Recherche...

House of the Dead


House of the Dead

Titre original : House of the Dead

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Uwe Boll

Producteur(s) :Uwe Boll

Année : 2003

Nationalité : Etats-Unis / Allemagne / Canada

Durée : 1h30

Genre : Romero doit mourir

Acteurs principaux :Jurgen Prochnow, Jonathan Cherry, Tyron Leitso, Clint Howard

Labroche
NOTE
4/ 5



Enfin ! Enfin un film récent qui n’a rien à envier à ce que le cinéma a produit de pire dans les années 80. House of the Dead peut en effet se caser sans rougir entre Zombi 3 et L’Avion de l’Apocalypse dans la catégorie des films de morts-vivants incroyablement nanars.

Datant de 2003 le film offre de ce fait une incontestable fraîcheur. Doté d’un budget relativement conséquent, House of the Dead n’était pas à la base une série B fauchée, mais bien l’adaptation du jeu d’arcade éponyme créé par la société Sega. Basé sur un principe bourrin au possible, ce shoot’em up au parcours pré-programmé permettait, via une paire de flingues en plastoc, de dégommer monstres et zombies jusqu'à plus soif (ou, plus souvent, quand on n'avait plus un rond en poche). Les joueurs n’avaient qu’à viser et à tirer sur tout ce qui apparaissait à l’écran.


Le jeu d'arcade "House of the Dead". Ils auraient dû en rester là



Le pari d’adapter ce film au cinéma posait d’emblée deux problèmes : le jeu ne comportait aucun scénario, et le type même du gameplay de House of the dead n’en faisait pas quelque chose de facilement transposable au cinéma… Ces obstacles furent vite levés puisque les producteurs décidèrent qu’ils n’en n’avaient que faire.


Les teufs Sega. Le Champomy coule à flots !



L’histoire tient en quelques lignes : un groupe de jeunes se rend à une teuf sur une île maudite. Ayant raté la dernière embarcation, ils louent les services d’un vieux loup de mer, le capitaine Kirk (« mais où est Spock ? » demande fièrement l’un des protagonistes du film*). Heureuse coïncidence, Kirk tâte aussi de la contrebande d’armes à feu.


Capitaine Kirk ? Mais où est Spock ?* (Qu'est ce qu'on se marre !)



En débarquant sur l’île, la bande de djeun’s ne trouve qu’un lieu désert, un peu comme si des zombies avaient massacré tout le monde... Parallèlement, une femme flic nommée Casper* accoste elle aussi dans l’intention d’arrêter Kirk. Il ne reste plus aux zombies qu’à attaquer tout ce petit monde.

Voilà pour le pitch. Dans un effort surhumain de cohérence, il sera expliqué au cours d’un flash back filmé en sépiacolor (normal vu que c’est dans le passé, et que dans le passé les gens ils étaient tous en sépia) que la présence des morts-vivants est due à un ancien prisonnier espagnol qui a trouvé le moyen de devenir immortel. Malheureusement il semble avoir besoin de tuer des gens pour cela.


Le monde en sépiacolor



On peut d’ailleurs s’interroger sur la pertinence de la démarche : être immortel sur une île où il ne se passe strictement rien, et être obligé de tuer des gens pour le rester… franchement il y en a qui ne reculent pas devant la difficulté. Est-il utile de préciser que ce prisonnier espagnol fera office de boss final ?
Comme le nanar fait bien les choses, un vieux manoir se trouve pile au milieu de l’île maudite, c'est la House of the Dead du titre. Nos héros y trouveront refuge, et permettront par là même au réalisateur de gagner 15 minutes de remplissage facile.


La maison dans laquelle nos héros préfèrent aller se réfugier plutôt que de bêtement s'enfuir comme le premier venu... malin !



Côté réalisation, c’est un vrai bonheur ! Non seulement les zombies maquillés à la truelle nous rappellent les plus grandes heures du nanar transalpin des années 80, mais en plus le réalisateur ne crache sur aucun procédé de mauvais goût propre à notre époque (oui les années 2000, celles de MTV, de la génération zapping, des ralentis ringards, des accélérés qui font mal à la tête et des bullet times à toutes les sauces).


Ce dimanche, ne suivez pas les conseils de Zombies pas futés



Il propulse par là même son film au top niveau de la désuétude cinématographique programmée. Matrix avait impressionné grâce au procédé du Bullet Time ? Et bien on va leur en donner du bullet time ! Tous les personnages du film auront droit à leur « caméra qui tourne autour d’eux au ralenti » personnelle ! On frôle le génie quand, n’ayant pas le budget nécessaire pour financer tous ces effets spéciaux, certains bullets times sont fait de manière artisanale, à la main : ce sont tout simplement les cameramen qui tournent autour de l’acteur qui tient la pause. Simple, pas cher et efficace !


L'un des seuls "vrai" Bullet Time du film



Le montage MTV c’est aware ?! Et bien raccourcissons la durée des plans par deux et faisons durer la séquence trois fois plus longtemps. Résultat, un montage cut épileptique d’environ deux minutes qui doit contenir au bas mot une centaine de plans… n’importe quoi !


C'est tout de suite moins la classe quand les rails de la caméra apparaissent à l'écran



Et pour faire encore plus fashion (bon c'est aussi pour rappeler que le film est l'adaptation d'un jeu vidéo), Uwe Boll va même jusqu'à insérer des screenshots du jeu vidéo, comme ça dans l'action ! Pas de Boll (bon OK elle était facile), les jeux vidéos ça vieillit vite... très vite.


No comment...



Evidemment, les zombies, comme leurs assauts, sont désopilants. Et si le parallèle avec les années 80 a été évoqué plusieurs fois au cours de cette chronique ce n’est pas un hasard.
Les responsables (coupables ?) de House of the Dead ont osé nous refaire le coup des trampolines visibles à l’écran (comme dans Commando), des figurants maquillés à la va vite, des scènes de visions subjectives et… et… des plans nichons ! Ne sachant pas comment retenir le spectateur durant la mise en place de l’intrigue tous les prétextes sont bons pour offrir la vision de femmes dénudées. Ce n’est pas que nous y trouvions grand plaisir, mais simplement que nous n’avions pas vu de telles grosses ficelles pour appâter le mâle depuis bien 15 ans.


Un trampoline visible comme cela n'était pas arrivé depuis Commando !


Des plans nichons à foison. On remarquera en haut une rareté : une mise en abime de plan nichons...



Tous les procédés cinématographiques démodés des années 80 sont donc ici mixés avec toutes les techniques ringardes des deux décennies qui ont suivi. Soulignons à ce propos une scène d'attaque de 12 minutes réellement anthologique, avec trampoline, zombies et bullet time à tous les étages. Douzes minutes de folie amenées à entrer dans les annales du n'importe quoi, n'importe comment.

Résultat ? Un nanar haut de gamme que nous ne saurions trop préconiser.
Nous attendions depuis belle lurette un film récent aussi navrant. D’ailleurs cette modeste chronique occulte volontairement des pans de nanardise essentiels. Nous aurions pu parler de la musique, si furieusement datée (des lignes de TB303 à la Prodigy sur des beats dance pouet pouet), des dialogues crétins, des ficelles scénaristiques énormes (« elle faisait de l’escrime, je me demandais bien à quoi cela pouvait lui servir » s’interroge le narrateur en début de film) et du combat final exceptionnel.
Allez, je ne résiste pas à simplement évoquer lors de l’affrontement final le mannequin du méchant et sa tête en ballon de foot. Les captures d’écran parlent d’elles même.


Un méchant en kit, la tête est prédécoupée




*NB (private joke inside) : pour finir cette chronique, il serait injuste de ne pas revenir sur un point essentiel. Lors du visionnage, un forumer que je ne citerai pas s’est dévoilé devant ce film. Ainsi, alors que House Of the Dead était entamé depuis plus d’une heure et que le vaillant Capitaine Kirk risquait une amputation de la jambe, le mystérieux forumer anonyme, l’esprit plus aiguisé que jamais, sorti du tac au tac « hey, le capitaine Kirk ! Mais où est Spock ?! Bwahahahaha ». Ce trait d'humour plongea immédiatement l’assistance dans un silence aussi sourd que gêné. Non seulement Wallflowers venait de lacher une vanne foireuse, mais il venait surtout de s’auto évaluer sous nos yeux saturés d’embarras. Ainsi son humour était du niveau de celui des personnages de « House of The Dead ». Nous accueillîmes son calembour avec compassion, mais ne pûmes réfréner la réprimande quand il nous confia pour se dépêtrer de cette situation que « certes cette vanne n’était pas terrible mais que par contre il avait sorti auparavant que la flic s’appelle Casper… comme le fantôme et que cette vanne là, et bien elle était pas dans le film»... rectification donc, ses vannes ne valent même pas celles des personnages de House of the Dead ! (mais c'est aussi pour ça qu'on l'aime bien... et puis bon, OK, des fois il en sort des pas trop mal ). Par ailleurs je suis content d'avoir fait mentir John Nada, NA !




Le grain de sel de John Nada :



Pourquoi, parce que je ne te croyais pas capable de rédiger une chronique dans la foulée de la projection ? Oui, effectivement, bravo donc. Mais bon, maintenant que j'ai trouvé un prétexte fallacieux pour m'incruster dans ta chronique, je vais pouvoir donner mon avis (c'est de bonne guerre, moi aussi je voulais la faire...):


Je t'aime. Moi non plus.



Je ne suis pas sûr que House of the Dead ait bénéficié d'un budget si conséquent que ça : les acteurs sont de parfaits inconnus qui risquent de le rester (à part le malheureux Jürgen Prochnow, qui cachetonne honteusement), l'ensemble trahi quand même bien la misère et aucun producteur un tant soit peu responsable n'aurait laissé sombrer un projet d'envergure dans un tel n'importe quoi (à moins de s'emparer de la caisse et de filer par la porte de derrière). Dans la mesure où il s'agit d'une co-prod' américano-germano-canadienne, peut-être le projet a-t-il traîné en longueur, passant de main en main en subissant des retouches à chaque fois, attendant un financement décent (et hypothétique) pour pouvoir se faire. Quand un projet commence à croupir comme ça, ça n'est jamais bon signe (voir Alien Vs Predator pour s'en convaincre).


Hihi, en fait je suis pas vraiment intelligente.



Reste que le désastre semble en partie assumé, pas dans le sens d'un nanar volontaire mais d'un cynisme je-m'en-foutiste, du genre "vous voulez du popcorn movie pour djeun's décérébrés ? Pas de souci, on va vous en donner". A ce stade, la présence d'un groupe de jeunes gens beaux et idiots tout juste bons à se faire boulotter et / ou à dégommer du zombie tient moins du stéréotype pénible que de la convention assumée, et les clichés les plus patauds passent souvent avec le consentement du spectateur narquois. Je veux dire par là qu'il y a forcément une certaine connivence avec le public (cinéphile ou non) dans la démarche : personne ne s'attend à sortir plus intelligent du ciné en allant voir un film de la trempe d'un House of the Dead. Du coup, le scénariste, le réalisateur etc. jouent la carte de l'anti-subtilité. Sauf qu'au lieu d'accoucher d'une franche bourrinade simple mais efficace, idiote mais jouissive, ils nous livrent une sorte de film à gros souliers boursouflé de fulgurances non-sensiques, quelque chose de beaucoup trop excessif pour ne pas être drôle.


Jürgen Prochnow (voyons voir, je pourrai toujours raconter à mes petits enfants que j'ai joué dans Twin Peaks, L'Antre de la Folie et puis mentir pour la suite...)



Reste à savoir si ce résultat complètement déraisonnable tient plus du cynisme (du genre "ce film est destiné à un public de cochons alors pourquoi s'embêter ?" ou bien "le budget est 10 fois trop riquiqui, le scénario est nul, ce tournage est un désastre, si c'est comme ça je vous bâcle le tout en un après-midi et je rentre chez moi") ou de l'incompétence pure et simple ("ouah putain c'est vraiment trop beau un bullet time, je vais en mettre un toutes les 5 mn, tiens !"). [Rajout : hum, pour avoir vu d'autres oeuvres de Boll et surtout lu quelques-unes de ses interviews depuis la rédaction des lignes précédentes, je reviens sur ce que je disais : la part de volontaire et de cynisme de Boll me semble a posteriori proche de l'abstraction. Ce mec est juste un gros nul bouleversant d'incompétence.]


Depuis que j'ai fait ce film des gens m'appellent la nuit pour m'insulter, y a même des p'tits cons qui se moquent de moi sur Internet, non franchement à quoi bon vivre ?



Reste que les adaptations de jeux vidéos ne sont jamais synonymes de chefs-d'oeuvre (Street Fighter, Super Mario Bros, Double Dragon, Tomb Raider, Resident Evil...). Ou bien Uwe Boll ne le sait pas, ou bien il s'en fout puisqu'il s'apprête à enchaîner sur Alone in the Dark (2005), Bloodrayne (2005), Hunter : the Reckoning (2006) et Far Cry (2006)... et compte encore poursuivre avec Dungeon Siege, Fear Effect et Hitman !!!




Le professeur Rico a toujours quelque chose à dire :



J’en profite pour en rajouter une petite couche rapide. Ce film s’inscrit dans la vague des adaptations foireuses de jeux vidéo qui ont fleuri quand les producteurs hollywoodiens se sont aperçus que les bénéfices de l’industrie du jeu vidéo explosaient ceux du cinéma traditionnel. Or, justement, le principal reproche qui fut fait aux Street Fighter, Tomb Raider et autres Resident Evil qui déferlèrent sur les écrans est de ne pas respecter les codes du jeu original (bon, en plus d’avoir des scénarios ineptes et des réalisations épileptiques, mais ça c’est pas propre aux adaptations de jeux vidéos !). Tous les hardcore gamers s’attendaient à voir Lara Croft courir vue de dos et se manger les murs ou encore à voir traîner des bandes magnétiques dans Resident Evil…


Bonjour, je suis le boss de fin de niveau...



Si le film a de nombreuses tares, il a foncièrement l’honnêteté de garder la trame fondamentale du jeu (on flingue du zombie sans jamais s’inquiéter des munitions, de toute façon il suffit de viser hors écran pour recharger) ou ses tics graphiques (lorsqu’un perso meurt, un voile rouge s’abat sur l’écran alors que la caméra virevolte autour, la construction en niveaux de jeu - le bateau, la forêt, le manoir, les souterrains -). L’idée essentielle étant de respecter le jeu pour faire plaisir aux fans malgré un budget défaillant de 12 millions de dollars. Un dernier détail permet de comprendre la mentalité d’Uwe Boll lorsqu’il a fait son film : sur les bonus de l’édition DVD, le making of nous montre l’entraînement en deux temps des acteurs du film : tout d’abord pratique intensive de la borne d’arcade, puis stage de paint ball dans la forêt. L’Actor's Studio peut aller se rhabiller…


Allez les filles du nerf, c'est quand même mieux que le cours Florent !






Signalons enfin cette lumineuse interview du maître... morceaux choisis :



"I was angry because some "journalists" have no idea how complicated it is for example to make a MATRIX shot with 300 cameras. They tried to blame me for my perfect handling of complicated techniques."

"I think music, sound, camera, editing, action, gore and the look of the movie are great. The story could be better - but it’s a lot of fun to see the movie and it is never boring."
- Labroche -
Moyenne : 3.20 / 5
Labroche
NOTE
4/ 5
John Nada
NOTE
3.5/ 5
Mayonne
NOTE
3.5/ 5
Nikita
NOTE
3.5/ 5
Rico
NOTE
2.5/ 5
Kobal
NOTE
3/ 5
Wallflowers
NOTE
3.5/ 5
MrKlaus
NOTE
3/ 5
Drexl
NOTE
2.5/ 5
Jack Tillman
NOTE
3/ 5

Cote de rareté - 1/ Courant

Barème de notation
Le film a mis beaucoup de temps à sortir en France en évitant la case cinéma ! Scrupules ou lucidité des producteurs ? "Seven Sept" a attendu 2006 pour nous proposer le DVD chez nous, mais avec seulement une partie les bonus des éditions zone 1. En effet, au Canada, il existe une édition DVD doublée québécois (l’agent Casper a vraiment l’accent) de chez "Artisan" avec un luxe de bonus dont certains sont, semble-t-il, vraiment sympas sur l’historique des films de zombies avec interventions de George Romero et Tom Savini. Malheureusement, la version française ne garde que les making of montrant à quel point le projet se la joue dans le style "on fait un film de bourrin pour le public de Game One".