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Ninja Killer
Titre original :Karateciler Istanbul'da
Titre(s) alternatif(s) :Aucun
Réalisateur(s) :Lawrence Chan
Année : 1974
Nationalité : Hong Kong / Turquie
Durée : 1h26
Genre : Polar de castagne international
Acteurs principaux :Cüneyt Arkın, Bolo Yeung, Carter Wong, Chen Hung Lieh
Un écran titre tout en sobriété, illustré de manière fort distrayante par l'atterrissage d'un avion
Prometteuse rencontre que celle des cinémas turcs et hong-kongais ! Le résultat, grandement rehaussé par la présence du grand Cüneyt Arkin, est à mon sens plutôt mitigé, mais vaut néanmoins le détour.
Lu Kun, un contrebandier notoire de Hong Kong ayant construit son empire en éradiquant son ancien chef, Li Tien Ho, est un homme activement recherché par la police locale. C'est pourquoi il s'expatrie en Turquie afin de pouvoir continuer son trafic de choses vagues et indéterminées (on ne saura jamais très bien de quoi il s'agit).
Pendant ce temps, à Hong Kong, un certain M. Yang (Bolo Yeung), apparemment le bras droit de Lu Kun resté en chine pour gérer ses affaires, se fait corriger par des "ninjas" à la cagoule difforme.
Bolo Yeung : l'homme, le cigare, les lunettes. Mais surtout les pectoraux.
Les seuls "ninjas" que l'on verra dans le film. Notez la position de garde du ninja de gauche.
Il s'agit en fait de Li Tien Ho, à la recherche de Lu Kun et par extension, de vengeance. Yang, malgré son impressionnante paire de pectoraux, crache le morceau et balance la chatoyante destination de Lu Kun : la Turquie. Sur place, Lu Kun n'a pas perdu de temps et occupe ses journées à mettre des roustes à ses nouveaux hommes de main turcs pendant leur entraînement en arts martiaux, histoire de leur démontrer que ce n'est pas seulement la moustache qui fait l'homme.
L'homme de droite sort de prison. Son tailleur, lui, y est encore.
A ce stade entre en scène Charles, flic de la police turque, interprété par le viril et plébiscité Cüneyt Arkin (curieusement crédité George Arkin au générique). Infiltré chez les trafiquants de bibelots de cheminée au péril de sa vie, nous le retrouvons alors qu'il casse la gueule à tout le monde dans un entrepôt. Les doubles coups pleuvent (une spécialité de Cüneyt), une bonne demi-douzaine de figurants plus ou moins affublés de perruques ou de couvre-chefs invraisemblables restent au tapis, et on assiste a un impressionnant craquage de fond de pantalon au cours d'un coup de pied sauté qui met à jour le slip bleu de Cüneyt. Du grand art d'avoir conservé ça au montage.
Double dose de poing dans la gueule pour ce méchant biclassé trafiquant/brocanteur
Après avoir compromis la fertilité du monsieur de droite, Cüneyt s'apprête à s'élancer...
...pour le coup de pied sauté le plus classe de l'histoire du film de kung-fu !
...qui aboutit comme il se doit en double coup de tatane dans la tête des contrebandiers du coin, tout en souplesse.
Autre spécialité de Cüneyt : le coup porté vers la caméra, ici accompagné d'un subtil jeu de sourcils
Le chef des méchants contrebandiers tombe sous un double atemi ravageur de Cüneyt et crève comme un chien derrière des caisses de Mutlu (ah, c'est donc ça qu'ils contrebandaient !).
Mort (qui a dit sodomie?) derrière les caisses de Mutlu.
Une brochette de policiers turcs moustachus (ça devient pléonastique) arrive comme il se doit douze secondes après la fin de la baston, et somme Cüneyt, fort de son coup de filet musclé, de prendre des vacances sur le champ.
C'est la gloire pour notre héros : son glamour shot fait la une des journaux d'Istanbul.
La séquence qui suit nous offre un condensé des loisirs de Cüneyt lorsqu'il n'est pas occupé à atémiser des trafiquants de cendriers, activités qui comprennent:
- s'adonner au toucher rectal sur la personne d'un cheval en marche (ou de sa cavalière, c'est difficile à déterminer sur la photo)
- gambader dans la mer avec ses amis en faisant "floc floc" d'une manière qui ne laisse aucun doute sur le fait que cette scène à été sonorisée à l'aide d'une bassine d'eau dans un studio
- ridiculiser à la chaîne quatre ou cinq de ses élèves en arts martiaux (de préférence les ceintures blanches ou rose, c'est moins fatiguant)
- boxer implacablement un petit gros en survêtement rouge qui vient manifestement d'enfiler des gants de boxe pour la première fois de sa vie il y a trois minutes
Malheureusement le devoir appelle, et Georges (un autre flic turc, sévèrement moustachu s'il est besoin de le préciser) interrompt les vacances de Charles pour le mettre sur l'affaire Liu Kun, dont la trace à été retrouvée par la police turque. Charles est amené à faire équipe avec Liu Yung de la police de Hong Kong, spécialement dépêché sur place. Les deux hommes fraternisent très vite en bastonnant une douzaine de malotrus dans un restaurant, avant de partir bras dessus bras dessous, se fendant d'un rire cristallin et complice.
Complicité policière
Complicité croisière (absent à l'image : le très élégant slip de bain rouge de Liu Kun)Pendant ce temps, la police a repéré Liu Kun, en croisière sur le Bosphore avec des figurantes au talent inexistant mais aux nichons remarquables. A noter que là comme par la suite, la musique est hallucinante puisqu'il s'agit d'une sorte de musique électronique probablement très avant-gardiste en 1975, complètement déstructurée et qui ne colle pas du tout à la scène.
Afin de piéger Liu Kun, nos deux héros recrutent une jeune femme dont la spécialité est "danse du ventre sur fond de musique qui n'a rien à voir, comme par exemple une Conga ou bien un vilain morceau de disco/funk". Celle-ci séduit Liu Kun qui se prélassait au bord d'une piscine, au son des "floc floc" enregistrés en studio (oui, les mêmes que tout à l'heure) et surtout d'une reprise très musique d'ascenseur du Boléro de Ravel, tout en piano dégoulinant de suavité mal sentie. Liu Kun n'est cependant pas dupe, et tue la pulpeuse jeune femme, non sans lui avoir permis au préalable de montrer ses nichons (et son cul d'ailleurs, c'est déjà plus rare) lors de l'inévitable séquence érotique du film.
Mort d'un gros lard, comme quoi Pierre Tremblay n'est pas le seul emmerdé avec ce genre de problèmes.
A son tour, après avoir réglé un problème en interne avec trois gros lards de son effectif, Liu Kun décide de jouer à Charles le même tour dont il vient d'être la victime. Il lui envoie donc une jeune Chinoise, Mei Ling, se faisant passer pour sa femme, et qui vient chercher le réconfort dans les bras, musclés à force de tuer des méchants à coups de coude dans la nuque, de Cüneyt. Elle passera un après-midi mémorable au cours duquel elle aura notamment l'occasion de voir Cüneyt se faire cirer ses pompes. Eh oui, c'est comme ça qu'il emballe, Cüneyt. D'ailleurs ca ne rate pas, et à la fin de la journée, ça se bécotte avec conviction sur le bord de la plage.
Pendant ce temps, Liu Yung fait une descente dans une cache de contrebandiers, où c'est la grosse bagarre, avec encore des morts par atémi dans la nuque et surtout une assez belle défénestration de mannequin en mousse à la clé. Le tout est assez inutile et ne fait pas avancer l'intrigue d'un poil, mais ça meuble.
Alors qu'il amène sa maîtresse chinoise assister à un spectacle de danse traditionnelle turque sur fond de musique globalement latino-americaine (effet de décalage garanti), Charles est attaqué par un sniper, dont il évite les balles grâce à des roulades tout en souplesse. Son sang ne fait qu'un tour et il a tôt fait de corriger le mécréant.
Malheureusement, ce n'est que le début des ennuis pour Charles, qui apprend que sa femme, à qui il s'apprêtait à présenter son amante chinoise, vient d'être enlevée par Robert, le trafiquant de choses indéterminées local, le pendant turc de Liu Kun si vous voulez.
L'odieux Robert, chef des contrebandiers, dont la veste ainsi que la coupe de cheveux sont probablement illégales de nos jours.
Charles se rend sur les lieux (lesquels ? localisés comment ? on ne le saura pas) où Robert détient sa femme, mais il est trop tard, ce dernier l'a déjà tuée car elle refusait de se donner à lui et accessoirement s'était moquée de sa veste à rayures multicolores, qui est, il faut bien le dire, assez hideuse. Charles tue Robert d'un atémi à l'épaule (pour changer) et s'en va, l'air contrit.
Un regard qui a signé la perte de plus d'un rocher en polystyrène.
Oui, là je pense que Robert ne s'en relèvera pas.
Le film nous ramène soudain a Hong Kong, pour assister à un règlement de comptes plutôt sans intérêt entre Lo Tien Ho et Mr Yang, au cours duquel ce dernier va périr une pelle plantée dans la gorge, ce qui nous change un peu des atémis. Là dessus la police arrive et coffre tout le monde.
Nous revenons en Turquie où c'est également la saison des descentes de police. Grâce aux tuyaux de Mei Ling, les forces de l'ordre, menées par Charles et Liu Yung, ont retrouvé la trace de Liu Kun. C'est donc l'heure de l'affrontement final, opposant nos deux super-flics internationaux à Liu Kun et à son bras droit, le type qui avait tenté de sniper Cüneyt et qui a échappé à la police sans qu'on nous l'explique. Le combat se déroule tour à tour dans les donjons très très mal éclairés d'un château, puis sur les toits d'Istanbul. Le tout s'avère au final à faible teneur nanarde, si ce n'est pour quelques séquences en accéléré et la chute finale de Liu Kun, où il est très très visible sur le plan raccord final qu'il fait une chute de 50cm et non de 20m comme on voudrait nous le faire croire.
La transition est immédiate et on se retrouve à l'aéroport pour les adieux à Liu Yung, sur un fond musical très Bontempi qui pour ma part m'a donné envie de me pendre tellement il était ignoble.
Fin
Il convient de souligner, pour conclure, que ce film repose sur les épaules de deux de ses participants : Cüneyt Arkin et sa sempiternelle expression de mâle alpha viril et imperturbable, mais aussi Chan Kwok Man, responsable du désastre qu' est la bande originale de ce film, et qui rehausse la note que je m'apprête à lui attribuer d'un bon point.
Précisions :
La copie sur laquelle est basée la chronique, et celle que je me suis procurée à grande peine chez Micromania, en version anglaise (donc originale, je suppose) sous titrée dans un langage nordique que je soupçonne être du danois. Je serais fort curieux de mettre la main sur la VF, qui doit agréablement nanardiser les quelques passages un peu longuets du film.
Concernant la suspicion de 2 en 1, je pense, malgré le fait que le film présente deux lieux bien différents avec des personnages qui ne se rencontrent pas (de mémoire il me semble bien qu'aucun acteur du plateau de Hong Kong ne rencontre ceux du plateau de Turquie), qu'il s'agit d'un film "intègre", en un morceau. Personnellement c'est plutôt un regret : imaginez la merveille que l'on aurait obtenu avec un tel casting et Godfrey Ho à la réalisation/photographie/montage...
Ce film est sorti dans les salles françaises... le 25 février 1987 seulement ! Le critique Yves Allion évoquait l'évènement en une phrase : "Le grain est monumental, les scènes de jour sont effroyablement sous-exposées, la synchro est nulle et le scénario particulièrement transparent..."
Cote de rareté - 3/ Rare
Barème de notationOn le retrouve aussi en supplément de "Writing Kung Fu" sur un pittoresque double DVD mettant en valeur Bolo Yeung et sorti chez "Movie World".
Enfin chez "Ventura" un autre double DVD plus suspect puisqu'au côté d'un mysterieux "Way of the Fox" où on nous annonce Bruce Le on trouve un "Ninja Killer" illustré par la bonne bouille de... Stuart Smith ! Ca sent la jaquette volante tout ça. Difficile de présumer de ce qu'il y aura réellement à l'intérieur !
La version française de chez "Punch video" semble être la seule répertoriée dans nos contrées...