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Robert Patrick

(1ère publication de cette bio : 2006)

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Robert Patrick constitue un cas à part parmi les acteurs que nous chroniquons sur notre site : un comédien qui a commencé dans le nanar, et philippin de surcroît, pour terminer honorablement comme l'un des seconds couteaux les plus reconnus du cinéma américain. Alors que la pente de carrière de nos chers artistes de la série Z est au mieux stagnante, au pire franchement déclinante, Robert Patrick tient du miraculé et malgré un C.V. très fourni en bons gros ratages, il a réussi à trouver sa voie vers les plateaux hollywoodiens.

Né en 1958 à Marietta, dans l'état de Georgie, Robert est l'aîné d'une famille de 5 enfants (pour la petite histoire, son frère Richard fera carrière comme guitariste de Nine Inch Nails, puis fondera Filter, son propre groupe). Installé après pas mal de pérégrinations familiales dans l'Ohio, Robert est tout d'abord tenté par une carrière sportive universitaire dans le baseball puis le football américain, mais pas très doué pour les études (il a tâté sans enthousiasme de la comptabilité), il doit abandonner le sport et trouver du travail pour subsister. Il commence une carrière de peintre en bâtiment. Il aurait pu en rester là s'il n'avait eu le choc de sa vie en manquant de se noyer lors d'un tour en bateau sur le lac Erié. Conscient à 26 ans de ne pas avoir fait grand-chose de sa vie, il se souvient de ses cours de théâtre à l'école. On le disait doué mais il avait tout envoyé balader le jour où il avait refusé de jouer Peter Pan pour ne pas se trimballer en collants verts. Ni une ni deux, il part pour L.A. bien décidé à réussir comme acteur.

Sur place, il connaît la galère de ces milliers de wannabee acteurs qui grenouillent à Hollywood. Il multiplie les petits boulots, vit dans sa voiture jusqu'à ce que son physique sportif et son regard bleu perçant ne le fasse remarquer par Roger Corman, alors qu'il joue dans « Go », une pièce sur le mouvement beatnik. Comme c'est un motard, Corman lui confie son premier rôle de méchant : un biker psychopathe dans le vite oublié « Warlords of Hell ». Robert donne satisfaction : il est beau, sportif, pas cher… Ca tombe bien, Roger a besoin de quelques acteurs typés américains pour tourner dans les productions à petit budget de son ami Cirio H. Santiago. Robert s'embarque pour Manille où il va rester un an.



Une des rares photos de Robert dans « Warlords of Hell ».



De 87 à 88, Patrick déboule sur les plateaux de tournages philippins. Et il a encore de la chance, Santiago constituant peu ou prou le haut de gamme de la production philippine destinée à l'export, il échappe aux tournages calamiteux de chez Kinavesa. Athlétique, réalisant lui-même ses cascades à moto (très grande qualité aux yeux de Corman et Santiago), Patrick est vite apprécié. Il enquille quatre films en une année : il commence avec un des nombreux post-apocalyptique de l'ami Santiago ( Apocalypse Warriors (Equalizer 2000) où il n'a encore qu'un rôle de méchant), puis obtient enfin un premier rôle dans un film d'aventures picaresque où il affronte d'odieux Nazis cherchant à mettre la main sur la lance qui a percé le flanc du Christ : Les Nouveaux Conquérants dans lequel il croise Richard Norton, Bruce Le et Wong Cheng Lee égarés on ne sait trop comment sur le tournage.



La gloire aux Philippines !





Merci à Henry Strzalkowski qui nous a ouvert son album photo.



Henry Strzalkowski et Robert Patrick sur le tournage de Eye of the Eagle 2 / Killer Instinct / Behind Enemy Lines (1987), de Cirio H. Santiago.



On le voit aussi dans des vietnameries comme « Eye of the Eagle » et sa suite « Behind Enemy Lines », où par deux fois il est Johnny Ransom, un vétéran qui va chercher ses hommes retenus prisonniers par ces salauds de communistes. Du classique rondement empaqueté, jamais avare en figurants grimaçants fauchés par grappes. Les plus exercés pourront croiser au détour d'une scène Mike Monty, Nick Nicholson ou Henry Strzalkowski. C'est d'ailleurs à l'occasion du tournage d'« Eye of the Eagle 2 » qu'il rencontre l'actrice Barbara Hooper, qu'il épousera (c'est peut-être la raison qui explique qu'aujourd'hui encore, il ne renie rien de ses expériences dans l'écurie Corman). C'est aussi dans ce film où il manque de laisser sa peau sur une cascade préparée « à la philippine ». Pilotant un side-car poursuivi par une jeep lui tirant dessus au bazooka, il doit détacher lui-même son side censé être touché et en flamme. Mais il perd le contrôle de sa moto et s'écrase au sol. Le side lui passe dessus et la jeep qui le suit n'a que le temps d'une embardée pour ne pas lui rouler dessus à son tour avant de terminer en tonneau dans le décor.





Rentré aux Etats-Unis, il connaît une période creuse et vivote. Il fait une fugace apparition dans « Hollywood Boulevard II », comédie érotique avec l'épouvantable comique Eddie Deezen et les porn stars Ginger Lynn Allen et Traci Lords, mais n'a plus vraiment envie de continuer à travailler pour Corman et cherche à percer en première division. Il est de tous les castings et tente sa chance dans des petits rôles dans des blockbusters. Il est ainsi l'un des nombreux soldats félons dézingués par Bruce Willis dans « 58 minutes pour vivre » où malgré une espérance de vie réduite à l'écran (il fait partie du commando déguisé en peintres dans la partie en travaux de l'aéroport) on peut le reconnaître nettement (on peut aussi apercevoir John Leguizamo parmi les méchants).

Mais évidemment ce qui va tout changer, c'est ce rôle inespéré dans « Terminator 2 ». Il participe au casting et est repéré par James Cameron qui cherche un comédien capable d'ébranler le chêne autrichien. Avec son regard bleu et glacé, son visage marmoréen, son allure trop WASP pour être honnête, il est parfait. Pour améliorer son rôle et faire le poids face au colosse Schwarzenegger, il soulève de la fonte et surtout étudie le mouvement des félins et des mantes religieuses pour se déplacer de la façon la plus fluide et meurtrière possible. Sa carrière est lancée même s'il ne garde pas un souvenir très passionnant du tournage : Des heures passées devant un écran vert afin de créer des effets spéciaux et un dialogue pas vraiment excitant !



Le rôle du T-1000 va le marquer longtemps et le cataloguer comme méchant. Robert en profite néanmoins et multiplie les apparitions et les caméos du personnage (« Last Action Hero », « Wayne's World », « Broken », le film des Nine Inch Nails…). Mais le problème c'est que beaucoup de comédiens ont sombré après un rôle trop identifiable qui leur colle à la peau. Mark Hamill, Casper Van Dien, Linda Blair … Combien d'acteurs marqués à vie par une performance se sont laissés enfermer dans des séries B de plus en plus indigentes ? Robert Patrick connaît les mêmes problèmes immédiatement après « Terminator 2 » et enchaîne par quelques films pas vraiment glorieux mais où son nom est écrit en gros.

Si « Fire in the Sky », sombre histoire d'enlèvement par des extraterrestres (sorti en 93, la même année qu' « X-Files ») a plutôt bonne réputation, le reste de ses apparitions au début des années 90 est marqué du sceau peu valorisant du direct-to-vidéo pour client pas trop regardant. Ainsi les polars sexy de série, « Body Shot » ou « The Cool Surface » où il croise Terri Hatcher et David Niven Jr (oui oui, le fils).





On peut aussi citer quelques polars d'action emballés par des cadors de vidéoclub. Il traverse ainsi sans forcer rafales de balles et explosions dans « Zero Tolerance » de Joseph Mehri pour "P.M Entertainment", les rois de la cascade explosive filmée en multi angle pour servir dans plusieurs films. Ou encore « Hong Kong 97 » où Albert Pyun tente désespérément de se prendre pour John Woo. Ce film où Patrick est plus monolithique que jamais peut décemment être cité en exemple dans les écoles de cinéma comme un modèle de nullité avec ses incohérences scénaristiques (des personnages apparaissent et disparaissent dans le film sans qu'on sache pourquoi) et ses gun-fights mous catastrophiquement filmés. Dieu que ce film est mauvais.



Ca délire encore d'un cran supplémentaire avec « Last Gasp » où, possédé par l'esprit d'un sorcier indien, il se peinturlure le visage pour jouer les serial killer dans la jungle.



« Asylum » où il se déguise beaucoup pour confondre le responsable d'un meurtre dans un établissement psychiatrique.



Non là, faut arrêter les déguisements Bob, c'est pas ton truc !



En pilote de l'Air Force, il affronte cette vieille baderne de Rutger Hauer dans le top gunnesque « Tactical Assault » où les avions de chasse changent de modèle d'un plan à l'autre. Il serait aussi intéressant de mettre la main sur le quasi invisible « Shogun Cop » où, avec son épouse Barbara, il affronte des monstres karatekas mutants dont l'inénarrable Jerry Trimble.



Le pire c'est que quand il obtient des rôles dans des films de plus haut standing, ça se transforme souvent en ratage. Il joue ainsi un méchant asiatique peroxydé dans le pitoyable « Double Dragon », ce qui lui permet de cabotiner à loisir mais pas d'améliorer son image au cinoche.



On le voit aussi dans « Striptease », dans le contesté « The Faculty » ou encore « D-Tox », ratage avec Sylvester Stallone. Bon d'accord, on le voit également dans « Copland », « Spy Kids » ou « Drôles de Dames 2 » où il se fait une bonne réputation de solide second rôle.



La moustache dans « Copland », c'est pour qu'on le confonde pas avec Ray Liotta, son look-alike



Heureusement, son salut, il le trouve dans la télévision : d'abord dans le doublage pour dessins animés, où il est actif, puis il apparaît en guest-star dans de nombreuses séries prestigieuses qui lui permettent d'élargir la palette de son talent : « Les Sopranos », « Stargate », « Lost » et surtout « X-Files », succédant à David Duchovny à partir de la 8ème saison et soufflant le rôle à Bruce Campbell, d'abord pressenti. Même si la série est franchement en bout de course les dernières années, sa performance est suffisamment appréciée pour lui permettre de relancer sa carrière et surtout sortir du registre de tueur froid auquel il est alors un peu trop associé.



Désormais reconnu comme un second rôle de valeur, il multiplie les apparitions dans les productions variées mais de bon standing (« Walk The Line », « Firewall » avec Harrison Ford). Quittant le gros B qui tache pour vidéo-clubs, il se consacre à la télévision comme pour la série « The Unit » qui décrit la vie des G.I.s dans le bourbier irakien, tourne pour Eastwood dans « Mémoires de nos pères », bref Robert Patrick prouve qu'il y a une vie après les Philippines et le bis, même si on le croise encore au détour de petites productions basses du front comme le succulent « The Marine ».



Avec sa femme Barbara, profitant d'une des rares plages de loisirs dans un agenda chargé.

- Rico -

Films chroniqués

Filmographie

2009 - The Black Waters of Echo's Pond

2009 - Alien Trespass

2008 - Lonely Street

2008 - Autopsy

2007 - Fly Me to the Moon

2007 - Strange Wilderness

2007 - Balls of Fury

2007 - The Unit (TV)

2007 - Bridge to Terabithia

2006 - We Are Marshall

2006 - WWE Cyber Sunday

2006 - Mémoires de nos pères (Flags of Our Fathers)

2006 - The Marine

2006 - The Unit

2006 - Firewall

2006 - Cold Shoulder (TV)

2005 - Law & Order: Special Victims Unit (TV)

2005 - Walk the Line

2005 - Supercross

2005 - Elvis (TV)

2005 - The Fix

2005 - Lost (TV)

2004 - Brigade 49 (Ladder 49)

2004 - Stargate Atlantis (TV)

2004 - Bad Apple (TV)

2003 - Charlie's Angels 2: les anges se déchaînent

2003 - 1st to Die

2002 - Pavement

2002 - Ticker

2002 - Out of These Rooms

2002 - The X Files (TV)

2002 - Compte à rebours mortel / D-Tox

2001 - Texas Rangers

2001 - Spy Kids

2001 - Backflash

2001 - Angels Don't Sleep Here

2000 - De si jolis chevaux (All the Pretty Horses)

2000 - Les Sopranos (TV)

2000 - Mexico City



1999 - Shogun Cop

1999 - A Texas Funeral

1999 - Une Nuit en Enfer 2 : le prix du sang

1998 - Renegade Force

1998 - The Faculty

1998 - Perfect Assassins (TV)

1998 - Ambushed / The Vivero Letter

1998 - Tactical Assault

1997 - Hacks

1997 - Copland

1997 - Rosewood

1997 - Rag and Bone (TV)

1997 - The Only Thrill



1996 - Asylum

1996 - Striptease

1996 - T2 3-D: Battle Across Time (film pour un parc d’attraction)

1995 - The Outer Limits (TV)

1995 - Body Language

1995 - Zero Tolerance

1995 - Le Dernier souffle / Last Gasp

1995 - Decoy

1994 - Hong Kong 1997

1994 - Double Dragon

1994 - The Cool Surface

1993 - Last Action Hero

1993 - Fire in the Sky

1993 - Body Shot

1992 - Les Contes de la Crypte (TV)

1992 - Wayne's World

1992 - Broken

1991- Terminator 2 : le Jugement dernier

1990 - 58 minutes pour vivre (Die Hard 2)

1989 - Hollywood Boulevard II

1987 - Eye of the Eagle 2 / Killer Instinct / Behind Enemy Lines

1987 - Eye of the Eagle

1986 - Les Nouveaux Conquérants (Future Hunters / Deadly Quest / Spear of Destiny)

1986 - Apocalypse Warriors / Equalizer 2000

1985 - Warlords of Hell