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Shadow Killers Tiger Force

(1ère publication de cette chronique : 2019)
Shadow Killers Tiger Force

Titre original : Shadow Killers Tiger Force

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Tommy Cheng

Producteur(s) :Tomas Tang

Année : 1986

Nationalité : Hong Kong

Durée : 1h22

Genre : Fémininja

Acteurs principaux :Wayne Archer, Deborah Grant, Louis Coe

Barracuda
NOTE
3/ 5


2 in 1 ! Même les éditeurs vidéos ne se cachent plus pour dire que c' du 2 en 1


Les ninjas sont quand même de sacrés emmerdeurs.
C’est évident dès le début de Shadow Killers Tiger Force. Un groupe d’amis pique-nique paisiblement dans un parc. On a sorti le barbecue, tout le monde rigole et s’amuse autour des merguez quand soudain, paf ! Les ninjas débarquent ! Aussitôt ces chieurs s’en prennent à tous les passants, pire que des youtubeurs tournant une vidéo de drague dans la rue. Les promeneurs se défendent contre les relous en noir avec l’énergie du désespoir, à coups de piques à saucisses et de raquettes de badminton, aussi dépassés face aux ninjas qu’un tennisman français en quart de final d’un tournoi du Grand Chelem.


Battu en 3 sets, 6-2 6-3 6-1, petit au bout, gamelle et dix de der.


Et ce ne sont pas que les déjeuners sur l’herbe qui sont la cible de ces fouteurs de merde. Un couple en train de canoter sur la rivière est à son tour la cible d’une cruelle “prank” des ninjas qui trouvent le moyen de les envoyer à l’eau ! Et ils trouvent ça drôle, ces connards ! Mais les heures de ces insupportables Rémi Gaillard en kimono sont comptées, car quelqu’un a enfin décidé de prendre des mesures radicales...


Connards...


S’intéresser aux innombrables films de ninjas dont une poignée de margoulins de Hong Kong a inondé le monde entre 1985 et 1990, c’est entrer telle Alice dans le terrier du lapin blanc et découvrir, mi-émerveillé mi-atterré, l’étendue délirante du phénomène. La plupart des films de ninjas de l’époque (particulièrement ceux importés en France) ont été produits par la société IFD de Joseph Lai. Celui qui nous intéresse aujourd’hui vient toutefois de sa grande rivale, l’écurie Filmark de Tomas Tang.


Entre IFD et Filmark, une rivalité aussi ancienne et puissante que celle qui oppose les ninjas noirs et les ninjas bleus.

Les deux sociétés partagent les mêmes méthodes de production peu scrupuleuses (deux-en-un systématique et pseudonymes à gogo), ont des acteurs en commun et tournent dans les mêmes décors. Pourtant, à force d’enquiller des dizaines de ces films, on finit par percevoir des différences de style subtiles. Les films Filmark sont souvent plus cheap : ici point de stars internationales comme Richard Harrison, Bruce Baron ou Alphonse Beni, mais des gweilos inconnus au bataillon, souvent des expatriés ou des touristes. C’est un peu plus mou, plus inégal aussi d’un point de vue nanar. En revanche, Filmark n’a aucun complexe et quand ils lâchent les freins, le ciel est la limite de leur délire.


It' fun to stay at the... OUAAAAÏÏAMCIÈÈÈÈÈÈ.


Leur marque de fabrique, c’est de pimenter les combats avec des armes “ninjas” complètement pétées. Les amateurs se souviennent avec émotion par exemple des vinyles écorcheurs de Ninja Phantom Heroes (alias Ninja Death Squad), des hula-hoops mortels de Ninja : American Warrior ou encore du combo “saï lance-flamme - nunchaku bazooka” de Ninja Masters of Death.




On a des tableaux Excel pour nous y retrouver.


Ce long intermède pour dire que la concurrence est rude mais que, pour la débilité, Shadow Killers Tiger Force va en remontrer aux meilleurs. Pour reprendre le fil de notre aventure, les ninjas sont en fait venus au pique-nique pour kidnapper des femmes qui leur servent à alimenter un réseau de prostitution. Avant d’être vendues à de riches clients, les femmes enlevées sont incarcérées dans une “vraie” prison et mises aux travaux forcés, avec la complicité de gardiens sadiques et libidineux - surtout un moyen d’introduire dans l’histoire les scènes de la moitié asiatique du montage, un film de “Women in Prison” assez classique.


Si vous êtes émoustillé(e) par les femmes en short avec des pelles, vous y trouverez votre compte.


Ce que les ninjas ignorent, c’est que leur dernière victime est la fille d’un riche homme d’affaires qui va engager les services de Jenny, une femme ninja, pour infiltrer la prison, faire évader sa fille et punir les salopards qui croient pouvoir exploiter ainsi ces femmes.


Les hommes en noir font dans la traite des blanches.


Après la scène du pique-nique, la folie continue avec l’entretien d’embauche de Jenny, qui se retrouve à jouer les Guillaume Tell en pyjama lamé avec des shurikens et les adjoints de son commanditaire. Visiblement ils ne sont pas totalement consentants pour l’expérience, mais c’est le problème quand on est expatrié et qu’on a un contrat en droit local, demandez à Richard Harrison et Bruce Baron ce qu’ils en pensent.


Ça reste moins pénible qu' un entretien d'embauche collectif.



Le manspreading est une activité à haut risque quand Jenny est dans le coin.


Jenny infiltre la prison des ninjas en se faisant kidnapper et un peu plus tard, entre deux scènes de maltraitance lubrique dans les geôles, la revoilà affrontant de vilains ninjas, perchée sur les épaules de l’un et croisant le fer avec deux autres, dans un style de combat que Syrio Forel aurait violemment renié.


Essentiellement par jalousie de sa part.


Après un ventre mou au milieu du film avec des scènes dans la prison de femmes sans intérêt, ponctuées de tentatives d’évasion guère plus excitantes, le final vient réveiller le spectateur assoupi comme un coup de fouet. Jenny a rendu la prisonnière à sa famille et se prépare à rentrer chez elle lorsque le chef des vilains ninjas, relou comme un ex trop collant, lui tend une embuscade pour se venger. Le combat s’engage.

On touche alors au nanar sublime.

Armes ridicules, pouvoirs ninjas improbables, effets spéciaux de feu et techniques de combat délirantes se combinent dans une débauche de crétinerie jouissive. A chaque fois qu’on croit en voir le bout, le film nous prend à contre-pied et nous balance dans les mirettes une nouvelle trouvaille aussi ridicule qu’inattendue. A ce stade, on ne peut que vous recommander d’interrompre la lecture pour aller regarder la scène sur Youtube car le choc de la surprise seul permet de l’apprécier à sa juste valeur, et nous allons la spoiler en détail ci-dessous.

La baston s’engage donc normalement QUAND SOUDAIN...






Les ninjas passent à travers un mur grâce à un pouvoir mystique acheté en solde à la Foir' de Sarreguemine ! La bagarre continue à l’intérieur, coups de pieds, coups de sabres, sauts périlleux QUAND SOUDAIN...




Jenny bat en retraite et revient habillée… en robe de soirée ! Pour hypnotiser son ennemi d’une danse disco-ninja lascive ! Et ça marche, ce gros salingue de ninja noir est subjugué, séduit, l’imprudent baisse sa garde QUAND SOUDAIN...



Jenny le décapite avec sa ceinture ! Comme ça, sans prévenir, sans rien justifier. Elle le décapite. Avec sa ceinture. On croit avoir atteint le sommet QUAND SOUDAIN… Le ninja noir se recapite tout seul !


Pendant que le nanardeur ramasse sa mâchoire sur le sol.


Et ce n’est même pas encore le climax. Le délire se poursuit dans la forêt, où Jenny, en difficulté, est sauvée par son commanditaire et ses hommes. Il est grand temps d’en finir avec cette ordure et cet enfoiré de première ! Et pour ça, à nous les grands moyens puisque Jenny dégaine rien moins qu’un bazooka pour balancer son porc comme il convient. Tout juste notre héroïne prend-elle le temps d’enchanter le missile en le frottant contre sa poitrine de façon à peine suggestive afin de nous garantir un final explosif.




"Son obus pistonnait entre ses seins, prêt à exploser..." - SAS : Ninja Menace à N'Djamena, Gérard de Villiers, 1988.


Et c’est quoi la différence entre une roquette normale et une roquette ninja enchantée me demanderez-vous ? Et bien c’est très simple : la roquette normale va bêtement en ligne droite alors que la roquette mystique des ninjas, elle, est accrochée à un fil et poursuit sa cible comme un prédateur sans pitié.




Fini de niaiser.

 


Face à une telle combinaison de technologie et de magie, le ninja noir n’a aucune chance et une explosion purificatrice vient libérer le monde de ses manières de saligaud et de sa mentalité de voyou.


Et c'est bien fait pour sa gueule !


Comment conclure après un final aussi dantesque ? Shadow Killers Tiger Force enchaîne comme des perles certaines des scènes de ninjas les plus drôles qu’ils nous ait été données de voir, et croyez-nous qu’on en a vu un sacré paquet. Le combat final offre 10 minutes parmi les plus denses en nanardise toutes catégories confondues, et en conséquence laisse le spectateur sur une excellente impression. Le deuxième visionnage toutefois est moins indulgent. Entre un début sur les chapeaux de roues et un final explosif, force est de reconnaître qu’il ne se passe vraiment pas grand chose, le film de femmes en prison qui en constitue l’armature principale étant trop mou pour soutenir l’intérêt. La note finale ne va donc pas tutoyer les sommets, mais que cela ne vous empêche surtout pas de profiter des fulgurances stratosphériques de Shadow Killers Tiger Force, en passant le reste en avance rapide.

- Barracuda -
Moyenne : 3.25 / 5
Barracuda
NOTE
3/ 5
Jack Tillman
NOTE
3.5/ 5

Cote de rareté - 6/ Introuvable

Barème de notation

Le film n'est jamais sorti en France et seulement en VHS à l'étranger. En voici un florilège, sans compter la néerlandaise mise en en-tête de la chronique.




Jaquettes allemandes.





Jaquette américaine.



Jaquette turque.