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Alphonse Beni
(1ère publication de cette bio : 2004)Consulter la filmographie / Consulter les films chroniqués
Cette biographie n’aurait pu être possible sans l’aide très précieuse de Jean Roke Patoudem collaborateur de longue date d'Alphonse Beni, du Rôdeur qui a largement défriché la partie africaine et érotique de l’œuvre de Beni, Mr Tubbytoast du site Devildead, grand exégète du cinéma érotique des années 70, Nikita pour avoir recontacté Sebastian Harrison, le fils de Richard Harrison, John Nada pour la partie asiatique post-IFD, et MrKlaus et Shimano pour leurs découvertes et précisions. Qu’ils en soient tous remerciés.
Alphonse Beni, acteur et réalisateur né en 1946 à Nkongsamba, au Cameroun, possède une carrière des plus singulières qui soit : jouissant d’une réputation d’auteur « disco » quasiment culte en Afrique, on le voit aussi bien jouer sur les plateaux des comédies érotiques d’Eurociné que faire le ninja approximatif chez cette vieille fripouille de Godfrey Ho. Pourtant, malgré sa flamboyante carrière d’acteur, sa véritable passion est la réalisation ; c’est pourquoi Beni est ici d’abord considéré comme un cinéaste.
Il commence sa carrière dans son pays natal, le Cameroun, où il tourne plusieurs courts-métrages avant de partir en France. Ainsi, Alphonse Beni peut être considéré comme un véritable pionnier du cinéma camerounais, lui qui commence à produire et réaliser des courts-métrages de fiction dès 1971 (Fureur au poing, Un Enfant noir) et passe au long format en 1974 avec Les mecs, les flics et les putains. Pour être un pionnier, il n'en demeure pas moins une exception dans le paysage cinématographique camerounais, et ce à plusieurs titres. D'abord, il est l'un des rares cinéastes qui puisse se targuer d'une véritable indépendance financière vis-à-vis de l'organisme étatique. Ses films sont majoritairement produits en faisant appel à des capitaux privés étrangers (via des co-productions avec la France, l'Italie ou le Gabon et des accords publicitaires avec par exemple la firme Toyota). Ensuite, il choisit, contrairement à la majorité de ses collègues dont les films décrivent la réalité camerounaise sur un mode documentaire ou auteurisant, d'épouser une forme de narration proche du modèle des séries B occidentales ou asiatiques, s'adaptant au goût du jeune public camerounais, friand de films d'action, de musique pop et de karaté. Les Mecs les flics, les p..., Danse mon amour ou Saint voyou sont ainsi des transpositions à la sauce locale de standards occidentaux, le héros de ces films étant généralement Alphonse Beni lui-même.
Exceptionnel également sera le succès au Cameroun des films d'Alphonse Beni, dans un pays où la distribution et la circulation des oeuvres est plus qu'aléatoire, ce qui grève généralement la carrière commerciale des productions locales. L'Histoire retiendra qu'Alphonse Beni sera le seul cinéaste camerounais "bankable", qui remboursera les avances sur recettes consenties par le FODIC, lequel organisme est d'ailleurs dans une situation financière désastreuse aux cours des années 1980 et voit son autorité contestée par bon nombres de cinéastes : sa politique dispendieuse de co-productions avec la France (avec notamment une série documentaire réalisée par des Français et Chocolat, de Claire Denis) est mise en cause, ainsi que sa propension à confondre "soutien financier", "contrôle" et "propagande".
"Pas de compromissions ! On ne m'achète pas moi, je suis un homme libre... bon je te quitte j'ai Marius Lesoeur sur l'autre ligne"
C’est en France qu’il va trouver financements et techniciens pour ses films. Pour ce faire, il se lance dans la vague érotico-porno qui fleurit sur les écrans dans les années 1970. Alphonse Beni décroche le rôle principal de Black Love alias L'Homme qui voulait violer le monde, un porno-soft signé José Bénazéraf, le pape du film cochon intello-navet. Beni joue "John A. Smith", l'amant de la fille d'un membre des Black Panthers (mouvement d'émancipation des Noirs américains). Alphonse laisse choir la fille et s'en va avec l'argent des Blacks Panthers pour mener une vie de débauche dans le Paris interlope. Il se débarrasse de deux tueurs à gages lancés à ses trousses avant de se faire poignarder par son ex-amante qui récupère le grisbi (c’est bien les bonnes femmes, ça...). Benazéraf cite Pierre Viansson-Ponté (éditorialiste au Monde), tient des discours sur Truffaut et cite visuellement Godard entre deux "partouzes mornes" (dixit la critique, pas franchement enthousiaste). Le film compte également comme interprètes Alain Tissier, un obscur du cinéma de boules qui finira chez Max Pécas, et Joëlle Coeur, active dans le milieu des années 70 chez Jean Rollin (mais aussi chez Pécas, Jean-Marie Pallardy et Alain Robbe-Grillet). Alphonse Beni est crédité comme co-scénariste.
Il va dès lors alterner les productions de films érotiques qu’il réalise au Cameroun et les tournages en tant qu’acteur en France.
Pour son premier long-métrage comme réalisateur, Alphonse Beni poursuit sur sa lancée dans l'érotique et sort en 1974 Les mecs, les flics et les putains alias Les Tringleuses (c'est le titre d'exploitation en France). Il est crédité au scénario en compagnie d'un certain François Camille (info à 2 francs car c'est un inconnu total). Il est l'interprète du film sous le pseudo de Alton Beni (pour américaniser son nom ?).
Beni interprète dans ce film le rôle de l'inspecteur Dubois, un flic lancé à la poursuite d'une bande de malfrats, le gang des barbus. L'un des barbus tente de doubler les autres et provoque la chute du gang. L'inspecteur Dubois découvrira avec stupéfaction que l'un des barbus (qui est blanc) est son frère. Alphonse Beni reprend ici le thème du nègre blanc cher au Boris Vian de J'irai cracher sur vos tombes, et inverse les codes raciaux habituels du polar occidental dont il utilise par ailleurs les grosses ficelles : érotisme, hémoglobine et karaté. Le film est semble-t-il assez médiocre. Au casting : Michel Charrel, un troisième rôle du cinéma français et Sylvia Bourdon, future actrice porno célèbre. Gros succès au Cameroun, semble-t-il.
En 1975 il récidive avec Les Filles au soleil alias Infernales pénétrations ou Les 69 positions, également sorti en vidéo en France sous le titre Sexual Desire. Crédité Alton Benny (il est aussi interprète), Alphonse Beni joue un garagiste licencié de son boulot car il se tape la secrétaire. Il se réfugie chez un ami gynécologue avant de se réconcilier avec sa fiancée (Ah ! les scénars de films X !).
A noter qu’il semble exister de ce film une version soft (Les Filles au soleil) et une version hard (les autres titres). D’après ceux qui ont vu la version hard, il est très difficile de savoir si les inserts pornos ont été rajoutés après coup car ce sont les mêmes acteurs (notamment Gilles Servien, qui fera carrière dans le genre) qui les assurent et qu’ils s’intègrent très bien dans la continuité du film. Pourtant Beni assure n’avoir jamais tourné de scènes hard dans ses films. Si effectivement, comme acteur, il ne fait que simuler, on le voit tout de même dans une scène où par ailleurs a lieu une copulation…
Quand il ne tourne pas dans son pays, il apparaît en France dans quelques productions érotisantes d’avant la libéralisation du X. On le voit notamment dans Hommes de joie pour femmes vicieuses alias Les Hommes de joie avec Daniel Darnault, un érotique de chez Eurociné shooté par Pierre Chevalier sous le pseudo brésilien de Lina Cavalcanti. Il s'agit de la vie au quotidien d'un hôtel de passe pour femmes dont les « pensionnaires » sont des hommes. Beni y joue "l'Ange Noir", un prostitué très sollicité. Tourné en 1974, le film n'est sorti sur les écrans qu'en février 1976. La critique note la présence de quelques scènes hard qui sont très probablement des inserts : le porno a été légalisé entre le tournage et la sortie du film et on imagine mal Daniel Darnault, look-alike de Louis de Funès, signer pour un film X ! Ce film a été tronçonné pour composer la deuxième partie de la comédie La Pension des Surdoués avec Charlotte Julian en 1980. Alphonse Beni apparaît donc malgré lui dans ce film laid et vulgaire, lardé de saynètes comiques éprouvantes, puisque toutes ses scènes de La Pension des surdoués sont extraites d'Hommes de joie pour femmes vicieuses !
Alphonse est l'Ange Noir, le chéri de ces dames (ici, il s'asperge le torse avec une bouteille de spray sur laquelle est écrit "sueur" !).
Puis c'est Godefinger ou Certaines chattes n'aiment pas le mou de Bob Logan, alias Jean-Pierre Fougea, médiocre réalisateur qui se reconvertira dans la production de comédies du style Et la tendresse bordel.... Le film est sorti furtivement après des problèmes avec la censure. Là encore il semble qu’une version incluant des inserts hard ait circulé, entraînant une interdiction. Le film nous narre une sombre histoire d’héritage dont le secret est caché dans trois statues phalliques. Il est décrit comme très mauvais et de toutes façons Beni n'y est même pas crédité, tant son apparition semble être minime. En revanche, il y a 20 minutes de show de Michel Leeb en début de carrière dans un cabaret érotique parisien : il nous fait un numéro de mime sur fond de jazz où il joue sur des femmes nues comme s’il s’agissait d’instruments de musique. C’est curieux, mais il ne s’en est pas vanté pour la suite de sa carrière…
Plus glorieux est son petit rôle de ministre africain dans L’Etat sauvage de Francis Girod avec Marie-Christine Barrault, Michel Piccoli, Jacques Dutronc et Claude Brasseur, film qui dénonce les affres des relations troubles entre la France et l’Afrique après la décolonisation.
Rentrant au Cameroun, il peut quitter l’érotisme pur, même s’il ne dédaigne pas glisser une ou deux scènes de nu dans ses films (mais qui pourrait l’en blâmer) et se lancer dans des productions plus glorieuses : en 1979 c'est Dance my love / Danse mon amour, une comédie musicale (probablement disco comme la suivante). Gros succès au Cameroun mais pas de sortie en France. Puis en 1980, Anna Makossa avec Jean-Pierre Andréani. Beni endosse le personnage de Baïko, propriétaire d'un boîte de nuit disco. L'un de ses amis est renversé par une voiture. Le conducteur de la voiture dérobe un diamant à la victime. Baïko trouve le coupable : c'est un Blanc, mari d'une danseuse de la boîte de nuit qui, une fois découvert, se suicide. Baïko va devenir son nom fétiche puisqu’il va l’utiliser pour presque tous ses films ultérieurs. Sorti en France en février 1980, ce film semble être un écrasant nanar musical disco-funky, sponsorisé par Toyota et Air Gabon. Pas tendre, le critique de La Revue du cinéma demande cruellement "combien les acteurs ont pu payer Alphonse Beni pour qu'il accepte de les faire jouer dans son film tant ils sont mauvais", avant de réclamer "qu'on traduise le cinéaste en justice" pour avoir osé nous présenter un film aussi épouvantable.
Deux mois après le précédent, revoici la nouvelle Beni prod’ qui débarque sur les écrans français : Saint voyou alias Saint voyou priez pour nous. Beni est toujours le héros, nommé à nouveau Baïko : ce nom de famille semble être devenu son nom de personnage fétiche, puisqu’il le reprendra de multiples fois, qu’il s’agisse d’interpréter un flic ou un voyou, et poussera la coquetterie jusqu’à être crédité comme acteur du nom d’« Al Baïko » dans un de ses films. Il séduit Leïla (Noire), la fille d'un diamantaire, vole son père et s'enfuit à Paris où il s'éprend d'une chanteuse (Blanche) qui est sous la coupe de la mafia. Leïla débarque à Paris avec l'intention de se venger : elle fait violer et exécuter la chanteuse par des sbires de la mafia sous les yeux de Alphonse / Baïko. Celui-ci se vengera à son tour, tuant tous les mafieux. A la fin, il se retrouve face à son ancienne amante Leïla et... lui tombe dans les bras ! Inutile de dire que la dernière pirouette nanarde a confondu la critique, qui note une fois de plus qu'il s'agit d'un avilissement servile au pire cinéma occidental où sont inversés les clichés racistes, "une pâture honteuse", toujours avec des Toyota !
Mister Alphonse, le tombeur...
Même si tous les critiques, locaux comme internationaux, lui tombent dessus à bras raccourcis, Beni est une véritable star au Cameroun, signe que ses productions sont plébiscitées par le public. Ses films sont tournés avec des techniciens français compétents, souvent issus du monde de l’érotisme seventies, ainsi pour l’image l'excellent Roger Fellous qui a bossé pour Claude Mulot (Le sexe qui parle, Prenez la queue comme tous le monde), Max Pécas (Mieux vaut être riche et bien portant que pauvre et mal foutu) ou Jean-Marie Pallardy (White Fire). Pour financer ses projets, Beni se montre débrouillard : il a massivement recourt au sponsoring et placement de produit, notamment chez l’importateur Toyota local (tout le monde roule en Toyota dans tous ses films). De même dans Cameroun Connection, on commande largement du VAT 69 au bar et on visite longuement une brasserie (avec gros plan sur les étiquettes des bouteilles de bière) sans que cela ait la moindre utilité à l’action. Dans Black Ninja, il y a carrément une scène d'interrogatoire à base de sponsors : dans un bureau où il fait chaud, le flic ninja Alphonse Beni et son suspect passent leur temps à boire de l'Evian et du Perrier, s'essuyer avec des mouchoirs Kleenex et fumer des Gitanes en en faisant des tonnes.
En 1982, il réalise Coup dur, un polar dans lequel il n’hésite pas à recycler purement et simplement un documentaire sur l’enterrement d’un chef tribal, puis enchaîne sur ce qui reste peut-être son plus gros film : Cameroun Connection, sorti en 1985. Il y interprète l’inspecteur Baïko, qui enquête sur le meurtre d’une jeune femme et va rencontrer Bruce Le, à la fois propriétaire d’une salle de karaté à Paris et de la plus grosse brasserie de Yaoundé (comprenne qui peut, le film est très confus). Il devra faire face à une grosse conspiration où intervient un sorcier très… comment dire… pittoresque. On a droit à une poursuite en Toyota, quelques plans nichons et même l’apparition le temps d’une scène du couturier Paco Rabanne qui s’avère encore plus mauvais acteur que prophète de fin du monde. Un régal.
Allez Paco, prédis-moi que je vais être l'Orson Welles camerounais...
C’est une coproduction franco-camerounaise qui s’offre rien moins que la présence de Bruce Le, le clone le plus célèbre de Bruce Lee. Comment Beni a-t-il pu l’avoir ? Nous sommes là au cœur de ce qui fait le sel de cette cinéphilie déviante qu’est la nanarophilie. Les incroyables connections qui peuvent exister entre des acteurs et des cinématographies distantes de milliers de kilomètres : Bruce Le a déjà tourné en France Bruce Contre-Attaque sous la houlette du producteur André Koob et de Jean-Marie Pallardy. Il est resté l’ami de Koob. Beni connaissant de nombreux techniciens du milieu du cinéma bis hexagonal, et le film étant tourné pour moitié en France, il devient aisé de deviner comment les deux hommes ont pu se rencontrer.
En revanche on n'ose à peine se demander comment Paco Rabanne s’est retrouvé embarqué dans l’affaire, mais on soupçonne que ce soit le fruit d'une fête bien arrosée. Dans ce milieu du cinoche bis, ça picolait pas mal et on faisait grosse consommation de jolies filles à qui on faisait miroiter une carrière de star contre un ou deux plans nichons dans une petite production fauchée. Le milieu de la mode ne pouvait être qu'un vivier en or pour les Pallardy, Pécas, Koob et autres Beni. Bien que réalisant un film de « prestige », Alphonse Beni n’oublie pas ses réflexes de cinéaste bis et déshabille les actrices à la moindre occasion [Nanarland : nous avons eu depuis la confirmation que Beni avait un bon réseau, notamment grâce au directeur photo Roger Fellous qui a beaucoup tourné dans le X et été chef op' sur Cameroun Connection de Beni et sur White Fire de Jean-Marie Pallardy].
Alphonse Beni montre à John Liu l'affiche de Cameroun Connection. Une suite avec les deux acteurs était prévue... On se prend à rêver de ce qu'aurait pu donner la rencontre entre le Black Ninja et le New York Ninja.
La même année sort un autre film d’Alphonse, African Fever, enfilade de clips sur fond d’enquête policière ringarde, qui se veut un hommage à la musique africaine vintage : étirant sur 1h50 une intrigue à la minceur anorexique, Beni attribue le rôle principal à son épouse Suzanne et interprète à nouveau un flic nommé Baïko.
Autre surprise, Alphonse Beni se retrouve l’année suivante aux côtés de Romano Kristoff et de Richard Harrison pour tourner dans Chasse à l’homme alias Three Men on fire, réalisé par Harrison. Ron et Richard ont d’ailleurs chacun tourné avec Bruce Le par le passé. Là encore doit-on y voir l’influence d’amis communs oeuvrant dans le cinéma bis, comme le producteur canadien Dick Randall qui avait entraîné Richard Harrison à Hong Kong pour jouer avec Bruce Le dans Challenge of the Tiger ? En fait, Richard Harrison nous a confié avoir rencontré Beni au marché du film à Cannes et avoir été impressionné par son enthousiasme et son charisme. Dans ce film, co-produit par Beni, on croise encore Gordon Mitchell ; il s'agit d'un thriller d'espionnage où l’on tente d’empêcher un attentat contre le pape entre l’Italie et le Cameroun. Une série B honnêtement troussée malgré un cruel manque de moyens et une photo parfois approximative. Alphonse Beni y interprète encore une fois l’Inspecteur Baïko et son épouse Suzanne lui donne à nouveau la réplique (un tournage qui semble avoir été très familial puisque les trois fils de Richard Harrison jouent de petits rôles). Toutefois, Harrison eut une surprise pour le tournage de la partie africaine supervisée par Alphonse. Celui-ci ne pu lui trouver d'armes pour les scènes d'action. Qu'à cela ne tienne, Richard en fit venir d'Italie mais eut un mal fou pour convaincre la douane (non prévenue de la nature du chargement) qu'il ne s'agissait que de cinéma...!
Sebastian Harrison, le fils de Richard contacté par Nikita conserve ce souvenir de Beni : « Mon père était impressionné par la façon dont il rendait bien à l’écran bien que n’étant pas un très bon acteur. C’était un homme très généreux qui adorait faire les boutiques. Quand il est venu pour la première fois à Rome, sa grande priorité a été d’acheter des tous nouveaux produits à la mode ; je crois que c’étaient des chaussures. Je me souviens qu’il a pris quelques affaires pour sa femme et il m’a offert un caleçon de bain. »
Pour Alphonse, c’est le dernier film qu'il tourne en Afrique à cette époque. La crise économique qui survient au milieu des années 1980 au Cameroun fait tripler le prix du billet, provoque parallèlement une baisse générale des salaires, et oblige l'Etat, en cessation de paiement, à une politique de restriction. Les salles de cinéma ferment une à une et vont bientôt subir, en outre, la concurrence des vidéos-clubs, puis de la télévision câblée et plus tard du piratage. La production cinématographique camerounaise est réduite à peau de chagrin à la fin des années 80. Les cinéastes se tournent vers la télévision, ou à l'image d'Alphonse Beni, s'exilent.
Et pour Beni l’exil, c’est Hong Kong.
C'est sur les conseils (mal) avisés de Richard Harrison que Beni serait allé se commettre chez les rois du film tronçonné : le réalisateur Godfrey Ho et son producteur Joseph Lai, patron d’IFD. Richard les aurait fait se rencontrer au marché du film de Cannes, où lui et Alphonse sont venus vendre Chasse à l’homme. Ayant tourné l’année précédente des films de ninja à Hong Kong avec cette fine équipe et ne se doutant pas qu’il va se retrouver dans des 2 en 1 accablants, Harrison se prépare à effectuer une nouvelle session de tournage à Hong Kong et emmène Beni avec lui.
Godfrey Honous a raconté sa version en interview : « Je l'avais rencontré à Cannes, au marché du film. Il était distributeur au Cameroun. Quand il a vu nos films, il a dit : "Oh, Godfrey, c'est excellent ! Je veux faire ce genre de films" "Tu veux faire des films ? Ok !" "Et je veux en être la vedette !" "Ok, viens tourner !" (rires). Et voilà ! "Tu allonges l'argent et tu as les droits pour l'Afrique ou la France. Les droits, et tu figures en tête d'affiche, ça te va ? Cool !". C'est comme ça qu'on a fait "Black Ninja". Un film vraiment naze (rires). Mais c'est lui qui payait, il voulait être la star, pourquoi pas ? (rires) C'est le business. » De fait, Alphonse Beni confirmait dans une interview à Cameroun Online avoir négocié en participation les droits de ces films pour les pays francophones (ce qui est loin d'être négligeable, l'Afrique étant alors un gros marché pour le cinéma d'action asiatique).
Notons qu'à l'occasion de la sortie en VHS aux Etats-Unis, Alphonse se voit renommé Chris Kelly (essaie-t-on de le faire passer pour le cousin de Jim Kelly ?).
C’est donc en 1986 ou 87 qu’on retrouve Alphonse Beni au générique de l’halluciné Black Ninja (alias Ninja Silent Assassin alias Ninja Operation: Knight & Warrior) où, aux côtés d’Harrison, il interprète Alvin, un flic français d’Interpol qui va faire rendre gorge aux assassins de sa femme, les ninjas trafiquants de drogue Grant Temple et Stuart Smith. Vêtu d’une élégante combinaison de ninja jaune canari, copieusement doublé (par un cascadeur chinois, et ça se voit !) pour toutes les scènes de combat, Beni y fait preuve de capacités martiales quasi nulles (il aurait consenti à suivre quelques leçons de karaté peu avant le tournage, histoire de se dégrossir vite fait en arts martiaux, mais c'est évidemment loin de suffire pour être crédible à l'écran).
Une photo prise sur le tournage de Black Ninja. Alphonse Beni prend la pose aux côtés du costaud John Cheung, chorégraphe des combats et scènes d'action sur les production IFD.
Alphonse et John Cheung.
Selon les méthodes de production du "2-en-1" qui sont devenues la marque de fabrique quasi-mafieuse d'IFD, Black Ninja est monté en partie à partir de séquences d'un film déjà existant, le polar taïwanais Nu tai bao sorti en 1983. Bien qu’affichant à l’écran un air abattu et guère motivé (mais il semble que ce soit son jeu d’expressions habituel), Alphonse semblera très content du film, qu’il présentera non sans audace comme une grande co-production « sino-américaine » (mais après tout, Richard Harrison est américain et le film fut produit à Hong Kong).
En fait Alphonse est tellement content qu'il va remettre le couvert pour trois autres films construits sur le même modèle, mais en court-circuitant cette fois le studio IFD et son boss margoulin Joseph Lai pour travailler directement avec les techniciens chinois rencontrés sur Black Ninja, comme le directeur photo Raymond Chang Hai. Il va ainsi tenir l'affiche de Top Mission, où il apparaît en fait 15 minutes en ninja rouge et en Rambo, le temps de compléter le film philippin Diablo Force (sorti en 1986). Le gweilo Kurt Eberhard et lui jouent un duo d'agents de la CIA / suprêmes guerriers ninjas, ayant pour tip-top mission de retrouver dans la jungle un professeur qui a inventé un super rayon laser, mais a été kidnappé par un ancien agent de la CIA / suprême guerrier ninja devenu félon qui a fondé sa propre organisation terroriste. La réalisation du film est signée "Henry Lee", qui n'est pas un pseudonyme de Godfrey Ho comme on l'a longtemps cru mais le réalisateur chinois Charles Lee Chiu, débauché de l'écurie IFD. Godfrey Ho est bien présent dans l'affaire mais a en fait servi d'intermédiaire entre Alphonse Beni et l'équipe chinoise, faisant office de producteur exécutif (il est crédité Godfrey Strong) via une structure qu'il a monté spécialement pour l'occasion, StrongFilm Productions ! Pour compliquer encore un peu plus les choses, le film a été distribué internationalement par la firme hongkongaise Filmark de Tomas Tang, grande rivale de la firme IFD de Joseph Lai.
Le film original philipin qui a servi de base à Top Mission (Source icono : Video 48).
Le film est ressorti en DVD en Allemagne en 2007, avec versions allemande et anglaise.
Alphonse Beni tourne encore dans Fire Operation (shooté à Manille, Philippines) ainsi que dans Power Force (shooté à Bangkok, Thaïlande), deux films à nouveau réalisés par Charles Lee par l'entremise de Godfrey Ho, et que Beni cite en interview comme étant ses derniers métrages tournés en Asie. Nous n'avons pas encore réussi à le voir mais Fire Operation serait apparemment un véritable film-Frankenstein qui intégrerait au montage des séquences tirées de Chasse à l'homme, Black Ninja et Top Mission ! Godfrey Ho fait toujours office de producteur exécutif, cette fois sous son vrai nom, via sa firme GodfreyFilm Productions. Power Force sera distribué via Filmswell International Limited, autre structure montée par Godfrey Ho.
Quel était le degré de collaboration de Godfrey Ho avec Beni pour l’écriture des scénarios, le montage financier et la production de ces projets ? Seul Alphonse Beni aurait pu nous en dire plus. Les propos de Godfrey lui-même tendent en tout cas à confirmer qu’Alphonse Beni était co-producteur sur Black Ninja, qui a connu en son temps une jolie distribution en Afrique, voire qu'il concevait le film comme un écrin à sa propre gloire. Si l’on en juge par la satisfaction certaine exprimée par Alphonse au sujet de son expérience asiatique, on serait tenté de croire qu’il était persuadé d’avoir tourné de vrais bons films, ou en tout cas qu’il se réjouissait de sa bonne affaire.
Le VCD indonésien de Power Force !
Histoire de compliquer les choses jusqu'au bout, précisons que Power Force – "2-en-1" absolument nul dans lequel Beni n'apparaît presque pas – existe dans deux versions... Une version titrée Power Force est sortie en VCD en Indonésie, et mélange les rares scènes tournées avec Beni avec un film thaïlandais mettant en vedette Panna Rittikrai. Une autre version est sortie en Thaïlande, au cinéma et en VCD, sous le titre Operation Bangkok. Cette version-là mélange les mêmes plans de Beni avec un autre film thaïlandais, sans Panna Rittikrai.
L'affiche cinéma thaïlandaise d'Operation Bangkok.
Le VCD thaïlandais d'Operation Bangkok.
A partir du début des années 1990, Alphonse Beni ne tourne plus beaucoup, sans pour autant renoncer au Septième Art – il aurait paraît-il continué à réaliser des courts-métrages, hélas invisibles à ce jour. Détail amusant, on le surnomme toujours Baïko ou le Black Ninja au Cameroun, où il reste une figure populaire mais un peu controversée du cinéma local. A la fois passionné et businessman, il se rêve en cinéaste complet, cherchant à maîtriser toute la chaîne de production puisqu'il écrit, produit, interprète, réalise et distribue ses oeuvres, mais aussi les films des autres. D'après Jean Roke Patoudem, qui l'a rencontré au Cameroun en 1987 et qui est devenu son assistant, le pays comptait à l'époque quelques 70 salles de cinéma et Alphonse Beni était un distributeur important, faisant la navette d'une salle à l'autre à travers le pays avec des dizaines de copies 35 mm. Il distribue notamment les productions Eurociné de Marius Lesoeur, les films érotiques de Jean-Marie Pallardy, mais aussi des titres pour David, Samuel et Victor Hadida, qui ont fondé Sami Films puis Metropolitan Filmexport en 1978. A ses débuts, la firme Metropolitan – qui allait plus tard cartonner avec True Romance, Seven ou Resident Evil – est en effet une firme modeste, qui distribue essentiellement des mélodrames indiens et des films de kung-fu pour l’Afrique francophone. Mais les gérants de salles conservent 70% des recettes, ne lui reversant que 30%, et Beni rêve de se bâtir un cinéma à lui. En 1988, il s'endette lourdement pour construire à Douala son propre cinéma, un sanctuaire de 1000 places (finalement ramené à 800) baptisé Le Paradis, nom choisi par Suzanne Beni, l'épouse d'Alphonse. Son investissement se fera malheureusement à perte, et va même provoquer sa ruine.
Jean Roke Patoudem bat le rappel pour annoncer la projection des films que distribue Beni. On reconnait l'affiche d'African Fever (et celle d'un film de kung-fu), et la mention "Le Capitole", qui était un célèbre cinéma de Yaoundé (fermé en 2003, Le Capitole a fait place à un magasin d’ameublement et d’électroménager).
Beni investit en effet ses économies au pire moment. Dans les années 1970 et 1980, le marché était plutôt florissant, grâce à un fonctionnement simple et bien rôdé. En France, les films sortaient à Paris dans des copies dites de 1ère diffusion, puis en province pour une 2ème diffusion. Quand l'exploitation du film en France était terminée, ces copies partaient alors généralement en Afrique de l'Ouest, dans les pays francophones, pour une 3ème diffusion. Après avoir été projetées maintes et maintes fois, ces bobines 35 mm étaient souvent très abîmées, avec de nombreuses rayures et de petites coupes partout où les projectionnistes avaient dû les rafistoler. Toutes ces copies en fin de vie, considérées comme sans valeur, étaient récupérées par la COMACICO (Compagnie Africaine Cinématographique Industrielle et Commerciale) et revendues en masse au CIDC (Consortium Inter-Africain de Distribution Cinématographique), chaque petit distributeur local ou exploitant pouvant ensuite acquérir la copie d'un de ces films pour une somme allant de 165 000 à 200 000 Francs CFA selon son état.
Fondée par Maurice Jacquin, autrefois propriétaire du plus important circuit de salles d’Afrique de l’Ouest, la COMACICO débute en important des films européens en Afrique (ce qui explique le choix d'un éléphant pour emblème). Restructurée en 1959, la société se focalise ensuite sur la distribution de films en France. Un an plus tard Maurice Jacquin se lance dans la production de films en fondant Les Films Copernic, produisant des titres avec Louis de Funès (Sur un arbre perché), Charles Bronson (De la part des copains) mais aussi... Philippe Clair ! (La grande maffia).
En 1992, ce réseau bien structuré s'arrête brutalement : dorénavant, chaque distributeur ou exploitant de salles doit théoriquement venir négocier les droits de diffusion, film par film, auprès de l’ayant-droit à Paris – ce qu'aucun d'eux n'a les moyens de faire. Plus aucun film postérieur à 1992 ne sort. Les mêmes vieux films tournent jusqu'à ce que les copies rendent l'âme. Les salles se vident, et les projecteurs tombés en panne ne sont plus remplacés (on verra un temps l'apparition de projecteurs à VHS !). La concurrence de la télévision et l'augmentation des taxes sur les entrées finissent d'asphyxier les exploitants. Beni ne peut plus rembourser le propriétaire du terrain sur lequel il a construit sa salle, et qui refuse de lui racheter son cinéma (« Tu peux récupérer ton cinéma, moi je récupère mon terrain. » lui aurait-il dit). Beni a tout perdu et se retrouve sans le sou. Sa société de production Fank Films Cameroun est liquidée. Son Paradis deviendra par le suite le cinéma L’Eden, qui finira par fermer. Achevées par la montée en puissance du piratage, les trois dernières salles de cinéma du Cameroun (L’Abbia à Yaoundé, le Wouri à Douala et L’Empire à Bafoussam) fermeront leurs portes en 2009.
Le Retour des morts-vivants, African Fever, du kung-fu et bien d'autres joyeusetés au programme de ce cinéma camerounais.
Côté réalisation, sa situation financière délicate contraint Beni à une inaction qui lui pèse. Jusqu'à présent, son business model était de faire un film et gagner suffisamment pour rentrer dans ses frais et pouvoir produire le film suivant, ce qu'il ne peut plus faire. Les perspectives dans l'industrie locale sont limitées mais Beni ne perd pas l'envie de prendre à nouveau la caméra au poing. C'est ainsi qu'en 2005, il sort enfin un nouveau long-métrage, La Déchirure. Un film beaucoup plus ancré dans les réalités du pays, où il trace le portrait d'une famille nombreuse camerounaise à problème, déchirée entre foi en Dieu et sorcellerie traditionnelle. On peut parler de cinéma d'auteur vu le sujet, ce qui surprend de la part de Beni et tranche radicalement avec ses productions antérieures. « Le cinéma d’auteur ça paye pas, le cinéma de divertissement, le cinéma d’action c’est ça qui paye dans le monde. » aurait-il confié à Jean Roke Patoudem. Comment alors expliquer un tel changement de cap ?
Alphonse Beni semble avoir laissé de bons souvenirs aux techniciens chinois. Le chef op' Raymond Chang Hai (qui a notamment shooté Le Maître chinois et Le Chinois se déchaîne avec Jackie Chan) a partagé avec nous cet autographe qu'il a conservé du tournage de Black Ninja.
La réponse est simple : alors qu'il produisait jusqu'à présent ses films en totale indépendance, Beni doit désormais s'en remettre au MINAC (Ministère des Arts et de la Culture), au FODIC (Fonds du développement de l’industrie cinématographique) voire à la chaîne nationale CRTV (Cameroun Radio Télévision) pour obtenir les subventions sans lesquelles il n’arrive plus à tourner. En contrepartie, ses projets doivent recevoir l’aval des bailleurs de fonds. Co-produit avec l'aide de Jean Roke Patoudem (qui s'est établi à Paris et à qui Beni avait mis le pied à l'étrier en lui confiant le poste de premier assistant réalisateur sur Chasse à l'homme), La Déchirure est un film à très petit budget, le premier que Beni doit se résoudre à tourner en vidéo, abandonnant paraît-il la pellicule à grand regret. Le film est interprété par des acteurs non professionnels (certains sont semble t-il si mauvais qu'ils se sont fait huer lors de l'avant-première) et mélange grosse comédie, mysticisme religieux et veine sociale. La critique est assez féroce : le film serait rempli de faux raccords, le scénario incohérent, les comédiens très mauvais ; n'en jetez plus ! Néanmoins, le film obtient un succès local. Il faut dire que les Camerounais sont heureux de pouvoir voir un vrai film tourné chez eux. Beni, dans la foulée, annonce la suite de son film avec "plus d'action" (« Pourvu qu’il s’entoure de scénaristes, nous épargne quelques scènes inutiles et mette un accent sur la direction d’acteurs », aurait lancé un journaliste lors de l'avant-première).
Dans le même temps, Alphonse apparaît aussi dans les films des autres : ainsi, en 2006, il tourne dans le polar Emeraudes d'Isidore Modjo. Avec le temps, Beni semble être devenu une sorte de figure tutélaire du film populaire camerounais. En tout cas, il est heureux qu'en vrai passionné du cinéma, Beni puisse continuer à assouvir son rêve de faire des films. En 2007, il donne une suite à son précédent succès avec La Déchirure 2 : parfait amour, dont il est à nouveau la vedette et le réalisateur.
Lors de l'édition 2021 du Festival Ecrans Noirs au Cameroun, Alphonse Beni se voit remettre l’Ecran d’Honneur pour l’ensemble de son oeuvre [Source et crédit photo : imagazinepost.com]
En 2008 il sort Red Bad Boys, film de presque deux heures dont le site allafrica.com nous apprend que « L'histoire, inspirée d'un scénario pratiquement à l'américaine, mets en scène à la fois le tourisme, les arts martiaux, la musique et l'univers virtuel des casinos. » On y suit le personnage de Georges Franklin (joué par Alphonse Beni), riche propriétaire d'une chaîne de cabarets et casinos au Cameroun, qui va confier la direction de ses affaires au nommé Jas et maître King, expert en Kung Fu !
En 2011, Beni change de registre avec Les veuves volontaires, l'histoire de trois amies mères de familles qui décident de liquider leurs maris alcooliques, volages et violents. Il y aura encore Folles d'amour en 2012, plombé par une terrible absence de rythme étirée sur 118 mn, L'Amant de ces dames en 2013, et aussi un projet documentaire, Metche, du nom d’une danse camerounaise qui a lieu une seule fois tous les dix ans (la préparation commence à 20 ans et il faut en avoir au moins 60 ans pour la danser !). Puis entre 2015 et 2017 ce seront coup sur coup les films Les femmes araignées, Les femmes araignées 2 et surtout Ils ont mangé mon fils, adaptation d'une pièce de théâtre à succès qui s’interroge sur le choc des cultures entre science occidentale, croyances traditionnelles et charlatanisme de certains escrocs dans l'Afrique du XXIème siècle. Un projet difficile à monter et dont la sortie reste cependant confidentielle.
En tout cas son art pour trouver des sponsors semble toujours intact.
Alphonse Beni s'est éteint le 12 mars 2023, à l'âge de 77 ans, des suites d'une maladie. Son décès nous attriste d'autant plus que nous avions pu échanger avec lui dans les semaines précédentes, et qu'il avait gentiment accepté de nous accorder une interview. Il était, nous avait-il dit, en post-production d'un film qu'il venait de tourner en janvier, et il avait encore des projets plein la tête. Si dans son pays les critiques n'ont pas forcément été toujours très tendres avec lui, il reste pour beaucoup une figure essentielle du cinéma camerounais. Plus qu'une simple icône populaire ou un modèle de réussite, il laisse l'image d'un véritable précurseur et inspire à nombre de ses compatriotes un sentiment de fierté nationale.
Alphonse Beni, en 2022.
SOURCES :
Dictionnaire des cinémas d'Afrique
La Saison Cinématographique / La Revue du Cinéma / Image et Son.
André Gardiès : Le Cinéma d'Afrique francophone.
Béatrice Bonny : Grandeur et décadence du cinéma camerounais / Cinémaction n°106
Cameroun-Online.com
Cameroon-Tribune.net
Africine.org
Films chroniqués
Filmographie
2023 - Pouvoirs et loi (série télé)
2017 - Les femmes araignées 2 / Femmes araignées 2 (réalisateur)
2016 - Les femmes araignées (réalisateur)
2015 - Ils ont mangé mon fils (réalisateur)
2013 - L'Amant de ces dames (réalisateur)
2012 - Folles d'amour (réalisateur)
2011 - Les veuves volontaires (réalisateur)
2010 - Metche (réalisateur, documentaire)
2008 - Red Bad Boys (réalisateur)
2007 - La Déchirure 2 : parfait amour (réalisateur)
2006 - Les Emeraudes
2005 - La Déchirure (réalisateur)
1991 - Power Force / Operation Bangkok (date incertaine)
1988 - Fire Operation
1987 - Top Mission
1986 - Black Ninja (Ninja Operation Knight and Warrior)
1985 - Chasse à l'Homme / Three men on fire
1985 - African Fever (réalisateur)
1984 - Cameroun Connection (réalisateur)
1982 - Coup dur (réalisateur)
1980 - Saint voyou / Saint voyou priez pour nous (réalisateur)
1980 - La pension des surdoués (en fait des images issues de "Hommes de joie pour femmes vicieuses")
1980 - Anna Makossa (réalisateur)
1979 - Dance my love / Danse mon amour (réalisateur)
1978 - L'Etat sauvage
1978 - Les 69 pénétrations de Marika (réalisateur)
1975 - Les Secrets de la Mer Rouge (série TV - Alphonse apparaît dans 3 épisodes)
1975 - Godefinger ou certaines chattes n'aiment pas le mou
1975 - Les Filles au soleil / Infernales pénétrations / Les 69 positions / Sexual Desire (réalisateur)
1974 - Les mecs, les flics et les putains / Les Tringleuses (les tringleuses est le titre d'exploitation en France)
1974 - Hommes de joie pour femmes vicieuses / Les hommes de joie
1973 - Black love / L'Homme qui voulait violer le monde (co-scénariste)
1972 - Un enfant Noir (court-métrage réalisateur)
1971 - Fureur au poing (court-métrage réalisateur)