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2019, Après la Chute de New York
(1ère publication de cette chronique : 2002)Titre original :2019 Dopo la Caduta di New York
Titre(s) alternatif(s) :2019 after the fall of New York
Réalisateur(s) :Sergio Martino
Année : 1983
Nationalité : Italie / France
Durée : 1h30
Genre : Paco Rabanne nous l'avait pourtant dit...
Acteurs principaux :Michael Sopkiw, Edmund Purdom, George Eastman, Valentine Monnier, Anna Kanakis, Roman Geer, Hal Yamanouchi, Serge Feuillard
« 2019 après la chute de New York », de Sergio Martino, est sans doute l’un des films les plus marquants du genre « post-apocalyptique » qui fit fureur dans des années 1980 encore perturbées par la peur de la guerre nucléaire. Réalisé par Sergio Martino, vétéran du cinéma bis italien qui ne s’était pas toujours distingué par une imagination délirante, « 2019 » réussit l’exploit de créer un univers vraiment original, tout en plagiant « Mad Max 2 » (bien évidemment) mais aussi « New York 1997 », « La Planète des Singes » et même, un petit peu, « La Guerre des Etoiles », et tout ça en aboutissant à un débordement de mauvais goût absolument fascinant, tout en réussissant à amuser vraiment le spectateur. De quoi mériter de rentrer dans la légende. Pour ne rien gâter, ce film italien a reçu un peu d'argent (sans doute vraiment pas beaucoup) de coproducteurs français, ce qui nous donnerait presque envie de crier cocorico.
Comme l’annonce le titre, nous sommes en 2019, vingt ans après un cataclysme nucléaire qui a rendu stériles tous les êtres humains. La situation est donc critique : l'action débute dans un New York dévasté, plus proche d'une banlieue craignos que d'une ville ayant essuyé le feu nucléaire. Ici logent les troupes de l'armée responsable de l'apocalypse : habillées tout de noir et se déplaçant à cheval, elles contrôlent New York et oppriment les rares survivants, sur lesquels leurs équipes de savants mènent des expériences afin de trouver une femme féconde. Ce scénario en vaut un autre, mais le film se distingue d’emblée par une ringardise incroyable de l’action : mal cadré, mal monté, mal joué, «2019» prétend nous impressionner avec des explosions de pétards du 14 juillet et des figurants à l’agitation grotesque.
Les méchants fâââchiiistes du futur.
Après cette entrée en matière, l’action se déplace dans le Nevada, hors de la zone d’influence des milices fascistes du futur. Nous faisons connaissance avec notre héros, un aventurier du nom de Parsifal, sorte de sous-Snake Plissken, joué par un Michael Sopkiw particulièrement exécrable. Participant à une course de voitures (des V8 bardés d'épées) se déroulant dans une carrière abandonnée devant une foule enthousiaste d'au moins huit figurants, Parsifal gagne l’épreuve et remporte le gros lot, un esclave sexuel transgenre dont on ne voudrait pas dans la plus vulgaire des boîtes à strip-tease.
Mel Gibson ayant un mot d'excuse, il sera remplacé par Michael Sopkiw (la production tient à nous assurer que vraiment, on ne voit pas la différence).
Des véhicules tunés de folie, des explosions dans une carrière désaffectée. Non vraiment Sergio, là tu nous gâtes...
Tout ça pour repartir avec « Miss Transsexuel 2017 » !
Après avoir rendu la liberté à son esclave (tout ça pour ça !), Parsifal se voit convoquer par des soldats descendus d’un curieux hélicoptère : emmené dans la base arctique où se sont repliés l’armée et le gouvernement légitimes des Etats-Unis, notre héros au nom Wagnérien se voit confier la mission de récupérer la dernière femme féconde, qui se trouve être la fille d’un savant réfugié en plein cœur de New York, donc en plein repaire des fascistes.
L’éternel has-been Edmund Purdom, Président des USA pour l’occasion.
Vous feriez confiance à ces gars-là pour vous accompagner dans une mission dangereuse, vous ?
Flanqué de deux compères - une sorte de Capitaine Crochet muni d’une pince mécanique et un borgne louche – Parsifal part en mission pour New York et se lance à la recherche du dernier espoir de l’humanité. En chemin, il sera évidemment victime de nombreux chausse-trapes de la part des méchants, quand il ne s’agira pas d’échapper aux nombreux mutants plus ou moins dégénérés qui hantent la ville (des sortes d’équivalents futuristes des racailles de banlieues, mais encore pires car irradiés) ; il rencontre en chemin une jolie rebelle (jouée par la jeune première française Valentine Monnier, vue entre autres dans « Elle voit des nains partout ! ») avec laquelle il entamera une relation évidemment condamnée d’avance par les horreurs de la guerre, la folie des hommes, tout ça…
Valentine Monnier, qui fut également la partenaire de Michael Sopkiw dans « Apocalypse dans l’Océan Rouge ». On ne change pas une équipe qui gagne !
Un commando sans nain en guise de mascotte n’est pas un vrai commando.
Beaucoup mieux fichu que d’autres films chroniqués en ces lieux (à côté de « Robot Holocaust », on est quasiment en présence d’une super-production, c’est vous dire), « 2019 après la Chute de New York » n’en est pas moins un film enthousiasmant de n’importe quoi, multipliant à un rythme d’enfer les scènes d’action aussi excitantes que mal foutues : le film semble avoir essentiellement retenu de « Mad Max 2 » l’aspect « bric-à-brac », et nous offre de véritables trésors de mauvais goût au niveau des costumes, accessoires et décors. La misère budgétaire n’est pas complète, pour une série B italienne, mais la hideur générale de tout ce qui nous est montré à l’écran laisse une impression de crasse moite, presque oppressante, comme si la pellicule elle-même avait été retrouvée dans une poubelle.
Un défilé de tronches et de maquillages pas possibles.
Lui, c’est Hal Yamanouchi, un Japonais qui joua l’asiatique de service dans de nombreux bis italiens. Ici, il tient le rôle du chef des mutants mangeurs de rats (au pays des stéréotypes, les niaks, ça mange de tout, c’est bien connu).
Les sous-sols des centrales électriques romaines, c’est mal fréquenté, on risque d’y rencontrer des Guerriers de l’Apocalypse.
Privilégiant les décors d’usines plus ou moins désaffectées, les sous-sols de centrales électriques et les décharges d’ordure, Sergio Martino réussit l’exploit de créer l’illusion d’un univers futuriste à peu près cohérent, sans pour autant effacer une tenace impression de bricolage, entre le spectacle avant-gardiste et le défilé de Mardi-Gras. Le film est en outre rendu désopilant par sa succession de personnages grand-guignolesques : du Mussolini de carnaval qui dirige les milices fascistes de New York à la traîtresse en cuir noir qui convoite son poste, en passant par les mutants aussi hargneux que leurs maquillages sont grotesques, les méchants croulent sous le ridicule le plus total. Mais la vedette du film est totalement volée par George Eastman, qui cabotine sans aucune retenue dans le rôle de « Big Ape », le chef des hommes-singes de New York : vêtu d’un élégant costume chamarré, Eastman se paie le luxe de composer (avec force grimaces, mais un tel enthousiasme qu’on le lui pardonne) un personnage de flibustier immoral qui va quand même prêter main-forte aux héros, essentiellement pour son propre intérêt ; en somme une sorte de Barbe-Noire le pirate du futur, si réjouissant qu’on l’aurait bien vu remplacer comme protagoniste ce grand nœud de Parsifal.
La méchante Cruella fasciste (Anna Kanakis, actrice surtout connue en Italie pour sa capacité à décrocher des rôles grâce à ses amitiés politiques ; précisons que là, elle joue comme une patate).
Le bureau des méchants est orné du « Guernica » de Picasso. Pour nous dire quoi ? Que la guerre c’est pas bien ? Que le cubisme nous conduit à l’apocalypse nucléaire ? Etudiants en épistémologie du cinéma, vous avez quatre heures.
Le grand George Eastman, comme d’habitude tout en pudeur et en retenue.
De rebondissements idiots en retournements de situations crétins, Parsifal et ses compagnons parviennent à retrouver le cercueil où hiberne depuis vingt ans la dernière femme encore féconde. Sauveront-ils l’humanité ? Pour cela, il vous faudra voir ce film, dont le visionnage ne devrait pas décevoir les plus nanardophiles d’entre vous. Ajoutons au passage que Sergio Martino n’a pas failli à la réputation qu’ont les italiens d’en rajouter dans le sadisme et la violence complaisante, en nous gratifiant de quelques scènes aussi sanglantes que gratuites.
Nos héros trouvent le caisson dans lequel dort la dernière femme fertile.
Des mutants, des effets gore période « Blood Feast », des rats, du sexe, des mauvais acteurs, des maquettes hilarantes, des vaisseaux spatiaux en plastique, des pistolets lasers faisant « piou piou », et même une référence à Richard Wagner : ce film est un véritable grenier aux merveilles, accumulant les surprises jusqu’à laisser le spectateur complètement ravi. Point le plus abouti du post-nuke italien, il allie une vraie compétence de cinéaste populaire à une orgie de nawak : l’action ne s’arrête pratiquement jamais, et la rigolade non plus ! Rien ne fonctionne vraiment au premier degré, et pourtant, on finit par se prendre au jeu et suivre avec un vrai intérêt la quête spectaculairement débile de Parsifal et de ses compagnons ; à croire que le nanar nous fait vraiment entrer dans une autre dimension, où le bon goût traditionnel n’a plus cours : car après la projection d’un tel film, rien ne nous vient à l’esprit sinon « Vite, un autre ! ».
Entretiens
Cote de rareté - 3/ Rare
Barème de notationLe héros est-il camionneur ? Cela pourrait expliquer ce bronzage très inégal d'un bras à l'autre (OK, on est de mauvaise foi : c'est l'usure de la jaquette).
Un DVD zone 1 est sorti aux Etats-Unis, sous l’égide du petit éditeur "Media-Blaster" dans sa "Post-Apocalyptic Collection" avec quelques bonus conséquents, mais hélas sans version française. Un mini-scandale eut d’ailleurs lieu autour du commentaire audio où Michael Sopkiw s’entretenait avec deux fans américains de "cheesy movies" puisque, sous l’impulsion de ces deux zozos, celui-ci se teinta de réflexions stupides (et fortement homophobes liés aux accoutrement cuirs des protagonistes du film) virant au règlement de comptes entre sites Internet. Une première version du DVD avec ce commentaire audio existe, puis suite aux protestations du landernau des nanardeurs américains et de Sopkiw lui-même, les pressages suivants sucrèrent ce commentaire.
En 2007, le film est ressorti en DVD dans son Italie natale chez "01 Home Entertainment", une édition simple, avec uniquement une piste sonore en italien.
Depuis on a eu droit à une ressortie blu ray chez "88 films" au Royaume-Uni et chez "Code Red" aux States. Des versions propres mais sans bonus particuliers ni pistes françaises.
Pour la France, il faut pour l’instant se contenter de chasser en Cash Converters les vieilles VHS de chez "UGC vidéo" ou "Proserpine". On peut aussi le trouver chez "VDS" en Belgique et "Vidéoglobe" au Canada.