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Antonio Margheriti
(1ère publication de cette bio : 2003)Consulter la filmographie / Consulter les films chroniqués
Antonio Margheriti alias Anthony M. Dawson (1930-2002)
Notre interview de Anthony M. Dawson
Ce Romain fut l’un des piliers de la production bis italienne des années 60 à 90. A la base, c’est un technicien en effets spéciaux, roi de l’explosion de maquette. Il commence à tourner dans les années 60 de petits films de S.F. ou des péplums qui lui permettent de se faire remarquer par son professionnalisme et son sens de l’économie. Comme il l’avouera dans une interview, il avait cinquante millions de lires pour tourner son second film, il le fera pour quarante neuf...
Margheriti va rapidement devenir le chouchou des producteurs de série B italiens qui l’appellent dès qu’il s’agit de tourner vite, un peu n’importe quoi, dans les pires conditions. Ainsi, en 1965, pour satisfaire la télé américaine qui a commandé des programmes pas chers en Italie, il réalise 4 films de science-fiction en 12 semaines avec quasiment le même casting. Tournant les quatre scripts en même temps pour économiser les frais de décors, il met en place quatre claps de couleurs différentes pour savoir à quel film appartient chaque scène mise en boîte...
Comme beaucoup de ses collègues, Antonio Margheriti prit son pseudonyme pour faciliter la distribution américaine de ses films. Il pensait au départ utiliser le pseudonyme de "Anthony Daisies" (soit "Antoine Marguerites", traduction quasi-littérale de son nom) mais les distributeurs américains estimèrent que ce nom faisait efféminé. Antonio choisit alors le pseudonyme qui allait faire sa gloire. Il ignorait cependant qu'un acteur britannique (l'homme qui tente de tuer Grace Kelly dans « Le Crime était presque parfait » ou James Bond avec une tarentule dans « Dr No») s'appelait réellement Anthony Dawson, ce qui causa quelques quiproquos. Le seul film qu'il signa ensuite de son vrai nom fût le mélodrame « Io ti amo ».
Très prolifique (jusqu'à six films par an les grandes années), Margheriti reste essentiellement un solide réalisateur de commande qui met en scène tous les projets (y compris les plus fous) qu’on lui propose. Il va ainsi s’illustrer dans quasiment tous les genres du bis avec parfois des casting princiers : le péplum (« La Vengeance d’Hercule » avec Gordon Scott, « Fort Alésia » avec Richard Harrison ou le délirant « Hercule contre karaté »), le western (« Avec Django la mort est là » avec Richard Harrison) et le western-kung-fu (« La brute, le colt et le karaté » avec Lee Van Cleef et Lo Lieh), le sous-James Bond (« Bob Fleming mission Casablanca / A077 défie les tueurs » avec Richard Harrison), le space-opera (la série de 4 films sur "la planète Aytin"), le fantastique gothique (« La Vierge de Nuremberg » avec Christopher Lee et Rossana Podesta, « Danse macabre » avec Barbara Steele), le film de guerre (« Commando Léopard » et « Nom de code : Oies sauvages » avec Klaus Kinski et Ernest Borgnine), le polar (« Le Renard de Brooklin » avec Lee Van Cleef ou « L’Ombre d’un tueur » avec Yul Brinner) voire même la comédie musicale (« Io Ti Amo » avec Dalida, un flop retentissant).
Technicien reconnu, il est souvent appelé pour colmater des tournages en difficulté : il codirige ainsi, avec Paul Morissey, le warholien « Du sang pour Dracula » qui se tourne en Italie. La légende prétend que Kubrick lui-même aurait fait appel à ses conseils pour certaines des maquettes de « 2001 Odyssée de l’Espace »...
Même s’il est toujours très professionnel en tant que réalisateur et directeur d’effets spéciaux, il se retrouve aussi à illustrer des projets complètement improbables qui font la joie de l’amateur de nanars : que ce soit « Yor le Chasseur du Futur » (dont il a en plus écrit le scénario) et son Reb Brown emperruqué façon Claude François qui fait du delta plane avec un ptérodactyle mort ; que ce soit « Alien, la Créature des Abysses » où le monstre en question se résume à une pince de crabe géante...
...que ce soit le totalement fou « La Brute, le colt et le karaté » où un karatéka (Lo Lieh) et un chasseur de primes (Lee Van Cleef) parcourent le Far West à la recherche de cartes au trésor tatouées sur les fesses de quatre pensionnaires de maisons closes ; ou que ce soit enfin « L’Invasion des Piranhas » où Lee Majors (« L’Homme qui valait trois milliards ») et Marisa Berenson (« Barry Lindon » de Kubrick quand même) affrontent des piranhas qui claquent des mâchoires avant d’attaquer leurs victimes !
Il est l'un des derniers à avoir lutté jusqu’aux années 90 pour maintenir une production ciné populaire italienne quand d’autres baissent les bras et partent travailler pour la télé (Lamberto Bava ou Fabio de Angelis) ou vers le porno (Joe D’Amato). Margheriti tourne son dernier film en 1996, « Cyberflic » avec Terence Hill... tout un programme.
Antonio Margheriti s’est éteint à Monterosi le 4 novembre 2002. L’image que l'on gardera de lui est celle d’un solide artisan au sens noble du terme qui, même s’il n’avait pas la démesure d’un D’Amato ou d’un Fulci, nous a toujours offert des films efficaces et réjouissants, parfois très bons, parfois franchement Z, mais en tout cas toujours agréables. Du vrai cinéma populaire en somme, et rien que pour cela, nous lui tirons tous notre chapeau. Grazie mile maestro !
Sources :
IMDB
Impact n°3
« La Science-fiction au cinéma » de J.P. Bouyxou
Filmographie complétée par Le Rôdeur.
Films chroniqués
Filmographie
1997 - Cyberflic / Virtual Weapon
1992 - Gengis Kahn
1991 - Indio II la révolte (Indio 2 – La Rivolta)
1989 - Alien la créature des abysses (Alien degli abissi)
1989 - Indio
1988 - Il Triangolo della paura / The Commander
1987 - L’isola del tesoro (série pour la télévision)
1985 - Les Aventuriers de l’enfer / Jungle Raider (Leggenda del rubino malese)
1985 - Commando Léopard
1984 - Nom de code : oies sauvages (Geheimcode: Wildgänse / Code Name: Wild Geese)
1983 - Le Temple du Dieu soleil (I predattori della citta morta / I Sopravvissuti della città morta)
1983 - L’Ultime combat (Tornado)
1982 - Yor, le chasseur du futur (Il Mondo di Yor)
1981 - Fuga Dall’Arcipelago Maleditto / Tiger Joe
1981 - Les Aventuriers du cobra d’or (I Cacciatori del cobra d'oro)
1980 - Demain l’apocalypse / Pulsions cannibales (Apocalypse Domani)
1980 - Héros d’apocalypse (L’Ultimo Cacciatore)
1980 - L’Enfer en 4ème vitesse / Thunder Run (Car Crash)
1978 - Le Renard de Brooklyn (The Squeeze)
1978 - L’Invasion des piranhas (Killer Fish)
1976 - L’Ombre d’un tueur (Con la rabbia agli occhi)
1975 - La chevauchée terrible / Take a Hard Ride (Parola di un fuorilegge... è legge!)
1974 - Manone il Ladrone
1974 - Whiskey e Fantasmi / Fantasma en el Oeste
1974 - La Brute, le colt et le karaté / Blood Money (El Kárate, el Colt y el impostor)
1973 - Hercule contre Karaté (Schiaffoni e karate)
1972 - Les Diablesses (La Morte negli occhi del gatto)
1972 - Le Décaméron 3 (Novelle galeotte d'amore)
1972 - L’Ile au Trésor (Treasure Island) (co-réalisateur non crédité : attribué à John Hough et Andrea Bianchi sous le pseudo de Andrew White en version anglaise)
1971 - Les Mille et unes nuits érotiques (Finalmente... le mille e una notte)
1970 - Les Fantômes de Hurlevent / Edgar Poe chez les morts-vivants (Nella stretta morsa del ragno)
1969 - Contronatura / Schreie in der Nacht
1969 - Et le vent apporta la violence / Un homme, un cheval, un fusil (E Dio disse a Caino)
1969 - L’inafferabilile invicibile Mr Invisibile
1968 - Nude… Si Muore
1968 - Avec Django, la mort est là / Vengeance (Joko invoca Dio... e muori)
1967 - La Mort vient de la planète Aytin (La Morte viene dal pianeta Aytin)
1967 - Joe l’Implacable / Dynamite Joe (Joe l'implacabile)
1967 - Io Ti Amo
1966 - I Diafanoidi Vengono da Marte / I diafanoidi portano la morte
1966 - La Planète errante (Il pianeta errante)
1965 - I criminali della galassia
1965 - Bob Fleming mission Casablanca / A077 défie les tueurs (A 077, sfida ai killers)
1965 - Opération Goldman / Cashman (Operazione Goldman)
1964 - Marchands d’esclaves (Anthar l'invincibile)
1964 - Fort Alésia / Les Géants de Rome (I Giganti di Roma)
1964 - Ursus la terreur des Kirghiz / La Vie érotique d’Ursus (Ursus, il terrore dei kirghisi)
1964 - La Sorcière sanglante / La Sorcière anglaise (I Lunghi capelli della morte)
1963 - Danse macabre (Danza Macabra) (co-réalisé avec Sergio Corbucci)
1963 - La Vierge de Nuremberg / Panic (La Vergine di Norimberga)
1963 - Les Derniers jours d'un empire (Il Crollo di Roma)
1963 - Le Monde sans voiles (Il Pelo nel mondo) (documentaire co-réalisé avec Marco Vicario)
1962 - La Flèche d’or (La Freccia d’oro)
1961 - La Planète des hommes perdus (repris sous le titre "Guerre Planétaire" en 1978 après le succès de "La Guerre des étoiles" de Lucas) (Il Pianeta degli uomini spenti)
1960 - Space Men (sous le pseudo « Anthony Daisies »)
1958 - Legs of Gold (Gambe de oro) (co-réalisé avec Turi Vasile)