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The Immortal

(1ère publication de cette chronique : 2024)
The Immortal

Titre original : The Immortal

Titre(s) alternatif(s) : L'Invincible

Réalisateur(s) : David Straiton

Année : 2000

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h24

Genre : Vampire : Lamas-carade

Acteurs principaux : Lorenzo Lamas, Steve Braun, April Telek, Dominic Keating

Barracuda
NOTE
3.5 / 5


A Nanarland, des fois, on se retient. Vous n'avez pas idée comme on se retient.

Oh, on ne se retient pas sur la mesquinerie, la méchanceté ou la calomnie : on a tout de même une réputation à défendre. Mais ailleurs on se retient. On se retient de dépenser des dizaines d'euros pour mettre la main sur une VHS rare ou un DVD épuisé qui-pue-le-navet-mais-quand-même-on-sait-jamais. On se retient de partager des extraits de films de 90 minutes sur les réseaux sociaux, alors que pourtant certains le mériteraient. On se retient d'aller en meute au cinéma traquer le Direct-to-Nanarland pour ne pas gâcher la séance des autres.

Parfois c'est un véritable combat à livrer contre soi-même.


Et puis on se retient de sortir du cadre du cinéma et, à la rigueur, du direct-to-DVD parce qu'autrement on ne saurait plus où donner de la tête. Ce n'est pas toujours facile parce que des séries TV éclatées au sol, par exemple, il y en a eu quelques-unes à travers l'histoire autant qu'à l'époque contemporaine. Des titres comme Van Loc, Cas de divorce ou David Lansky volent très haut au firmament du ringard et plusieurs épisodes auraient déjà leur chronique s'ils étaient sortis en salle (Hong Kong sur Seine, on pense à toi…).


Moins connue, il y a L'Invincible avec Lorenzo Lamas. Une étoile filante : une saison, 22 épisodes, un niveau de nanardise stratosphérique et puis s'en va. Mais durant son existence éphémère, elle a tout de même engendré une version téléfilm, un remontage reprenant en gros les deux premiers épisodes plus des morceaux de quelques autres, le tout édité en France en DVD sous le titre américain original The Immortal. Et ça pour le chroniqueur de Nanarland, ça veut dire que c'est open-bar…

The Immortal, et par extension L'Invincible, de quoi ça parle ? En résumé, c'est un mélange entre Highlander, Blade et Buffy contre les Vampires. Comme Adrian Paul, Lorenzo Lamas incarne un guerrier immortel qui se bat au katana avec un gros ennemi par épisode, sauf qu'au lieu de se battre contre d'autres immortels, il combat des démons assez comparables aux vampires de Sunnydale. Plus fort que le Highlander, voici le Lorenzoo-lander.



Le montage qui nous est proposé dans The Immortal suit l'origin story du trio de personnages principaux de la série : Lorenzo alias Rafael Keane le chasseur de démons immortel, son sidekick Goodwin, immortel aussi mais puceau (c'est extrêmement important pour l'histoire) et Sara, doctoresse du monde moderne qui s'allie à eux lorsqu'ils la sauvent d'une attaque démoniaque. Comme il en fallait encore un peu pour remplir les 84 minutes réglementaires, le réalisateur a aussi caviardé des morceaux du 5e épisode de la série, un choix assez incongru puisque celui-ci se passe au Far West sans qu'aucune justification ne soit apportée. L'attelage final est aussi brinquebalant qu'un meuble Ikea monté sans les vis.

La première scène pose le décor : une ruelle sombre, une jeune femme attaquée par un démon. Surgissant de la nuit, Lorenzo Lamas débarque et vide deux chargeurs de pistolet dans le buffet du suppôt de satan. Ni une ni deux, le démon se retourne et lui recrache les balles à la gueule façon sarbacane automatique calibre 9mm en insert numérique des années 1990. Lorenzo n'a que le temps de se mettre à couvert et le spectateur d'aller se chercher du pop-corn. Ça commence bien.


The Immortal est un nanar de haute volée pour trois raisons principales : d'abord les effets spéciaux sont complètement à la ramasse. Nous sommes à la charnière des années 1990-2000, époque bénie pour le nanardeur où le numérique devient moins cher que les trucages à l'ancienne, mais pour un résultat médiocre à l'écran à moins d'avoir de gros moyens ou un excellent savoir-faire. Evidemment, recyclé d'une série TV à petit budget, The Immortal n'a ni l'un ni l'autre pour notre plus grande joie. Chaque combat contre un démon apporte un fou-rire, toujours conclu par une animation complètement ratée voyant le sol s'ouvrir sous les pieds du vilain pour le renvoyer en enfer. C'est génial la première fois et on ne s'en lasse jamais par la suite.


La deuxième raison, c'est le scénario, à la fois terriblement prévisible et complètement décousu.

Prévisible, car le film comme la série sont comme on l'a déjà dit des plagiats éhontés de Highlander (beaucoup) et Buffy (un peu). Lorenzo incarne ainsi un grand brun ténébreux en manteau long avec un katana tandis que l'immortalité du héros est prétexte à des flashbacks historiques où le manque de budget est encore plus criant que dans les scènes contemporaines : on se surprend à fouiller ses poches pour voir si on n'a pas une petite pièce ou un ticket restaurant pour les dépanner.


Décousu ensuite, car si le film fait bien quelques efforts pour masquer sa nature de Frankenstein assemblé à partir de morceaux d'épisodes TV, on sent que le cœur n'y est pas. Nulle trace ici de l'artisanat dingue des films de ninjas 2-en-1, le réalisateur n'y croit pas. Il sait que ça va se voir, que les fans de Lorenzo Lamas ne sont pas si naïfs, qu'on est bien loin de la rigueur et de la qualité habituellement attachées au nom de la star et qui ont fait la réputation d'excellence des soirées Hollywood Night. Alors il ne se foule pas trop, foutu pour foutu c'est vendredi, on n'a qu'à dire que le week-end commence à 16h.

Des héros nobles et loyaux, l'un d'entre eux puceau et l'autre gros baiseur. En face, des démons fourbes et grimaçants...


On l'a déjà mentionné, mais la séquence western en particulier (qui n'est même pas un flashback : Lorenzo est projeté dans une espèce d'univers virtuel démoniaque façon Matrix) sort vraiment de nulle part et ne fait pas le moindre effort pour tenter de se raccrocher à l'intrigue générale, elle est clairement là pour pallier les 10 minutes qui manquaient pour atteindre l'heure et demie. C'est du pur foutage de gueule et la première fois de notre vie qu'on a l'impression de s'être fait arnaquer en achetant un DVD à 99 centimes.


Le troisième point fort nanar du film c'est le jeu des acteurs. Lorenzo Lamas n'est pas le pire : depuis vingt ans qu'il le fait, il maîtrise parfaitement le registre du taiseux fort en baston, mais la VF arrive encore à faire marrer en lui prêtant des répliques parfaitement débiles assénées avec une conviction inébranlable, du genre "Je hais les forces du mal !".

Si Sara la doctoresse est aussi assez transparente, Goodwin le puceau relève le niveau. Une bonne moitié du scénario tourne autour d'une succube qui veut le déniaiser, mais il résiste car apparemment il ne pourrait plus faire un bon assistant pour "L'Invincible" s'il se faisait détartrer le chinois. A la rédaction, on pense que c'est Rafael qui a inventé tout ça juste pour l'humilier, mais au moins la séquence de drague démoniaque outrageusement racoleuse est très rigolote.

Goodwin se faisant tenter par une démone tentatrice pleine de tentations...

Enfin, il y a les méchants démons sur lesquels on se contentera de dire qu'ils cabotinent… comme des damnés. Ne voyez aucune déception dans la brièveté de cette description, ils nous ont tous bien fait marrer, il n'y a simplement pas grand chose de plus à en dire.

Ils ont des expressions très expressives.


Le résultat est un authentique plantage comme on en voit finalement rarement. De l'extérieur rien ne distingue vraiment The Immortal de la palanquée de films d'action direct-to-DVD qui ont pullulé au détour des années 2000, avec ou sans Lorenzo Lamas. Mais dès qu'on plonge dedans, sa nature de pilote de série télé cheap à la base et réarrangé encore plus à la shlague prend le dessus. Tous les ingrédients se combinent pour offrir un vrai beau nanar digne des meilleurs ; pas le plus mémorable, parce que la recette manque tout de même un peu d'originalité, mais on y trouve un rythme soutenu dans la connerie et une vraie variété dans le ratage. Mettez-le dans le lecteur et il vous garantit une bonne soirée.

Avec The Immortal, assiste-t-on à une forme de redemption arc de Lorenzo Lamas sur Nanarland ? Longtemps conspué comme un faux-ami du nanardeur (a l'instar de Don "The Dragon" Wilson), habitué de la rubrique "On s'est fait avoir", il nous a pourtant convaincu ces derniers temps dans deux opus remarquables de sa filmographie : L'Indomptable 2 et Gladiator Cop. Dans The Immortal, il transforme l'essai avec un nanar de plus qui fait l'unanimité. Sur l'ensemble de sa carrière pléthorique, on reste sur un ratio nanar/navet très négatif, mais indiscutablement l'ami Lorenzo mérite toute sa place sur Nanarland.

- Barracuda -
Moyenne : 3.50 / 5
Barracuda
NOTE
3.5 / 5
Jack Tillman
NOTE
3.5 / 5
Kobal
NOTE
3.5 / 5

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation

L'édition DVD française se trouve facilement d'occasion sur tous les bons sites de vente en ligne. La série TV complète est disponible sur Youtube au moment de la parution de cette chronique.

Bonus

BONUS : "L'Invincible, la série", ça donne quoi ? Tombé amoureux de l'univers et du lore de L'Invincible après avoir vu le film, notre camarade Kobal s'est jeté sur l'intégrale de la série, trouvable en VF sur Youtube. Ci-dessous ses impressions pour chaque épisode, agrémentées d'images et d'extraits vidéo.

Episode 1 - Les démons de la nuit (1ère partie)
Au XVIème siècle, Lorenzo Lamas, alias Raphaël Cain, est un navigateur portugais échoué au Japon. Il y apprend les us et coutumes locaux et fonde une famille. Mais quand deux démons se pointent de la dimension d'à côté pour trucider sa femme et enlever sa fille, il est désigné comme l'élu qui doit nettoyer la Terre de la racaille infernale. Et pour l'aider à punchliner, il a droit d'emmener avec lui Tommy, un sidekick... ado... rigolo. Un premier épisode qui pose les bases (mixer Highlander, Blade et Buffy) et permet au duo de devenir immédiatement un trio, grâce à la rencontre avec Sara, une docteur en physique parapsychologique qui invente des techno-appeaux à démons. Nos héros reconstituent ainsi un noyau familial conventionnel dans un gros bus aménagé en appartement. Mais ils sont traqués par Malos et Vashita, ceux-là-mêmes qui ont ruiné la vie nippone de Lorenzo.

Episode 2 - Les démons de la nuit (2ème partie)
Suite directe qui laisse toute la place aux manoeuvres de Malos pour exterminer l'Invincible (ou l'Immortel, ça change entre le titre de la série et le contenu du générique). Nos deux démons en font des méga caisses, mention spéciale à Vashita (Kira Clavell, inoubliable dans House of the Dead) en incarnation de la luxure, et l'atout fort de la série s'avère bien vite être ses FX, particulièrement les morts de suppôts de Satan qui filent alors directement une sorte de rectum infernal (logique). Du grand art.

Episode 3 - A mi-chemin entre le Bien et le Mal
Troisième épisode et déjà les idées débiles surgissent au galop : un lonewolf du combat contre le Malin a décidé de faire des thérapies de reconversion démoniaque grâce à la psychanalyse et à l'électroconvulsivothérapie ! Lorenzo est scandalisé par de telles méthodes de gauchiasse et prône l'éradication comme unique réponse. La série lui donne bien évidemment raison ; même Satan ne mange pas de ce pain-là car il a créé un poste d'exterminateur de repentis, ce qui apparaîtra finalement comme un contre-sens au vu de la résolution twistique de cette histoire.

Episode 4 - Les morts-vivants
Drame, Lorenzo pensait tuer un démon harceleur de rue, mais le bonhomme n'est pas gobé par l'anus des enfers. Crise morale ! Ouf, il s'agissait bien d'une créature maléfique mais d'un genre différent (il s'incarne dans le corps de défunts qu'il zombifie temporairement). Lorenzo le comprend en étudiant l'abécédaire des forces sataniques... qu'il a lui-même écrit (!), et en interrogeant le démon voleur de chaussettes (!!!). Pendant ce temps, un flic ouvert d'esprit enquête sur tous ces cadavres qui se promènent en ville, et le soupçon d'idylle naissante entre Sara et lui fait naître un zeste de jalousie chez Lorenzo. Magnifique "quoi d'neuf, docteuuuuuur ?" exclamé par l'Invincible caché sous une alèse, pour un épisode plutôt rigolo.

Episode 5 - Sale temps dans l'Ouest
Comme le ménage n'est pas fait dans le camion et que Sara en a marre de jouer les docteurs en parapsycho-bonnicherie, elle part au motel le plus proche... qui s'avère être un parc d'attractions pour démons ! Conséquence logique, tout le monde est projeté au Far West, Sara en serveuse de bar et Tommy en Billy the Kid. Seul Lorenzo est conscient du bin's mais il passe son temps à s'enquiller des flashbacks des épisodes précédents. Autant vous dire que ça tire en longueur avant d'enfin se tirer dessus pour une unique scène rigolote de très mauvais FX (l'Invincible y perd d'ailleurs son katana dans l'anus infernal mais le script n'y fait pas attention). Ah si, y'a aussi un démon-chien qui négocie des infos contre une bavette...

Episode 6 - Ascenseur pour l'enfer
Tommy a beau avoir 400 ans, le script a décrété qu'il devrait rester un éternel ado puceau. Alors quand il fait sa petite crise d'émancipation vis-à-vis de papa Lorenzo et qu'il a enfin l'occasion de se serrer une meuf, il plonge tête baissée dans un grand piège démoniaque incluant des manipulations du marché de l'art, un projet d'autoroute dimensionnelle et un rituel avec sacrifice de vierge (bienvenue Tommy). Heureusement que ses parents de substitution le traquent en même temps qu'ils expérimentent des bidules à rayons et qu'ils affrontent des "tags démoniaques". On appréciera (ou pas) le virgin-shaming décomplexé de l'épisode.

Episode 7 - Le démon sur les ondes
Les démons sont partout, y compris à la télévision où ils lessivent le cerveau des spectateurs (ça dénonce) pour les pousser à toutes les exactions, voire pire : pour provoquer des "phénomènes socio-anormaux". Leurs shows phares, "Barbie, collégienne par intérim" (!) et "Le juge et la potence" attirent l'attention de nos héros qui viennent enquêter en toute flagrance au milieu des exécutifs satanistes de la chaîne câblée. La série verse déjà dans le fan service en nous ressortant le démon voleur de chaussettes, ici reconverti en démon effaceur de VHS (...), et confirme sa volonté de réduire la caractérisation de Tommy à un puceau loser. A noter quelques jolis loopings sautés de Lorenzo, cheveux toujours au vent.

Episode 8 - Vol 666
Here comes a new challenger : le démon Pestilence, qui a le pouvoir de changer d'apparence pour foutre le zbeul dans les labos de recherches top secret (où n'importe quel héros justicier rentre tout de même tranquillou bilou). Son objectif de destruction infectieuse de l'humanité interroge l'objectif des forces infernales, jamais vraiment bien défini par le script (on passe vite du vol de chaussettes à l'extermination totale). Bon, le plan pour y parvenir est inutilement tortueux et fait intervenir un crash d'avion tellement hors-champs que je ne l'avais même pas compris sur le coup ! Accident dans lequel tous les passagers survivent... Lorenzo, lui, est retenu par une agente du FBI qui le prend pour un "écolo désillusionné" ; heureusement qu'elle saura céder à ses charmes et à ses explications convaincantes sur les sombres complots apocalyptico-démoniaques en cours.

Episode 9 - Le baiser de la mariée
Le vol d'une luxueuse émeraude aux pouvoirs de manipulation mentale convainc notre dynamique trio d'infiltrer un mariage de la haute société. Arrivés aux portes de la réception (où ils ne sont pas conviés), ils comprennent qu'il leur faut un plan : Lorenzo sera le photographe lover (la mère de la mariée en ferait bien son petit 4 heures), Sara l'amie de fac de quelqu'un et Tommy le serveur qui a les oreilles qui traînent. Rien n'a de sens dans cette histoire, l'ambiance de la cérémonie est flippante de malaisance, et la menace d'une IA devenue folle à qui il suffit de couper la connexion modem pour empêcher l'apocalypse nucléaire (à 1 seconde de la fin du compte à rebours, évidemment) est parfaitement ridicule. A retenir : en cas de pépin avec les forces de l'ordre s'inquiétant de vos étranges agissements, se présenter comme étant "un citoyen inquiet" peut vous sauver la mise.

Episode 10 - Les jeux sont faits
Les démons en ont marre de se faire dézinguer par l'Invincible et décident de faire un concours à qui réussira à en venir à bout. L'occasion de comprendre qu'une fois expédiés dans le rectum des enfers, ils ne sont pas anéantis mais se retrouvent dans un bar à picoler, papoter, décompter le nombre de collègues tombés au combat (11.827 !!) et même surveiller à distance les actions de Lorenzo, dont le visage est connu de tous ! Et dire qu'ils n'ont toujours pas réussi à lui régler son compte... Notre héros a quant à lui des visions prémonitoires qui lui mettent du vague à l'âme et il part en solo bad trip, tandis que Tommy et Sara, de plus en plus inutiles, cherchent à louer un appartement (évidemment, l'agent immobilier est un démon car il n'y a plus vraiment d'humains banals dans ce monde). Beaucoup de flashbacks et de retrouvailles avec d'anciennes gloires infernales (l'exterminateur de Satan) pour une conclusion dans une centrale électrique cheapos que n'aurait pas renié un Tesla fou.

Episode 11 - Les nymphes de la forêt
Le lore de L'Invincible continue à s'étendre avec désormais des nymphes écoterroristes, ainsi qu'une paire de gnomes harceleurs des bois. Lorenzo ne peut s'empêcher de s'occuper de tous les problèmes locaux, critique les "malades du self service", tue OKLM un flic malpoli en public (heureusement, il est bien aspiré dans un très bel anus infernal), se jette dans l'antre ennemi en toute connaissance de cause et sans aucun plan (il se fait donc logiquement défoncer), affronte des bûcherons tronçonneurs démoniaques et sauve enfin les espaces verts. De leur côté, Tommy se fait vamper par la nymphe sexomaniaque (gênance de l'arc puceau, acte 3) tandis que Sara n'en finit plus de perdre ses neurones.

Episode 12 - Une histoire de fou
Attention, épisode coup de coeur : Lorenzo se réveille neuroleptisé en chambre capitonnée et bénéfice d'une prise en charge par un psychiatre spécialisé dans les déprogrammations d'adolescents atteints de troubles dissociatifs démoniaques (j'attends impatiemment l'entrée de ce diagnostic dans la prochaine version du DSM). On apprendra tout de même qu'il a été radié de l'ordre des médecins, mais ça ne l'empêche apparemment pas de diriger une clinique spécialisé pour y pratiquer ses recherches. En fait tout ça est un plan fourbe de Malos qui lave insidieusement la cervelle de notre héros pour le convaincre qu'il est en fait Alabama Man, conducteur alcoolique d'un "bahut de 18 roues" qui cogne sa femme enceinte. Mémorable scène où Lorenzo, en plein trip white trash, picole des binouzes en matant le catcheur "Conan la Castagne" à la TV ! De leur côté, Tommy et Sara, de plus en plus souvent cornérisés sur les rails des subplots, cherchent un Tebalan, comprendre un homme diagnostiqué à tort schizophrène mais qui capte en fait les pensées démoniaques mais qui se comporte quand même comme un fou "youpidou j'en fais des caisses pour avoir l'air zarbi rigolo". 

Episode 13 - Une école d'enfer
Comme l'indique le titre transparent de cet épisode, les démons ont investi une école et il va donc falloir y introduire Tommy en fellow kid (qui vit là sa best life de lycéen) et Sara en CPE, pendant que l'Invincible reste seul à tisser une relation paternelle avec une ado émo. On appréciera (toujours ou pas) la remarque très déterministe de Lorenzo qui trouve anormal que des élèves au parcours scolaire jusque là médiocre finissent par sortir diplômés de cette fac de la dernière chance puis intégrés professionnellement. Et il a encore une fois raison, le bougre, car derrière cette belle aventure pédagogique se cache "Ragna, la maîtresse de l'obscur", au design de recteur Palpatine. Le finish en baston/duel est de toute beauté nanar, pour une fois, et on conclura avec ce magnifique dialogue : "- Vous avez eu chaud aux fesses ! - C'est pour ça que vous les regardez ?".

Episode 14 - Conspiration démoniaque
L'intro de ouf sans transition : l'Invincible se fait tabasser par Asher, le démon de l'amour (!) et il meurt ! Mais son corps disparaît. Dévasté par le chagrin, Tommy se met en quête de retrouver la dépouille de son maître et ami pour l'honorer d'un rituel d'inhumation japonais. Mais tout cela est une mascarade orchestrée par Acher qui tente de profiter d'une "conjonction planétaire" pour se la péter devant Satan. Il pourrait ainsi achever sur le champs Lorenzo qu'il garde dans le coma, mais non, ça serait trop facile, et puis ça justifie qu'encore une fois, le héros soit mis de côté tandis que Tommy et Sara se traînent dans un interminable tunnel de rien qui tire sur la corde du néant. Un des pires épisodes, où pour info, l'Invincible se fait neutraliser d'un coup de pied dans le tibia...

Episode 15 - Les contes de fée se terminent toujours bien
Notre trio enquête sur la disparition d'un richissime financier dénommé Nesbite (des heures de rire sophistiqué garanties) et se retrouve en Europe dans un hôtel castral pour VIP, tenu bien évidemment par les démones Carlotta et Dépravia (!) dont le kink est de vaguement rejouer des contes de fées. Sara se retrouve ainsi cendrillonnée en cuisine, Tommy creuse les tréfonds de la nullité de son perso avant d'être transformé en crapaud (un upgrade, pour lui) et L'Invincible est ulcéré à l'idée que les petits-porteurs d'assurance-vie voient leur capital fondre si Nesbite n'est pas retrouvé (authentique !). Un épisode très bof dont on retiendra l'ambiance misérabiliste du marché local (on peut y acheter des gourdes en poil d'ours brun), le style vestimentaire Power Rangers des deux succubes, une baston final OK-tier et surtout, le fait qu'une bourgeoise kidnappée confonde Lorenzo avec Fabio, puis avec Steven Seagal !

Episode 16 - Technozombie
Meilleur titre d'épisode de la série et super concept de script : le démon Rodan dirige un nightclub et y diffuse des tubes techno issus de "l'extraction du son primordial" de ses victimes, ce qui a pour effet de zombifier le public et de le soumettre à sa volonté. Et pour preuve de sa puissance, il contraint les teufeurs à faire... la danse des canards ! La domination du monde peut bien attendre. Malheureusement, le traitement de cette belle idée sombre dans le marasme habituel. Sara est désormais qualifiée de docteur en médecine et a décidé de s'infiltrer en solo dans la boîte pour une "étude psycho-auditive sur l'acoustique émotionnelle" (et paraît ainsi aider Rodan de son plein gré), Tommy n'en finit plus d'être scripto-humilié, L'Invincible est traité de "vieux schnock", y'a un démon rebond qui fait des bruits de cartoon quand il est projeté dans les murs (très bel anus infernal par contre), et il faut attendre la conclusion pour que le nanaromètre explose d'un coup : c'est en effet par le pouvoir du disco que Rodan sera vaincu, avec Lorenzo sur le dance floor en pleine fièvre du samedi soir !

Episode 17 - Voyage intérieur
L'Invincible est kéblo en transe méditative profonde et subit une crise de doute existentiel. Il se retrouve ainsi dans le rade de la confession où officie un barman psychothérapeute qui lui fait picoler toutes sortes de mixtures émotionnelles pour lui toiletter la tête. Une idée de scénario plutôt pas trop con mais qui se traduit malheureusement par un empilement de flashbacks des épisodes précédents, ou comment remplir du vide avec du rien ! Pendant ce temps, Sara et Tommy vivent la folle aventure du nettoyage de la cuisine après une explosion de 45 L de sauce tomate au micro-ondes (avec projection à 360°, médaille d'or du domaine). Inquiets de la séance de méditation prolongée de Lorenzo, ils lui font respirer des sels puis se lancent dans un massage cardiaque ! Conclusion de l'épisode : le barman recommande à l'Invincible de se décoincer un peu, de tirer un coup et d'arrêter de contraindre le pauvre Tommy à une même abstinence sexuelle. Hélas, cette injonction de libération libidinale se contentera d'accoucher d'une déclaration sentimentale très prude ("je suis content que tu sois là") de Lorenzo à sa blonde.

Episode 18 - Eaux sulfureuses
Sursaut de tentative d'existence pour la série qui se lance ici dans un épisode historique : dans les années 1950, l'Invincible et Tommy enquêtent dans une station thermale suisse aux eaux dotées d'un étrange pouvoir. Ambiance film d'espionnage de Guerre froide, avec des costumes et des Soviétiques qui roulent les R. Nos héros croisent sur place la grand-mère de Sara, se prennent au jeu des intrigues dignes d'une soirée-enquête et se rappellent à la fin qu'il va falloir penser à tuer des démons. Une certaine tenue d'ensemble qui n'empêche pas le scénario de rapidement virer au nawak et de rappeler que le seul but des proprios cocos de la station est l'oppression ! L'alliance Staline-Satan finira heureusement dans un anus infernal (magnifique épaulé-jeté-sabré-rectumisé), une victoire qui sera offerte "à la Hongrie" ! À noter une référence à la moustache de Cesar Romero et une opportunité de déniaisement bien légitime de Tommy (perso humilié jusqu'à l'angoisse) qui se fracasse sur Lorenzo en papa casse-couille. Je vais finir par fonder un collectif de soutien.

Episode 19 - Déjà vu
La team se balade en Europe de l'Est pour enquêter sur la mort d'une femme et le rapt de sa fille, fait divers qui rappelle ses traumas à l'Invincible. Mais les étrangers ne sont pas les bienvenus au village et l'auberge locale ne propose aux végétariens qu'une "salade au porc grillé et boulettes de poulet". Contrairement aux statistiques, l'auteur du méfait n'est pas le mari mais un démon copycat de Malos, qui monte un plan inutilement tortueux pour tout simplement aboutir à un poussif affrontement avec Lorenzo à coups de bâtons dans une grange (entrecoupé de quelques sympathiques feulements brucelesques). L'épisode sert surtout à préparer le dénouement final car l'Invincible se voit confirmer que sa fille est toujours en vie dans un autre plan astral. On patientera avec cette ambiance de bled rural déprimant et sa meute de paysans Promizoulins assoiffés de lynchage (un crime évité de justesse au profit d'une justice tout aussi expéditive).

Episode 20 - Le jugement dernier, partie 1
Allez hop, double-épisode flashback XIXème siècle censé nous expliquer les dons de clairvoyance de Tommy (?!)... au final jamais évoqués dans cette première partie qui nous raconte la première rencontre officielle entre L'Invincible et Malos, ici despote de village. La discorde règne entre Lorenzo et son écuyer, car Tommy a une ouverture avec une Bohémienne et il prend conscience de n'être qu'un esclave au service de la vengeance d'un autre. Lorenzo doit donc enrôler des gitans locaux pour sa vendetta, contre l'avis de leur diseuse de bonne aventure/magicienne sur-balèze (elle a ainsi le pouvoir d'empêcher Malos de toucher aux femmes qu'il a enlevées !) ; mission infiltration dans le château en se faisant passer pour un handicapé mental chantant les louanges de la vente de navets (je n'invente malheureusement rien). Mais tout foire, au point que notre héros doive s'offrir de lui-même à un Malos qui le gratifie de magnifiques CGI de flammes et de langue vipérine. Chanson épico-triste pour faire monter la hype de la suite...

Episode 21 - Le jugement dernier, partie 2
...hype qui s'effondre rapidement devant l'absence de tonus de l'épisode, qui semble avoir tout donné dans la première partie. L'Invincible est immobilisé par des cordelettes roses tissées par des "araignées infernales scrupuleuses" et en est réduit à des joutes verbales, à l'écriture aussi pauvre que les décors, avec un Malos tout en minauderies, laissant entrevoir une montée de tension sexuelle homoérotique que la série n'assume malheureusement pas de développer. De son côté, Tommy perd les quelques grammes de couilles qui lui avaient miraculeusement poussé et redevient ce personnage boulet et humilié qui a peur des piaillements d'oiseau dans la forêt. Tandis que Malos contemple l'absence d'avancée de l'épisode sur sa télé-miroir magique, le script décide que Lorenzo s'enfuit pour mieux se faire aussitôt chopper, arrivée de villageois et de Gitans en colère, grande bagarre finale de la misère avec la musique du générique, fuite de Malos, prédiction divinatoire de la sorcière que confirme aussitôt le teasing de l'ultime épisode, fin. ET AUCUN DÉMON DANS UN ANUS ! SCANDALE !!

Episode 22 - Kyomi

L'Invincible et son gang se promènent nonchalamment sur la plage, quand soudain ! Une jeune femme inconsciente allongée sur le sable. C'est Kyomi ! FIN. Non, pas encore, courage, on voit le bout du tunnel. Donc Kyomi a pris 15 ans en 400 ans (pourquoi ? On sait pas, sans doute des contraintes de droit du travail des enfants) et ne se rappelle rien depuis son enlèvement (malgré les compétences d'hypnotiste de Sara qui se dit à nouveau médecin... Personne ne lui a demandé ses diplômes ?). Mais la jeune femme a très envie de découvrir son nouveau corps adulte avec Tommy qui, mouv' de vrai chad, se rappelle qu'elle a théoriquement 5 ans dans sa tête et se refuse à cette ultime opportunité de déniaisement. Lorenzo, lui, est content, et se montre très tolérant avec l'incongruité de cette situation. Dans le même temps, Malos et Vashita sont de retour en tenue Matrix vinyle BDSM, avec un plan très compliqué d'adoption, de mariage, d'enfantement de l'Antéchrist, de millénaire des ténèbres et de trahisons internes en cascade.

Le réalisateur a vu les choses en grand pour cette conclusion, avec des cascades à moto sur la plage, des gunfights au pompeux, du kung-fu démoniaque, et même quelques jolis plans ! On en viendrait à croire que Satan l'habite (22 épisodes pour parvenir à la placer...). Enfin, attention à ne pas oublier que cet enthousiasme doit se mesurer au référentiel habituellement abyssal de la série. Et de fait, après avoir monté une intrigue presque trop riche de sub-plots (et de flashbacks, bien entendu), l'épisode se rappelle qu'il ne reste que 5 minutes et décide de tout bâcher, avec un majestueux feu d'artifice d'anus infernal (version colon intégral) et une porte ouverte à une saison 2 avec Vashita en agent trouble... Un fantasme de Stockholm qu'il reste à construire.