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Le Guerrier d'Acier

(1ère publication de cette chronique : 2006)
Le Guerrier d'Acier

Titre original :Solo

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Norberto Barba

Année : 1996

Nationalité : Etats-Unis / Mexique

Durée : 1h30

Genre : Feraille recyclée

Acteurs principaux :Mario Van Peebles, William Sadler, Barry Corbin, Adrian Brody

Natasha Cristerfield
NOTE
2/ 5

Malgré quelques sympathiques exceptions, Mario Van Peebles aura oeuvré avec une remarquable constance dans les mauvais films rigolos. Dans une carrière ciné bardée de titres comme « House Rap », « Exterminator 2 », « Les Dents de la Mer 4 », « Deux Doigts sur la Gâchette » ou « Highlander III », l'ajout d'un « Solo, le Guerrier d'Acier » ne risquait pas de faire tache. Adaptation du roman « Weapon » de Robert Mason dont seul le concept général aura été retenu, il ne s'agit ni plus ni moins que d'une petite série B d'action bête et bourrine.




L'histoire nous présente Solo, guerrier androïde conçu par l'armée américaine. Solo est une bête de guerre, une arme destructrice qui pourra amplement remplacer le soldat normal sur un champ de bataille : il est 15 fois plus fort et 10 fois plus rapide que n'importe quel homme, il possède une structure polymère qui l'immunise contre les petites armes à feu, des senseurs infrarouges, une vision nocturne, peut reproduire des voix et, s'il est détruit, un autre sera construit à sa place. Il n'y a qu'un problème : son concepteur l'a doté d'une conscience humaine, ce qui perturbe grandement sa première mission.


Mario the man !


Car après avoir fait des papouilles à une araignée en pleine jungle, il refusera de faire sauter les charges d'explosifs mises en place pour détruire une construction des rebelles latino-américains : d'innocents villageois sont en effet exploités par ces derniers et Solo refuse de les laisser périr. Le Colonel Madden fera quand même exploser l'objectif, endommageant l'androïde retors. Le général responsable du projet décide alors d'envoyer Solo en révision et de lui effacer la mémoire, mais ce dernier capte la conversation et, suivant sa directive prioritaire (à savoir préserver son existence) il s'enfuit. Pour Madden, chargé de le récupérer, voilà une bonne occasion de détruire l'androïde déjà affaibli. Solo de son côté sera recueilli par les villageois et les aidera à lutter contre les rebelles…

Encore un Terminator de seconde main.



Classique ? Déjà-vu ? Ce résumé n'est rien en comparaison de ce que l'on verra tout au long du film. A la manière d'« Universal Soldier », Solo s'humanise et doit faire face à sa Némésis qui, elle, pète de plus en plus les plombs (huhu), et devra se battre contre un autre super-soldat semblable à lui. Mais cela renvoie bien entendu à de plus célèbres films sur le sujet. Le principe même du film est évidemment repris à « Terminator » et « RoboCop » et de nombreux détails renvoient à ces deux films : quand Solo affronte un autre modèle d'androïde, impossible de ne pas se souvenir du combat entre « RoboCop » et son modèle supérieur dans « RoboCop 2 » de même que les empoignades entre le T-800 et le T-1000 dans « Terminator 2 ». L'humanisation de Solo et sa découverte progressive de la nature humaine renvoie autant à celle de « Terminator 2 » qu'à la recherche d'identité de Alex Murphy dans « RoboCop »… Et pour continuer sur la lancée, on verra carrément Solo effacer de ses programmes sa directive prioritaire (sauver sa peau plutôt que d'aider les autres) pour devenir plus proches d'un être humain, exactement de la même manière que le fait Murphy dans « RoboCop » !


Bon, t'as pas bientôt fini avec tes éclairages bleus pourris qui font mal aux yeux !


Les films de cyborgs ne constituent cependant pas la seule source d'emprunts. « Le Guerrier d'Acier » c'est aussi un film de jungle, de traque et de combats brutaux, alors pourquoi ne pas lorgner du côté de « Predator » ? Quelques visions thermiques, un camp de rebelles en pleine jungle et un groupe de bidasses choisis spécialement par Madden pour traquer Solo qui arriveront au QG habillés en civils, et même une vieille Mexicaine qui assimilera l'androïde au Yacayo, l'esprit de la forêt, de la même manière que le Predator était perçu par les villageois comme un démon… Mais le thème de la bête de guerre dans la jungle ne fait-elle pas non plus penser au personnage de John Rambo, qui après un premier film réussi est devenu le cliché par excellence de ce type d'histoire ? Qu'à cela ne tienne, Solo déambulera avec sa musculature massive dans la jungle tel Sylvester Stallone dans « Rambo II », avec un couteau high-tech et même un foulard rouge sur la tête en guise de bandeau pour marquer le coup. Enfin, il aurait été trop simple d'éviter les clichés et d'offrir un brin d'originalité à l'histoire, et on reprend donc la vieille recette des gentils paysans persécutés qui trouveront en Solo un sauveur avant de le rejeter dès qu'un pépin leur tombera sur la tronche. Bien évidemment, notre robot américain réussira quand même à gagner la sympathie du pasteur, l'admiration d'un petit garçon et l'amour (oui enfin…) d'une jeune femme. En clair, Mario Van Peebles nous refait un peu « Les Sept Samouraïs » à lui tout seul.


Comment ça, sous-Atomic Cyborg ????


A défaut d'une histoire 100% originale, « Le Guerrier d'Acier » contient t-il au moins quelques éléments bien à lui ? Et bien on pourra citer de cette scène où, pour trouver un visage humain, notre robot craquera sur celui de Michael Jordan qu'il a vu à la télé (pourtant Van Peebles et Jordan ne sont pas très ressemblant mais bon…), ou encore lorsqu'il découvre le rire, s'entraînant alors avec une maladresse qui fera fuir les oiseaux. Apparemment content de son gag, le réalisateur n'hésitera pas à nous le servir une nouvelle fois lorsque, en fin de film, Solo ira rassurer ses amis qu'il est bien vivant en riant très fort dans la jungle, faisant à nouveau fuir les oiseaux… Sans parler de l'incohérence absolue : des robots qui grognent sous l'effort ou crient de douleur durant leur combat ! On pourra aussi signaler une amusante transition de langue lorsque Solo traduit l'espagnol en anglais pour comprendre les villageois. A partir de ce moment, plus d'espagnol sous-titré, tout le monde parlera anglais ! C'est quand même super pratique un androïde. Heureusement quelques bonnes idées subsistent, comme la brève rencontre entre Madden et son double, ou encore le fait que le général du projet Solo, la grosse enflure de l'histoire, s'en sortira impunie à la surprise générale (peut-être dans l'espoir d'adapter « Solo », la suite de « Weapon » ?).

 


Solo et son joli couteau...



...qui est en fait une arme utilisée par les Klingons dans l'univers Star Trek...



...et qu'on peut facilement acheter sur des sites de e-commerce ! (merci au forumer Cyborg pour cette anecdote)


Mais oublions ce fond pathétique digne d'une production Nu Image comme on en trouve à la pelle, et attardons nous sur la forme. Là c'est tout de suite un peu mieux et on sent que « Le Guerrier d'Acier » bénéficie d’un peu plus de moyens que les productions de ce type. On le ressent dans les décors et aussi les scènes d'action, bien plus dynamiques que dans la plupart des petites séries B direct-to-video. « Le Guerrier d'Acier » aura d’ailleurs droit à une petite exploitation cinéma, où il s’est royalement planté. Evidemment on n’échappe pas aux effets spéciaux un peu ratés, notamment lors de la « blessure » de Solo, qui sent bon le maquillage fait à la va-vite et qui n'hésite pas à disparaître entre deux plans par instant. A côté de ça, il faudra surtout se raccrocher au casting, qui constitue l’atout nanar majeur du film.


Cet atout ce n'est pas Mario Van Peebles, qui fait l'effort de ne pas cabotiner comme un malade et incarne sobrement un personnage qui est évidemment tout en retenu et pas très bavard, mais bel et bien William Sadler. Acteur énergique et impressionnant, capable de jouer aussi bien un héros sombre (l'excellent « Le Cavalier du Diable ») qu'un taulard sympathique (le très beau « Les Evadés ») ou plus souvent les ordures brutales (« 58 Minutes pour Vivre ») comme il le fait ici. Cette fois il s'en donne à cœur joie en incarnant un colonel timbré et revanchard qui fait craquer les os de son cou dès qu'il commence à disjoncter (huhu - bis). Possédant les plus belles répliques (« Il est pas mort tant que j'ai pas dis qu'il l'est. »), tuant sans sourciller, le regard glacial et le visage sévère, il se met le spectateur dans la poche en moins de deux malgré un rôle bien évidemment sur-caricatural de salaud.




Et comble du comble, il revient par la suite en second androïde de combat, vêtu d'une tenue noir qui le rend éminemment sexy, en dernière partie de film. A l'aide d'un canon dévastateur, il termine son travail pour ensuite mettre la pâtée à Solo. Pour faire simple, on n’avait pas vu aussi efficace depuis Robert Patrick dans « Terminator 2 ». A côté de lui, Van Peebles fait évidemment pâle figure et on regrette presque que Sadler n'ait pas incarné Solo à sa place. On pourra aussi signaler la présence de Adrian Brody, alors en début de carrière, dans le rôle du scientifique s'occupant de Solo. Un petit rôle où le comédien se révèle par ailleurs assez fade.


Du cinéma viril qui fleure bon la testostérone, signe d'un programme sain. Le forumer Cyborg, encore lui, nous signale au passage que l'arme utilisée ici par le bad guy...


...est la même que celle avec laquelle Cricri Lambert défouraillait tout dans « Fortress », sorti quatre ans plus tôt.

« Le Guerrier d'Acier » n'est rien d'autre qu'un direct-to-video comme il en existe à la pelle, un ersatz de film de cyborg qui mange un peu à tous les râteliers, à la manière des « Shadowchaser », « Cyborg Cop », « A.P.E.X. » et autres « Digital Man ». Une petite série B donc, mais avec un peu plus de moyens qu'à l'accoutumée, ce qui permet de soigner un peu plus visuellement la chose, et la présence d'un William Sadler lors d'une mauvaise passade (on le retrouvera l'année suivante dans le navrant « RocketMan ») qui sauve la mise à chaque apparition malgré son rôle excessif. Et puis il y a évidemment le potentiel nanar plutôt élevé tant les repompages font dans la finesse et la discrétion, permettant de mieux faire passer la pilule. Parfait pour se divertir le temps d’une soirée en somme, mais il ne faudra pas chercher plus loin.


Les comics sortis en 1996 chez Dark Horse.

- Natasha Cristerfield -
Moyenne : 2.00 / 5
Natasha Cristerfield
NOTE
2/ 5
John Nada
NOTE
2.75/ 5
Rico
NOTE
1.5/ 5
Kobal
NOTE
2/ 5
Drexl
NOTE
2/ 5
Jack Tillman
NOTE
1.75/ 5

Cote de rareté - 1/ Courant

Barème de notation

Après deux éditions VHS, le film est désormais trouvable chez "Gaumont Columbia Tristar" en DVD zone 2, VF / VO, sous-titres, bande-annonce et making of promo. La routine.