoeur, un minuscule encart "sacrifice" (d'ailleurs, pourquoi sacrifice ?) ? Voilà rien moins qu'un chef-d'oeuvre de braconnage, de la belle ouvrage de margoulin voulant tromper le chaland trois petites années après le carton du premier Top Gun, en cherchant indûment à se faire passer pour le hit de Tony Scott. Certes, les noms des acteurs totalement inconnus au bataillon mettront la puce à l'oreille de l'acheteur un minimum attentif, mais le distributeur a quand même dû grapiller quelques miettes auprès des consommateurs les plus distraits.

"It separates the men from the boys"...


A l'intérieur, nous avons un sympathique petit nanar de type ultra reaganien, un nanar mineur cela dit, mais avec de magnifiques envolées de bêtise brute qui lui font régulièrement atteindre les hautes couches de la nanarosphère. Le titre original est Warbirds mais ce téléfilm est bien une resucée cheap de Top Gun. L'autre titre français, Les Gradés de Top Gun, se justifie même vaguement car les héros sont censés être d'anciens diplomés de l'école Top Gun. D'après le dialogue, ils sont même "le top de Top Gun", "des pilotes au top niveau", bref, on nous case le mot "top" à toutes les sauces, même si le film est loin de l'être.

Le Colonel Ronson (Bill Brinsfield) : "Le Moyen-Orient, c'est pas un endroit pour les lopettes !"

"A force de rester assis sur leur chaise toute la journée, les bureaucrates de Washington ont le cerveau qui leur descend dans l'cul !" (autre belle réflexion du Colonel)

Des acteurs charismatiques et talentueux.


La mise en scène est assurée par Ulli Lommel, un cinéaste allemand, auteur en 1973 du très réussi La Tendresse des Loups, collaborateur régulier de Rainer Werner Fassbinder. A l'époque expatrié dans les arrière-cours de Poverty Row, il produisit avec son épouse Susanna Love tout un tas de séries B fauchées. Le couple connut un certain succès commercial en 1980 avec le petit film d'horreur routinier Spectre alias The Boogeyman, et usina ensuite des titres comme Overkill (un sous-sous-Black Rain dans lequel un superflic moustachu seul contre tous doit repousser une invasion de yakuzas pas d'chez nous) ou A le Poursuite de la Pierre Sacrée (un sous-sous-Indiana Jones dans lequel Klaus Kinski vient cabotiner cinq minutes en attendant son chèque). De retour en Allemagne, il a tourné plus récemment des aberrations filmiques comme Zombie Nation ou encore le notoirement foiré Daniel the Wizard (flop mémorable et énième "pire film de tous les temps"). On retrouve ici sa réalisation plate et mal branlée, ses musiques réutilisées d'un film à l'autre, son amour du stock-shot et l'esthétique très fauchée de ses autres productions, aggravé par un scénario profondément idiot, bourré ras le cockpit de clichés, le tout baignant dans une idéologie caricaturale sombrant pavillon bas dans la parodie involontaire.

USA ! USA ! USA !


Bill Hawkins (Jim Eldert), le Tom Cruise du pauvre.

USA !!! USA !!! USA !!!


L'histoire : les Faucons du Pentagone volent au secours du Cheik d'El Alaheim (un pays/carte postale du Moyen-Orient façon Tintin au pays de l'or noir mais en moins réaliste). Allié des USA, donc forcément un souverain juste et éclairé (il ne fait pendre et torturer que des méchants), son royaume est menacé par de très vilains révolutionnaires communistes, qui font rien qu'à ricaner en brandissant un drapeau rouge le couteau entre les dents. Mais le bras droit/homme de confiance du Cheik, qui arbore un panneau lumineux "Je suis un traître !" au dessus de la tête, se révèle être un traître (qui l'eut crû ?) et les pilotes américains tombent dans un traquenard. Autre écueil qu'absolument personne n'avait vu venir : le sidekick du héros, qui allait se marier et avait dit au héros "Si ça tourne mal, promets-moi de t'occuper de ma femme" juste avant de partir en mission, se fait tuer en agissant inexplicablement comme un gros bourrin suicidaire en mode "De toutes façons je dois mourir, c'est dans le script". En plus, un des pilotes américains et la fille du Cheik ont été pris en otage par les cocos. Alors, après quelques flashbacks post-traumatiques de la mort du sidekick sur fond de blues 80's, le héros et les autres cowboys s'en vont tout faire péter chez les "bronzés" en lançant des punchlines de cour de récré. Et à la fin, la bannière étoilée flottera triomphalement au vent (USA !!! USA !!!).

Le Cheik Ali (Javad Pishvaie), sosie du colonel Kadhafi, ce qui semble assez étrange pour un allié des Etats-Unis.

Attention Votre Majesté, Iznogoud est planqué derrière vous !

C'est bon, j'ai l'air assez louche comme ça ?


Top Gun Sacrifice
, c'est un joyeux concentré des valeurs de l'Amérique de Reagan et Bush Senior. Nos héros WASP, sympathiquement bas du front, sont autant motivés par un amour immodéré de la patrie que par un amour immodéré du dollar, conjuguant l'altruisme le plus pur et l'appât du gain le plus vénal (patriote + capitaliste = citoyen américain modèle). Sauf bien sûr à la fin, quand la mission devient "personnelle" et qu'il s'agit de casser du rouge même gratis pour venger le sidekick. Face à tous ces rastaquouères d'El Alaheim qui n'ont que "Yankee go home!" aux lèvres, nos fringants cowboys individualistes affichent une arrogance impérialiste à la cool, jamais gênés d'humilier leurs vassaux à coups de blagouzes racistes et de proclamer crânement au monde qu'ils sont les meilleurs et que rien ne vaut l'American Way of Life, yeeeaaah ! En VO, les acteurs sont mauvais comme des cochons, ce que le doublage français de qualité, assuré par des pointures, atténue malheureusement un peu.

Notre héros en majesté.

Son sidekick, Jim Harris (Timothy Hicks), qui a la tête de quelqu'un voué à ne jamais connaître la fin du film.

Nooonnn ! Pourquoi ?! A deux jours de la retraite !... Ah, heu, pardon, je me suis trompée de cliché... Hum, hum, je reprends... Nooonnn ! Pourquoi ?! A deux jours de notre mariage !

Vince Costello (Cully Holland), le boute-en-train queutard de service.

"Couscous, merguez, pitites danseuses ! Héhéhéhé !" (réplique authentique)


Les communistes sont quant à eux tout droits sortis d'un pastiche comme Hot Shots! ou Y a-t-il un flic pour sauver la reine ? : ils sont très très méchants, ils sont très très cabotins et surtout ils sont très très cons. Chacune de leurs apparitions est un moment de grande rigolade. Leur chef les harangue par des "Nous allons donner une bonne leçon au Grand Satan, camarades ! La révolution exécutera tous les coupables, mouahaha !" et la foule de sbires crasseux en liesse de gueuler "Ouééééééééé ! Vive la révolution !" en agitant leurs sabres et leurs drapeaux rouges, et en torturant les gentils avec des rictus et des rires sardoniques de méchants de cartoon.

Traître, lâche et communiste... Il suinte la méchanceté par tous les pores de son visage !


Mouahahaha ! 


Gros coup de coeur pour ce Groucho Marx / Krusty le clown arabo-communiste à droite.


Mouahahaha ! 


Hinhinhin !


Gnéhéhéhé !

Dans la famille des communistes, je voudrais les Arabes.


Cruauté, sadisme...


...applaudissements à tout rompre...

...apparemment, le communisme, ça rend joyeux !


Le film aligne les musiques toutes plus 80's les unes que les autres (et l'hymne américain bien sûr). Quant aux scènes d'action, elles sont admirablement mal filmées et mal montées. Que ce soit les séquences aériennes mêlant des gros plans très serrés des visages des acteurs sous leur casque avec des stock-shots volés à Aigle de Fer de Sidney J. Furie, ou les fusillades au sol qui sont d'un cheap absolu, tout en zooms et montage confus, on est plus proche de Rescue Force que de Top Gun. Et tandis que l'otage américain se prend pour Rambo avec son couteau, les têtes brûlées de l'U.S. Air Force font des acrobaties aériennes en mode grosse frime, battent les Migs soviétiques les doigts dans le nez et rentrent triomphants à la base après avoir éradiqué les vilains rebelles grâce à leurs stock-shots de F-16 sur fond de mauvais hard-rock FM.

Un montage qui alterne des gros plans de notre héros, coincé entre une vitre en plexi et un poster de ciel bleu...

...et des stock-shots volés à Aigle de Fer (1986) de Sidney J. Furie.

"OK Jean-Michel, alors là regarde à droite et imagine que tu fais tout péter..."

"Super, maintenant regarde loin à l'horizon et imagine que tu fais tout péter..."

"C'est dans la boîte Jean-Mi, tu peux descendre de ton tabouret."

BEEEUUUAAAAAAAARRRGHH !!!

TACATACATACATAC !!!

Argh ! Je meurs !

Beeeuuuhhrr, c'était pas ma guerre !

"Ouargh ! Cochon d'Américaaaaiiiinnnn !!!" (réplique authentique)


Et après que les Youhessé aient, une fois de plus, sauvé la démocratie (enfin, la monarchie absolue, mais c'est la même chose, voyons !) dans un "trou du cul du Tiers-monde", le chef de la CIA prononce un émouvant discours mélangeant philosophie de comptoir et poésie de fin de banquet à ses boys (pardon, ses men !), lesquels versent une larmichette même s'il n'est pas certain qu'ils aient tout compris. Ecoutez-moi ça si c'est pas beau :

"Dans ce monde qui se dirige de plus en plus vers le paradoxe et surtout cette absurdité qui ne laisse aucune chance à celui d'entre nous qui est faible, tous les jours, nous vivons des moments de joie intense, nous fêtons des victoires et nous subissons des défaites. Nous aimerions devenir célèbres, entrer dans l'Histoire, même si cela ne durait qu'un quart d'heure. Mais le plus souvent, les vrais héros sont ceux qui restent cachés derrière un masque, un masque invisible, un voile secret."

Et notre ami le Colonel Ronson de commenter : "La vie est une belle connerie."

Ce sera le mot de la fin, merci Colonel. God bless America!

Approuvé le poing levé par Jim Eldert, le Tom Cruise de Prisunic.

- Jack Tillman -
Moyenne : 2.00 / 5
Jack Tillman
NOTE
2/ 5
Barracuda
NOTE
2/ 5

Cote de rareté - 6/ Introuvable

Barème de notation

Aucun éditeur DVD ne semble jusqu'à présent avoir eu la même idée marketing lumineuse que les petits malins de "Majestic Entertainment" lorsqu'ils nous refourguèrent ce téléfilm tout pourri en VHS sous le label Top Gun. Allez les mecs, lâchez-vous ! Osez balancer un gros Top Gun Sacrifice lifté repompant le visuel et la typo de l'affiche du dernier hit de Tom Cruise ! Promis, on en fait aussitôt la promo sur Nanarland...

 

Une jaquette alternative découverte par ROTOR, merci à lui !

Une jaquette VHS anglaise.

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