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Clash of the Warlords


Clash of the Warlords

Titre original : Clash of the Warlords

Titre(s) alternatif(s) :Mad Warrior

Réalisateur(s) :Willie Milan

Année : 1985

Nationalité : Philippines

Durée : 1H23

Genre : Crash of the Post-Nuke

Acteurs principaux :Robert Marius, Paul Vance, Anthony Alonzo, Johnny Monteiro, Jennifer Kirkham

La Créature du Lac Gris
NOTE
4/ 5


Nanardeur libre, toujours tu chériras les Philippines. Aaaah les Philippines ! Terre promise des cinéphiles déviants, patrie de Weng Weng et du cinéma de fond de jardin. Nous sommes comme des gamins devant la vitrine chatoyante du marchand de bonbons dont les étals dégorgent leurs sucreries multicolores où nous venons allègrement nous servir (avec l'ami Godfrey) pour avoir notre dose quotidienne et indispensable. Mais le nanar ne provoque pas de caries, lui ! A la rigueur, il peut à la longue occasionner des dommages cérébraux irréversibles ou une vie sociale en constante régression.
Qu'on me permette en ce début de chronique d'effectuer un petit coming out. Oui, je l'avoue, je suis très orienté vers le post-nuke 80's. Que celui qui n'a jamais rigolé devant une voiturette de golf tunée avec du papier alu et quatre tuyaux de PVC évoluant dans un terrain vague de la banlieue de Rome me jette la première pierre ! Ce n'est donc pas, je le confesse, sans une certaine partialité que j'ai visionné ce chef-d'œuvre du genre, qui donne toutes ses lettres de noblesse au post-apo de seconde, voire de troisième zone.




Un titre anglais où il manque un mot, et le titre espagnol tout en finesse.


Le film donne le ton dès le début. Un champignon de fumée s'élève dans les cieux après une explosion en bonne et due forme. L'image se fige, le titre apparaît, disparaît et... rien. L'image reste inexplicablement bloquée sur cette nuée noirâtre et rougeoyante pendant que la musique jouant du synthé à fond continue de marteler nos oreilles. Après un moment de réflexion, il convient de penser que les crédits du film ont probablement été effacés, sans doute pour ne pas dévoiler la misère de ce qui va suivre.


Une image fixe de près d'1 minute 30 !


Alors de quoi ça parle ? Le script bat tous les records de raccourcis et de simplicité, vraisemblablement torché vite fait bien fait par un pauvre scénariste à qui on a téléphoné à 3 heures du matin en lui demandant un texte pour le lendemain 6 heures sans faute. Le forçat de jeter trois lignes dans son petit cahier, et voilà le travail. Nous avons donc les méchants d'un côté, menés par cette pourriture de Malsam, demi-tronche de cake à la moitié de visage recouverte d'une plaque de métal rafistolée (nous saurons pourquoi plus tard), habitant dans la Vallée de la Mort, incontournable abri des forces du Mal de tout poil qui ressemble à s'y méprendre à une bête plage. De l'autre côté, les gentils, qui vivent comme tous les gentils en communauté hippie dans la forêt et en harmonie avec les petits zoziaux. Tout cela fait étonnamment penser aux Maîtres de l'Univers avec Skeletor dans son Château Maléfique et Musclor dans son Château des Ombres. Oui, euh... bon d'accord, ce n'est peut être pas le meilleur exemple.
Il est intéressant de noter que ce film se veut une suite de "Vendicator" du même Wilfredo Milan, reprenant une partie de son casting dans des rôles pourtant différents, et accomplissant de véritables contorsions scénaristiques pour tisser un lien improbable avec son aîné (une histoire de filiation qui surprend quand on sait ce qu'il est advenu de l'agent W2 dans "Vendicator" alias "W is War").


Rex (Anthony Alonzo), ce héros au sourire si doux.



Malsam (Johnny Monteiro), ce méchant au sourire si doux.


Cette fois, le personnage central (appelons-le comme ça) porte le nom très canin de Rex. Ce brave Rex restera l'obsession de Malsam qui va s'acharner à le faire périr dans d'atroces souffrances, en ayant eu soin auparavant de lui infliger les pires tortures, cela va de soi. Sans doute est-ce en raison de sa voix épouvantable qui fait autant héros que moi bûcheron (NDLR : une photo !).


Le camp des méchants avec un ciel rouge du plus bel effet, digne des filtres chers à Albert Pyun.



Le camp des gentils, peace and love dans une clairière.


Le budget du film est sans doute parti dans la location des lieux de tournage, à savoir une base américaine désaffectée des Philippines et la grotte de Hoyop Hoyopan, curiosité touristique mondialement connue. Car dès les premières images, un festival visuel rend compte des restes de budget. Les costumes sont franchement cheapos, encore plus pauvres que dans les "Roues de Feu", les armes en fer blanc s'esquintent dès qu'on les fait virevolter et le camp des méchants (les Warlords en titre) se résume à 4 ou 5 tentes placées autour d'une palissade en bois circulaire. Cette palissade forme par ailleurs les contours de l'arène de la mort de Malsam, qui prouve sa méchanceté en forçant Rex à y affronter son meilleur ami, et ce sous les yeux de son propre fils. Notre héros parvient tout de même à s'enfuir avec la complicité de Tanya, une des sbires de Malsam, qui retourne ainsi sa veste et se barre avec le bellâtre et son mouflet. Mais ni ce dernier ni Tanya ne vont survivre aux hordes déchaînées de Malsam, lancées à leurs trousses. Remarquons que si Rex pleure son fils, ni lui ni Rhéa (une blondinette sortie d'on ne sait où pour les aider) ne feront en revanche attention au corps de Tanya qui peut bien crever toute seule dans sa carrière, on n'en a rien à cirer.

Nos deux tourtereaux débarquent donc dans le camp des hippies où sévit l'une des figures les plus marquantes du film, j'ai nommé le professeur La Moustache ! Bon certes, ce n'est pas son vrai nom, mais son vrai nom on ne le saura jamais, tout au plus apprend-on que c'est le père disparu de Rhéa (comme c'est pratique). Cet homme de science mérite à lui seul le détour. Comme tout savant nanar qui se respecte, il travaille sous une tente où fument des alambics de toutes sortes, et il est même parvenu à découvrir un remède aux lésions provoquées par les radiations atomiques (!?!).


Le professeur La Moustache dans son laboratoire nanar, interprété par Paul Vance. Il a lui aussi participé à "Vendicator", mais a changé de camp entre les deux.


On ne nous expliquera jamais comment il est arrivé ici, ni même d'ailleurs comment les choses en sont arrivées là. Non. C'est les gentils d'un côté et les méchants de l'autre. Point. Aucun préambule nous expliquant un quelconque conflit, aucun dialogue tentant de nous narrer ce qu'on a loupé comme catastrophe nucléaire. Rien. On se débrouillera donc avec ce qu'on a. En tout cas, les hippies sylvestres ne sont pas en reste du point de vue du ridicule, car en sus du Géo Trouvetou sus-nommé, il y a des guerriers, mais pas trop, des femmes en blanc, d'autres en noir, et des terrains d'entraînement pas très élaborés. Pendant que tout le monde gazouille, Malsam ronge son frein et veut à tout prix récupérer Rex. Après un rapide raid sur leur camp, les survivants monteront enfin une expédition punitive pour en finir définitivement avec cette raclure d'hémi-Masque de Fer.

Autant le dire tout de suite, ce film est véritablement du pain béni pour les cinéphiles pervertis que nous sommes. Pas un plan, pas une séquence qui n'apporte son quota d'absurdité, d'effets ratés, de maladresse filmique. Oh la belle moto bricolée en véhicule de la mort du futur ! Oh un figurant hilare au troisième plan ! Oh un filtre oublié en haut de l'écran ! Vous l'aurez compris, vous aurez votre ration de plans de carrières de sable, de véhicules tunés par un psychopathe du genre, de combats filmés n'importe comment. La caméra roule avec les protagonistes, nous gratifie d'un ralenti complètement inutile sur un coup de pied sauté raté, s'attarde sur un figurant s'écroulant en se tenant le côté opposé à celui où il a été touché, d'autres s'entraînant avec autant de ferveur qu'un curé de campagne prêchant pour les trois personnes présentes. Vous aurez des morts par égratignure au ventre, des morts par fusillade sans impact, des morts par roquette en PVC. Mention particulière à cette séquence où Malsam pète ce qui lui restait de plombs et se fait enchaîner par sa clique de sauvages parce que les soirs de pleine lune, il hurle qu'il veut peindre cette dernière avec du sang (???!!). L'occasion de savourer un maquillage splendidement raté qui fout le camp au fur et à mesure que Malsam s'époumone et remue la tête dans tous les sens.



Malsam et son putain d'œil factice qui tient pas.



Des lance-roquettes en PVC !



Un figurant couillon qui oublie de lever sa lance.



Des véhicules futuristes !


Dire que les acteurs sont mauvais frise le pléonasme. Les méchants cabotinent à qui fera le meilleur "mouahahaha" sardonique, les gentils sont aussi charismatiques qu'un ficus, les cascades sont mauvaises et incroyablement mal réglées. Et je ne parle pas des figurants regardant avec insistance la caméra avant d'accomplir leur action. Aucun des deux camps n'est motivé à l'idée d'en découdre, plus déprimés par la nature anémique de leur futur salaire que par l'ambiance de mort et de désolation qui peine à ressortir. Même pas une course-poursuite en voiture, le parc automobile du film se limitant à deux side-cars bricolés et à une poignée de chevaux louée à l'éleveur du coin. Le fond du fond du post-nuke en quelque sorte. Il faudrait aussi dire un mot de la musique, d'autant plus insupportable qu'elle ne comporte qu'un seul thème repassé en boucle à l'infini, nous rabattant les oreilles avec les pires riffs de synthé depuis "L'Homme Puma", quand elle ne nous les estourbit pas en grimpant dans des aigus qui font carrément grincer des dents.

Enfin, la séquence finale vaut largement le détour. Nous avons droit à du charcutage de méchants en veux-tu en voilà, qui atteint son apogée lors du duel final entre Rex et Malsam dans une caverne très sommairement décorée. Mais attention, pas n'importe quel duel. Un duel au sabre laser nanar ! Je vous le donne en mille, le sabre laser passait pour être une invention du gentil professeur La Moustache. Manque de pot, Malsam en possède un aussi, en rouge, alors que celui de Rex sera bleu. Ça vous rappelle quelque chose ? Rien que l'allumage des sabres et leur bruitage valent leur pesant de cacahouètes. La lumière est blafarde et hésitante, la lame n'est pas droite et les contours sont approximatifs, bref, cet affrontement est un concentré de bonheur. Bonheur transcendé par l'explosion de Malsam, qui s'évapore inexplicablement dans une gerbe de flammes et d'étincelles lorsque Rex le pourfend. L'humanité est sauvée, Rex peut quitter sa chérie et partir au grand galop vers de nouvelles aventures. Là encore, nous aurons droit à une dernière incohérence pour la route, Rex ne pouvant certainement pas aller très loin à cheval, vu qu'il est censé être sur une île.




Merde alors, toi aussi t'en as un ?


"Clash of the Warlords" est franchement fauché de chez fauché. Il brise les codes du post-nuke tout en le réinventant de manière à le faire sombrer dans les abîmes du mauvais cinéma. Scénario simplissime, acteurs pas concernés, décors façonnés à la va-vite, et pourtant cette misère esthétique nous hypnotise plus sûrement que n'importe quel feu d'artifice visuel. Un vide intersidéral se plante devant nos yeux et pourtant on ne décroche pas. On plonge dans une béatitude heureuse, en se remémorant ces lointaines batailles de l'enfance gagnées au péril de sa vie sur le terrain vague local, armé de notre bonne vieille mitraillette en bois de chêne véritable. On pourrait simplement regretter l'absence de version française. Un bon doublage bien sabordé par des doubleurs sous stupéfiants et c'eût été le nirvana.


Bon sang, X'Or Studio... Tout s'explique !

- La Créature du Lac Gris -
Moyenne : 3.50 / 5
La Créature du Lac Gris
NOTE
4/ 5
Kobal
NOTE
3.75/ 5
MrKlaus
NOTE
3/ 5
Wallflowers
NOTE
3/ 5
Barracuda
NOTE
3.5/ 5
Jack Tillman
NOTE
3.75/ 5

Cote de rareté - 4/ Exotique

Barème de notation

La VHS britannique.

Le DVD britannique.

Il semblerait bien que la perfide Albion garde le monopole de ce film. Seuls une cassette et un dividi zone 0 de chez "23rd Century" subsistent encore de nos jours. Allez, un peu de courage, le bonheur n'est qu'à 3 heures d'Eurostar ! Il existe également en VHS chez nos amis espagnols, de l'autre côté des Pyrénées, ainsi que chez nos amis néerlandais, de l'autre côté de Dany Boon.

La VHS espagnole.

La VHS néerlandaise (merci à DJPoney).

Attention, une VHS française intitulée "Mad Warrior" existe mais contient un tout autre film, indonésien celui là, appelé "Membakar Matahari" ("Le Feu de la Vengeance" en français d'après notre confrère Mandraker).

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