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Mortal Conquest
(1ère publication de cette chronique : 2025)
Titre original : G2 : Mortal Conquest
Titre(s) alternatif(s) : Gladiator Cop 2, G2 Conquête Mortelle
Réalisateur(s) : Nick Rotundo
Année : 1999
Nationalité : Canada
Durée : 1h28
Genre : Mortal Konquest : Alexander's Sword Kollection
Acteurs principaux : Daniel Bernhardt, James Hong, Simon Kim, James Kim, Christopher Lee Clements, Meeka Schiro, Jung-Yul Kim
Promis, juré, craché. Non, je ne parle pas du film comme d'un glaviot mais de mon engagement à boire la coupe du Rotundoverse jusqu'à la lie. Un exploit à relativiser car le brave homme n'a réalisé que 2 films. Vous ne pigez rien à cette intro ? Vite, du contexte !
L'histoire commence avec la découverte de Gladiator Cop, une expérience étrange qui trouva bien vite explication dans sa nature de simili-requel [Note de Nanarland : REmake + seQUEL] du Maître d'arme, duquel on avait excisé des rushs de Lorenzo Lamas pour en faire les fondations d'une nouvelle oeuvre, agrémentée de reshoots comprenant des ré-embauches d'acteurs du film d'origine. Un bel exploit qui reposait sur les talents de monteur de son réalisateur, Nick Rotundo, dont le métier principal est bien de savoir recoller les morceaux de bandes tournées par d'autres.
L'exploration de la fiche imdb du sieur révéla alors l'existence d'une ultime oeuvre personnelle, intitulée Mortal Conquest, qui semblait s'inscrire dans la droite lignée des deux films précités. La thématique scénaristique tellement proche de ces trois films-frères – d'aucun pourrait parler de décalque de plus en plus délabré – autorise de les conceptualiser comme une pseudo-trilogie de l'Epée d'Alexandre, d'autant que c'est un seul homme, Nicolas Stiliadis, qui l'a intégralement produite (quel noble engagement !). Ce qui m'amène donc à vous parler aujourd'hui de cette conquête mortelle.
Le retitrage allemand du film annonce la couleur de sa filiation.
L'épée d'Alexandre le Grand lors de son célèbre voyage spatial.
On prend donc (en partie) les mêmes et on recommence une nouvelle déclinaison de cette obsession alexandro-rotundienne : Steven Conlin, un antiquaire/forgeron/ex-flic comme il en existe à tous les coins de rue, souffre de cauchemars chroniques dans lesquels il se voit guerrier des temps anciens, trucidé en boucle par une bande de Mongols ricanants. Ses consultations psychiatriques ne donnant rien de probant, il trouve réconfort dans l'invocation du fantôme de son vieux maître qui n'a que le mot Saṃsāra à sa bouche spectrale pour tenter d'apaiser son trouble ; une étude approfondie de la philosophie bouddhiste dans wikipedia nous apprend que Saṃsāra n'est ni une spécialité culinaire à base d'oeufs de poisson roses ni une chaîne de campings, mais le cycle de renaissance et de souffrance au bout duquel on peut espérer trouver le nirvāṇa.
Les rushs de Lorenzo Lamas étant éclusés, c'est Daniel Bernhardt qui prend la relève pour incarner ce nirvāṇa.
Le même en version macédonienne.
Dans le même temps, l'antagoniste Parmenion et ses sbires se rendent à Hong-Kong pour récupérer l'épée d'Alexandre le Grand, Graal des précédents films. Je m'arrête d'emblée sur cette très belle séquence qui ravira le nanarophile : Nick Rotundo se sent habité par l'âme de John Woo et filme une séquence d'action des plus enfiévrées... Comprendre en sueur, tremblotante et semi-délirante. Le deal de l'épée avec les triades locales dégénère rapidement et donne lieu à une fusillade à laquelle s'opposent... des moulinets de sabres pare-balles ! Rendus impuissants par cette technique ancestrale déconcertante d'efficacité et de bonne humeur, les mafieux se font exterminer à coups de high kicks et de décapitation. Parmenion jubile.
Les triades contre le cirque du soleil.
Parmenion est une nouvelle fois interprété par James Hong, seul acteur à avoir assumé son rôle tout au long de cette trilogie miteuse.
Le même, en version mongole. [Note de Nanarland : Parménion fut l'un des principaux généraux d'Alexandre le Grand, qui le fera exécuter à la suite de la conjuration de Philotas].
Il jubile car grâce à son nouvel artéfact, il va enfin pouvoir participer à des matchs à mort clandestins. L'aboutissement universel de toutes les destinées dans ce genre de film. Enfin, il participe... Plutôt, il envoie son champion dans des arènes, tandis qu'il préfère parier des sommes folles au regard des mises des autres spectateurs (pour aucune raison scénaristique, en plus), ce qui devrait en toute logique économique ruiner les bookmakers – sauf à considérer que la main du marché régule à coups de mawashi invisible les flux boursiers occultes (voilà le genre de film qu'on veut voir !).
La première victime de l'épée alexandrine qui va vite apprendre que ce n'est pas poli de pointer du doigt.
Une scène de fuite de bourgeois et de chevaux assez clownesque.
Une fois sa tunasse en poche, Parmenion peut passer à la partie plus obscure de son plan : le coaching de Steven Conlin / Daniel Bernhardt pour le faire participer aux tournois à mort du moment (sans aucune concertation préalable avec les organisateurs, ambiance Here comes a random new challenger qui devra d'ailleurs se contenter du blaze improvisé de "The Mystery Man") et ainsi réactiver sa vie antérieure. Considérant qu'il s'agit de son ennemi mortel depuis l'Antiquité, cette stratégie d'entraînement du héros et de motivation par la promesse de lui filer l'épée d'Alexandre dès qu'il aura suffisamment level up a de quoi plonger le spectateur dans une grande confusion quant aux objectifs poursuivis par Parmenion. Surtout qu'il continue par ailleurs de tenter de le faire tuer par ses sbires ! Sans doute une forme de harcèlement trans-karmique, car Steven se montre rétif à ses encouragements qui réveillent plus fortement ses reviviscences mortifères.
De fait, grâce à ses séances de retraitement psychotrauma(n)tique par l'embrochage de combattants, Steven se reconnecte à ses coucheries du passé.
Tout l'amour d'un réalisateur en un seul plan.
Evoquons rapidement l'enquête parallèle de deux policiers (inutilement) manipulés par un Parmenion grimé en faux confrère hong-kongais. Si l'un se contente de vaguement ressembler à Steven Seagal, sa partenaire a pour elle de fournir un love interest à Daniel Bernhardt, histoire que son maigre cachet soit compensé par un peu de tâtage de fesse lors de la scène érotique réglementaire. A noter que l'indice princeps des investigations est un shuriken ayant appartenu à Alexandre, qui fut sans doute adhérent à un antique club de ninjutsu macédonien durant ses heures de loisirs.
Un postiche de moustache & barbe, et on ne le reconnaît plus, le p'tit Parmenion.
Cody, fliquette en pleine interrogation sur le shuriken d'Alexandre...
...Description de l'objet (clairement en plastique !) par nos archéo-inspecteurs : "the sun within a circle".
Un Seagalfake !
Une relation amoureuse qui se construit selon le schéma de flirt classique : je t'arrête, je t'interroge avec des électrodes...
...on se fait un resto, on couche ensemble puis je te nomme adjoint.
Steven va donc se promener d'arènes secrètes en rings clandestins de la mort, dans des cargos abandonnés ou des hangars désaffectés grands ouverts au public et à la police – la preuve de la popularité de cette saine pratique martiale dans les années 1990. Et ça tombe bien car la promesse de ce genre de bobines réside dans la diversité folklorique des combattants à l'écran, et félicitons Nick Rotundo pour sa générosité en looks improbables, techniques de combats débiles et jolies plastiques d'acteurs de dernière zone (une bonne partie n'a que ce film à son actif).
Exemple typique de sexy bitch de série B, Chi (Inkyang Kim), fille de Parmenion, se la joue séductrice survitaminée/rentre-dedans, avec une petite vibe Vashita dans L'Invincible.
Quand ce n'est pas Parmenion qui s'y met à son tour.
J'ai oublié de vous dire que les Mongols tués disparaissaient dans un halo bleuté aux faux-airs de quickening, parfois en public sans que ça émeuve grand monde.
Les plus sagaces d'entre vous auront peut-être songé que le titre Mortal Conquest n'est pas sans rappeler un célèbre jeu vidéo de versus fighting gore, adapté au cinéma en 1995, et ce serait d'autant plus un heureux hasard qu'une série nommée Mortal Kombat Conquest est sortie en 1998, soit un an avant notre nanar du jour, et qu'elle comprenait au casting un certain... Daniel Bernhardt ! Le karma, j'vous dis. Et si on veut vraiment tirer sur le moindre bout de ficelle, les morts quickenées peuvent faire penser à la saga Highlander dont le 3ème opus était sorti en 1994 et se reposait sur l'affrontement entre un sorcier... mongol et Christophe Lambert, lequel avait également joué dans le premier film Mortal Kombat. MEUZABITCHIN' KARMA !! Le présent film ne se gêne par ailleurs pas trop à bien s'inspirer de la série avec Adrian Paul (le héros en imper cuir qui vit au milieu de ses épées dans une sorte de grand loft/hangar et repense souvent à ses vies antérieures).
Les stars (de 5ème division nanarlandaise)
Yang et Ying, par James et Simon Kim, alias les Tiger Twins (vus dans The Circuit, Les Maîtres du pouvoir, Wishmaster 2, Sci-Fighters...).
Shek, par le toujours ravi de la crèche d'être là Jung-yul Kim (vu dans Les Maîtres du pouvoir).
Shark, par Dave Geneau (vu dans Les Maîtres du pouvoir, Gladiator Cop).
Overlord, par Christopher Lee Clements (vu dans Gladiator Cop, Sans Pitié ni pardon, Les Maîtres du pouvoir).
Prefighter 3, par Scott Hogarth (vu dans Gladiator Cop, Sans Pitié ni pardon, Les Maîtres du pouvoir, Dans les griffes de l'aigle, TC 2000).
Les cascadeurs à la belle carrière professionnelle
Riff, par Ilan Rosenberg
Razor, par Louis Paquette.
Les no-names
(difficiles à clairement identifier car peu de personnages sont nommés dans le film - Toute erreur repérée par des lecteurs encore plus chevronnés en cryptocascadologie devra nous être signalée)
Honan, par Phil Maldonato.
Un gladiateur, par Mat Taylor.
Un autre gladiateur, par Andrew Jones.
The Exterminator, par Brian Thomas.
Viper, par Francesco/Frank Maturi.
Manchu, par Ted Clark.
Un mot sur le jeu d'acteur qui est un autre solide dopant du nanaromètre du film. Vous avez d'un côté Daniel Bernhardt qui sous-joue la catatonie et de l'autre tout le reste du casting qui cherche à compenser dans un concours de qui en fait le plus des caisses. Une compétition que chacun prend très au sérieux et qui, très étonnamment, est remportée par James Hong. Habituellement plutôt sobre, le bonhomme semble prendre conscience qu'on n'a qu'une vie et qu'une seule carrière, et part en roue libre arrière en équilibre sur le nez : plus l'histoire progresse et plus il cabotine, dansant avec des éventails au milieu des combats, ricanant dans des aigus très pentus et ponctuant le dernier acte de ses "Avenge meeeee !" enfiévrés.
Daniel Bernhardt, tout en intériorité marmoréenne au milieu de la vaine agitation d'un monde à la dérive.
James Hong dans le registre opposé, sans doute pour équilibrer le Yin et le Yang.
En préparation de l'utime bataille, Steven prend sa nuit pour se forger une nouvelle épée !
Une précipitation qui explique sans doute son fil tout niqué.
Car oui, il y a bien une explication scénaristique finale aux agissements de Parmenion. Une explication assez tortueuse et qui n'éclaire pas vraiment le pourquoi, et encore moins le comment de ce merdier : contrairement à ce que les flashbacks incessants nous montrent, notre Mongol revanchard a été défait par le passé, trahi par sa propre fille Isis (réincarnée en Cody, preuve que l'amour éternel triomphe des cycles réincarnatoires et que les morphotypes ne suivent pas toujours une logique génétique) qui a permis à son amant macédonien de découvrir la fameuse épée d'Alexandre, plantée juste là dans la gadoue. Parmenion manipule donc les rêves traumatiques de Steven pour lui faire croire l'inverse et il pousse même la ruse jusqu'à incarner le fantôme de son vieux maître qui l'encourage dans la voie des combats clandestins. En coachant notre héros, il tente ainsi de réactiver le guerrier enfoui en lui parce que sinon, c'est de la triche, puis de faire hoqueter le flux historique en rejouant son drame antique mais avec sa propre version du happy end : buter sa Némésis pleinement réincarnée et récupérer officiellement l'épée d'Alexandre, ce qui devrait lui ouvrir les portes de l'immortalité...
Parmenion en vieux maître surimpressionné à une statue manipulant Steven Conlin, le spectateur et le bon sens narratif. J'avais bien repéré que l'ancêtre avait la voix de James Hong mais je pensais que c'était par économie de tournage...
Bon, vous avez logiquement dû vous exclamer "hein ?" ou "quoi ?" à chaque fin de phrase, mais sachez que j'ai vu le film deux fois et demi pour essayer de comprendre tout ce micmac et que je vous ai épargné moult sous-événements confus (comme Parmenion qui tue ses propres fils). Donc prenez ce qu'on nous donne pour ce grand final à la réalisation plutôt généreuse avec des invocations "d'eternal gods of immortality"" qui virent au différend religieux, une baston de femmes, des effets de montage d'incessantes transitions temporelles au rendu psychédélique, un vieux hangar d'usine pourrie qui offre un vrai cachet cinématographique de cohérence avec la thématique antique, et une avalanche d'"avenge meeeeee" par James Hong qui ne lâche rien à l'hystérie !
Tout est heureusement bien qui finit bien, pour notre héros comme pour son interprète : Steven repart tout sourire en filant le parfait amour avec sa blonde, et Daniel entrevoit dans le futur de sa destinée hollywoodienne qu'il finira par tourner dans Matrix et dans John Wick (après avoir débuté chez les clochards de Cine Excel dans Future War : cet homme est un miraculé !). Nick Rotundo conclut ainsi sa courte carrière de réalisateur pour retourner derrière les bancs de montage (et peut-être insérer des pans subliminaux de l'épée d'Alexandre dans d'autres films ? Ma quête spathaphile prendra-t-elle fin un jour ? [Note de Nanarland : un spathaphile désigne un collectionneur ou fétichiste d'épées, merci de nous apprendre de nouveaux mots tordus Kobal !]). Mortal Conquest est donc son oeuvre testament, somme de toutes ses obsessions, et petit nanar sympatoche qui ravira le fan-club de James Hong et les amateurs de gloubiboulga d'influences scénaristiques avec des gros morceaux de combattants clandestins farfelus dedans.
Bon, en attendant John Wick, je retourne jouer les sous-Vandamme, moi.
Cote de rareté - 2/ Trouvable
Barème de notationMalgré la présence sur imdb d'un titre français (Sword, l'épée) et d'un titre québécois (G2 Conquête Mortelle), je n'avais pas réussi à mettre la main sur une édition francophone au moment de publier cette chronique. Mais grâce à notre forumeur Cyborg, ma frustration est désormais apaisée : il a en effet repéré le film en VF sur les internets, ainsi qu'une jaquette québécoise.
L'édition VHS québécoise.
Une VF de bon aloi qui rend le film un poil plus clair, tout en le garnissant de quelques répliques rigolotes (il faut voir Daniel Bernhardt tout en paralysie faciale s'exprimer « je souffre 1000 morts »), traduisant le surnom de guerre "The Mystery Man" en "Monsieur X" (!) et parlant à l'occasion de l'épée d'Apollon (?).
Pas de sortie DVD en France, alors que le film a bénéficié d'une belle distribution internationale, comme souvent avec ces petits budgets canadiens, sous des titres très variés : G2, G2 Mortal Conquest (Angleterre), G2 Time Warrior, G-2: O Guardião Do Universo (Brésil), G2. La espada del poder (Espagne), G2 - A múlt harcosai (Hongrie), Gladiator 2000 (Taïwan), G-2003 (Allemagne).

2 visuels de DVDs américains.
DVD anglais.
DVD brésilien.
DVD brésilien
DVD allemand.
Titre alternatif allemand (VHS ?) qui fait référence à la date à laquelle est supposé se dérouler le film, dans un futur très proche donc.
DVD taïwanais.