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Lee Van Cleef

(1ère publication de cette bio : 2005)

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La présence de Lee Van Cleef sur Nanarland pose une fois de plus la question de la définition du terme « acteur nanar ». Peut-on décemment qualifier ainsi cet acteur au physique inoubliable, qui créa l’une des figures les plus mémorables du cinéma post-1945 ? Et bien, malheureusement, oui, car un examen attentif de la filmographie révèle bien qu’il ne sût guère profiter de sa collaboration avec Sergio Leone et devint bien vite, en partie de sa propre initiative, le héros de la série B la plus routinière, avec d’occasionnels nanars gouleyants.



Lee Van Cleef est né le 9 janvier 1925 à Somerville (New Jersey, Etats-Unis). Engagé dans la marine de guerre durant le deuxième conflit mondial, il travaille ensuite comme comptable, tout en faisant du théâtre amateur durant son temps libre. Lee Van Cleef n’était pas tendre avec cette période de sa vie : « J’étais laid, j’étais pauvre », déclarait-il. Mais sa passion pour le théâtre va changer sa vie : passant une audition pour dans une troupe professionnelle, il décroche un rôle pour une tournée. Le réalisateur Stanley Kramer, assistant à une représentation de la pièce, remarque le physique de Lee et l’embauche aussitôt pour un petit rôle de méchant dans « Le Train sifflera trois fois », qu’il produit.



Dans ce classique du western, qui met en vedette Gary Cooper et Grace Kelly, Lee Van Cleef interprète un simple sbire. Son rôle est muet mais son physique y est suffisamment mémorable pour que les propositions s’enchaînent. Devenu enfin comédien professionnel, Lee tient de nombreux seconds rôles au cinéma, tout particulièrement dans des westerns, dont quelques-uns des derniers très grands succès du genre comme « Règlement de comptes à OK Corral » et « L’Homme qui tua Liberty Valance ». Spécialisé dans les rôles de coyotes à foie jaune qui viennent chercher querelle au héros dans le saloon, Lee Van Cleef a l’honneur de se faire corriger ou refroidir par des stars comme John Wayne, Kirk Douglas ou Randolph Scott. On le voit également dans d’occasionnels nanars, comme le célèbre « It conquered the world », où il est un savant félon aidant un concombre écarlate de l’espace à envahir la Terre.



Mais, au début des années 1960, sa carrière va ralentir quelque peu suite à un accident de voiture qui le laissera avec une légère claudication. Lee Van Cleef aurait en outre souffert d’un début de cancer suite à sa présence sur le tournage du péplum « Le Conquérant » (1956), que les producteurs avaient eu la brillante idée de réaliser sur un ancien terrain d’expérimentations nucléaires de l’armée. (L’acteur principal John Wayne y aurait contracté le cancer dont il mourut 20 ans plus tard après de nombreuses rémissions ; le réalisateur Dick Powell, l’actrice principale Susan Hayward et plusieurs autres participants au film moururent du cancer). Ses ennuis de santé l’ayant laissé quelque peu diminué, Lee Van Cleef se remet en se consacrant à la peinture puis, une fois remis sur pied, va envisager d’abandonner sa carrière d’acteur pour devenir décorateur d’intérieur. Mais le destin va frapper, par le biais d’un coup de téléphone en provenance de l’Italie : un certain Sergio Leone se prépare à tourner son second western, « Et pour quelques dollars de plus », et cherche un acteur de western relativement connu pour donner la réplique à Clint Eastwood. L’incroyable gueule de Lee Van Cleef, sa brillante interprétation du Colonel Mortimer, anti-héros cynique, en font aussitôt une star mondiale. Ses yeux en amande, son visage anguleux, sa démarche rendue lente par son ancienne blessure à la jambe marquent définitivement le public.







La mode du western spaghetti bat alors son plein et notre homme va en devenir l’une des principales stars : il reprend son rôle de héros pas commode dans l’excellent « Colorado » (La Resa dei conti) de Sergio Sollima, où il tient la vedette avec le cubain Tomas Milian, puis casse la baraque dans « Le Bon, la brute et le truand » de Sergio Leone, où il décline cette fois son personnage en inoubliable tueur sadique. Lee Van Cleef est désormais devenu l’une des gueules les plus connues du cinéma : identifié au genre western, il aura même l’honneur de figurer en méchant vedette dans un épisode de Lucky Luke, « Chasseur de primes ».









Lee dans "Les Quatre Mercenaires d'El Paso" d'Eugenio Martín



Mais la mode du western va hélas décliner, en Italie comme aux Etats-Unis, et Lee Van Cleef va avoir du mal à se renouveler. Faisant son métier sans grand sérieux en se contentant de profiter de la chance du moment, il ne s’est guère soucié de varier ses personnages. Il en arrive à s’auto-parodier dans de nombreux films, comme le polar italien « L’Homme aux nerfs d’acier », où il affronte un parrain de la mafia interprété par Jean Rochefort (!).



L’âge venant, il s’oriente vers les personnages de vieux maîtres et partage la vedette de « La Fureur du Juste » avec Chuck Norris, avant de se ridiculiser dans la très mauvaise série télé « L’Homme au katana » (alias « Ninja Master ») où il interprète un vieil artiste martial assez peu crédible. Selon plusieurs témoignages (voir à ce sujet l’interview de Bruce Baron), Lee Van Cleef s’est mis à abuser de la bibine, ce qui limite quelque peu son dynamisme sur les tournages. Il connaîtra cependant un bon rôle dans les années 1980, avec « New York 1997 ». Un rôle qu'il doit à son travail avec Sergio Leone, dont John Carpenter, amateur de westerns, est un grand fan.













Mais ce jour de chance n’aura pas de lendemain : assez peu ambitieux, Van Cleef n’interprètera plus ensuite que des séries B, plus ou moins honorables, comme « Nom de Code : Oies Sauvages » d’Anthony M. Dawson, « Killing Machine » avec Jorge Rivero ou « Armés pour répondre » de Fred Olen Ray, où il joue… le père de David Carradine !



Avec Bruce Baron dans "Nom de Code : Oies Sauvages ".





Lee en affreux de service dans "Killing Machine".





Cannonball 3 (Speed Zone)



Peu après le tournage d’un dernier film, Lee Van Cleef meurt d’un arrêt cardiaque le 16 décembre 1989, à Oxnard, en Californie. Sa filmographie très inégale ne doit pas faire oublier la qualité de certaines de ses prestations, qui prouvent à quel point un acteur peut faire éclater son potentiel à la faveur d’un grand rôle. Il est très regrettable que Van Cleef n’ait pas su se renouveler, victime autant d’un physique trop marqué que de son manque d’ambition. Mais sa gueule mémorable lui aura permis, à défaut de se maintenir au panthéon des stars, de rendre inoubliables bien des séries B et quelques nanars, laissant l’empreinte d’un géant dans l’histoire du cinéma de genre.

 

- Nikita -

Films chroniqués

Filmographie



1990 - Thieves of fortune

1989 - Cannonball 3 (Speed zone!)

1988 - Der commander

1986 - Armés pour répondre (Armed response)

1985 - Les Aventuriers de l'enfer (La Leggenda del rubino malese)

1984 - Killing Machine (La Máquina de matar)

1984 - L'Homme au katana / Ninja Master (série TV)

1984 - Nom de code : oies sauvages (Code Name : Wild Geese/ Arcobelano salvagio)



1981 - New York 1997 (Escape from New York)

1980 - La Fureur du juste (The Octagon)

1979 - Le Dernier contrat (The Hard way) (TV)

1977 - Nowhere to Hide (TV)

1977 - Kid Vengeance

1976 - Diamante lobo

1976 - Le Tueur/ Bye bye darling (Quel pomeriggio maledetto)

1975 - La Chevauchée terrible (Take a hard ride)

1974 - La Brute, le colt et le karaté (Là dove non batte il sole)

1973 - L'Homme aux nerfs d'acier (Dio sei proprio un padreterno / Il suo nome faceva tremare...Interpol in allarme!)

1972 - Le Grand duel (Il Grande duello)



1971 - Le Retour de Sabata (È tornato Sabata... hai chiuso un'altra volta)

1971 - Captain Apache

1971 - Les Quatre mercenaires d'El Paso (Bad man's river)

1970 - El Condor



1970 - Barquero

1969 - Sabata (Ehi amico... c'è Sabata, hai chiuso!)

1968 - Pas de pitié pour les salopards (Al di là della legge)

1968 - Commandos

1968 - Le Dernier jour de la colère / On m'appelle Saligo (I giorni dell'ira)

1968 - La Mort était au rendez-vous (Da uomo a uomo)



1966 - Colorado (La Resa dei conti)

1966 - Le Bon, la brute et le truand (Il Buono, il brutto, il cattivo)

1965 - Et pour quelques dollars de plus (Per qualche dollaro in più)

1965 - Blade Rider, Revenge of the Indian Nations

1962 - La Conquête de l'Ouest (How the West Was Won)

1962 - L'Homme qui tua Liberty Valance (The Man Who Shot Liberty Valance)

1961 - Posse from hell

1960 - The Slowest Gun in the West (TV)

1960 - The Gun of Zangara

1959 - La Chevauchée de la vengeance (Ride Lonesome)

1958 - Machete

1958 - The Bravados

1958 - Le Bal des maudits (The Young Lions)

1958 - Day of the Bad Man

1957 - Raiders of Old California

1957 - Gun Battle at Monterey

1957 - Du sang dans le désert (The Tin Star)

1957 - Joe Dakota

1957 - China Gate

1957 - Jicop le proscrit (The Lonely Man)



1957 - The Last Stagecoach West

1957 - Règlement de comptes à O.K. Corral (Gunfight at the O.K. Corral)

1957 - The Badge of Marshal Brennan

1957 - The Quiet Gun

1956 - Le Conquérant (The conqueror)

1956 - La Loi de la prairie (Tribute to a bad man)

1956 - Accused of Murder

1956 - Pardners

1956 - It Conquered the World

1955 - The Vanishing American

1955 - A Man Alone

1955 - The Naked Street

1955 - The Road to Denver

1955 - I Cover the Underworld

1955 - L'Homme qui n'a pas d'étoile (Man Without a Star)

1955 - Association criminelle (The Big Combo)

1955 - Dix hommes à abattre (Ten Wanted Men)

1955 - Treasure of Ruby Hills

1954 - Arrow In the Dust



1954 - Dawn at Socorro

1954 - The Desperado

1954 - Princess of the Nile

1954 - The Yellow Tomahawk

1954 - Rails Into Laramie

1953 - Tumbleweed

1953 - Private Eyes

1953 - The Nebraskan

1953 - Jack Slade

1953 - Investigation criminelle (Vice Squad Arena)

1953 - Le Monstre des temps perdus (The Beast From 20,000 Fathoms)

1953 - Gypsy Colt

1953 - White Lightning

1953 - The Bandits of Corsica

1953 - The Lawless Breed

1952 - Le Quatrième homme (Kansas city confidential)

1952 - Passage interdit (Untamed Frontier)

1952 - Le Train sifflera trois fois (High noon)