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Les 7 Ninjas Kid's
(1ère publication de cette chronique : 2021)Titre original :7 Xiao Fu
Titre(s) alternatif(s) :Les 7 Ninja Kids, les 7 Baby Ninja, Lucky Seven
Réalisateur(s) :Chen-Kuo Chao
Année : 1986
Nationalité : Taïwan
Durée : 1h22
Genre : Tabassage de gosses
Acteurs principaux :Eugene Thomas, Chai-Ming Chang, Chung-You Chang, Jing Fang, Hung-Mei Hsiao, Yan Hsiao
Ah l’éducation à la chinoise, c’est quand même autre chose !
Non parce que les gamins en France, ils sont surprotégés, on leur passe tout, on les met dans des cocons et on leur interdit de rien faire. Faut pas s’étonner que chez nous, on a récupéré cette génération de millenials qui pleurnichent pour un rien genre "on veut être rémunéré pour notre stage de 48h par semaine" ou "on veut pas vendre un rein, un bras et l’âme de notre premier né pour pouvoir louer 1200€ par mois un 9m2 sous les combles". Chochottes va !
A Taïwan dans les années 80 c’était pas la même, et s'il fallait envoyer des minots de 10 ans se faire torgnoler par des culturistes, balancer à travers les murs ou dévaler des pentes en VTT à plus de 40 à l’heure sans doublures pour combattre le crime, et ben on n’hésitait pas et je peux vous dire que ça filait droit !
Les 7 ninja kid's c’est un peu un retour à ces époques simples où la maltraitance enfantine rendait si bien sur grand écran.
Les 7 Ninjas Kid’s ou Les 7 Ninja Kids ou Les 7 Baby Ninja selon les retitrages VHS et DVD français fantaisistes, fait partie de la petite vaguelette des films de kung fu asiatiques pour enfants arrivée chez nous entre la fin des années 1970 et le milieu des années 90. Des pelloches bon enfant quelque part entre Jackie Chan et Les Petites Canailles, où d’adorables bouts de chou fortiches en arts martiaux dérouillent des malfaisants tout en multipliant les gags à base de pets ou de bataille de nourriture. Trop choupi.
On se souvient de Ping et Pong, grand précurseur de l’époque où les importateurs français se la jouaient racistes sans complexe, puis on a eu des trucs se voulant plus respectueux genre Shaolin Kids ou les 36 super kids de Shaolin (au vu des jaquettes et des taglines, je ne suis pas certain que ça soit vraiment mieux en matière de respect d’une civilisation millénaire). Et encore ne sont-ce là que la partie émergée de l’iceberg, les films de baston pour enfants étant un genre très prolifique dans toute l’Asie du Sud-Est, un petit coucou à Biokid's au passage.
Non, le film du milieu n'est pas la version chinoise de "Human Centipede".
Et donc, parmi ces nombreuses productions, nous allons nous pencher sur le cas plus particulier de ce 7 Xiao Fu, tourné en 1986 à Taïwan par un certain Chen-Kuo Chao. On sait finalement assez peu de choses sur lui, si ce n’est qu’après une brève carrière d’acteur à la fin des années 1970, il se spécialisera jusqu’au milieu des années 1990 dans des comédies d’action bas de gamme dont la plupart sont restées cantonnées dans les cinémas de quartier taïwanais (et n’y voyez pas de jeu de mot, on parle Mandarin à Taïwan).
En fait, je dois rendre hommage à notre camarade Vidéo 3000 (il se reconnaîtra) qui sur sa chaîne Twitch a déterré cette pépite de sa collection VHS pour la projeter devant un public de nanardeurs ébahis et passablement interloqués. Est-ce que cette gosse ne vient pas d’atterrir sur la tête là, après une cascade ratée ? Est-ce que ce n’est pas Burning Heart de Survivor ou la musique d’Halloween que l’on vient d’entendre au détour d’une scène ? Ils viennent vraiment de foutre un enfant à poil sans justification à l’écran ?
Oui, tiens au passage, la qualité des caps est aussi d’époque, car même si le film a été réédité chez nous en DVD au début des années 2000, il s’agit d’une version délavée absolument dégueulasse avec une image baveuse et floue aquarium style directement tirée d’un rip vhs à peine stabilisé, accompagné d'un recadrage dans l’image pour pousser en 4/3, qui fait qu’on passe souvent dans les combats de 7 ninjas kids à juste 3 ou 4 gosses visibles à l’écran. Même en essayant de trouver d’autres sources vidéo anglo saxonnes à l’image moins détériorée, la qualité est loin d’être géniale.
La version du DVD français !
La version DVD américaine qui nous a servi de base pour les caps de ce film. Elle s'offre le luxe d'un recadrage un peu moins violent et surtout d'avoir de vraies couleurs !
Passons vite sur l'argument, simple prétexte à multiplier les scènes de tabasse et de poursuites façon dessin animé. Le film nous raconte l’histoire d’un gang de gosses, 6 garçons et une fille, qui tentent d’empêcher de vilains mafieux de carnaval de mettre la main sur un diamant volé. La première scène donne le ton : rien ne sera sérieux et comme c’est pour les gosses, on peut de toutes façons faire n’importe quoi à l’écran tant que ça bouge et que c’est à peu près rigolo. Un avion de ligne passe dans le ciel et un enfant parachutiste apparaît de nulle part… Enfin un mannequin en mousse bien visible qui tombe derrière un buisson, bien vite remplacé par le gosse. Un autre fonce sur l’autoroute en monocycle, un troisième en skate board s’accroche en voiture, un dernier arrive en ninja binoclard qui se prend les portes vitrées en pleine poire etc. Tout ce petit monde converge vers l’aéroport pour accueillir leur ami Rocky, qui revient des États-Unis habillé en treillis militaire à la Rambo.
On est jeunes, on est coolos, on n'a peur de rien !
Et on croyait que la dignité du ninja était déjà au fond du trou avec Godfrey Ho !
Rocky, plus ou moins le chef de la bande.
Les membres de la petite bande sont affublés de surnoms peu flatteurs que la version française évite sciemment de traduire depuis le générique en anglais, parce qu'elle sent confusément que ça va mal se passer si on y regarde de trop près : outre Rocky, nous avons donc Fatty, Little Chili, Two Teeth, Little Elf, Bumpkin (soit littéralement le plouc !) et... Hsun Hsiao-Mao parce que pourquoi s'embêter à traduire le nom du petit ninja. Un crew âgé d'une dizaine d'années qui est d'ailleurs laissé apparemment sans la moindre supervision parentale autre que celle de Maurice, une sorte d’employé/souffre douleur de la seule fille du groupe, personnage gaffeur en costume rose et cravate verte particulièrement idiot et maladroit qui s’avère aussi être un détective amateur.
De l'humour fin et indémodable.
Fêtant leurs retrouvailles au restaurant, les enfants sont interrompus par une bêtise de Maurice qui, giflé par une jeune femme qu'il a accidentellement peloté, provoque dans sa chute la pagaille entre des gangsters gentiment caricaturaux au milieu d'une négociation discrète mais tendue pour organiser l'échange d'un diamant. Le tout dans une scène absolument pas intégralement pompée sur l’ouverture d’Indiana Jones et le temple maudit… Où alors c'est un hasard j'vous jure ! Evidemment cela dégénère en bagarre générale, avec baffes et trampolines, le tout sur la musique d’Halloween en léger accéléré parce que oui, quand tu penses comédie d’action, tu penses musique de Carpenter bidouillée pour en faire du Benny Hill !
Les gosses se sont mis sur leur 31 pour fêter leurs retrouvailles dans un restaurant chic.
La négociation part mal...
Maurice casse l'ambiance.
La course au diamant... un air de déjà vu.
A partir de là l'aventure est lancée et n'a plus pour finalité que de montrer des poursuites, des bagarres et des scènes de comédie gênantes entre les membres de la triade en mousse et les gamins, qui ont récupéré la pierre et entendent bien la restituer à ses propriétaires légitimes.
Le film peut provoquer le rejet immédiat par son abus de gosses énervants aux voix criardes, ses péripérities en plomb à base de sbires idiots, ou ses placements produits pour Mc Donald ou un hôtel chic de Taipei. Le tout ponctué par des musiques piquées un peu partout dont des instrus à peine voilés de Wham, Stevie Wonder ou Giorgio Moroder (la BO du remake de La Féline), et surtout par la chanson thème du film dont la rythmique est reprise de "Like a Virgin" de Madonna, braillée par des gosses insupportables, au point de rapidement devenir particulièrement douloureuse. Pour la peine, vous vous doutez bien qu'on l'a mise sur notre radio blog !
L'humour est d'ailleurs vraiment gras et, étonnament pour un film pour enfants, tape régulièrement en dessous de la ceinture. Les kids recherchant une femme ayant une tache de naissance sur la jambe, cela nous vaut une scène où les enfants se cachent sous les tables d'une réunion féministe pour arracher les jupes des dames présentes, ou tabassent littéralement un travesti dans le métro après avoir cru que c'était la personne qu'ils recherchaient (scène fort heureusement enlevée de la version française).
Et en plus cette scène est looooongue !!!
J'ai soudain tellement moins de remords quand c'est vous qui vous faites tabasser les mioches.
Si on se concentre sur les points positifs, les combats sont plutôt réussis. Les gamins savent bouger et sont accompagnés par des cascadeurs professionnels qui font le job en matière d’adversaires. Certaines chutes et combats entre adultes sont vraiment spectaculaires. Mais bon, n'oublions pas que les héros sont des gosses et comme le film est aussi conçu comme un film d’arts martiaux à la chinoise, quand il s’agit de distribuer les roustes, l’essentiel est que ça dépote à l’écran. Les gamins se mangent donc des beignes de dinosaures de la part d’acteurs qui font trois fois leur taille et leur gabarit, sont balancés comme des poupées de chiffons à travers des planches ou des fenêtres pour aller s’écraser tête la première sur le plancher, à peine amortis par un tapis de sol minimal. On a mal pour eux, surtout que dans ce cinéma, on privilégie le rendu à l’écran à la sécurité des acteurs cascadeurs, fussent-ils âgés de moins de 10 ans. Le résultat, c’est qu’à plusieurs reprises on regarde la scène de combat ou de chute avec un effroi teinté d'admiration, avant de vouloir prendre son téléphone pour appeler la DDASS !
Une petite remarque sur le final. Dans le dernier combat, nos héros doivent affronter des karatékas argentins. Pourquoi des Argentins (dont l'un est interprété par l'afro américain Eugene Thomas, acteur récurrent des productions Wu Kuo Jen) ? Et bien parce qu'à l'époque, des bâteaux de pêche taïwanais avaient été arraisonnés assez violemment en Argentine pour avoir pêché illégalement dans les eaux du pays. Un contentieux directement évoqué par les mômes dans le film, bien décidés à venger l'honneur de leur pays en défonçant les Argentins présentés comme particulièrement demeurés. Un petit coup d'ultra nationalisme dans un film pour enfants, y a pas à dire, c'est toujours un plus !
A droite, Eugene Thomas, vu entre autres dans Mafia Vs Ninja, Ninja Condor 13, Ninja in the USA, Ninja the Final Duel, Shaolin Dolemite ou encore Super Ninja.
Le nanar fonctionnant souvent par couches successives, la VF ajoute une bonne part de ce subtil mélange d’exaspération et d’hilarité au métrage. En effet, le film peut s’apprécier au premier degré pour peu que vous soyez familier de l’humour cantonnais, que vous ayez moins de 8 ans et que vous fassiez abstraction des saillies racistes, des sous-entendus graveleux et des mains aux fesses aux personnages féminins. C’était une autre époque, me susurre t-on à l’oreille. D’ailleurs il semble que certains l’ayant vu au bon âge en gardent un souvenir nostalgique. Je les préviens, le revoir à l’âge adulte risque de rincer un peu leur enthousiasme.
De plus, c’est généralement assez compliqué de doubler des enfants dans un film, peu d’acteurs adultes ayant vraiment la tessiture et l’expérience pour le faire correctement (ce sont d’ailleurs souvent des femmes, même pour les petits garçons). Alors vous vous doutez bien que sur un doublage de direct to video bas de gamme de ce genre, ils n’ont pas été chercher Dorothée Pousséo ou Brigitte Lecordier mais quelques stakhanovistes de la voix de dessin animé à la chaîne des années 80-90. Et là, le problème, c’est qu’il n’y a pas un gamin à doubler, mais 7 alors qu’honnêtement, les comédiens derrière le micro, s’ils sont 4 au maximum, c’est le bout du monde. Dont la moitié est chargé de faire les grosses voix des méchants. Résultat les gosses ont quasiment tous la même voix criarde surjouée et interchangeable, mêlée à la bande son originale pour les scènes où ils sont en train de parler tous ensemble en même temps. C'est vite fatiguant, je vous l'avoue.
Au final une production qui peut surtout s'apprécier au premier degré pour ses gosses cascadeurs qui se tapent des scènes vraiment impressionantes, parce que pour le reste, entre la gêne de l'humour gras, les doublages braillards, le thème musical qui vous dévore l'oreille, les plagiats éhontés de scènes piquées ailleurs et la réalisation à la va-comme-je-te-pousse, voilà une VHS d'enfance qu'on va avoir du mal à transmettre aux générations futures...
D’ailleurs aucun des acteurs enfants ne semble avoir fait carrière après ce film. Mais pour ça, faudrait déjà qu’ils aient survécu au tournage !
Allez je vous balance encore un gamin... pour le plaisir...
Il existe une suite, Lucky Seven 2, tournée en 1989 avec d’autres enfants - pour cause de puberté ou de séquelles traumatologiques pour le précédent casting, on ne sait pas. Le film reprend peu ou prou la même formule, envoyant des enfants de moins de dix ans dans un camp de formation de commandos d’élite, pour aller se castagner avec de vils espions certainement communistes dans une ambiance pas très éloignée d’un film de bidasse de la grande époque des Charlots. Ce Lucky Seven 2 est sorti chez nous en DVD, mais sous le même titre que le premier (Les 7 Ninjas Kid's), et qui plus est avec le même visuel...! (voir la cote de rareté pour plus de détails). Pour les Vasco de Gama de la cinéphilie déviante, une version sous-titrée anglais avec une image rien moins qu’abominable est trouvable facilement sur Youtube. S’il comprend quelques scènes de combats encore assez réussies et la présence de Philip Ko et de Yukari Oshima, vétérans de l'action hongkongaise, le film se traîne beaucoup plus en longueur et est plombé par une ambiance gags de chambrée qui le réserve aux plus résistants.
Cote de rareté - 2/ Trouvable
Barème de notationDe nombreuses versions de la même édition bas de gamme existe chez des sous-marques de ces tâcherons de "Prism Vidéo", que ça s'appelle "New Family Vidéo" ou "Team's Club" sous le titre des 7 baby ninjas. A chaque fois on retrouve le même master rippé sur une VHS recadrée à la sauvage et comme de juste d'une qualité déplorable.
L'édition VHS française, qui a sans doute servi de master pour les DVD de chez Prism.
Comme la plupart des éditions étrangères sont tout aussi minables, on ne peut guère plus vous les conseiller. Ajoutant la vilenie à l'infamie, les distributeurs français nous offrent en plus une jaquette farcie de photos et d'indications parfaitement mensongères, parce que pourquoi se priver.
Comme expliqué en fin de chronique, certaines de ces éditions de chez Prism cachent en fait la suite du film qui nous intéresse, Lucky Seven 2. C'est le cas de l'édition ci-dessous, estampillée "Global Picture" (en rouge, coincée au milieu de "Digital Edition" !). Le titre est le visuel sont identiques aux autres éditions, mais celle-ci contient bien la suite en VF. Le résumé au dos cache de très subtiles différences avec les éditions contenant Lucky Seven 1 (une répétition de "Mais un de leur amis est enlevé", des virgules en plus ou en moins, un "alors" qui change de place dans la dernière phrase et une poursuite qui devient "interminable" plutôt qu'"impitoyable"). De quoi faire un jeu des 7 erreurs (Kids !).