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Gangland 2010

(1ère publication de cette chronique : 2005)
Gangland 2010

Titre original :Gangland

Titre(s) alternatif(s) :Gangland 2010, les barbares de l'apocalypse

Réalisateur(s) :Art Camacho

Année : 2000

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h30

Genre : Tout est dans le titre !

Acteurs principaux :Costas Mandylor, Sasha Mitchell, Tim Thomerson, Kristanna Loken, Coolio, Kathleen Kinmont, Ice-T, David DeFalco

Barracuda
NOTE
3.5/ 5

Alors que Nanarland s'achemine doucement vers sa 900ème chronique, une question angoissante et lancinante tenaille le nanardeur : et si un jour, tout s'arrêtait ? Et si un jour le libéralisme à tout crin des multinationales l'emportait, et si un jour la folie des gouvernements du monde les entraînait inéluctablement vers un dramatique point de non retour ?

Et si un jour, il n'y avait plus de nanars ?

C'est un fait que la plus grande partie des films chroniqués sur le site a été réalisée dans les années 1970 ou 1980 et la question se pose de savoir si l'industrie actuelle du cinéma, plus concentrée que jamais, est encore capable de produire des nanars de la trempe d'un Chevalier du monde perdu ou d'un 2019 Après la chute de New York.

La réponse est oui, pour notre plus grand plaisir. Il reste possible aujourd'hui de produire des films d'action à petit budget qui, à défaut de sortir en salles, pourront être vendus aux chaînes du câble américain et par la suite trouveront leur public dans les catalogues SVOD internationaux.

Sorti en 2000, Gangland 2010 vient d'un temps où le direct-to-DVD régnait encore en maitre et constitue clairement l'un de ses plus beaux fleurons. Nanar de poids, il mélange le post-apocalyptique traditionnel (tendance urbaine) avec le film de kickboxing, pour un résultat particulièrement jouissif dont la bourrinade assumée n'excuse pas la crétinerie patentée.

Après une Troisième Guerre mondiale, les voies de communication aux Etats-Unis sont coupées et les gangs sèment la terreur dans les villes et sur les routes, tandis que le gouvernement et l'armée se débattent pour rétablir l'ordre. Parallèlement, s'est développée pendant la guerre une maladie mortelle et extrêmement contagieuse : la Peste. Tout cela nous est comme il se doit raconté par une voix-off sur fond d'explosions nucléaires.






Une rue avec une vieille voiture toute taggée, une palette, un pneu et un bout de tôle. L'apocalypse est passée par là !

La scène d'introduction du film est une pure tuerie nanarde, mettant en scène un double caméo de Ice-T et Coolio qui incarnent deux policiers en patrouille. Ils tombent sur un couple de victimes de la Peste. Alors qu'Ice-T entreprend d'agresser sexuellement les cadavres, Coolio se rebiffe et les deux hommes sont à deux doigts d'en venir aux mains lorsque surgissent des loubards bigarrés. Ice-T se lance alors dans un audacieux numéro où d'une seconde à l'autre il veut buter tout le monde, puis non en fait il faut négocier, puis finalement tant pis on va se fritter.


Ice-T prend son pied en tripotant un macchabée...

Le scénario nous conte l'affrontement de deux hommes et une femme, Jared, Derek et Alex, avec le gang d'un certain Lucifer. L'enjeu est de taille puisque Lucifer a également capturé un chercheur, le Docteur Adams, qui a mis au point un remède contre la Peste. Des flashbacks successifs nous apprendront que les trois héros ont par ailleurs chacun une raison personnelle d'en vouloir à Lucifer.


La fine équipe au grand complet, avec de gauche à droite Alex (Kathleen Kinmont), Jared (Costas Mandylor, vu en méchant cabotin dans Ken le survivant) et Derek (le tatanneur Sasha Mitchell, vu dans Riposte immédiate, Class of 2001 et surtout Kickboxer 2, 3 et 4).


Comble de la misère : le Dr Adams a été forcé d'installer son labo dans son séjour.

Le vil Lucifer (Vincent Klyn, déjà vu dans Double Dragon et surtout en autre méchant d'un monde post-apocalyptique dans Cyborg, face à Jean-Claude Van Damme).

Ce très court résumé est bien loin de rendre honneur à la stupidité abyssale du scénario qui enchaîne les incohérences, les faux raccords et les ellipses approximatives, est truffé de scènes sans queue ni tête et surtout sans aucun rapport avec la trame principale, et n'hésite pas à faire sortir du néant des éléments et des personnages pourtant cruciaux au bon déroulement de l'histoire. Le meilleur exemple, c'est très certainement l'arme secrète de Lucifer, le "super-soldat" gonflé aux amphétamines qu'il semble sortir de son chapeau magique. Nous ne lui en tiendrons pas rigueur toutefois tant le quotient nanar de cet Universal Soldier de Prisunic est élevé.

 
L'arme secrète de Lucifer : un super soldat nanar peroxydé (il est interprété par un certain Michael Feichtner).

Les scènes de bagarre sont incontestablement le point fort du film : elles sont plutôt bien chorégraphiées, et les acteurs sont visiblement dans leur élément. On n'en dira pas autant des fusillades qui sombrent totalement dans le ridicule. Les personnages semblent n'avoir pas assimilé les concepts les plus basiques comme "viser" ou "se mettre à couvert". Lors d'une scène mémorable, on verra ainsi un "ganglander" rater les deux héros à 1 m 50 au fusil à pompe.


Un garde très occupé à ne se douter de rien.


Du sbire de bas étage comme on les aime.





Un grand classique : le figurant qui s'écroule une bonne seconde après avoir été touché.

Les acteurs ne sont pas en reste. S'ils se débrouillent plutot bien en kickboxing, on ne peut pas en dire autant lors des scènes de dialogues. La révélation de Gangland 2010 et mon coup de coeur personnel, c'est David DeFalco, acteur, producteur et scénariste du film. Il joue Damien, le bras droit de Lucifer, et nous offre un véritable one-man show. Son look incroyable combine queue de cheval de winner, pantalon en cuir et un imrpbable justaucorps dont les bretelles tombent pile sur ses tétons. C'est lui qui est chargé de se débarasser des héros et va d'échec en échec sans jamais perdre son enthousiasme... alors que Lucifer insiste à chaque fois pour lui dire qu'il le tuera s'il échoue encore. Bon gars finalement, à trois reprises séparées Lucifer décidera de lui donner "une dernière chance".


Illustration parfaite du foutoir complet qui règne dans le script, cette femme sort de nulle part, sauve le héros puis retourne dans le néant sans qu'on apprenne jamais qui elle est ni d'où elle vient. Cela nous vaudra notamment cette réplique superbe :
- Qui es-tu ?
- Ce n'est pas important.

Dos au mur aprè_s un énième échec, Damien se prend pour Schwarzennegger dans Commando le temps d'une très courte séquence hilarante où on le voit se préparer au combat. Sa mort dans une explosion de caravane est également un très grand moment, renforcé par un doublage à son meilleur niveau.
 Damien se prépare au combat !
 Le top de la classe : les bretelles qui passent pile-poil sur les tétons.
 

Cet hallucinant justaucorps flottant est fascinant. Et encore, il faut imaginer ça passé au ralenti avec des grognements nanars.

Après avoir libéré le Dr Adams et sa famille, les trois héros s'enfuient, poursuivis par Damien lors d'une scène exceptionnelle au cours de laquelle ce dernier se déchaîne dans un festival de grimaces de rage et de justaucorps flottant. Derek est tué mais ses deux compagnons parviennent à lui échapper. Ils seront rattrapés dans une ville fantôme de la vallée de la Mort où ils affronteront une ultime fois le gang de Lucifer. Nos héros en sortent victorieux. Enfin non, Lucifer qu'on croyait mort refait soudain surface, fait feu de son revolver à dix-neuf reprises (!!!) et parvient pourtant à rater ses adversaires à deux mètres avant de finalement être tué par une injection massive de Peste. Nos héros sont re-victorieux, cette fois-ci pour de bon. Le final voit Jared et Alex s'éloigner en voiture sous le regard du super-soldat, qui passait là par hasard...


Lucifer, plus ricanant que jamais.


Lucifer, victime de peste nanarde.

En tant que nanar, Gangland 2010 est particulièrement agréable de par son rythme et sa constance. Il n'y a pas vraiment de temps morts, même si le premier et le dernier quarts d'heure se distinguent tout particulièrement. Il se révèle fort divertissant, largement du niveau des meilleurs post-apocalyptiques à mon avis, et apporte surtout la preuve, s'il en fallait une, que le nanar a encore de belles années devant lui.

Kristanna Loken dans un petit rôle, trois ans avant d'accéder au vedettariat avec Terminator 3.


Dans notre série "le scénariste boit", aujourd'hui le Dr Adams, 70 ans aux prunes, tabasse un ganglander grâce au kickboxing.

- Barracuda -
Moyenne : 2.95 / 5
Barracuda
NOTE
3.5/ 5
MrKlaus
NOTE
3/ 5
Kobal
NOTE
4.25/ 5
LeRôdeur
NOTE
1/ 5
Rico
NOTE
3/ 5

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation


Facilement trouvable aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, le DVD comporte des bonus étonnamment intéressants pour une production de ce calibre, avec filmographies et interviews du réalisateur et de la presque totalité du casting, ainsi qu'un petit making-of portant essentiellement sur les scènes de combat. On a presque honte d'en rire en entendant l'équipe du film parler du tournage avec une fierté et un plaisir visibles...


Deux versions DVD sont également sorties en langue française : l'une chez "Paramount" pour la location avec moins de bonus que le zone 1 (bandes-annonces, biographie, filmographies mais pas les interviews), l'autre équipée pareillement dans une version prix cassé pour bacs à soldes de supermarchés, chez le spécialiste du DVD bas de gamme "CNC".