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2020 Texas Gladiators

(1ère publication de cette chronique : 2002)
2020 Texas Gladiators

Titre original :Anno 2020 I Gladiatori Del Futuro

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Joe D'Amato, (sous le pseudo de Kevin Mancuso) + G.Eastman (nc)

Année : 1983

Nationalité : Italie

Durée : 1h31

Genre : Western post-apocalyptique

Acteurs principaux :Sabrina Siani, Al Cliver, Donal O'Brien, Harrison Muller, Daniel Stephen, Peter Hooten, Al Yamanouchi

Rico
NOTE
4/ 5


Dans la famille cheapodiscount bien Z comme on aime, voilà une belle bête de concours que Peter m'a envoyée il y a peu, (qu'il en soit remercié) et que nous avons visionnée avec une partie de l'équipe de Nanarland (ce qui nous a permis de gloser à loisir sur l'usage immodéré des carrières et des motos 125 cm3 dans ce genre de production).

Si le film ne se départit jamais des qualités qui font tout le charme du film post-apocalyptique italien (décors minables, figurants grimaçants et peu motivés, héros à la mâchoire carrée et au jeu d'acteur limité, musique bontempi...), le film possède trois originalités qui le distinguent de la masse des productions du même acabit :



- Tout d'abord un scénar un peu plus tordu qu'à l'habitude, ménageant même quelques surprises au spectateur blasé (la tête des autres nanardeurs quand celui qu'on pensait être le héros se fait buter au milieu du film). Bon je vous rassure tout de suite c'est pas "Usual suspect" ou "Seven", on est dans le basique avec gros barbares méchants et gentils rangers, mais tout de même saluons l'effort.

- Ensuite, le film bien que post apocalyptique,flirte joyeusement avec l'ambiance western. C'est à croire qu'à côté il se tournait un western spaghetti et qu'ils ont eu droit de repiquer quelques décors et costumes. Il y a même une scène de bagarre au saloon, un shérif et des Indiens... Aaaaah les Indiens, j'vous en reparlerai de ceux-là parce qu'ils sont vraiment très graves !



- Enfin le film se permet des passages un peu sexe et gore pour choquer le bourgeois, D'Amato ayant toujours eu un coté anar qui se traduit dans une filmographie qui balance entre le gore craspec ("Anthropophagous" ou "Blue Holocaust" avec la blonde Sabrina Siani qui a tourné dans pas mal des nanars du monsieur, dont l'improbable "Ator" avec Miles O'Keeffe en barbare) et le film de boules (soft pour alimenter les dimanches soirs de M6 - Aaaaah, Laura Gemser - ou franchement hard en fin de carrière). D'où un goût immodéré dans le film pour les scènes chocs avec sang et tripaille et pour les nichons à l'air et les scènes de viol (on est dans un monde barbare quoi...), histoire de faire un peu d'épate et d'attirer le spectateur mâle hétérosexuel au sang chaud qui constitue le gros de la clientèle de ce genre de produit.


Une petite scène choc sur un méchant mutant


L'argument de départ est connu, après la bombe, le monde a régressé vers la sauvagerie. Au Texas (qui n'a jamais attendu l'apocalypse pour sombrer dans la sauvagerie), seuls les Texas Rangers maintiennent un semblant d'ordre face aux bandits et aux pillards de toutes sortes...

Tout commence bien brutalement par l'intervention de cinq Texas Rangers aux muscles amoureusement huilés et savamment salis, dans un monastère (en fait une usine désaffectée avec des toiles tendues pour cacher la misère) assailli par des pillards. Des pillards (mutants ? la question demeure non tranchée) qui valent d'ailleurs leur pesant de minestrone : des types tout maigres enduits d'une couche de fond de teint vert qui sautillent avec des machettes en poussant des grognements. Le petit père D'Amato en profite pour laisser libre cours à son goût de la provoc gore et cul : les nonnes sont violées, le père supérieur est crucifié, une sœur, les nichons à l'air s'égorge pour échapper aux pillards. Les rangers interviennent et massacrent allègrement les pillards dans un combat hallucinant d'amateurisme.


Mais, ma soeur, que vous arrive t-il ?


Parce que les bastons, c'est quelque chose ! Les coups de poing passent à une bonne dizaine de centimètres de leur cible, accompagnés de bruitages à la Terrence Hill et Bud Spencer. Les héros, qui n'ont visiblement jamais appris à se battre, se déplacent avec la grâce d'éléphants de mer échoués sur une plage tout en prenant des poses avantageuses. Affligeant.


Dans ta face, sacripant dégénéré !


Les pillards expédiés, les rangers fouillent les ruines. L'un d'entre-eux tombe sur la mignonne Sabrina Siani toute dépoitraillée, à peine vêtue d'un bout de tissu blanc. Evidemment il a la réaction normale dans ce genre de situation : il tente de la violer (comment ça c'est pas la réaction normale ? Ah bon...). Son chef, Al Cliver, un colosse blond barbu aussi peu expressif que possible, le chope et le chasse des rangers. Evidemment après il s'en va réconforter la fifille qui se met à lui parler d'un lieu où une poignée de survivants reconstruit un monde meilleur. Cool.

Scène suivante, quelques années plus tard, Al et Sabrina ont une fille et s'occupent d'une espèce de centrale nucléaire (c'est malin ça dans un monde post apocalyptique ) dans un village texan (c'est marqué sur les panneaux) au look typiquement italien; (maison de tuiles rouges imbriquées les une aux autres dans le plus pur style banlieue romaine). On assiste au passage à un accident très drôle : une canalisation se rompt et un jet de vapeur ébouillante un ouvrier, Aussitôt Nexus (Al Cliver) se précipite pour le sauver et pour se faire traverse le jet de vapeur sans être incommodé un instant. C'est beau d'être un héros.


Sabrina Siani, prête à défendre sa centrale. C'est vrai que le nucléaire peut avoir du bon !


Soudain une horde de motards menés par le rangers déchu surgit et tente de prendre la centrale nucléaire d'assaut. S'en suit une bataille bien ridicule où ça défouraille dans tous les sens, où ça se tire parfois quasiment à bout portant mais où les gens meurent dans le plus grand hasard scénaristique...

L'attaque est un échec, Arrive alors un camion du futur (en fait une grosse camionnette rebidouillée à la "Agence tout risques" et peinte en noir). En sortent une douzaine de gonzes en uniformes noirs, casques de moto, mitraillettes et surtout des boucliers. Car voici l'armée du futur équipée de boucliers électromagnétiques qui arrêtent les balles dans un joli effet de crépitement bleu... et ce même quand on tire à côté des boucliers. Et qui en plus n'arrêtent que les balles des adversaires, parce que les méchants en uniforme noir, eux, tirent joyeusement à travers leurs propres boucliers avec des pistolets mitrailleurs tout ce qu'il y a de standard sans paraître gênés un instant par le champs de force (classe ! Il m'en faut un comme ça à Noël...).

Evidemment les gentils ne font pas un pli face à cette débauche de technologie futuriste et donc la centrale est prise d'assaut par les méchants (barbares + néo nazi à boucliers). Méchants qui au passage sont dirigés par un apprenti dictateur de grande classe, nommé Black One, admirablement joué par Donal O'Brien, sorte de croisement improbable entre Donald Pleasence et William Sheller et qui cabotine comme un fou quand il annonce qu'il va dominer le monde d'une main de fer ou qu'il faut tuer les méchants rangers qui font rien qu'a l'embêter dans son plan d'ordre nouveau.


Black One : avec une tête pareille, on comprend qu'il soit devenu méchant !


Je ne voudrais pas trop dévoiler les ressorts de cette passionnante intrigue, disons simplement que les trois derniers rangers vont venir punir le ranger renégat et l'apprenti nazi après que leur chef Nexus se soit fait abattre en essayant de venger sa femme violée sous ses yeux par un des barbares (sacré D'Amato, toujours poète). Signalons simplement les points les plus grotesques :


Nexus en fâcheuse posture. Faut dire que pendant ce temps, on viole sa femme alors, forcément, ça énerve un peu...


- Une scène de duel à la roulette russe dans un saloon (allez, on va dire que c'est un hommage à "Voyage au bout de l'enfer"... mais si, mais si...)

- Le ranger renégat a une espèce de gros flingue laser qui fait piou-piou et c'est tout... pas de rayon, pas d'effets apparents (si ce n'est de tomber en panne au mauvais moment). Un oubli à la post-production ? Allez savoir...


Je suis un méchant barbare bwahahahaha !!!


- Et puis enfin il y a les Indiens... quand en désespoir de cause les gentils ont besoin de renforts pour vaincre l'armée aux boucliers électromagnétiques, les rangers vont en forêt chercher l'aide des Indiens. Et là il faut imaginer une bande de Siciliens pur jus, le pif rouge, la moquette pectorale généreuse (quand on sait que les Indiens sont imberbes...), affublés de longues perruques noires, qui jouent les guerriers fiers et ombrageux et attaquent en faisant "youh youh youh youh youh" l'arc à la main... hallucinant !

- D'autant que les flèches traversent les boucliers... là où les balles sont stoppées. Labroche, persuadé qu'un vrai nanar possède toujours une justification scénaristique à ses extravagances, a doctement émis l'hypothèse que les boucliers ne stoppaient que le métal, argument hélas démenti quand une hache d'incendie vient elle aussi traverser un de ces étranges boucliers.


Une bien belle affiche italienne, sauf que le dessin n'a rien à voir avec le film.


Ce mystère demeurera à jamais... De même que les raisons qui poussent des gens à tourner des films pareils... et d'autres à les regarder... Emettons une hypothèse : et si les Italiens avaient voulu montrer aux puissances nucléaires ce que pourrait être le monde si un jour quelqu'un appuyait sur le bouton rouge... Hein ! Vous imaginez vivre dans des carrières et des usines désaffectées, vêtus en cuir moule pectoraux, en pilotant une 125 cm3 kittée comme K2000 en affrontant des mutants barbouillés de fond de teint vert et des néo-nazis en camions-poubelle maladroitement déguisés en engins de la mort... hein... si ça se trouve c'est grâce à des Bruno Mattei ou des Joe D'Amato qu'on a peut-être évité la troisième guerre mondiale... alors un peu de respect quand même !

Mise à jour : au début du making-of de "Bloody Bird" de Michele Soavi (proposé en bonus sur l'édition DVD française), on nous explique la genèse de 2020 Texas Gladiators ! Joe D'Amato aurait accepté de produire ce film, mais se serait rendu compte après que le scénario n'avait de quoi fournir que 30 mn de métrage. Il aurait alors demandé de l'aide à Luigi Montefiori (alias George Eastman), qui aurait réalisé l'essentiel du film, tout en écrivant les scènes au fur et à mesure. Cet éclairage pourrait expliquer l'écriture bancale dont souffre 2020 Texas Gladiators, qui donne le sentiment
de mixer trois histoires différentes dont les transitions sont très mal gérées : toutes les demi-heures on passe du coq à l’âne, d'un post-nuke à un western avec un petit détour vers un film de prisonniers...

- Rico -
Moyenne : 3.00 / 5
Rico
NOTE
4/ 5
Kobal
NOTE
2.5/ 5
Mayonne
NOTE
4/ 5
John Nada
NOTE
3.5/ 5
Nikita
NOTE
2.75/ 5
LeRôdeur
NOTE
2/ 5
Peter Wonkley
NOTE
4/ 5
MrKlaus
NOTE
3.5/ 5
Wallflowers
NOTE
3/ 5
Drexl
NOTE
2/ 5
Labroche
NOTE
1.5/ 5
Jack Tillman
NOTE
3.25/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation

"Bijouflix", petit éditeur américain spécialisé dans la réédition en DVD-R de films oubliés, nous offre pour 15 $ une galette rigolarde (en anglais et en zone 1 seulement hélas) qui constitue la seule édition DVD connue de cette merveille. Malheureusement le site a depuis fermé.



L'éditeur "Revok" a repris le flambeau avec un DVD-R au visuel reprenant l'affiche internationale.

Chez nous, c'est une pièce assez dure à trouver : après une sortie ciné en France en 1984, il y eut deux éditions de ce film avec l’extraordinaire jaquette reprenant l'affiche présentée en en-tête de la chronique : chez « DEC » tout d’abord puis chez « Dynasty ». Il faudra cependant explorer bien des trocantes avant d'espérer tomber sur une telle merveille.

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