Recherche...

Feu, glace et dynamite

(1ère publication de cette chronique : 2021)
Feu, glace et dynamite

Titre original :Fire, Ice and Dynamite

Titre(s) alternatif(s) :Megathon, Mégathon: la course du siècle (Québec)

Réalisateur(s) :Willy Bogners

Année : 1990

Nationalité : Allemagne

Durée : 1h42

Genre : Les Bronzés font de la pub

Acteurs principaux :Marjoe Gortner, Roger Moore, Shari Belafonte, Simon Shepherd, Uwe Ochsenknecht

Barracuda
NOTE
3/ 5

 

Il y a des films, on se demande si on doit les chroniquer pour Nanarland ou pour 60 Millions de Consommateurs.

Avec Fire, Ice and Dynamite de Willy Bogner, sorti en 1990, c’est le cas pour deux raisons : la première, c’est le marketing du film, totalement mensonger à tous les niveaux qu’il s’agisse de l’affiche, du résumé au dos de la jaquette ou même de la bande-annonce. La seconde, c’est qu’on y assiste au plus hallucinant défilé de placements produits qu’il nous ait été donné de voir au cinéma. Rien que ça.


On va en reparler mais voilà déjà un aperçu.

Commençons par le marketing. Fire, Ice and Dynamite n’a vraiment pas été aidé de ce point de vue, avec des affiches et jaquettes successives oscillant entre le gentiment ringard et l’agression visuelle avec actes de barbarie typographique. L’affiche originale ne vend déjà pas du rêve avec ce fantôme de Roger Moore regardant avec concupiscence le boule d’un skieur à réaction, en pleine tentative de record du monde de manspreading. Les éditions suivantes montrent une descente progressive dans le n’importe quoi graphique, culminant avec des jaquettes DVD d’une laideur anthologique.

L'affiche originale

L'édition VHS : le dessin est remplacé par un patchwork de détourages hasardeux et deux skieurs à réaction pour le prix d'un.

La première édition DVD : The Laideur Awakens.

La deuxième édition DVD : la mort du respect, abattu d'une rafale de kalash' lors d'un règlement de comptes dans les quartiers nord.

Sir Roger Moore vous regarde (le cul) et vous juge...

S’il y a une constante à travers toutes ces éditions toutefois, c’est la façon dont elles présentent le film : une grande course épique pleine d’action et de cascades dans l’univers des sports extrêmes, précédant d’un an la référence Point Break.

YEAH ! Véloski sur cailloux muthafucka ! REP A SA Bohdi !

Sauf que ce n’est pas du tout ça.

A la place d’un film d’action, Fire, Ice and Dynamite est en fait une comédie beaucoup plus proche de l’esprit de La grande course autour du monde de Blake Edwards et des aventures de Satanas et Diabolo, mais aux gags tellement patauds que le port du casque est recommandé pour cause de facepalms répétés. La stricte adhérence de Nanarland au crédo du politiquement correct nous empêche de relier cet état de fait aux origines germaniques de la production mais la tentation est grande.


Ha ha ! Kolossale rigolade !

Nous sommes 11 ans après "Les Bronzés font du ski", c'est bon, ça se verra pas.

Au moins ces jaquettes hideuses résument bien la trame du film : Roger Moore est un riche homme d’affaires un peu connard sur les bords, qui feint sa mort pour échapper à ses créanciers, et instaure dans son testament sa fortune comme récompense pour le gagnant du “Mégathon”, une grande course de sports extrêmes avec trois séries de trois épreuves conçues par lui. Ses trois enfants s’engagent dans la compétition pour récupérer leur héritage et devront affronter une dizaine d’autres équipes.




Les trois héritiers : Victor, Lucy et Alex. Alex est gay, ce qui sera le sujet des blagues les plus fines et gracieuses du film.

Passons rapidement sur le deuxième gros vilain mensonge de l’affiche : Roger Moore apparaît en fait peu dans le film, essentiellement 5 minutes au début le temps de se faire passer pour mort et 5 minutes à la fin pour la conclusion. Entre les deux, on le voit de temps en temps observer la course de loin avec une fausse moustache.

Mais quelle fausse moustache !

Selon les critères du fond de rayon de vidéo-club, c’est plus qu’assez pour en faire la tête d’affiche, d’autant qu’il partage l’écran avec les autres personnages du film. On connait des réalisateurs moins scrupuleux qui lui auraient juste donné trois scènes de téléphone tout seul dans un bureau sombre, torchées en un après-midi, et auraient écrit son nom encore plus gros sur l’affiche.

Egalement prétendants à l'héritage, deux modestes ex-employés de Sir Georges que ce gros radin n'a pas payé !

La grande originalité nanarde de Fire, Ice and Dynamite, c’est la publicité permanente et décomplexée. En effet, quatorze équipes sont en compétition dans le Mégathon : celle des gentil, celle des méchants (une secte vaguement inspirée des hare krishna) et... 12 équipes sponsorisées par de vraies marques diverses et variées. On compte ainsi : la bière Paulaner, les chocolats Milka, le Club Med, les marques d’électroménager Grundig et AEG, le laboratoire Bayer, Adidas, Volkswagen, les bananes Chiquita, les planches à voile Mistral, sans oublier les spécialistes du tuning automobile Kamei et surtout Bogners, la propre société du réalisateur, avec à sa tête l’épouse de ce dernier présentée en toute simplicité comme la plus belle femme du monde par le Gérard Holtz local (incarné par Marjoe "Starcrash" Gortner).

Les "Milka Cow-boys" je crois que ce sont mes préférés.

Bayer ne fait aucun mystère de son intention d'utiliser la chimie pour gagner.

La présentation des équipes est aussi l’occasion d’une succession assez dingue de caméos de célébrités, incluant parmi d’autres Buzz Aldrin, Isaac Hayes ou encore Niki Lauda.

L'astronaute Buzz Aldrin...

...le chanteur Isaac Hayes...

...et le pilote Niki Lauda, ce dernier à la tête des Paulaner.

Tout au long du film, les athlètes vont porter haut les couleurs de leurs sponsors, avec une mention spéciale pour les Milka et leurs casques à corne, les Paulaner en costume bavarois traditionnel, et le Club Med dont l’emblématique trident est bien pratique pour quelques coups de pute en douce pendant les épreuves.


Le Club Med est venu pour gagner, pas pour faire des flans aux prunes. Pousse la banane et mouds le caoua et t'ar ta gueule à Galaswinda, où le trident on va te le fourrer jusque là.

Pendant la descente en kayak, l'athlète Adidas est juché sur ces espèce de patins flottants qui ont l'air effroyablement casse-gueule.

Entre ces placements produits outranciers et les fréquents tirs groupés de gags affligeants, à défaut d’une comédie sportive réussie il reste au moins un nanar sympa à se mettre sous les yeux. Soutenu par une action rythmée, toujours inattendue et souvent débile - la course de voitures est une apothéose -, le film propose également quelques cascades réellement inventives. Comme les jaquettes le rappellent avec insistance, le réalisateur Willy Bogner est un skieur de niveau olympique et surtout un expert du réglage de cascades en ski, ayant travaillé à ce titre sur plusieurs James Bond, tout en étant le reste de la semaine PDG de la société de vêtements d’hiver éponyme fondée par son père.

Les skis à réaction, c'est la classe cosmique !


Pour des raisons que la raison ignore, le skieur Adidas a trois paires de ski qu'il largue au fur et à mesure de la descente.

Ses premiers pas dans la réalisation ont été pour des publicités pour sa société, ce qui explique sans doute sa grande ouverture d’esprit au sujet des placements produits. Avant Fire, Ice & Dynamite il avait aussi réalisé Fire & Ice, un clip publicitaire d'une heure et demie pour ses produits, à peine déguisé par une vague esquisse de scénario.

Reste que l'expertise paie : la grande scène de descente à ski sur fond de hard rock FM entraînant a vraiment la classe, même le véloski arrive presque à avoir l'air cool, et pour les scènes en voiture c’est le regretté Rémy Julienne qui s’en charge avec sa maestria habituelle.

Edgar Grospiron en PLS !




Satanas et Diabolo: Fury Road.


"Oh what a day ! What a lovely day !"

Fire, Ice and Dynamite affiche en plus une patine early 90s assez délicieuse, que ce soit dans les costumes, les téléphones portables gros comme des postes radio ou encore ses sports extrêmes improbables comme le véloski déjà cité, les skis à roulettes ou une épique descente de piste de bobsleigh en patins à glace. Le tout sur une musique signée Harold Faltermeyer, compositeur allemand qui a surtout bossé à Hollywood (Le flic de Beverly Hills, Top Gun).


La première épreuve est une descente de ski/snowboard/véloski/luge sur cailloux, ça met tout de suite dans l'ambiance.

Non, on ne sait pas non plus.

Côté comédie aussi la patine se fait sentir. Parmi les moments les plus douloureux pour le front du spectateur, citons l’entraînement du gourou et sa bande juchés à 4 sur des espèce de skis en tandem, ainsi que la scène où Victor et Lucy trouvent qu'Alex n'est pas assez assidu à l'entraînement et rectifient cela en envoyant à ses trousses une femme très musclée chargée de le violer si elle le rattrape. Classe.

Sur la route de l'enfer, la dernière chose que voient les damnés ce sont des yeux rouge-sang et des cornes acérées. Et des taches violettes.

Malgré ça, difficile de détester Fire, Ice & Dynamite pour qui a un peu d’affection pour les courses loufoques, même si le sentiment de naïveté rafraîchissante est sérieusement tempéré par le défilé publicitaire incessant.

Difficile surtout de ne pas regretter qu’il n’ait pas mieux maîtrisé son écriture et sa réalisation. En donnant la priorités à des gags pas finauds sur le déroulement de la course elle-même, il détruit toute ambition de construire un semblant d’excitation : les candidats passent leur temps à se rétamer et à se rentrer dedans les uns et les autres dans la plus grande confusion, ou à être entraînés dans des chemins de traverse le temps d’un gag. En conséquence, il est rigoureusement impossible au spectateur de suivre la course et donc de s’intéresser un minimum aux déboires et aux victoires des champions.

On ne connaît même pas le nom de l'homme aux skis à réaction alors que c'est clairement lui le vrai héros du film.

Alors on oublie le reste et on rigole devant le nawak décomplexé : voir un monster truck aux couleurs de Paulaner écraser une rangée de voitures innocentes pendant que la Golf GTI du Club Med harponne un téléphérique avec un canon-trident et qu’une bagnole aux couleurs de Milka avec une tête de vache sur le capot défonce un train avant de se cabrer en criant “MEEUUUUUHHH” est un spectacle réellement unique.

Soulignons toutefois que Rémy Julienne montre une fois encore qu'il est le maître incontesté de son art avec des démonstrations de conduite acrobatique toujours réglées au millimètre.

Idem pour ce Super-G sur cailloux complètement pété qui voit s’affronter, entre autres, un snowboarder (Club Med), un véloski (Grundig) et un skieur estampillé Bayer avec des skis à lubrifiant automatique façon début de soirée en backroom pendant que l’équipe Chiquita mitraille ses adversaires avec un canon à bananes. C’est ça qu’on veut à Nanarland !


Prête à tout pour gagner, Chiquita a ressorti les armes secrètes de l'époque Batista.

- Barracuda -
Moyenne : 3.25 / 5
Barracuda
NOTE
3/ 5
Kobal
NOTE
4/ 5
John Nada
NOTE
3.25/ 5
Hermanniwy
NOTE
2.5/ 5
Jack Tillman
NOTE
3.5/ 5
Labroche
NOTE
0,5/ 5

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation

 


Un DVD français édité par "Flam" au visuel hideux et au recadrage 4:3 (qui fait qu’il manque un bout de l’action la moitié du temps) se trouve facilement pour quelques euros sur les sites de vente en ligne ou leurs marketplaces. On trouve aussi le film avec son titre original et l'affiche principale chez "Initial Vidéo" et chez "Quadra Vision", un de leurs faux nez sous le titre de "Megathon" dans les bacs à soldes de Noz et consorts.



Pour ce prix-là vous n’aurez droit en bonus qu’à la bande-annonce en anglais. D'autres versions bas de gamme sans mention d'éditeurs précis (mais certainement des productions "Initial") ont été signalées à droite à gauche, comme celle titrée Feu, glace et dynamite chez Intégral Vidéo...