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Mike Cohen

(1ère publication de cette bio : 2006)

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Rhôôô… lui, là, mais c’est… c’est… Michel Galabru ? Non ! Marlon Brando ? Non ! Mais qui alors ? Mais Mike Cohen, voyons ! La plus sale gueule des Philippines, l’homme qui a élevé au rang d’art l’interprétation des méchants ringards ! Loués soient Le Rôdeur et son roman-photo à la gloire de Max Thayer, car sans eux il y a fort à parier que le nom de Mike Cohen serait passé aux oubliettes d’un monde du cinéma prompt à oublier ses sans-grades.


Une apparition fugitive et non-créditée de Mike dans le « Attaque à Mains Nues » de Cirio H. Santiago.


Le visage de Mike Cohen est pourtant sans nul doute l’un des plus reconnaissables qui aient jamais hanté les vidéo-clubs miteux : mais malheureusement, notre homme aura sévi dans la série Z philippine, sans doute le cinéma le plus obscur et le plus déconsidéré des années 1970 et 1980. La brièveté de la filmographie de Mike Cohen semblait indiquer que l’homme n’était pas un acteur professionnel, et qu’il n’avait dû sa carrière qu’à son physique avantageux et au fait qu’il comptait parmi les visages occidentaux disponibles aux Philippines. En effet, les divers témoignages que nous avons recueillis depuis (voir les interviews de Mike Monty et Nick Nicholson) nous ont permis d’en savoir un peu plus sur cet étonnant comédien, au jeu remarquablement peu nuancé.




Dans « Les Boys de la Compagnie C » de Sidney J. Furie, Mike prête ses traits et sa moue légendaire au Général Sloan, à qui on apprend ici une mauvaise nouvelle, l’acteur conférant au personnage une intensité dramatique peu commune.



Mike Cohen était apparemment originaire de l’Arizona et serait venu d’une famille juive d’ascendance russe. Militaire, il se serait particulièrement distingué durant les combats aux Philippines contre les Japonais, au cours de la Seconde Guerre Mondiale. Selon Nick Nicholson, « il a été décoré de la Médaille Honorifique du Congrès pour avoir chargé une position japonaise tenue par une mitrailleuse à l'angle de Harrison Street dans Manille. Et même après qu'un Jap' lui eût planté sa baïonnette dans l'abdomen, il a continué à les tuer tous ! (…) Il a été promu officier dans l'Armée de Terre car lorsque vous recevez cette médaille de votre vivant, une commission gouvernementale vous accorde le rang d'officier. »





Demeuré en poste en Extrême-Orient, Mike Cohen aurait ensuite gravi les échelons de l’armée américaine, jusqu’à atteindre le grade de colonel à l’époque de la guerre au Vietnam. Mais un conflit avec l’Ambassadeur américain au Sud-Vietnam l’aurait ensuite amené à quitter l’armée en prenant sa retraite anticipée. Marié à une citoyenne des Philippines et attaché à ce pays où il avait vécu ses premières aventures militaires, Mike Cohen s’établit définitivement à Manille après avoir quitté ses fonctions. Il y aurait été gérant d'un supermarché.






Mike et Richard Harrison dans « Ultime Mission ».



Mais le goût de l’aventure ne semble pas avoir quitté Mike Cohen, personnage haut en couleur selon les témoignages. Après avoir combattu dans la réalité, Mike allait, pour s’amuser, prêter son visage à un certain nombre de films bis tournés aux Philippines à destination de l’export. Si la totalité de ses films ne nous est pas connue, le métrage le plus ancien où sa présence ait été détectée est l’illustre « For Your Height Only », avec le gnome Weng Weng. Mike Cohen y joue un rôle de gentil savant. On le croise souvent quand une production étrangère vient se délocaliser aux Philippines.


Mike en survivant de l'apocalypse dans "Seachers of the Voodoo Mountains" alias "Warriors of the Apocalypse" alias "Time Raiders" (1985) de Bobby A. Suarez.



En 1979, on le voit ainsi aux côtés de Bruce Le et Bolo Yeung dans « Bruce Le Super Héros » (connu en vidéo sous le titre « Contrat pour la Mort». Mais son véritable emploi sera sans conteste celui de méchant. Mafflu, grognant, peu amène, on le retrouve en général ripou dans « U.S. Warrior », en agent de la CIA fourbe et suintant dans « Ultime Mission », en grand méchant dans « Sabotage » et surtout en parrain de la mafia somptueusement caricatural dans « Laser Force ». Le rôle de John Marlowe, le parrain le plus guignolesque depuis le cinéma muet, assurera largement l’immortalité de Mike Cohen et sa gloire sur Nanarland !








Le physique séduisant de Mike lui a également valu de figurer sur des jaquettes volantes (ici, un polar chinois, dans lequel il ne joue aucunement).



Mike Cohen serait décédé à la fin des années 1980, bien que la date et les circonstances de sa mort semblent un peu confuses selon les témoignages. Nick Nicholson attribue son décès à une morsure de serpent qu’il aurait contractée lors du tournage de « Laser Force ». Il ne s’en serait pas rendu compte sur le moment et en serait mort plusieurs mois après. Mike Monty a pourtant indiqué que la mort de Mike Cohen avait eu lieu deux semaines après le tournage de « Desert Warrior » avec Lou Ferrigno, film daté de 1988 (ou du moins distribué cette année-là). Les dates semblant ne pas correspondre et la mémoire de chacun étant faillible, nous nous contenteront de considérer que Mike Cohen était certainement décédé à la fin de 1988.




Mike rumine dans « Desert Warrior ».




La présence de Mike Cohen se réduit à ces deux images dans la VHS française de « Caged Fury », probablement tronçonnée pour frustrer les fans de l’acteur que nous sommes… Scandaleux !



Obscur parmi les obscurs, Mike Cohen compte parmi les visages les plus réjouissants qu’il nous ait été donné de découvrir dans le monde merveilleux des bas-fonds du cinéma. Autant dire que nous avons apprécié d’en savoir plus sur cet homme, extrêmement sympathique selon ceux qui nous ont parlé de lui, et qui ne sera devenu comédien que par hasard et par plaisir.



Sans doute son visage étonnant aurait-il pu être employé dans de meilleurs films, mais qu’importe : pour nous, il restera toujours et à jamais l’inoubliable Parrain de « Laser Force » ! Là où il est, Mike doit sans nul doute apprécier à sa juste valeur l’hommage que nous lui rendons.

- Nikita -

Films chroniqués

Filmographie



(Sûrement incomplète, les films de Mike Cohen étant souvent trop obscurs pour être recensés sur le net ou inédits en Occident, et sa présence n’étant pas toujours signalée au générique)

1998 - Obsessed (stock shots)

1989 - Trigon Force /Under the Gun 2 (crédité au générique mais non présent dans le film)

1988 – Desert Warrior

1988 - Red Roses, Call for a Girl

1988 – Crossbone Territory

1986 - Wild Force

1986 - Ninja Warriors

1986 – U.S. Warrior (The Forgotten warrior)

1985 - Vengeance (non crédité)

985 – Laser force (Deadringer)

1984 – Warriors of the Apocalypse / Searchers of the Voodoo Mountain / Time Raiders

1983 - Estong Tutong: Ikalawang yugto

1983 - Mad Dog 2 (non crédité)

1983 - Juramentado

1983 - Dope Godfather

1983 - E.T. is Estong Tutong

1983 - Ultime Mission (Intrusion Cambodia -Rescue Team)

1983 – Caged Fury

1983 - Alex San Diego: Wanted

 



1983 – One-Armed Executioner

1983 – Estong Tutong, ikalawang yugot

1982 – Kung-fu Cannibals / Raw Force

1982 – Horror Safari / Invaders of the lost gold

1982 - Peter Makulit

1982 - Magkano... ang kalayaan mo

1981 - Batikan

1981 - The One Armed Executioner

1981 - Legs Katawan Babae

1981 – For Your Height Only (For Y'ur Height Only)

1981 - Attaque à mains nues (Firecracker - non crédité)

1981 - Cover Girls

1981 - Takbo... Peter... Takbo!

1981 - Kamay ni Hilda

1981 - Tacio

1981 - Ang agila at ang falcon

1980 - Lumakad kang hubad... Sa mundong ibabaw

1980 - Tres manos

1980 -Anak ng atsay

1979 – Bruce Le Super Héros / Contrat pour la mort (Bruce the Super Hero)

1979 - Ang sisiw ay isang agila

1979 - Chopstick Kid

1979 - Dynamite Johnson  

1978 - Yakuza Contract

1978 – Sabotage (Last Target)

1978 – Les “Boys” de la Compagnie “C” (Boys in Company C)