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House Rap

(1ère publication de cette chronique : 2002)
House Rap

Titre original : Rappin'

Titre(s) alternatif(s) : Aucun

Réalisateur(s) : Joel Silberg

Producteur(s) : Menahem Golan

Année : 1985

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h29

Genre : Ma 6-T va s'marrer

Acteurs principaux : Mario Van Peebles, Tasia Valenza, Charles Flohe, Melvon Plowden, Eriq La Salle

Labroche
NOTE
3 / 5


Contrairement aux idées reçues, le nanar est un genre qui ne s'acoquine pas qu'avec l'action ou l'horreur. Des films comme L'Etudiante ou Mauvaises Fréquentations nous ont prouvés que nanar pouvait aussi rimer avec passion, émotion, amour et folie intérieure... Passons les nanars de sport, les nanars d'humour (plus délicats ceux-là), les nanars d'anticipation et les nanars catastrophes pour nous intéresser de plus près à une race de nanars bien particulière : les nanars musicaux.


La VHS française.


Force est de constater que l'on n'a, dans ce domaine, que l'embarras du choix. En fait, il apparaît vite que la plupart des styles musicaux modernes ont étés abordés et nanardisés depuis l'aube du cinéma.Le Rock pour commencer ? Facile, Elvis, s'il a posé les bases de cette musique s'est aussi fourvoyé dans une bonne trentaine de films très, très bas de gamme. Du Jailhouse Rock à Elvis à Hawaï, il est de notoriété publique que le King était aussi le roi du nanar.

Les années 70 n'ont pas été avares en productions nanardèsques. Citons comme principal exemple Tommy, l'opéra rock des Who, qui narre les aventures d'un jeune homme dénommé... Tommy, qui est sourd, aveugle et muet (pour un peu il aurait tout simplement pu être mort, hein ?!). Vu que ce gaillard aime les défis, il décide de devenir... champion de flipper (pinball wizard). Un film aussi culte que kitsch.

Passons en vitesse le nanar disco (Staying Alive), le nanar grunge (Singles), le nanar dance (Bouge !), le nanar glam-rock (le cultissime Rocky Horror Picture Show, Black Roses ou Kiss contre les Fantômes), et attardons nous sur une rareté : le nanar rap. Car oui, House Rap est une comédie musicale rap. Et pas n'importe quel rap : le film datant du milieu des années 80, c'est logiquement une musique gentiment dépassée, servant de play-back à un phrasé d'un autre âge, qui nous est offerte.


C'était le temps béni des ghettos blasters…


L'histoire quand à elle ne vient pas rehausser le tout et les nanarophiles que nous sommes s'en réjouiront d'autant plus. Le film parle d'un gang, un groupe de jeunes qui, malgré quelques activités peu honnêtes, ont un coeur gros comme ça. Or il se trouve qu'un méchant promoteur immobilier projette de construire un centre commercial à l'endroit même où ils habitent, de façon déjà vétuste. Parallèlement, Wood, le héros, est repéré par un producteur pour faire carrière comme chanteur rap, il vient juste de sortir de prison et se trouve menacé par son ex-bras droit qui a entre temps choppé la grosse tête.

 
I say "yo" !


Ce qui fait tout le sel des nanars sportifs ou musicaux, c’est que ces genres s'adressent à une cible précise que sont les teenagers. La démarche opportuniste au possible des producteurs (ici le duo Menahem Golan / Yoram Globus de la Cannon, qui persévèrera dans le genre avec Breakstreet 1 et Breakstreet 2 Electric Boogaloo ou La Lambada), toujours prompts à lancer un film au moindre embryon de mouvement de mode, tombe d'ailleurs très souvent à côté de la plaque. Cette démagogie outrancière, couplée à des scénarios neuneu et passe-partout calqués sur les schémas habituels des films de teenagers, fait que ces films apparaissent, le temps aidant (car les modes se démodent, c'est un principe général) comme de sombres crétineries dont on se gausse à cause de leur aspect clichetonnesque sous des dehors faussement branchés. Des films de vieux faits pour les jeunes en somme.

Mario Van Peebles, un tantinet poseur auprès des filles.

De façon peu surprenante, House Rap s’avère ainsi incroyablement daté. Dans sa musique, comme il a déjà été mentionné, mais surtout dans son imagerie : les jeunes protagonistes du film sont des caricatures de rappeurs comme on n'ose même plus en concevoir : joggings fluo, grosses baskets et casquettes de traviole, ghetto blaster sur l'épaule, ils se déhanchent mieux que Sydney (l'importateur du smurf et du breackdance auprès du grand public français) ne l'a jamais fait dans son émission Hip-Hop (H-I-P... H-O-P !).

 
Comme le dirait Mr T. : Treat your mother right !


Il faut voir aussi comment se comportent ces jeunes. J'ai ci-dessus employé le mot "gang" pour les décrire, et c'est vraiment un euphémisme ! Je n'ai personnellement rien contre les gangs américains mais il me semble qu'il n'est point caricatural de dire que la plupart de ces gens sont pour le moins dangereux et de mauvaise fréquentation.


Le rap pour toute la famille...

Dans House Rap il en est tout autrement : le film se voulant un spectacle tout public, la violence ne dépasse pas le coup de poing et le langage est pour le moins châtié. Au pire on entend un « salope », sinon les insultes oscillent entre "garnement !", "sacripant", "petit chenapan", "zut !", "oh le fieffé coquin", ou encore, "sapristi". Des rappeurs comme on aimerait en voir plus souvent.

 
Mario et son micro invisible.


Enfin, cerise sur le gâteau, l'acteur principal n'est autre que Mario Van Peebles (l'inénarrable Sonny Spoon), qui s'investit ici avec une conviction qui fait plaisir à voir. Au fil des scènes, Mario s’impatronise en camelot de la rime, égrenant les phrases chics dans son jogging choc (oui, enfin peut-être que c’est l’inverse, après tout moi les joggings jaune poussin j’ai rien contre) avec le panache du jeune premier. Côté interprétation, signalons également la présence d’Eriq La Salle, le rigoureux docteur de la série Urgences, celui qui ne rit pas et qui ne fait jamais un pet de travers, et qu'on voit ici, pour le premier rôle de sa carrière, danser, rapper, smurfer et breackdancer mieux que quiconque !

Eriq La Salle, avec son joli bandeau rouge.

En face, d'ignobles Caucasiens intolérants au rap et à la coolitude.

Le reste des acteurs se contente de coller docilement aux stéréotypes qu'ils incarnent (le jeune minus de la bande qui cherche à prouver aux autres sa valeur, le gros sympa qui ne pense qu’à s’empiffrer, le méchant promoteur sans scrupules…).De cette bonne grosse kitscherie, on retiendra en particulier l'hallucinante séquence finale, archétype de la formule commerciale "Little People Vs. City Hall" avec le curseur poussé à fond, durant laquelle nos jeunes zéros assurent leur plaidoirie auprès d'un tribunal de vieux blancs pète-sec, en improvisant un rap de la mort peu avare en mimiques et gestuelles bien nanardes (parce que c’est leur moyen à eux de s’exprimer, eh oui). Grand moment de gêne quand même pour le spectateur...

Yo, Mesdames et Messieurs les jurés !

Faut pas nous condamner (YO !) Monsieur le Juge...

...car on n'est pas des voyous (YO !) mais des grands... euh... dramaturges ! (arf, pas facile comme rime)

Un numéro semble-t-il irrésistiblement fédérateur, puisque la fièvre du rap gagne bientôt l’ensemble du tribunal, tout le monde reprenant en chœur le refrain des gentils gredins avec un fanatisme proche des plus grandes transes collectives de l’Histoire (c’est beau, c’est moral et c’est surtout monstrueusement nanar !). Les producteurs ont dû considérer qu’il fallait au moins ça pour conclure sur un happy-end digne de ce nom. Un nanar rare et frais donc, chaudement conseillé pour passer une agréable soirée entre gens de bonne compagnie.

A noter que parmi les figures connues de la musique de l'époque, on retrouve notamment dans ce film  :

Claudja Barry.

Eugene Wilde.

Ice-T.

Et les Force M.D.s.

- Labroche -
Moyenne : 3.13 / 5
Labroche
NOTE
3 / 5
Mayonne
NOTE
3.5 / 5
John Nada
NOTE
3 / 5
Wallflowers
NOTE
3 / 5

Cote de rareté - 5/ Pièce de Collection

Barème de notation



Un bluray tiré d'un master 4K existe, mais ne comporte hélas aucun bonus ni piste VF, juste des sous-titres en anglais.

Le DVD "MGM" n'est pas encore arrivé chez nous et reste malheureusement zone 1, malgré la présence de sous-titres français. C'est d'autant plus dommage que la seule édition VHS connue, signée "Delta Vidéo", se fait rare en trocantes.

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