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Laser Force
(1ère publication de cette chronique : 2002)Titre original :Deadringer
Titre(s) alternatif(s) :Laser Force, L'Arme Absolue
Réalisateur(s) :Teddy Chiu
Année : 1985
Nationalité : Philippines
Durée : 1h25
Genre : Max Thayer, acteur nanar absolu
Acteurs principaux :Max Thayer, Mike Monty, Nick Nicholson, Mike Cohen, Christine Lassiter
Avec :
- Max Thayer (le heros / le sosie du héros)
- Mike Cohen (le parrain)
- Christine Lassiter (la fille du parrain)
- Mike Monty (le copain du sosie du héros)
- Nick Nicholson (l'homme de main du Parrain)
A noter que Mike Monty a joué, entre autres, dans "L'Amour chez les poids lourds" de Jean-Marie Pallardy. Une pointure, donc.
Un petit résumé vaut mieux qu'un long discours :
Sitôt arrivé dans un petit village philippin (le réalisateur tente cependant de nous faire croire que l'action se passe en Floride), notre héros est pris en chasse par des hommes de la mafia. Cherchant à savoir pourquoi on lui veut du mal, il s'aperçoit qu'il est en fait le sosie d'un autre type dont la tête est mise à prix. Plutôt que de chercher à dissiper le malentendu, il décide de combattre tout seul les mafieux et capture la fille du parrain. Tout se complique lorsque le sosie débarque à son tour...
Le mythique gonflage de joues de Max !
Chronique :
Enorme !
Vu de l'extérieur, Laser Force l'arme absolue est déjà un bel objet. Il existe sous deux jaquettes différentes : la première (la nôtre) figure un Rambo blond intersidéral, la seconde, un brun moustachu tout aussi peu amène et tout aussi peu en rapport avec le film proposé. Le titre est un très fin plagiat d'un hit de Clint Eastwood (Firefox l'arme absolue), une idée tellement bonne qu'elle sera reprise par Jean-Claude Van Damme (Black eagle l'arme absolue). Un signe qui ne trompe pas. La couvrante met en exergue la présence de Nick Nicholson, éternel second couteau du Z philippin qui n'apparaît qu'à vingt minutes de la fin mais dont le patronyme peut être une source de méprise chez la buse moyenne d'hypermarché qui, c'est bien connu, confond tout : Nick avec Jack, Nicholson avec Eastwood et Laser Force avec Firefox. Du grand art.
Max Thayer arrive en ville !
Le contenu nous propose une atrocité made in Philippines au fort potentiel hilarant.
Attardons-nous un instant sur le scénario. Il est du niveau de ce qu'un môme de huit ans peut improviser dans sa cour de récré. Déjà, le coup du gars innocent que l'on confond avec un sosie ou avec son jumeau est tout à fait original. Tellement nouveau que même Jean-Claude Van Damme (encore lui !) l'a refait dans "Double Impact" et "Risque Maximum", c'est dire. Le film est une suite de scènes d'action qui utilisent tous les clichés du genre (le héros sur le toit d'une voiture, le héros suspendu à un hélicoptère, la course de hors-bord, le plongeon dans une rivière... tout y passe) entrelardées de scènes de polars (échange de drogue, nervis à moto...) ou de bagarres à coups de poing.
Les sbires du Parrain sont tous moustachus !
Mike Monty reste sceptique devant un tel scénario.
La banalité du script est cependant transcendée par une réalisation involontairement proche des recherches dadaïstes et par une interprétation au fond du gouffre.
Quelque chose me dit que nous avons encore à faire à un des nervis du parrain !
Mon Dieu, un Philippin qui a vu Orange Mécanique !
Des gunfights à la John Mou.
L'espace qui nous est alloué sur le web ne suffirait sans doute pas à recenser toutes les erreurs de continuité, les faux raccords, les à peu près, les incohérences ou les négligences techniques de la bête. Des plans flous (la mise au point est faite sur le papier peint), des acteurs éclairés par un spot blanc braqué directement sur eux provoquant des ombres portées abominables même en pleine nuit, des vitres de voitures qui se brisent et se réparent toutes seules, des flingues qui disparaissent et réapparaissent miraculeusement dans les mains des acteurs selon les plans, des acteurs qui plongent dans une rivière et en ressortent les vêtements secs, des coups de poing filmés de profil afin qu'on voie bien qu'ils sont simulés, notre héros qui résiste à des tirs de lance-roquettes à bout portant, qui tue ses ennemis en leur lançant un pneu (!?) et qui s'agrippe à un hélicoptère théoriquement lancé à pleine vitesse mais très ostensiblement en vol stationnaire sur les plans de coupe, des cascades en bateau faites de plusieurs plans montés à la colle à rustine, un gars qui abat six personnes en arme avec un fusil à pompe (c'est à dire en ré-amorçant son arme entre chaque coup) sans que personne ne réagisse, etc, etc. Rien qui ne soit bancal ou approximatif. Cela en devient passionnant, hypnotique, telle la grammaire azimutée d'une rédaction de cancre.
Encore des moustachus ! Heureusement, Max en a maté de plus coriaces...
Citons au tableau d'honneur la scène de bravoure du film, décalquée sur Rambo : l'extraction d'une balle de fusil du gras de l'épaule de notre héros, honteusement truquée sur les gros plans flous en plaçant un bout de métal et du ketchup dans le nombril de l'acteur !
La vérité est Thayer.
Et que dire de ces fameux acteurs, avec en guise de héros un Max Thayer proche du pur génie, une sorte de Kirk Douglas grassouillet qui ne sait que faire de son corps, la démarche pachydermique, les mains comme des battoirs et pour seule expression un demi sourire figé quoiqu'il arrive. Demi sourire de colère, demi sourire de douleur, demi sourire de tristesse, et même parfois demi sourire de rire, voilà un garçon qui a brillamment surmonté tous les pièges de l'expression dramatique. Autant dire que lorsque le sosie du héros (joué par Max Thayer également) apparaît à l'écran grâce à un habile trucage qui n'est pas sans nous rappeler au bon souvenir de Claude François chantant en duo avec lui-même dans les émissions des Carpentier, on est à la fête : demis sourires dans tous les coins.
Le Belmondo des Philippines.
Et puis Max Thayer est un vrai héros. Dans la vie aussi. Il pousse l'honnêteté (l'inconscience ?) jusqu'à effectuer toutes ses cascades lui-même, sans filet. Il s'accroche aux toits des voitures, fait une chute de cinq mètres dans la mer depuis un hélico, plonge dans les torrents philippins au milieu des cailloux, met ainsi sa vie entre les mains d'hypocompétents notoires, incapables de régler la moindre scène correctement. Courageux !... ou suicidaire.
Nick Nicholson : le plus coriace des sbires à moustache.
Respect.
Bonus-chronique :
"- Mais didon, chef, pourquoi que le film s'appelle-t-y Laser Force L'Arme Absolue, au fait ?"
C'est sans doute la question qu'a dû poser l'assistant au réalisateur peu avant la fin du tournage. Pas plus de rayon laser que d'arme absolue ne pointent à l'horizon. Il y a bien quelques armes (euphémisme !) mais ce sont des mitraillettes, des fusils d'assaut, des revolvers, des pneus ou des lance-roquettes complètement non-absolus et carrément pas laser.
"- Sommes-nous étourdis, tout de même ! Bon ben, puisqu'ils veulent des armes absolues je vais te me leur en foutre une !
- Mais, chef, le film est fini là ! Le héros a gagné, le sosie est mort dans un beau ralenti, le parrain s'est pris une balle dans le poumon et ses sbires se sont fait coffrer par les flics... et puis on n'a pas d'arme absolue en stock, nous ! Comment qu'on va faire ?
- ...oh la la ! mais c'est pas grave tout ça, Coco ! Faut pas t'biler pour ça, on va bien trouver une solution... Tiens ! On n'a qu'à demander à Raoul, le chef opérateur. Dans l'temps il était plombier, il va bien nous en bricoler une lui, d'arme absolue... RAOUL !!!
L'arme absolue, commandable en VPC chez les 3 Suisses...
- Raah, chef, c'que vous êtes fort !"
- OH ! RAOUL !!! Mais où qu'il est encore fourré c'con là ? "
... Et c'est ainsi que contre toute attente, alors qu'on croit le film terminé, Max Thayer monte sur le toit d'une cabane, pose un tube de plexiglas sur un trépied d'appareil photo. L'engin ainsi constitué se met brusquement à produire de la fumée, expulse une demi douzaine de petites flammèches ridicules avec un bruit de lavabo provoquant autant d'explosions de foufounes au pied des deux-trois zigues restés en contrebas.
Max Thayer : faut pas venir lui baver sur les rouleaux...
C'était l'Arme Absolue. Rideau.
Entretiens
Cote de rareté - 5/ Pièce de Collection
Barème de notation
Par contre, la VHS américaine du film a bien existé
En France, "Initial" a ressorti le film sous (au moins) 3 habillages différents dans ses diverses sous-collections et avec des jaquettes de plus en plus fantaisistes, l'une d'entre-elles n'hésitant pas à piller le visuel de "Strike Commando" et l'autre de "Thunder 2".
Mais c'est Reb Brown ! Il joue dans ce film maintenant ?
Oh Bo Svenson ! Que du beau monde dans ce film !