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U.S. Warrior


U.S. Warrior

Titre original :The Forgotten warrior

Titre(s) alternatif(s) :U.S. Warriors

Réalisateur(s) :Nick Cacas & Charlie Ordonez

Année : 1986

Nationalité : Philippines / Etats-Unis

Durée : 1h21

Genre : Portés disparus en plein retour vers l’enfer

Acteurs principaux :Ron Marchini, Mike Monty, Mike Cohen, Quin Frazier, Marilyn Bautista

Nikita
NOTE
1.75/ 5


L'affiche ciné française (avec un "s" à "warriors").


On ne dira jamais assez combien « Portés disparus » et « Rambo 2 » ont fait de bien aux scénaristes en panne d’idée. Un héros viril seul contre tous, des méchants viets, un décor de jungle (planifier le tournage avec l’office de tourisme philippin) et voilà, coco, tu l’as, ton blockbuster ! Bon, heu, comment ça, on a trois procès sur le dos pour plagiat ? Oh, l’autre hé, encore des chafouins qui ne comprennent pas la poésie du cinéma bis… « U.S. Warrior » appartient à la vogue des bourrinades américano-italo-philippines qui, de « Ultime Mission » en « Strike Commando », déferlèrent sur les écrans avant d’encombrer les vidéo-clubs de daubasses invendables. Se situant à la frontière étroite qui sépare la jungle du bis fauché et le bourbier du nanar, « U.S. Warrior » a en outre pour intérêt d’être un véritable film d’auteur, porté qu’il est à bout de bras par l’acteur-producteur Ron Marchini, émérite karatéka américain expatrié aux Philippines pour l’occasion.

 



Ron Marchini nous joue ici le soldat d’élite Steve Parrish, personnage qu’il interprètera dans trois films. Le début de l’œuvre nous montre notre héros prisonnier de l’ennemi en 1974, en Asie du Sud-Est. Nous supposons qu’il s’agit là de la fin de la guerre du Viêt-nam, mais jamais le pays où se situe l’action ne sera nommé, ce qui vaut d’ailleurs mieux pour la vraisemblance de ce qui va suivre. Les compagnons de captivité de Steve sont un officier interprété par Mike MontyLaser Force », « Ultime Mission », « Strike Commando »…), dont la présence nous garantit le cachet « cinéma bis philippin » de l’œuvre et le major Thompson, dont la moustache et l'air niaiseux dissimulent une fourberie sans nom. Lors de leur évasion du camp ennemi, Thompson tue en effet Mike Monty qui, blessé, les retardait, puis tire également sur Steve qui a été témoin du crime. Recueilli par des villageois maquisards anti-communistes, notre héros se remet de ses blessures et devient le mentor/protecteur/prof de karaté du village, tout en draguant sec une belle autochtone. Pendant ce temps, la guerre est finie et le Pentagone a d’autres chats à fouetter, mais Steve Parrish n’a pas fini de casser du coco dans son coin pour protéger son village d’adoption.

 

ABOMINABLES ABDOMINAUX !


PECTORAUX DE TAUREAU !


UN CORPS PARFAIT, AVEC LA METHODE RON MARCHINI !


Tout bien pesé, ce scénario en vaut un autre et contient même quelques bonnes idées, potentiellement exploitables pour réaliser un bon film de guerre aux accents tragiques (le soldat perdu, oublié de tous, marqué par le destin etc.) Pour être tout à fait honnête, soulignons d’emblée qu’ « U.S. Warrior », malgré les promesses alléchantes de son titre et de sa jaquette française, n’atteint pas les mêmes limites de bêtise et de bourrinage qu’un « Strike Commando ». Certains éléments mélodramatiques, comme les rapports du héros avec son amie vietnamienne, sont même plutôt bien amenés, et donnent au récit une certaine épaisseur. La mise en scène et la photo sont relativement soignées : nous sommes ici clairement dans le dessus de panier du cinéma bis philippin. Nanar, mais modestement.

 


Jaquette française alternative (et moche !)


Le problème est hélas que dire d’un film qu’il représente la crème de la série B (ou Z) des Philippines, cela ne veut pas dire grand-chose. Car si la famine budgétaire et artistique est moins présente que, par exemple, dans « Ultime Mission », disons que nous sommes quand même en pleine pénurie. Pour résumer le décalage entre les ambitions du film et son résultat final, nous paraphraserons le mot de l’excellent chroniqueur Le Rôdeur : « on nous promet la guerre du Viêt-nam, on a l’escarmouche des Philippines ! »

 


Si la mise en scène parvient occasionnellement à faire illusion, une vision attentive nous permet tout de même de remarquer que l’intégralité du film semble avoir été tournée avec une vingtaine de figurants pour jouer les hordes communistes, une dizaine pour interpréter les braves maquisards, huit acteurs ou figurants blancs égarés pour tenir les rôles des représentants de l’Oncle Sam, et un bureau avec un téléphone et un drapeau américain pour figurer le Pentagone... Ce n’est même plus la pénurie, c’est la disette !

 


Même la menace communiste fait fauché.

C'est vrai que le jaune c'est tellement discret dans la jungle


A noter que l’on reconnaît au passage, dans le bref rôle d’un général américain, Mike Cohen, inoubliable parrain de « Laser Force », agent de la CIA dans « Ultime Mission », savant dans « For Your Height Only », bref, l’indispensable blanc ventripotent de tout nanar philippin qui se respecte ! Avec le cameo de Mike Monty en rab, le label est garanti !

 


Mike Monty

Mike Cohen

Un rideau, un téléphone, un uniforme, et voilà, t’as le Pentagone !


Mais au-delà du budget smicard et des apparitions d’acteurs bis, le vrai intérêt d’ « US Warrior » se situe dans sa capacité à enquiller les clichés. Viets sadiques, gentils villageois, technocrates pourris de Washington qui font rien qu’à trahir le héros noble et vertueux… Le film se signale en outre par sa remarquable incohérence géopolitique : bien que le nom du pays, on l’a vu, ne soit jamais prononcé (du moins dans la VF), nous supposons que nous sommes au Viêt-nam, du moins dans un pays avec lequel les Américains ont été en guerre. En apprenant que l’un de leurs soldats se trouve toujours là-bas et continue de se battre, que vont faire les chefs militaires américains ? Aller le récupérer ? Non, ils décident d’aller le faire abattre ! Pourquoi ? On ne le saura pas. De plus, pour aller le chercher, leurs hommes bénéficient de la collaboration des autorités militaires locales, c’est-à-dire, si l’on suit bien, de leurs anciens adversaires. Et ce, rappelons-le, un an environ après la fin de la guerre, alors qu’USA et Viêt-nam communiste étaient très loin de rouvrir leurs relations diplomatiques. On nage dans le n’importe quoi approximatif et nébuleux.


Evidemment, l’homme qu’envoient les salauds de Washington pour descendre notre héros n’est autre que l’affreux moustachu Thompson qui, apparemment, déteste tellement Parrish qu’il est prêt à retourner au Viêt-nam pour le tuer. Pourquoi ? A-t-il peur que Steve témoigne de son crime passé ? Mais il est coincé dans la jungle et ne semble pas prêt d’en sortir ! Alors pourquoi ? Why ? Warum ? Mystère et boule de gomme. Thompson, secondé d'un autre moustachu à l'air aussi niais que lui, fait alliance avec le chef militaire local, un officier viet dans le plus pur style « méchant communiste nanar ». Chafouin, maigrichon, laid, grimaçant, l’affreux commandant est tout droit sorti d’une parodie de film de guerre par les Nuls !

 


Moustachu, couillon et traître, il a tout contre lui !


Laid, binoclard et communiste, il a tous les défauts !


Au-delà des incohérences du scénario et du ridicule des méchants, un autre atout nanar est assuré par le héros lui-même. Ronald Lee Marchini est un excellent artiste martial, qui assure bien durant les scènes de bagarre, et n’est pas le pire acteur jamais vu dans la série B philippine. Mais il est cependant des plus difficile de le prendre au sérieux.

 


Du charisme en barre ce type...


Non, brisons un mythe, il ne ressemble pas vraiment à François Bayrou (la forme du visage est assez semblable, mais ses cheveux ne sont pas de la même couleur) mais la gueule de notre ami Ron est tout de même suffisante pour lui ôter l’essentiel de sa crédibilité. Ressemblant plus à un videur de boîte de nuit qu’à un super-soldat sans peur ni reproche, Ron Marchini nanardise une bonne partie de ses scènes, nous gratifiant de combats d’arts martiaux agrémentés de véritables concours de grimaces !

 





Des combats à vous couper le souffle !


Il pêche également par son look, arborant fièrement durant l’essentiel du film un t-shirt jaune poussin du pire effet (sans compter les nombreux faux raccords : les déchirures apparaissent et disparaissent de son vêtement à volonté) et, à de nombreuses reprises, un chapeau de paille asiatique qui achève de le rendre ridicule.

 


Les scènes d’action assurent à l’œuvre un appréciable quota de moments nanars, notre héros descendant par paquets de douze des soldats viets empotés comme des bidasses aux grandes manœuvres et se permettant de s’interrompre en plein gunfight pour défier les officiers au sabre. Signalons en outre une scène de folie, où notre héros se déguise en soldat viet et s’introduit à l’arrière d’un camion militaire… en cachant son visage derrière un torchon rose ! Précisons qu’il est entouré de vingt autres soldats, dont aucun ne porte bien sûr de serviette sur la figure. Ceux qui trouveront combien de temps il va mettre à se faire repérer auront droit à une VHS gratuite de « Karaté raider »… Trente secondes ? Bravo !

 


Sans être un grand nanar - car bien plus honorable qu’un « Ultime Mission » ou même que « Slash le découpeur » - « U.S. Warrior » nous offre un exemple intéressant de série B fauchée qui démontre à la fois une certaine compétence et des écarts notables dans le nanar. Il est de surcroît un excellent écrin à la mesure de Ron Marchini, héros aussi remarquable qu’étrange du cinéma bis exotique. Aller s’expatrier volontairement au bout du monde pour produire et interpréter des nanars guerriers, cela dénote chez l’ami Ron un noble attachement à la cause du cinéma. Bravo , donc, à Ron Marchini, le karatéka-marchand d’oignons aux pectoraux en béton ! Et vivement le retour de Steve Parrish, l’axe du mal a besoin de se faire botter le cul par un vrai héros !

 


L'affiche allemande. Avec un peu de mauvaise foi, je vous jure qu'on peut lire "Rambo" et pas "Rainbow" !


(merci au Rôdeur pour les caps)


Addendum :
Ce film est souvent confondu avec "Terrorist commando" (Jungle Wolf), et pour cause : les deux films ont été réalisés en 1986, le héros joué par Marchini s'appelle Steve Parrish et le scénario est rigoureusement le même, avec une multitude de scènes qui y sont autoplagiées (Marchini nous refait notamment le coup du mariage traditionnel avec une créature locale).



- Nikita -
Moyenne : 1.56 / 5
Nikita
NOTE
1.75/ 5
LeRôdeur
NOTE
0.5/ 5
MrKlaus
NOTE
1.5/ 5
Jack Tillman
NOTE
2.5/ 5

Cote de rareté - 5/ Pièce de Collection

Barème de notation
Un film rare, même aux Etats-Unis. Il n'a connu semble t-il que deux éditions vidéo françaises, chez "Antares travelling" et chez "GCR".

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