Recherche...

Super Riders


Super Riders

Titre original : Super Riders

Titre(s) alternatif(s) :Les Fantastiques Supermen, Les Fantastiques Supermen Chinois, Super Riders With the Devil, Super Riders VS the Devil

Réalisateur(s) :Lin Chen Wong

Année : 1972

Nationalité : Taïwan / Japon

Durée : 1h20

Genre : Force Jaune devant, Marron derrière !

Acteurs principaux :Hong Chang Ling, Lee Hing Ling et moult figurants costumés

Nikita
NOTE
5/ 5


Très, TRES beau morceau. Lorsque mon aimable collègue Mr Klaus arriva à une soirée nanarde parisienne en brandissant sa nouvelle trouvaille, j’attendis de pouvoir juger sur pièce pour estimer si la découverte de notre ami n’allait pas être faite de jus de navet. Force m’est de reconnaître qu’en dénichant « Super Riders », le fan n°1 d’Edwige Fenech avait fait une excellente pioche : véritable feu d’artifice de kitsch et de n’importe quoi, ce salmigondis sino-japonais est un nanar intensément festif, propre à réchauffer n’importe quelle ambiance.

 



Nos héros, les bourdons bioniques de l’espace !


Le principe du film force en soi le respect : « Super Riders » (sorti dans les salles françaises en 1978 sous le titre « Les Fantastiques Supermen Chinois ») est un montage, effectué à Taïwan, de plusieurs épisodes de la série télévisée japonaise « Kamen Riders », ancêtre des BioMan, X-Or et autres Power Rangers, où des héros aux armures de métal lattent la figure de méchants en costumes caoutchouteux. Née au tout début des années 1970, la série allait connaître un très grand succès et de nombreux avatars, certains amateurs de culture populaire asiatique lui vouant encore un culte vibrant. Dès les premières années de la série, des spin-off cinématographiques virent le jour, avec de brefs moyens-métrages projetés sur les écrans nippons.

 




Les films étaient très courts et difficilement exploitables en dehors du Japon. C’est pourquoi les Taïwanais eurent la riche idée d’user du matériau de base « Kamen Riders » en réalisant (avec l’autorisation des Japonais, on n’est quand même pas chez Godfrey Ho) un long-métrage d’1h30 composé d’un montage d’extraits : 1) d’épisodes de la série TV ; 2) des moyens-métrages nippons. Les scènes de combats exécutés par des acteurs et cascadeurs masqués et costumés étaient reprises intégralement des productions nippones ; les scènes de liaison, quant à elles, étaient tournées avec des acteurs chinois. Les méchants en chefs (nous reviendront sur eux plus en détail), dont les visages étaient apparents, furent également interprétés par des comédiens chinois portant les mêmes costumes que dans la série japonaise. Au vu du caractère assez répétitif des épisodes (l’organisation secrète Satan lance un nouveau plan diabolique, les Kamen Riders se pointent et cassent le nez de leurs sbires), il y avait matière à intégrer quantité de scènes de combats dans un joyeux foutoir. Autant dire que, de ce côté-là, on n’est pas déçu : les escarmouches des z’héros avec des sbires en costumes clownesques ne cessent pour ainsi dire pas, dans une véritable démence paroxystique qui va crescendo jusqu’à épuisement total de toutes les possibilités de ridicule en la matière !

 


« Je suis le Superman numéro 1! »

Ta-daaaaam…

TRANSFORMATION !

MOUCHE-A-MERDE-MAN !


Car « Super Riders with the Devil » (le titre pour le marché international, en mauvais anglais qui plus est), c’est pas de la camelote : du nanar premier choix, ma bonne dame ! Effets spéciaux anémiques, costumes fracassant toutes les limites connues du grotesque, « scénario » (enfin… mélange de scènes) écrit sous l’effet des pires produits stupéfiants du marché asiatique, le tout parachevé par un doublage français parmi les pires qui aient jamais vrillé un tympan humain. La totale !

 






Cerise sur le gâteau, les scènes des Kamen Riders sont manifestement reprises d’un grand nombre d’épisodes différents : or, les costumiers des séries (ou des films cinéma) ayant visiblement effectué des modifications en cours de route, les tenues de nos héros changent alternativement de couleurs ou de conception, selon les scènes et parfois au cours d’une même séquence ! On sera quand même admiratif devant le travail des bricoleurs taïwanais, qui réussissent à donner un vague semblant de cohérence à leur tambouille, bien que les scènes qui la composent viennent sans doute d’une demi-douzaine de sources différentes. A noter qu’en fonction des saisons de la série nippone, les Kamen Riders furent successivement deux, puis trois, puis cinq. Ici, ne sont utilisées que des scènes où seuls deux héros apparaissent, ce qui fait déjà un point commun à l’ensemble du métrage.

 


Le Docteur Mort et son armée de squelettes en mousse.

Mais… mais c’est Santo !


Et maintenant, le SCENARIO ! (ta-daaaaam !) L’organisation secrète « Satan », dirigée par un chef invisible et son exécutant le « Docteur Mort », kidnappe un jeune homme pour en faire un sbire doté de super-pouvoirs. Mais le savant responsable de l’expérience se révolte et aide le jeune cobaye, devenu un « Superman » (c’est le terme utilisé en V.F.), lui conseillant avant de mourir de retrouver le «Superman N°1 », premier cobaye utilisé par Satan. Superman N°1 et Superman N°2 finissent par se rencontrer et, ni une ni deux, forment l’équipe des « Super Riders », qui vont aller sérieusement botter le cul des hordes sataniques. En gros, nous allons voir deux guignols à moto et en costume rappelant des mouches à merde cybernétiques se tataner avec de malheureux figurants en costume de caoutchouc. Et ce, dans un bonheur total pour le nanardeur impénitent, car l’action ne va littéralement jamais s’arrêter, et le ridicule non plus ! « Super Riders » est un film dont l’ennui est littéralement banni : c’est de la folie furieuse du début à la fin !

 



Le grotesque de l’action est tel que l’on ne sait littéralement pas par où commencer pour la décrire : il convient de savourer le spectacle en se laissant porter par la béatitude, comme devant un magnifique feu d’artifice sans fin, en s’émerveillant que cette chose ait pu un jour atteindre les salles françaises. Ho ! Les créatures de l’organisation Satan dans leurs costumes, qui se présentent avant la bataille en hurlant leurs noms ! (« Monstre des mers » ! « Monstres à écailles ! » « Monstre des airs ! ») Ha ! La formule secrète du Professeur défunt cachée dans l’ours en peluche de sa fille, que héros et méchants s’arrachent ! (l’ours, pas la fille : voir un monstre en caoutchouc hurler « Il me faut cet ours ! » avec la voix de castrat du doubleur est une sorte d’approche du nirvana).

 




Tu vas nous le rendre, notre nounours, oui ?

Le terrible homme-artichaut !

Tu la sens, ma grosse mite ?








« La Magicienne », l’un des chefs de l’organisation Satan.


Le scénario, succession de bastons frénétiques avec les suppôts de l’organisation Satan (normal, puisqu’il s’agit d’un montage d’épisodes), regorge en trouvailles d’une stupidité réjouissante, qu’il serait dommage de gâcher en les révélant. Citons néanmoins la scène où nos héros participent à une course de motos organisée par Interpol (par le Comité d’Entreprise d’Interpol ???), qui n’a probablement que ça à faire, entre deux missions pour retrouver la statue d’or ninja de « Golden Ninja Warrior » et arrêter le trafic de diam’s de « Flic ou Ninja ». Et après, on s’étonne que la criminalité internationale prospère ! La capacité de l’équipe de scénaristes à enfiler une ânerie après l’autre est une vraie source de ravissement, qui plongera le spectateur réceptif dans une autre dimension.

 


« Une course à moto avec Interpol ? Mais bien sûr ! Il y aura Bruce Baron, au moins, j’espère ? »

Drame de la traite des blanches ! En vacances à Taïwan, cette jeune touriste s’est retrouvée kidnappée et obligée de tourner dans un nanar asiatique !

Des sbires tout droit sortis de « La Brigade en Folie », de Philippe Clair.


Le plus beau est encore à venir avec l’intervention d’un autre grand méchant, sbire de l’organisation Satan : l’Agent des enfers !

 


Coucou, le voilà !






Mouhahaha !


Alors là, pas de discussion possible : dès qu’il apparaît c’est lui la vraie star du film ! Si le Docteur Mort était ridicule, avec son costume de vieux prestidigitateur à deux sous, l’Agent des enfers redéfinit la notion même de grotesque : revêtu d’une tenue de crustacé en mousse, croisement absurde entre une tortue, un homard, un crabe, un cafard et on ne sait trop quoi, l’acteur semble lui-même conscient de son sort et tire une tête de trois pieds de long lors de la plupart de ses apparitions. Misère des intermittents du spectacle taïwanais !

 


Cet homme souffre !

Hop, un petit concours de ridicule !


Du début jusqu’à la fin, « Super Riders » garantit au spectateur aventureux des moments d’intense nanardise (visuelle, sonore, mentale, olfactive… tout !) propres à faire baisser de dix points le Q.I. du malheureux qui se risquerait à l’overdose. Loin, très loin devant « Super Inframan », cette macédoine de scènes toutes plus grotesques les unes que les autres, liées par un scénario écrit sous acide, et jouées par des acteurs psychopathes et / ou alcooliques, établit un mètre-étalon de tout ce qu’il ne faut pas faire en matière de films de super-héros, asiatiques ou non.

 




Des effets spéciaux à couper le souffle !

Des mannequins en mousse d’une crédibilité à toute épreuve !

Des maquettes d’une qualité « made in Taïwan » !


Imaginez le ridicule en carton-pâte des pires épisodes de « Spectreman », le montage nimportequouesque de « Gameka et les Trois Super Women », l’hystérie des bastons de « X-OR » et « BioMan », mélangez le tout dans un shaker saupoudré de cocaïne et vous obtiendrez quelque chose qui approche ce « Super Riders », nanar dopé au crack, inimaginable, indépassable, inconsommable. Et dire (éternelle lamentation de nanardeur contemporain) que nos aînés avaient pu voir cela SUR GRAND ECRAN ! O tempora, o mores ! A redécouvrir d’urgence !

Petit bonus : les acteurs originaux de la série japonaise !

 



Le Docteur Mort : dans la série japonaise, il est censé être Suisse (!) car l'organisation Satan a été fondée par d'anciens Nazis (!!!) D'ailleurs, dans le film, certains sbires en caoutchouc font un geste qui ressemble vaguement au salut nazi.

L'Agent des enfers, qui garde son look d'homme-cafard dans toutes les versions.


Nos héros combattront tout ce beau monde jusqu'au 98ème épisode, où ils leurs tataneront la gueule sévère. C'est fini ? Non, bien sur la série continuera avec de nouveaux adversaires toujours plus vils, toujours plus mesquins et surtout toujours plus craignos.

 



Les héros et les méchants de la série au grand complet.


Au fil de la série, l'imagination des auteurs japonais ira de plus en plus loin dans la conception des monstres.

 


Voici Spider Napoléon (!) et... STARFISH HITLER !!!!!


(Remerciements à MrKlaus)

- Nikita -
Moyenne : 4.46 / 5
Nikita
NOTE
5/ 5
John Nada
NOTE
4.5/ 5
Peter Wonkley
NOTE
5/ 5
MrKlaus
NOTE
4.5/ 5
Kobal
NOTE
4.25/ 5
Rico
NOTE
3.5/ 5

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation
Le film a bénéficié d'une ressortie chez "Crocofilms", en double-programme avec le pétaradant "Impact 5" alias "Karaté Moto". Un commentaire audio, une présentation : des efforts ont été faits pour nous proposer une "édition collector" alléchante. Hélas malgré une image de bonne qualité tirée d'un master allemand, le film s’avère aussi plus court de dix minutes par rapport à la VHS que l'on connaît. Heureusement les scènes coupées sont disponibles à part, mais de qualité discutable car justement issues de l'édition en K7 vidéo.


Il existe aussi au moins deux versions allemandes en DVD, et semble t-il une obscure édition DVD-R anglo-saxonne plus ou moins pirate.


Le DVD allemand de chez "Marketing Film" sorti en 2003, avec version allemande simple.

Le DVD allemand de chez "Alive / CMV Laservision", sorti en 2006, avec version allemande et sous-titres allemands et anglais.


Les puristes hardcore désireux de retrouver le montage d'origine peuvent toujours partir en quête d'une VHS des âges perdus. Nous avons mis ci-dessous les visuels des éditions "Sunset Vidéo" et "Atoll Vidéo" pour s'y retrouver.


L'édition de chez "Sunset Vidéo".

L'édition de chez "Atoll Vidéo", dont la jaquette reprend l'affiche originale, tellement rare qu'elle ne figure même pas dans le catalogue vidéo de 1983.


Par contre, les « Kamen Riders » bénéficiant d’un petit culte dans certains pays où la série a été diffusée, celle-ci a connu des éditions DVD, achetables en ligne.


La jaquette allemande d'un film a priori sorti deux ans plus tard (1974)...

...suivant rigoureusement le même principe d'assemblage taïwano-nippon. Belle pièce !