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La Revanche des Mortes-Vivantes
(1ère publication de cette chronique : 2004)Titre original : La Revanche des Mortes-Vivantes
Titre(s) alternatif(s) :Aucun
Réalisateur(s) :Pierre B. Reinhard (alias Peter B. Harsone)
Année : 1986
Nationalité : France
Durée : 1h26
Genre : Zombies franchouillardes
Acteurs principaux :Kathryn Charly, Anthea Wyler, Véronique Catanzaro, Sylvie Novak, Laurence Mercier, Patrick Guillemin, Gábor Rassov
Comme quoi les Etats-Unis et l'Italie n'ont pas le monopole du film de zombie ringard. Dans le genre nanar affligeant, voilà une bête de concours made in France.
Evidemment, tout le casting sent le pseudo approximatif… après quelques recherches, il semblerait que le véritable nom de l'auteur de ce chef-d'œuvre soit un certain Pierre B. Reinhard, par ailleurs réalisateur de porno (il a eu peur que ce film nuise à sa carrière ou quoi ?). La vision de la chose laisse d'ailleurs subodorer qu'il puisse en exister une version hard : en effet toutes les dix minutes débute une scène de sexe brutalement interrompue dès que ça devient chaud.
Bon, c'est l'heure de la scène chaude...
OK, j'arrive...
En tout cas, scénariste, réalisateur et acteurs rivalisent de médiocrité et d'à peu près dans un bel esprit de ringardise satisfaite magnifié par un manque de moyens évident. Si peu de budget au service de si peu de talent ne pouvait donner qu'un résultat hallucinant, laissant le spectateur pantois.
Un érotisme raffiné.
Toute la France des années 1980 (Promizoulin Powa !!!)
De l'action... d'époque...
Tout concourt à une production fièrement ringue : l'image d'abord, d'une laideur absolue, aux couleurs délavées et baveuses, qui n'est pas sans faire penser aux films d'entreprise des années 1970 (style "Message à caractère informatif") ; le montage ensuite, fait avec des moufles, avec des coupures au milieu des dialogues ; la musique enfin, alternant Rock FM yaourt et synthé Bontempi sans oublier le générique noir et rose du début entièrement sur fond de hurlements.
Mais tout cela n'est rien comparé à la folle ronde d’acteurs redoublant d’énergie dans le concours de celui qui jouera le plus mal ! Entre le vilain motard écolo-empoisonneur, qui roule les yeux comme un fou pour montrer sa tempête intérieure, au chimiste plus ou moins héros de l'histoire, qui débite tout son texte d'une voix monocorde à la Droopy et qui remporte haut la main la palme de l'acteur le plus inexpressif du monde : oui, même devant Charles Bronson, Chuck Norris ou Jan-Michael Vincent.
Des acteurs d'exception !
Le héros : du charisme en barre !
Quant à l'histoire, elle semble avoir été torchée en deux temps trois mouvements sur un coin de zinc après dix Pastis : dans une petite ville de province (dans la Sarthe d'après les plaques des automobiles), trois jeunes filles meurent après avoir bu du lait.
Tous les soupçons se portent vers l'usine chimique du coin. Faut dire aussi que le directeur de l'usine a pris la mauvaise habitude de faire déverser discrètement ses déchets toxiques dans le cimetière d'à côté. Evidemment, cela réveille les trois mortes qui sortent de leurs tombes et vont zigouiller toutes les personnes qui sont liées à cette histoire. A cela il faut rajouter une secrétaire qui magouille un chantage contre l'usine, une enquêtrice allemande bien gourdasse (faut dire que la société est allemande) avec un accent mal imité et un chimiste qui concourt gaillardement pour le titre de plus mauvais acteur du monde.
Reste maintenant à parler du pire : les effets spéciaux ! Bon, il y a bien quelques effets gore plutôt craspougnes assez réussis (œil crevé, éviscération) et en tout cas audacieux (une émasculation à coup de dents, une foufoune transpercée d'un coup d'épée et une fausse couche avec ouverture du ventre et aperçu de la tête du bébé !)
Du gore bien de chez nous !
Tout cela reste certes assez artisanal, mais plutôt efficace. Non, le plus hallucinant, c'est le look des mortes-vivantes : là, on s'aperçoit que comme le poisson, le zombie pourrit d'abord de la tête ! Il y a juste la tête et les mains qui sont décomposées (et encore par manque de moyens seule l'une d'entre-elles a les mains maquillées !) le reste du corps est juste un peu noirci à la poudre. Comme c'est une production érotisante, les zombies en profitent pour se dessaper de temps à autre, le résultat est à la fois drôle et affligeant.
Reste la fin, que nous ne raconterons pas ici, mais dont nous dirons simplement qu'elle nous laisse stupéfaits, en faisant, dans la version la plus courante du film, s'achever l'histoire en queue de poisson intégrale. Hé oui, le film présente un twist, mais le montage a l'éclair de génie de le zapper, nous laissant dans des abîmes de perplexité. Après ce final, la production a le culot d'inscrire sur l'écran l'avertissement suivant : " Ne soyez pas démoniaques, ne détruisez pas l'intérêt que pourraient prendre vos amis à ce film, ne leur racontez pas ce que vous avez vu ! ". Tu m'étonnes ! Et même, si tu veux garder tes amis, tu leur dis de ne pas aller voir ce film ! Parce que le monde doit savoir que c'est quand même top naze !
Le Rôdeur, cinéphile éclairé, nous a fait remarquer que ce carton final n'était qu'un démarquage tout à fait éhonté de l'avertissement final des "Diaboliques" d'Henri-Georges Clouzot.
Seul le DVD Néo Publishing a eu la délicatesse de nous restituer le twist final, en le proposant en "fin alternative" dans ses bonus : la version officielle du film est donc bien celle avec le final tronqué, qui retire à l'histoire une grande partie de sa signification, et laisse le spectateur dans une confusion certaine. Du grand art.
French Zombie Style !
C'est quand même un film à ne conseiller qu'a des nanarophiles particulièrement avertis (bon allez, quand même 3 sur 5).
P.S. Si après l'avoir vu dans sa version originale, vous avez compris du premier coup le scénario de ce film, ne prenez pas la route ! (et puis, pensez aussi à consulter un psychiatre)
Le DVD allemand sorti en 2017 chez Donau Film (Alive), avec un titre qui résume parfaitement l'œuvre.
Cote de rareté - 1/ Courant
Barème de notationIncroyable ! Alors que pendant longtemps seuls les Allemands bénéficiaient d'au moins deux versions DVD de cette merveille, "Neo Publishing" en collaboration avec la chaîne "Ciné FX", s'est fendu d'une édition grand luxe, avec rien moins qu'une remasterisation de la bête et plein de bonus tels la fin originale, ainsi qu'une interview du producteur et du responsable des effets spéciaux ! Commercialement, je ne sais pas s'ils vont en vendre beaucoup, mais cinéphiliquement, "Neo Publishing" a tout notre respect !
Mais ce n'était que le premier étage de la fusée, car "Le Chat qui fume" a carrément ressorti le film en mars 2019 en blu-ray édition limitée à 1000 exemplaire avec la race de bonus (interview, documentaires, livrets explicatif et même un pins); Si on y rajoute la bande originale rééditée par "Omega Productions Records" on n'est pas loin du perfect.
En remerciement, les filles vont nous interpréter un ballet aquatique...