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Firebird 2015 A.D.
Titre original : Firebird 2015 A.D.
Titre(s) alternatif(s) :Aucun
Réalisateur(s) :David M. Robertson
Année : 1981
Nationalité : Etats-Unis / Canada
Durée : 1h35
Genre : Post-nuke et gasoil
Acteurs principaux :Doug McClure, Darren McGavin, Mary Beth Rubens, George Touliatos
Une affiche hispanique d'autant plus fantaisiste qu'elle va piller le visuel de Time Rider. Seule la photo en noir et blanc fait partie du film.
Pourquoi, comment ?
En achetant Firebird 2015 AD, nous ne savions pas vraiment à quoi nous attendre. Bien sûr le nanardeur aguerri est soumis à quelques indécrottables automatismes.
Tout d’abord, il observe la jaquette. Si l’on peut y voir des dessins dans le plus pur style années 80, c’est bon signe. Cela veut dire que les trucages du film n’étaient pas assez bons pour en faire des photos, et que du coup on a dû demander à un dessinateur toute l’emphase possible pour attirer le chaland (d’aucun diront « le naïf »).
L'affiche originale
Ensuite le regard se portera naturellement sur la fiche technique du film. « Qui sont les acteurs ? Qui a réalisé ce film ? » sont autant de questions essentielles. L’expérience a en effet prouvé que certains noms faisaient office de « valeurs sûres », au même titre par exemple que David Fincher ou Terry Gilliam pour de bons films. En vrac, des noms tels que Robert Ginty, Fred Williamson, Reb Brown ou plus récemment Christophe Lambert ou Jean-Claude Van Damme riment souvent avec nanar. Il en est de même pour des réalisateurs comme Jean-Marie Pallardy, Enzo G. Castellari ou encore Anthony M. Dawson.
Ouais, on est content de jouer là dedans !
Dans le cas de Firebird 2015 AD, c’est le nom de Doug McClure qui nous a fait passer à l’acte d’achat. Force est de constater que nous n’avons jamais regretté nos 2 euros !
Le film
Détail qui a son importance : ce film est un nanar post-apocalyptique texan. En effet, que savons-nous des Texans ici ? Des clichés : ils sont les apôtres de la bêtise moderne, ce sont des Américains, mais en plus bêtes, ils ressemblent tous à Chuck Norris, ils idolâtrent ce que beaucoup haïssent chez nous, et vice versa... Et bien, croyez-moi ou non, mais tout cela se retrouve dans ce film ! Firebird 2015 AD stigmatise tous les côtés exécrables des séries américaines auxquelles nous sommes tous exposés depuis la petite enfance, une espèce de « melting pot » de l’Agence tout risque, Shérif fait moi peur, saupoudrée de Walker Texas Ranger. Mais en pire (au passage, on peut remercier TF1, La Cinq et M6 !). Le casting est conforme à ce qu'on attend d'un nanar : les acteurs sont tous de seconde zone, d'ailleurs ils ne sont que 9 en tout et pour tout.
"- Tu sais petit, j'ai été Kolchak à la télé avant de tourner là dedans.
- Kojak ? Mais t'es pas chauve Darren !
- Mais non petit con "Kolchak", le journaliste qui enquête sur des phénomènes surnaturels... me dis pas que tout le monde a déjà oublié ma série !"
Passons maintenant au cœur de la chose, l’objet en lui-même. Les accrocs de Dominique Chapatte, auront reconnu dans le titre du film une célèbre marque d’automobile américaine, la Pontiac Firebird. Pour ce qui est de l'autre moitié du titre, ben, euh... le film se passe en 2015, au Texas donc. Par je ne sais quel miracle géo-politique, les Etats-Unis sont gouvernés par... des écologistes et c’est contre leur politique fascisante que vont se battre les protagonistes de cette histoire.
Oui, oui, vous pouvez relire cette phrase tant qu’il vous plaira, pour les Texans, une politique écologiste est fascisante... Pourquoi ? Parce qu’ils ne peuvent plus brûler librement leur pétrole avec leur grosses cylindrées évidemment !
La VHS américaine
Le film est donc l’antithèse de Mad Max : ça se passe en pleine verdure, et les héros revendiquent le droit de gaspiller l’essence en se faisant plaisir de la seule manière possible et imaginable pour un Texan : en roulant à toute berzingue avec des voitures qui polluent, si possible ailleurs que sur des routes goudronnées, notamment dans de verts pâturages (ben voyons, c’est tellement plus agréable !).
Des voitures et des flingues, tout pour rendre un Texan heureux.
Bref, passons à l’aspect plus formel du film : en quoi est-ce un nanar ?
D’abord les héros sont bêtes, et sont accablés par une étonnante constante : ils tombent ! Oui, qu’ils fassent de la moto ou qu’ils courent dans les champs, ils tombent souvent, et personne ne me fera avaler que toutes les gaufres sont volontaires, ils n’avaient sans doute pas les moyens de se payer de vrais cascadeurs un point c’est tout ! On m'a appris qu'il ne fallait jamais se moquer du physique d'autrui, que ce n’est pas bien, mais force est de constater que le héros est doté d’une des plus belles têtes de con de l’histoire du cinéma. Les dialogues sont on ne peut plus nazes. Les courses de voitures, omniprésentes, ne sont pas impressionnantes pour un sou et sont toutes rythmées par une country FM que même Garth Brook n’aurait pas osé enregistrer.
Les milices écologistes : OK c'est bon les gars, je me mets au tri selectif !
Je n’entre pas trop dans les détails, mais je voudrais juste m’attarder sur un point qui à mes yeux fait passer Firebird 2015 AD du statut de nanar sympa à celui de nanar savoureux, pour ne pas dire hautement délectable. Ce point tient en deux mots : IDEOLOGIE TEXANNE.
J'VOUS JURE ! J'AI PAS FAIT EXPRES DE METTRE CE PLASTIQUE DANS LA POUBELLE POUR LES CARTONS !! TIREZ PAS !!!
L’idéologie Texanne, mais qu’est-ce donc ?
La morale du film est réellement édifiante : la mécanique, la pollution, le tuning sont élevés au rang de valeurs ultimes. Les héros sont des innocents appelés « brûleurs » qui ne souhaitent qu’une chose, rouler avec des gros moteurs dans les champs. Les méchants sont eux des milices écologistes qui tirent à vue et sans sommation sur tout conducteur. L’héroïne tombe amoureuse d’un gars, juste en le voyant passer les vitesses (elle aura alors cette formidable métaphore texane : « les voitures c’est comme les femmes »).
Va Va Voum !
C’est déjà pas mal, non ?
Et bien figurez-vous qu’il y a pire : le plus fou des méchants, celui qui n’a aucune pitié (le seul qui fait exploser une voiture de brûleur) n’est pas texan, non... il est INDIEN, au cas où certains habitants de cet Etat auraient manifesté un embryon de regret quant au génocide de ce peuple... Non, les Peaux Rouges avaient bien le gène de la folie meurtrière en eux (et l’irrépressible envie de se mettre en slip en haut des montagnes)... Consternant.
L'Indien : attention, il est très méchant !
Firebird 2015 AD est donc à mon sens un excellent nanar, qui nous change un peu des habituelles (mais géniales) productions italiennes. C’est frais donc, et ça conforte tous le bien que l’on pense ici des Texans, peuple nanar par excellence. C’est bon de les voir s’autocomplaire dans une idéologie vaseuse, sachant que le film ne peut convaincre personne d’autre qu’un Texan. Pour une fois il n’y a pas des millions de dollars pour appuyer l’hégémonie culturelle des USA. Juste 2 voitures, 4 motos, 9 acteurs... et nous, heureux de les voir se rouler dans la fange. Le refrain de la chanson phare résume tout, de la country pure souche avec les paroles « we’re riding for our freedom ». No comment.
Comme quoi les Italiens n'ont pas le monopole des engins de chantier bidouillés pour faire futuriste !