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Shriek of the Mutilated


Shriek of the Mutilated

Titre original : Shriek of the Mutilated

Titre(s) alternatif(s) :Mutilated, Scream of the Snowbeast

Réalisateur(s) :Michael Findlay

Année : 1974

Nationalité : États-Unis

Durée : 1h26

Genre : (Abo)minable homme des neiges

Acteurs principaux :Jack Neubeck, Alan Brock, Jennifer Stock, Tawn Ellis, Michael Harris, Darcy Brown, Ivan Agar

Jack Tillman
NOTE
3/ 5

Le Yeti est une créature qui a beaucoup enflammé les imaginations et a connu plusieurs périodes de gloire dans les médias, et par conséquent au cinéma. On compte trois grandes vogues de "yétimania" :


D'abord les années 50, où les photos d'empreintes géantes prises dans l'Himalaya par l'alpiniste Eric Shipton suscitèrent l'engouement du public occidental et où l'on vit apparaître sur les écrans quelques abominables hommes des neiges bien kitschs (Man Beast de Jerry Warren, The Snow Creature de W. Lee Wilder, Half Human de Inoshiro Honda).
Puis durant les 70's, le yéti disputa aux extraterrestres et au Triangle des Bermudes le titre de "sujet de société paranormal n°1" suite à la bobine tournée par Roger Patterson en octobre 1967, montrant un homme d'aspect simiesque se baladant dans la Forêt Nationale de 'Six Rivers' au Nord de la Californie et dont beaucoup affirmèrent qu'il s'agissait d'une preuve irréfutable de l'existence du Bigfoot (d'autres suggérèrent qu'il s'agissait plus prosaïquement d'un simple canular avec un type costumé) et les films le mettant en scène rivalisèrent quant à eux de nanardise, entre Yéti le géant d'un autre monde et son cousin américain Bigfoot, lequel tentait d'engrosser des filles à gros seins et affrontait des bikers menés par Chris Mitchum dans le film éponyme de Robert F. Slatzer, on se demande lequel est le plus ridicule du Tibétain ou du Yankee.
Enfin, à partir de la fin des années 90, le retour à la mode des DTV à base de monstres tueurs de teenagers vit revenir le célèbre anthropomorphe dans de nouvelles aventures bien sanguinolentes (avec des titres comme Yétis : Terreur en montagne, Yeti : Curse of the Snow Demon, La Bête alias Sasquatch Mountain...).


Une affiche alternative.


A noter que durant les années 80, le Sasquatch fut en outre l'objet de comédies familiales comme Bigfoot et les Henderson et autres Little Bigfoot, très inspirées par E.T. Sans compter ses avatars pornographiques, comme l'hypnotique The Geek de 1971. Un véritable genre cinématographique à part entière était né : la "yetisploitation". En parallèle à cette imposante filmo, le mystère est demeuré entier sur l'existence réelle ou imaginaire de la créature (et allez, un peu de discours parano-paranormal comme on pouvait en entendre dans les émissions spéciales "Mystères de l'étrange" de Direct 8...). Shriek of the Mutilated se propose d'élucider toute cette affaire et de nous livrer enfin l'explication, la clé de l'énigme. Manque de pot, ses révélations repoussent très loin les limites du grotesque, le film étant d'un non-sens absolu.




Ceci est un film éducatif.


On nage en effet ici en pleine infra-zèderie psychédélique, l’œuvre étant par moments proche d'un A Night to Dismember où d'un équivalent ricain de Mad Mutilator. Shriek of the Mutilated alterne ainsi de longues scènes de remplissage éhonté avec des instants de fulgurance nanardo-psychotique d'une violence délirante, qui fait à chaque fois grimper en flèche le compteur du nanaromètre. L'atmosphère zédarde du métrage nous saute à la gorge tel un Sasquatch en furie dès les premières images, montrant une indescriptible décapitation rituelle tout droit sortie d'une autre dimension sensorielle, suivie d'un générique bien bizarroïde accompagné par un pianiste qui viendra régulièrement nous jouer quelques airs classiques dont les accents opératiques semblent bien déplacés face à la misère artistique de la chose.



Le Père Noël est une ordure : la preuve, il décapite des gens !


Un générique bizarre et aveuglant qui fait en sorte qu'on ait du mal à lire les crédits... Conceptuel.

Ne comptez pas sur moi pour vous dire ce qu'un zoulou vient faire là-dedans, je vous laisse la surprise...


L'histoire semble simple au premier abord, mais donnerait au final des maux de tête à Agatha Christie. Un professeur de fac, obnubilé par l'existence du yéti, monte une expédition avec ses étudiants afin de mettre la main sur l'abominable homme des neiges et prouver ses théories. Malgré les mises en garde du seul rescapé d'une précédente expédition, notre équipe se rend sur une île, dans la propriété d'un ami du professeur, qui affirme avoir vu le yéti de ses propres yeux. Alors qu'ils mènent leurs recherches dans la forêt, les étudiants sont évidemment trucidés les uns après les autres par la créature. La suite est de plus en plus confuse : le professeur utilise les cadavres des étudiants tués pour appâter le yéti, le héros et l'héroïne n'arrêtent pas de se disputer, des gens rotent, le héros tente d'aller chercher du secours, l'héroïne apeurée découvre des cadavres et des Indiens dans les placards, et le film se conclue par un twist final débile et totalement abracadabrant. Je ne veux pas vous en révéler trop, mais sachez qu'une secte internationale de cannibales sataniques est dans le coup. Le film a des airs de version live façon "cinéma d'exploitation" des Aventures de Scoubidou, que ce soit dans le look et la personnalité des quatre étudiants (le héros blond, la jolie fille, la rousse à lunettes et le grand filiforme "rigolo"), le mini-van à fleurs qui leur sert à se déplacer et le pitch final, c'est un peu tout pareil à part qu'ils n'ont pas de chien.


Le savant obsédé par ses recherches, qui manifeste peu d'intérêt pour la vie de ses élèves (Alan Brock).

Son confrère, vague look-alike chevelu de Philippe Torreton (Tawm Ellis).

Le blond héros (Michael Harris), élève préféré du professeur à qui il voue une confiance un peu trop aveugle.

Sa copine, la belle héroïne (Jennifer Stock), moins crédule que son compagnon et encline aux scènes d'hystérie hurlantes (on dirait une actrice française), mais je lui pardonne car je suis amoureux.

La rouquine aux binocles surdimensionnés (Darcy Brown).

Le boute-en-train de la bande (Jack Neubeck, qui cabotinait à l'extrême en redneck vampire serial-killer dans Invasion of the Blood Farmers et qui, hélas, la joue sobre ici).

Quoi de neuf Scooby Doo, nous on te suit partout, on va résoudre-euh ce myyystèèère...


Produit et scénarisé par Ed Adlum, réalisateur de Invasion of the Blood Farmers, et mis en scène par le pornographe Michael Findlay, monteur sur Invasion..., passé à la postérité pour avoir lancer la mode des "snuff-movies" en tournant en Argentine (Là où la vie ne vaut pas cher) le faux "film le plus choquant de tous les temps" Snuff (en fait un pauvre petit film d'horreur méga-cradingue et assez risible s'inspirant de l'affaire de la "famille" Charles Manson) et qui tourna également avec sa femme Roberta un paquet de films horrifico-érotiques et de pornos expérimentaux mettant en scène des tribus d’Amazones nymphomanes et des histoires de violeurs en série, Shriek of the Mutilated est sans nul doute l'une des productions les plus miteuses qu'il m'ait été donné de voir. Si la réalisation est à peu près fonctionnelle par moments, le sieur Findlay ne se prive pas pour nous infliger montage décousu, cadrages hasardeux, flous artistiques et autres choix lamentables qui montrent bien l'étendue de son incompétence.




Un art du cadrage digne de Jesus Franco au meilleur de sa forme.


Une mise au point pas toujours très au point.


Le réalisateur peut également compter sur de charismatiques figurants pour ses plans de coupe.


Comme je l'ai dit précédemment, le film est marqué par une forte tendance au remplissage et le récit est farci de dialogues et de scènes inutiles. Ce penchant pour le meublage culmine lors de la scène suivante : alors qu'ils préparent leur expédition, nos étudiants se rendent à une fête dans un appartement, dansent sur une musique immonde et papotent en compagnie d'autres jeunes sans que ça n'apporte rien à l'intrigue. Sur ce, débarque le survivant traumatisé de la précédente expédition accompagné de sa copine. Le type picole et raconte aux héros comment il a été attaqué par le yéti. S'en suit un flashback insoutenable car les images semblent avoir été plongées dans un baquet d'acide. Puis, de retour chez eux, le type égorge sa copine avec un couteau électrique car elle a planqué les bouteilles de gnôle pour l'embêter. Le type prend ensuite un bain tout habillé et sa copine, qui a pourtant eu la gorge tranchée, rampe jusqu'à la salle de bain et jette un grille-pain dans la baignoire pour se venger. Ça n'a aucun rapport ni aucune incidence sur le reste, mais c'est toujours dix minutes de gagnées.





Un flashback qui grille les rétines.






Deux meurtres gratuits, c'est la maison qui offre !


Les personnages sont tous profondément antipathiques et les acteurs, qui sont pour la plupart des amateurs n'ayant rien tourné d'autre ou presque, méritent le respect car ils font tous de louables efforts et parviennent à garder leur sérieux malgré le ridicule du machin dans lequel ils apparaissent. Certains ne jouent d'ailleurs pas trop mal. Cependant, dans le lot, il est un joker nanar absolument fantastique, c'est Ivan Agar. Ivan interprète "Corbeau qui rit", un indien muet et un peu fou au service de l'hôte de nos héros, une sorte de version cheyenne de Igor qui ne s'exprime que par des borborygmes désopilants, que son maître nous présente d'ailleurs en disant « C’est mon Indien » , comme s'il disait « c'est mon chien, Medor, n'ayez pas peur il ne mord pas ! » Ivan est LA révélation du film, un acteur au jeu si pur qu'on en pleurerait d'émotion si on n'était pas déjà écroulé de rire à chacune de ses apparitions. Face à une aussi fabuleuse surenchère de grimaces, des images s'imposent :



J'ignorais que les Indiens étaient aussi velus...



Corbeau qui rit" nous raconte comment il a été kidnappé par le yéti et comment cet évènement l'a marqué à vie : "Eeeuurh GEEEUUUHH Heurgh Gneuhh Neeuuh beeeuuuhh gnneugneuh Gneeeuuuh !!!" Bouleversant !

Corbeau qui rit" et son hochet. Un des Indiens les moins indiens du cinéma.


Dites Aaaaahhh...


L'Indien du placard.


Mais n'oublions pas l'autre atout majeur de ce film d'épouvante en mousse, le fameux yéti. Ses apparitions sont brèves mais intenses. Ainsi, si au début le réal prend soin de le filmer de loin ou de manière confuse, il nous laisse tout le temps d'admirer le déguisement pelucheux de son craignos-monster lors du final. En matière d'effets spéciaux débiles, on ne peut pas dire que les effets gores qui accompagnent les attaques de la bête soient bien plus crédibles. On est vraiment dans les tréfonds du Z. Mais il n'y a pas que les images, il y a aussi les grognements impayables du Sasquatch, sortes de cacophonie faite à la bouche par un type mâchonnant son micro, ou si ce n'est pas le cas ça y ressemble bigrement. De plus, si le rythme est plutôt, hem hem... tranquille le reste du temps, l'hystérie de ces attaques est digne d'un film de Cetin Inanç.





Un yéti en angora ! C'est Ed Wood qui serait content...

La belle et la bête ou "Yéti et P'tite minette".


A noter également un running gag involontaire : chaque découverte macabre du corps ou des restes des victimes du yéti est systématiquement accompagné d'un cri strident, car évidemment c'est toujours une fille qui tombe sur un macchabée. Au bout du dixième hurlement strident, le comique de répétition joue à plein (surtout vu l'aspect artisanal des effets sanguinolents). Ça s'appelle pas Shriek of the Mutilated pour du flanc.


YIIIIIIIIIIIIIIIK !!!!

YIIIIIIIIIIIIIIIIIK !!!!

YIIIIIIIIIIIIIIIIIK !!!!

YIIIIIIIIIIIIIIIIIK !!!!

Et maintenant, pour se détendre après toutes ses émotions, un peu de cuisine avec une vieille recette de ma grand-mère : "Le pot-au-feu cannibale" ou "Le pote-au-feu".


OFNI fascinant d'amateurisme, perle de mauvais goût aux rebondissements en bois d'arbre, Shriek of the Mutilated est une aberration psyché-bordélique qu'on dirait couchée sur pellicule par une bande de hippies défoncés tantôt au LSD, tantôt à la marijuana, tantôt au caoutchouc amianté pendant un weekend au Canada. Seul un représentant de la série Z ricaine hyper-fauchée des 70's pouvait afficher une telle dèche artistique et budgétaire et sortir quand même en salles de cinéma, au milieu d'autres bobines toutes aussi hallucinantes. C'était vraiment une autre époque, et il est bien dommage qu'elle soit révolue. Bon, sur ce je vais me réécouter le magnifique hymne au yéti que Jack Neubeck chante dans le film...


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- Jack Tillman -

Cote de rareté - 4/ Exotique

Barème de notation

Depuis la mise en ligne de cette chronique, l'éditeur Vinegar Syndrome s'est fendu d'un blu-ray toutes zones, limité à 6000 exemplaires, qui propose ce classique du nawak dans un nouveau transfert et une restauration 4K à partir du négatif original en pellicule 35mm. En plus de sous-titres anglais pour malentendants (qui seront bien pratiques pour celles et ceux qui auront un peu de mal à suivre l'intrigue tortueuse du film), le disque propose un commentaire audio de Roberta Findlay, "modéré" par l'historien du cinéma Casey Scott, une interview exclusive de Roberta Findlay, une interview du producteur, co-scénariste et acteur Ed Adlum, et d'autres bonus.

 

 

Auparavant, l’œuvre culte de Michael Findlay était sortie dans le coffret DVD Bigfoot Terror, pack regroupant "4 Blood-Freezing Features", à savoir ce film et trois autres sur le thème du yéti, l'hallucinant Search for the Beast (1997) de R. G. Arledge (Bigfoot violeur de pom-pom-girl inside !), Capture of Bigfoot (1979) de Bill Rebane (réalisateur du mythique Spider, l'horrible invasion) et le documentaire Legend of Bigfoot (1976) de Harry Winer.

 


Pour vous donner encore plus envie d'acquérir ce DVD, voici quelques images de Search for the Beast :




Un Z à l'amateurisme hypnotique, sorte de sous-sous-sous resucée ultra-languissante de Predator avec un Bigfoot sodomite traqué par un commando de mercenaires dans la forêt, qui nous emmène explorer les abysses de la médiocrité et de la bêtise. Attention, c'est hardcore !

 




Quelques jaquettes VHS.